jeudi 21 mai 2009

L'espace ou les espèces

Le plus sûr moyen de comprendre ce que signifie la crise et comment le système immanentiste compte en sortir, c'est de lire les innombrables rapports qui émanent des cercles oligarchiques mondialistes et qui détaillent avec précision comment l'oligarchie compte sortir de la crise : en n'en sortant pas. Je veux dire : en détruisant pour guérir. C'est le théorème de l'empoisonneur : si vous voulez guérir de l'empoisonnement, demandez comme médecins les empoisonneurs!
Sortir de la crise, dans la mentalité de ces dirigeants désaxés, c'est bien entendu toutes les éventualités sauf sortir de la crise. Il n'est pas possible pour l'instigateur de la crise de sortir de la crise, pour la simple et bonne raison que les méthodes qui ont engendré la crise ne peuvent que l'aggraver. Ceux qui nous dirigent n'ont rien changé à ces méthodes pourtant incompétentes et folles. Les déficits sont abyssaux et les dizaines de milliers de milliards de dollars d'argent fictif ne vont pas tarder à exploser. Ajoutons encore que l'ensemble des produits dérivés se monte à plus d'un million de milliards de dollars!
Dans ces conditions, le seul moyen d'endiguer la crise est de diminuer la demande. Qu'est-ce que la crise? Les déficits, l'argent virtuel, l'inflation, la récession, tous ces facteurs que l'on tente de dissimuler par des promesses de reprise future sont les signes irréfutables que le système s'écroule. En termes finis, il peut tout simplement produire de moins en moins.
Cette baisse de production engendre deux réactions : la première est saine. On change de système. La seconde est perverse (dans son sens étymologique) : on accentue le système. C'est la deuxième option qui est retenue actuellement, parce que nos dirigeants sont incapable de sortir de la mentalité immanentiste. Ils foncent vers l'abîme et le néant mais sont persuadés qu'il n'existe pas d'autre alternative que leur chaos rebaptisé avec mensonge NOM par leurs soins d'empoisonneurs. Pis, ils n'ont pas conscience de la direction véritable de leurs méthodes.
Il suffit pour ce faire de lire ce compte-rendu d'une réunion annuelle d'un think tank fondé par la clique oligarchique en place derrière David Rockefeller et le prince défunt de Hollande :
http://www.alterinfo.net/Bilderberg-2009-Ce-Qu-ils-Complotent-En-Grece_a32548.html?com#com_832149
On y distingue deux possibilités qui nous intéressent pour comprendre ce qu'est (déjà) le Nouvel Ordre Mondial et son véritable visage. La première hypothèse laisse planer la menace d'une aggravation brutale de la crise. La seconde hypothèse, d'un progressif effondrement du niveau de vie occidental, dont n'est pas besoin de rappeler le caractère pirate : les Occidentaux vivent à crédit sur le reste du monde.
J'opte sans réserve pour la seconde hypothèse. Personne n'a intérêt à engendrer un cataclysme brusque et incontrôlable, pour la simple et bonne raison que les méthodes oligarchiques engendrent la crise et que l'instrumentalisation de la crise par l'oligarchie tient plus à sa manipulation interne qu'à sa création externe et ex nihilo. Il ne faut pas voir la désintégration du système immanentiste et occidentaliste comme le syndrome de la comète que nos amis les dinosaures auraient subi à leurs corps défendants.
Ce que la crise signifie, ce n'est pas l'anéantissement subit et pur. Ce n'est pas le passage en quelques heures, quelques jours ou quelques semaines de quelque chose à rien, que ce soit pour le monde de l'homme ou pour le reél dans son ensemble. Ce que la crise signe, c'est plutôt la lente descente aux Enfers. Descente terminale au sens où l'immanentisme aborde sa phase terminale.
Si l'on reprend l'image terrible de la grenouille qui cuit lentement et à feux progressifs (sans protester), on comprend qu'on est dans la phase précédant la mort de la grenouille et sa cuisson définitive. Les oligarques ne se rendent pas compte de cette réalité, qu'ils prennent pour un accroissement de leur puissance. Dans le fond, la crise n'a jamais cessé depuis (au moins) les premières crises pétrolières et le découplage de l'or et du dollar, sous l'égide de Shultz et consorts (début des années 70).
Ce que nous vivons maintenant n'est que le prolongement accru, la lente gradation vers le chaos. La gradation vers la dégradation. La phase terminale se manifeste tout simplement par l'effondrement du niveau de vie des populations occidentales. Auparavant, c'était le reste du monde, en particulier l'Afrique, qui avait subi la destruction et la prédation. L'Occident a vécu sur le magot du monde et maintenant la fête est finie. Le magot est tari et les oligarques sont contraints de commencer à prélever les populations derrière lesquelles ils se protégeaient pour commettre leurs opérations de piraterie.
Raison de la grogne occidentale : non la découverte que le système (immanentiste et nihiliste) est inique, mais que la politique de prédation pratiquée jusqu'alors contre l'extérieur de l'Occident concerne désormais également l'intérieur de l'Occident. Les populations occidentales sentent bien l'arnaque, mais elles sont prises au piège : elles ont été éduquées pour ne s'intéresser qu'aux aspects privés de leur individualité, et elles sont confrontées à l'impéritie et à l'aberration monstrueuse de leur comportement : avoir fermé les yeux devant le monstre et se réveiller quand le monstre s'en prend à elles.
Face au besoin urgent de changement, les Occidentaux sont démunis. Ils n'ont pas les moyens de changer car pour changer c'est leur mentalité qu'il faudrait en premier lieu déboulonner. L'individu-roi, le petit monstre égoïste et froid obnubilé par tout ce qui touche à sa sphère privée. Totalement démissionnaire de ce qui constitue pourtant l'acmé de l'impératif démocratique, à savoir la considération des questions collectives et publiques.
L'individu occidental immanentiste est ce petit nihiliste épuisé et au bord du rouleau, dont un Houellebecq figure si bien le carcatère démissionnaire et pessimiste : dans ses romans, avec ses personnages déjantés et suicidaires; mais aussi en tant qu'auteur qui a fini par sombrer dans les méandres de son néant personnel et égotiste (et dont on comprend le soutien par les pontes de l'édition française).
Alors qu'on n'a jamais eu autant besoin de la réaction politique humaine, l'Occidental est devenu cet égotiste totalement étranger aux considérations politiques et démocratiques. Pendant ce temps, les cercles oligarchiques agissent. Ils agissent dans leurs intérêts, contre les intérêts de l'homme, contre les intérêts de l'Occident (désormais), avec un sens remarquable de leur irresponsabilité. Ils agissent sous le spectre de leurs intérêts mal compris.
Que l'on n'attende cependant pas d'effondrement spectaculaire, simplement une accélération du délitement déjà entrepris depuis quarante ans au moins. !la question que délivre la fable de la grenouille cuite progressivement et stupidement, c'est les populations occidentales vont-elles réagir? Si elles ne réagissent pas, la fin de l'histoire n'est pas le triomphe du mondialisme à perpétuité, mais la disparition de l'homme. Le néant nihiliste est certes le synonyme de l'éternité.
Il n'empêche que le mirage de l'effondrement spectaculaire et subit permet d'occulter la réalité de l'effondrement - progressif et accéléré. Le vrai visage de la crise, la réelle compréhension de ses mécanismes, permet pourtant le diagnostic de la fin de l'immanentisme. Nous vivons une période troublée et palpitante, dans laquelle nous pouvons tout perdre ou repartir de plus belle. Soit disparaître, soit conquérir l'espace. Je parie sur l'espèce et sur l'espace : la nouvelle forme du néant.

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