Dans ce schéma, la fin du pétrole sonne comme la fin de l'aventure hypocrite impérialiste. On utilise les ressources oligarchiques saoudiennes pour contribuer à monter le 911, mais il ne faut jamais oublier que les Saoudiens sont les alliés/sous-fifres des Américains et des Israéliens. Il va de soi que les Saoudiens ont joué un rôle majeur dans le 911, comme il va de soi que les principaux acteurs de cette sinistre farce sont des financiers saoudiens. Maintenant, si l'on connecte ces données accablantes avec la tête financière de l'Empire, on obtient un aperçu de certains des étages inférieurs du 911, qui vous indiquent les parties supérieures - du 911.
Ecoutez avec parcimonie Tarpley, que Steinberg attaque trop durement sans doute, mais qui a le tort d'avoir au final désinformé en commençant par informer, ce qui est un crime impardonnable. Je veux dire que Tarpley a pondu un excellent commentaire géostratégique sur le 911, comme phénomène révélateur et systémique, mais il a préféré s'arrêter en cours de chemin. Au lieu d'aller au bout de son analyse, il en reste à de commodes compromis qui incriminent d'obscures forces en lieu et place des forces réelles et tout à fait visibles de l'opération. Tarpley se rend-il compte que par son obscurantisme conspirationniste il sert ceux qu'il prétend combattre : les factions oligarchiques qui ont validé le 911 et qui promulguent comme solution à la crise le NOM?
Ecoutez plutôt Ivashov et vous comprendrez pourquoi un analyste de haut niveau comme cet ancien chef d'État-major russe à l'époque des faits peut vous asséner que ce sont les oligarques d'Occident (les vrais oligarques) qui ont monté l'opération 911. Quand on veut comprendre l'influence des Saoudiens, il convient de relier les Saoudiens avec l'Empire britannique : on obtient alors une cartographie précise de ce qui s'est passé et l'on comprend que tous les protagonistes du dossier 911 sont des émanations de cet Empire : les Pakistanais, les Saoudiens, les Israéliens, et bien entendu les forces atlantistes tapies à l'intérieur des États-Unis, connectées à la Grande-Bretagne et à l'Occident. Ce sont ces forces à bout de souffle et à la recherche d'un nouveau souffle qui ont cautionné la guerre contre le terrorisme. Depuis combien de temps avons-nous des stratèges, des diplomates et des politiciens aux États-Unis, soit le lieu de l'hégémonie atlantiste déclarée, qui font le jeu du diable, soit de impérialisme décolonisé de tradition britannique? Qui sont les Kissinger et Consorts? Des valets des forces financières atlantistes dont le centre est située non à Wall Street mais à la City. Lisez vraiment cette étude de l'excellent Jeffrey Steinberg : ceux qui sont honnêtes vont comprendre.
http://solidariteetprogres.org/article5617.html
20 juillet 2009 - 20:06
Par Jeffrey Steinberg (Executive Intelligence Review)*
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Ce texte revêt une importance fondamentale car il s’appuie sur des documents qui viennent d’être rendus publics par les autorités américaines elles-mêmes, et non sur des rumeurs. Les sommes dont ont bénéficié les agents saoudiens impliqués dans l’organisation du 11 septembre peuvent apparaître comme relativement modestes ; elles constituent néanmoins des éléments irréfutablement probants et ne sont que la partie émergée de l’iceberg, comme le démontre tout le montage de la « caisse noire » dans l’affaire al-Yamamah. Le réseau de complicités mis à jour implique l’appareil politique de « l’Empire britannique », c’est-à-dire, par delà le Royaume-Uni, le conglomérat des forces du renseignement et des opérations financières qui avait étendu son influence jusqu’au niveau le plus élevé de l’Administration américaine, au sein de la Maison Blanche de l’Administration Bush-Cheney.
En lisant ce qui suit vous découvrirez qu’un certain nombre d’a priori auxquels vous vous êtes obstinés à croire depuis le 11 septembre 2001 et contre lesquels Lyndon LaRouche avait mis en garde, étaient en réalité le résultat d’une imposture. La plupart des choses qu’on vous a dites sur les évènements du 11 septembre sont erronées. La vérité, telle qu’elle émerge à partir de documents récemment mis en circulation et disponibles auprès des Archives nationales américaines, c’est que deux pays prétendument alliés des Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Grande-Bretagne, ont été mêlés jusqu’au cou dans les attaques contre les tours jumelles de New York et le Pentagone. En réalité, les Etats-Unis ont été trahis par des cercles dirigeants au sein de la famille royale saoudienne et certains éléments des services secrets saoudiens associés à l’Empire britannique.
De hauts responsables de l’équipe Bush-Cheney au sein de la Maison Blanche, du département de la justice et du FBI étaient non seulement au courant de l’opération, mais ont tout fait pour en dissimuler les coupables. Ce qui symbolise probablement le mieux ce pacte anglo-saoudien est l’accord baptisé « al-Yamamah », un énorme contrat d’échange d’armes contre pétrole, datant de plus de vingt-cinq ans. L’on dispose désormais de suffisamment de preuves pour établir que des fonds provenant des comptes offshores associés à ce contrat parvinrent au moins à deux des terroristes du 11 septembre, ce qui justifierait que le département de la Justice lance sans plus attendre une enquête de grande envergure.
Les documents nouvellement disponibles, comparés à d’autres preuves déjà rendues publiques, confirment la main anglo-saoudienne derrière les attentats du 11 septembre et renvoient aux poubelles de l’histoire toute une littérature conspirationniste qui attribuait ces attentats à des forces obscures et mystérieuses. Les écrits d’un ancien collaborateur de LaRouche, Webster Tarpley, constituent un exemple assez caricatural de ce genre de thèses, discréditées par les enquêteurs d’Executive Intelligence Review.
EIR a déjà publié des éléments probants sur ce sujet. LaRouche lui-même avait instinctivement indiqué la véritable nature de l’opération, le jour même des attentats, alors qu’il était interrogé en direct sur les faits lors de l’émission radio de Jack Stockwell, au moment même où les avions s’écrasaient sur les tours jumelles et le Pentagone, dans la matinée du 11 septembre 2001.
Si les services américains, et éventuellement d’autres pays, tirent toutes les conclusions des nouvelles preuves concernant le rôle anglo-saoudien dans cette affaire, une des sources alimentant la guerre asymétrique mondiale s’en trouvera tarie, ce qui aurait par ailleurs bien d’autres aspects positifs.
Nouveaux éléments de preuve
Au début de cette année, les Archives nationales ont rendu publiques des pièces réunies par la Commission sur le 11 septembre, jusqu’alors tenues secrètes. Trois de ces documents, dont EIR a pu prendre connaissance, fournissent la preuve accablante du rôle central joué par les services secrets saoudiens et du soutien essentiel fourni par le renseignement britannique pour la préparation, l’exécution et la dissimulation des crimes du 11 septembre.
La pièce la plus significative de ces documents, encore en partie soumise au secret défense, est un « mémorandum pour mémoire » qui résume le témoignage fourni le 23 avril 2004 par un informateur du FBI résidant en Californie du sud, ayant loué en 2000 son appartement à deux des terroristes du 11 septembre. Bien que le nom de l’informateur soit biffé sur le mémorandum, d’autres sources rendues publiques l’ont identifié comme étant Abdussattar Shaikh. Son officier de liaison au FBI a lui aussi été identifié publiquement sous le nom de Steven Butler.
Dans cet entretien, Shaikh raconte en détail sa première rencontre avec deux des pirates de l’air impliqués dans les attentats, Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdhar. En avril 2000, Shaikh épingla un message sur le tableau des annonces du Centre islamique de San Diego (ICSD), faisant savoir qu’il était prêt à louer des chambres de sa résidence à des « musulmans dévots ». A cette époque, Shaikh opérait déjà comme un indicateur rémunéré du FBI. D’après son récit recueilli par les enquêteurs de la Commission sur le 11 septembre, Quinn John Tamm, Jr. et Dietrich Snell, Shaikh fut abordé lors de la prière du vendredi par al-Hazmi, qui lui dit qu’al-Mihdhar et lui-même cherchaient de toute urgence un toit. Le 10 mai 2000, les deux hommes se seraient installés au domicile de Shaikh. Al-Mihdhar le quitta six semaines plus tard, prétextant qu’il devait se rendre auprès de sa femme et de son enfant en Arabie saoudite, et al-Hazmi y resta jusqu’au 10 décembre, jour où il se rendit en Arizona pour suivre des cours de pilotage.
Au cours de son témoignage, les enquêteurs interrogent Shaikh à propos d’un autre Saoudien, Omar al-Bayoumi. Selon le document, « le Dr X [Shaikh] déclare que Omar al-Bayoumi a rendu visite à al-Hazmi à son domicile. Le Dr X connaissait al-Bayoumi comme un individu de nationalité saoudienne rencontré à l’ICSD. Lors de sa visite, al-Bayoumi aurait dit : "Je vous les ai adressés [al-Hazmi et al-Mihdhar]." Le Dr X nous répète que ce n’était pas le cas et qu’il avait rencontré les deux hommes dans le vestibule de l’ICDS après une prière du vendredi ». Le document poursuit : « al-Hazmi n’aimait pas al-Bayoumi et confia au Dr X qu’il était "un agent des Saoudiens". al-Hazmi se plaignit auprès du Dr X qu’al-Bayoumi filmait constamment les gens qui fréquentaient l’ICSD. Le Dr X confirme que ce fut le cas lors des rencontres auxquelles il assista à l’ICSD. Il dit qu’al-Bayoumi disposait en permanence d’une caméra avec le micro ouvert pour capter ce qu’il se disait. Le Dr X affirme avoir "entendu qu’al-Bayoumi était un agent (des Saoudiens)". »
A elle seule, cette description précise d’Omar al-Bayoumi comme un agent du renseignement saoudien en contact régulier avec un des terroristes du 11 septembre a de quoi étonner. Le fait que le Dr Shaikh soit un indicateur du FBI qui, selon plusieurs sources du renseignement américain, était rémunéré sur une base régulière pour garder un œil sur la communauté musulmane de la région de San Diego, allant jusqu’à héberger deux des auteurs du 11 septembre, est tout aussi étonnant. Mais la portée de l’affaire al-Bayoumi, et la connaissance qu’en avaient le FBI et d’autres agences gouvernementales américaines, vont bien au-delà d’un scandale local.
Al-Bayoumi était bien plus qu’un « visiteur régulier » de la résidence du Dr Shaikh au moment où al-Hazmi y vivait. Les faits essentiels sont les suivants.
Le 15 janvier 2000, al-Hazmi et al-Mihdhar atterrissent à l’aéroport international de Los Angeles, en provenance de Kuala Lumpur (Malaisie), où vient de se tenir une rencontre entre de nombreux membres d’al-Qaïda et de réseaux alliés. A leur arrivée, al-Bayoumi accueille les deux hommes à l’aéroport et les emmène à San Diego. C’est lui qui leur a loué une chambre, signé le contrat de location et payé la caution de 1500 dollars. Al-Bayoumi fera aussi, plus tard, toutes les démarches nécessaires pour que les deux individus bénéficient d’un entraînement dans un centre de formation pour pilotes d’avion.
Les liens d’al-Bayoumi avec trois des terroristes du 11 septembre (d’après des documents officiels du Congrès et du FBI, il aurait aussi hébergé à plusieurs reprises au printemps 2000, dans son appartement personnel, un troisième individu, Hani Hanjour) sont si évidents qu’une source gouvernementale déclara à des journalistes que « certains enquêteurs du FBI soupçonnent al-Bayoumi d’être l’homme envoyé en mission avancée de reconnaissance pour les pirates de l’air du 11 septembre ».
Cependant, il ne fait aucun doute qu’al-Bayoumi était en même temps un agent des services de renseignement saoudien. D’après sa fiche de signalement auprès de la CIA et du FBI, et des informations fournies par l’enquête conjointe menée par le Sénat, la Chambre des représentants et la Commission sur le 11 septembre, al-Bayoumi est entré sur le territoire étasunien en août 1994. Avant cela, il travaillait pour le ministère de la Défense saoudien avec un salaire de 3000 dollars par mois, somme qu’il continua à toucher en étant aux Etats-Unis et pendant huit ans, jusqu’en 2002. Aux Etats-Unis, il était officiellement enregistré comme salarié de Dallah Avco, une société d’armement saoudienne appartenant à des membres de la famille royale saoudienne, bénéficiant de contrats avantageux auprès du ministère de l’Aviation et de la Défense. D’après les enquêteurs fédéraux étasuniens, al-Bayoumi n’a jamais effectué de travail réel pour Dallah Avco. Cependant, son salaire mensuel passa à 3500 dollars juste après l’arrivée d’al-Hazmi et d’al-Mihdhar aux Etats-Unis.
En juin 1998, un don anonyme en provenance d’Arabie saoudite vint arrondir la fortune personnelle d’al-Bayoumi. Il s’agissait de 500000 dollars pour la construction d’une nouvelle mosquée à San Diego, à condition qu’al-Bayoumi y soit chargé de la sécurité, avec un bureau à sa disposition et un salaire assuré. Des témoins confièrent au FBI et à la Commission sur le 11 septembre qu’on voyait rarement al-Bayoumi à la mosquée. Cependant, il était en communication constante avec des représentants de haut niveau du gouvernement saoudien aux Etats-Unis et à Riyad. Selon les notes de la commission bicamérale du Congrès et de la Commission spéciale sur le 11 septembre, entre janvier 2000, c’est-à-dire le moment où al-Hazmi et al-Mihdhar arrivent en Californie, et mai 2000, al-Bayoumi aurait passé trente-deux coups de téléphone à l’ambassade saoudienne de Washington D.C., trente-sept appels à la mission culturelle saoudienne de Washington et vingt-quatre appels au consulat saoudien de Los Angeles. Son interlocuteur au consulat était Fahad Thumairy, qui, bien que disposant d’un passeport diplomatique, était l’un des imams anti-américains les plus virulents de la zone. Il sera extradé des Etats-Unis après le 11 septembre 2001.
Fin juin ou début juillet 2001, al-Bayoumi et sa femme, Manal Ahmed Bagder, quittent soudainement San Diego pour l’Angleterre, où al-Bayoumi optera pour un cycle d’études en économie à l’University Aston. Il sera arrêté par Scotland Yard quelques jours après le 11 septembre 2001. Après une semaine de garde à vue, il sera relâché faute de preuves et rentrera précipitamment en Arabie saoudite.
Osama Basnan
Omar al-Bayoumi n’était pas le seul officier de renseignement saoudien en liaison avec les terroristes du 11 septembre. Il coopérait étroitement avec un autre officier du renseignement, Osama Basnan, entré aux Etats-Unis en 1980 avec un visa de tourisme mais resté jusqu’en octobre 2002, date à laquelle sa femme et lui furent expulsés en tant qu’immigrants clandestins. Un rapport du FBI, écrit peu après les attentats, mettait en garde contre le fait que les preuves réunies à son égard « pourraient indiquer qu’il fut le successeur d’Omar al-Bayoumi et agissait dans l’intérêt du gouvernement de l’Arabie saoudite ». Un rapport confidentiel du FBI en date du 3 octobre 2001 indique que Basnan entretenait des rapports avec des membres de la famille Ben Laden vivant aux Etats-Unis. Dans les jours suivant le 11 septembre, un avion transportant des membres du clan Ben Laden, ainsi que d’autres hauts responsables saoudiens, fut autorisé à décoller pour l’Arabie saoudite, alors qu’aucun vol civil n’était permis par les autorités américaines.
Le FBI s’intéressait à Basnan bien avant le 11 septembre. En 1992, selon des informations parues dans la presse, celui-ci était sous enquête du FBI pour ses liens avec le mouvement du djihad islamique de l’Erythrée (EJD), une organisation dans l’orbite d’al-Qaïda au moins depuis 1996. Le 17 octobre 1992, Basnan, qui vivait à Washington D.C., organisa une fête chez lui en l’honneur du cheikh Omar Abdul Rahman, le fameux « cheikh aveugle » actuellement en prison pour avoir préparé des attentats terroristes à New York. A la même époque, selon des sources américaines du renseignement, le FBI fit un rapport détaillé (qui reste classé secret) sur les activités de Basnan pour le compte du gouvernement saoudien, en dépit – ou à cause – de ses liens avec des radicaux islamiques. En effet, les services de renseignement américain rapportent que Basnan fut arrêté dans la région de Los Angeles pour une affaire de drogue mais que les accusations contre lui furent abandonnées suite aux pressions intenses de la part de l’ambassade saoudienne.
L’ambassadeur et la princesse
Si les connections d’al-Bayoumi avec le ministère saoudien de la Défense et de l’Aviation sont solidement établies, ses liens personnels avec l’ancien ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, le prince Bandar bin Sultan, et sa femme, la princesse Haifa, le sont au moins autant. En avril 1998, le prince Bandar, fils du ministre de la Défense le prince Sultan, fit parvenir un chèque de 15000 dollars à Basnan. Bandar prétend que ce versement était un « geste charitable » répondant à une demande écrite de Basnan pour l’aider à couvrir des frais médicaux pour sa femme. Début novembre 1999, à peine quelques semaines avant l’arrivée à Los Angeles des deux terroristes impliqués dans le 11 septembre, la princesse Haifa commença à envoyer des chèques de banque, établis sur son compte à la Riggs National Bank de Washington, à la femme de Basnan, Majida Ibrahim Ahmad Dweikat. Ces paiements continuèrent jusqu’en mai 2002. Le couple royal a ainsi versé un total de 53 à 72000 dollars à Basnan et à sa femme. Selon le rapport de l’enquête bicamérale Sénat-Chambre des représentants, bon nombre de ces chèques de banque de la princesse Haifa à l’ordre de la femme de Basnan furent encaissés par la femme d’Omar al-Bayoumi, qui en fut finalement la principale bénéficiaire. Notons également que la plupart de ces transactions eurent lieu au moment même où Basnan et al-Bayoumi « géraient » les affaires financières d’au moins deux des terroristes du 11 septembre, al-Hazmi et al-Mihdhar. Et le duo du renseignement saoudien, bien qu’il reste des éléments à confirmer, semble également avoir eu des relations directes avec le troisième pirate de l’air, Hani Hanjour.
Le cadeau de BAE au prince Bandar
A l’époque où le prince Bandar et la princesse Haifa effectuaient leurs contributions « charitables » à Basnan et al-Bayoumi, l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis se trouvait être le bénéficiaire en dernier ressort de commissions occultes de plus de deux milliards de dollars, versées par la compagnie de défense et d’aéronautique anglaise, BAE Systems. Lorsque le scandale de BAE explosa au grand jour, la BBC, le quotidien The Guardian et d’autres médias révélèrent que BAE versait des dizaines de milliards de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires du ministère de la Défense saoudien et à d’autres membres de la famille royale, en échange de contrats d’armement fort lucratifs.
Ces relations occultes entre BAE Systems et l’Arabie saoudite remontent à 1985, lorsque le prince Bandar en personne avait obtenu l’accord du Premier ministre anglais de l’époque, Margaret Thatcher, pour la vente de quelque quarante milliards de dollars en armement et contrats de maintenance fournis par BAE en échange de pétrole brut saoudien.
L’arrangement, cyniquement connu sous le nom d’al-Yamamah (la colombe), dépassait de loin le cadre d’un simple troc. BAE surfacturait les avions de combat, les systèmes de défense et la maintenance d’au moins un tiers du prix de base afin d’offrir des rétro-commissions aux officiels saoudiens, y compris au prince Bandar. En échange, l’Arabie saoudite livrait en moyenne un plein supertanker de pétrole par jour à BAE qui, à son tour, via un arrangement avec British Petroleum et Royal Dutch Shell, le revendait immédiatement sur le marché spot. Pour les Saoudiens, il s’agissait d’un accord avantageux. Au-delà même des « commissions » qui remplirent les poches de plusieurs princes saoudiens et de nombreux officiels, le coût d’extraction du pétrole brut était de 5 dollars par baril. BP et Royal Dutch Shell le revendaient avec des marges énormes. Grâce à cette transaction unique en son genre, une caisse noire offshore du renseignement anglo-saoudien fut constituée à partir de 1985, permettant d’assurer des centaines de milliards de dollars pour des opérations hors normes de toutes sortes.
Dans une biographie semi-officielle du prince Bandar, publiée plusieurs années plus tard, William Simpson affirme que al-Yamamah était avant tout un partenariat géostratégique entre Londres et Riyad. La caisse noire alimentait les moudjahidines afghans dans leur guerre contre les Soviétiques, dans les années 1980, finançait l’armée tchadienne dans ses conflits frontaliers avec la Libye et permettait de contourner la surveillance du Congrès américain pour fournir de l’équipement militaire à l’aviation saoudienne.
De hauts responsables du renseignement américain soulignent qu’une enquête complète sur le rôle du prince Bandar dans l’affaire al-Yamamah démontrerait qu’une partie des commissions occultes de BAE ont atterri, à partir de la Banque d’Angleterre, via le compte de Bandar à la Riggs National Bank, entre les mains de Basnan, al-Bayoumi et la cellule des terroristes du 11 septembre installée en Californie. A la date du 2 août 2003, le bruit fait autour des financements éventuels de Basnan par le prince Bandar était si fort que l’ambassadeur en personne fut obligé de faire une déclaration publique, affirmant que ces soupçons, « faux et sans fondement », n’étaient que des « rumeurs, insinuations malveillantes et contrevérités ». Il cita alors pour sa défense le président américain George W. Bush, qui avait « loué l’engagement saoudien en vue de combattre le terrorisme ».
Cette évocation des paroles de Bush pour tenter de dissimuler l’implication saoudienne dans les attentats du 11 septembre ne fit que rendre encore plus furieux les enquêteurs américains de bonne foi, déterminés à aller jusqu’au bout de leur enquête. Les enquêteurs des commissions du Sénat et de la Chambre des représentants savaient parfaitement que lorsqu’ils avaient soumis leur rapport définitif (Report of the Joint Inquiry into the Terrorist Attacks of Sept. 11, 2001) pour publication, un chapitre entier de vingt-huit pages, contenant les preuves du soutien apporté par le gouvernement saoudien aux terroristes, y compris les contributions financières de Bandar à Basnan, avait été interdit de publication. Il reste aujourd’hui encore protégé par le secret défense. Lors d’une rencontre récente entre le président Barack Obama et les familles des victimes du 11 septembre, il lui a été demandé de déclassifier ce chapitre, apparemment sans succès.
Les Bush (George, le père, comme George W. le fils) étaient si proches du prince Bandar que ce dernier fut souvent présenté comme un « membre d’honneur de la famille Bush ». La détermination dont fit preuve l’administration Bush pour faire disparaître toute preuve d’implication anglo-saoudienne était si forte qu’Osama Basnan, l’officier du renseignement saoudien soupçonné, put se rendre en toute confiance au Texas, les 24 et 25 avril 2002, lorsque le prince héritier Abdullah (devenu roi entre-temps) rendit visite, en compagnie du prince Bandar, à George W. Bush dans son ranch de Crawford. La suite du prince était nombreuse : huit avions remplis d’aides et d’assistants. Parmi eux, trois officiels soupçonnés d’entretenir des liens avec al-Qaïda. Cet « incident » embarrassant fut étouffé, de même que la présence de Basnan à Houston où il aurait rencontré un prince saoudien faisant partie de l’équipage du futur roi, et lui aussi pourvu de moyens financiers considérables.
Quatre mois plus tard, le sénateur démocrate de Floride Bob Graham, qui présidait la commission du Sénat sur le renseignement et dirigea l’enquête bicamérale sur le 11 septembre, déclara qu’à sa connaissance, la CIA disposait « de preuves irréfutables qu’il existait des appuis pour ces terroristes au sein du gouvernement saoudien ». Il souligna ce point dans Intelligence Matters, son livre sur l’enquête du Sénat et de la Chambre.
La Grande-Bretagne responsable de terrorisme d’Etat
En décembre 2000, les éditeurs d’EIR soumirent à la secrétaire d’Etat américaine de l’époque, Madeleine Albright, un mémorandum étayé exigeant une enquête sur le rôle de l’Etat britannique dans le terrorisme international. Ce texte avait été écrit avec l’aide d’avocats auprès du département d’Etat, qui nous ont aidés à définir les critères permettant de placer un pays sur la liste noire de ceux qui soutiennent le terrorisme. Il se fondait exclusivement sur des documents fournis par les gouvernements de neuf pays, ayant formulé des protestations officielles contre la protection offerte par le gouvernement britannique et, dans certains cas, le financement de cellules opérant sur le territoire britannique. La démarche d’EIR répondait à toute une série d’opérations de guerre asymétrique, très souvent menées par des combattants rescapés de la guerre d’Afghanistan contre les Soviétiques, dans les années 1979-89, une guerre financée en sous-main et soutenue logistiquement par les services de renseignement britannique, français, américain, saoudien et israélien.
La haute protection du gouvernement britannique s’étendait à divers groupes terroristes : le Parti des travailleurs kurdes (PKK), qui disposait d’une station de radio émettant des instructions à partir de l’Angleterre pour coordonner des attentats dans l’est de la Turquie ; le Jihad islamique égyptien, qu’on a vu à l’œuvre en 1997 lors des attaques violentes contre des touristes japonais à Louxor en Egypte et dans l’assassinat du président Anouar el-Sadate ; le groupe terroriste indien Lashkar e-Taibi, impliqué dans des assassinats et des prise d’otages en 1999 ; les terroristes tchétchènes recrutés dans les mosquées en Angleterre.
Parmi les chefs d’accusation retenus contre le gouvernement britannique, notons que les services anglais ont fermé les yeux sur les allers-retours de Ousama Ben Laden entre le Pakistan, l’Afghanistan, le Soudan et l’Angleterre, dans les années 1990. Le Times de Londres a admis qu’en 1996, Ben Laden se rendait régulièrement à Londres, « clairement sous la protection des autorités britanniques ». Le quotidien l’avait repéré dès le début des années 1990, alors qu’il fréquentait la résidence de Khalid bin Mahfouz, un richissime banquier saoudien. Mahfouz alimentait les Frères musulmans et toute une palette de groupes djihadistes. Il était aussi un actionnaire de premier plan de la Banque de crédit et de commerce internationale (BCCI). En 1994, la France et l’Algérie multiplièrent les démarches diplomatiques auprès du Foreign Office, affirmant que Ousama ben Laden entretenait au Royaume-Uni des relations avec le GIA, à l’époque impliqué dans des attentats aveugles dans les deux pays. Le renseignement français faisait allusion à certaines rencontres entre le GIA et Ben Laden dans la résidence de ce dernier à Wembley. D’après des sources françaises, notamment Roland Jacquard, Ousama ben Laden habitait Harrow Road, à Londres. Même après son départ, des propagandistes de sa mouvance continuèrent d’opérer à partir de Londres.
L’argument habituellement invoqué par l’Angleterre consiste à affirmer qu’en échange de l’asile accordé, ces groupes s’engagent à ne pas commettre d’attentats sur le sol britannique, ni prendre d’intérêts britanniques pour cibles. Cependant, quiconque doté d’une connaissance même rudimentaire de l’histoire de l’Empire britannique, depuis les premiers jours de la Compagnie des Indes orientales jusqu’au parrainage des mouvances « Jeune Europe », « Jeune Amérique » et « Jeunes Turcs » par Lord Palmerston au XIXe siècle, se rend immédiatement compte qu’il s’agit d’une fraude. Le parrainage de guerres asymétriques est au cœur même de la méthode anglo-vénitienne. Et le projet anglo-saoudien al-Yamamah n’est que la version moderne du soutien fourni par la Compagnie des Indes orientales à une myriade de groupes ethniques, religieux et séparatistes, constituant le vivier d’où l’on peut tirer des assassins fanatiques politiques et des émeutiers prêts à répandre aux quatre coins de la planète un « chaos sur demande », utile à l’Empire.
Démasquera-t-on le mensonge du clan Bush ?
Bien que des enquêteurs de la commission bicamérale et de la commission sur le 11 septembre aient tenté de dénoncer le rôle du renseignement saoudien dans les attentats, la Maison Blanche, avec la complicité élargie d’éléments au sein du FBI et du département de la Justice, s’efforça d’étouffer l’enquête sous une chape de plomb. C’était si gênant que trois des enquêteurs (Kevin Scheid, le colonel Lorry Fenner et Gordon Lederman) rédigèrent une note en proposant des directives à leurs supérieurs chargés de superviser les enquêtes, Dan Marcus et Steve Dunne. Ils s’y plaignent amèrement que le FBI et d’autres « observateurs » présents lors des interrogatoires de la commission interféraient dans la procédure et intimidaient les témoins. « Les observateurs se sont positionnés physiquement et se sont comportés d’une façon qui, nous en sommes convaincus, était de nature à intimider les témoins et à les empêcher de donner des réponses complètes et directes à nos questions. Les observateurs se plaçaient généralement à côté des témoins, face au personnel de la Commission, ce qui donnait aux témoins l’impression qu’ils participaient aux interrogatoires avec un statut égal à celui des témoins. De plus, ils prenaient des notes écrites sur les déclarations des témoins et pouvaient apparaître comme impliqués dans les condamnations éventuelles. Nous pensons que le comportement des observateurs a, intentionnellement ou non, pour effet net d’interférer avec les interrogatoires et d’intimider les témoins pour les empêcher de donner des réponses claires et complètes ». La note se concluait sur cette requête : « Nous vous demandons de soulever avec l’Exécutif ce problème du comportement des observateurs, afin de les empêcher de se comporter de cette façon à l’avenir ». En annexe étaient présentées dix règles de comportement visant à mettre fin à toute intimidation. Ce mémorandum fut certes déclassifié et versé au début de cette année dans le domaine public, aux Archives nationales, mais aucune action ne fut engagée et la dissimulation dont s’est rendue coupable la Maison Blanche (comme le démontre la suppression du chapitre sur l’implication saoudienne dans le rapport du Congrès) subsiste encore aujourd’hui.
Condoleezza Rice a menti
La dissimulation du crime impliqua, au moins dans un cas, l’outrage au Congrès. Alors qu’un conflit opposait la Commission et la Maison Blanche pour savoir s’il fallait rendre public un briefing présidentiel quotidien d’août 2001, avertissant le président Bush de la haute probabilité d’une attaque d’al-Qaïda contre les Etats-Unis, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice n’hésita pas à affirmer – sous serment – que la communauté du renseignement n’avait fourni aucun « renseignement exploitable » et que personne n’aurait pu anticiper les évènements du 11 septembre.
Contrairement à ce témoignage, les experts du renseignement disposaient d’indications majeures qu’al-Qaïda planifiait non seulement de détourner des avions, mais de les utiliser comme armes. D’après le troisième document rendu public cette année par la Commission sur le 11 septembre, l’Administration fédérale de l’aviation et le North American Aerospace Defense Command (NORAD) procédèrent, dès octobre 1998 (juste après les attaques contre des ambassades américaines en Afrique, avec prise d’otages), à des exercices impliquant la réaction à des détournements d’avion. Le dernier, Vigilant Guardian I, s’est déroulé du 6 au 10 septembre 2001. Un des scénarios de l’exercice, décrit dans le rapport de la Commission, postule qu’un avion arrivant à New York en provenance de Londres est détourné par « des terroristes équipés d’explosifs dont ils entendent faire usage au-dessus de New York ». On peut en déduire que l’idée que des terroristes planifient d’utiliser des avions comme armes lancées contre New York ne faisait pas qu’effleurer l’esprit de certains experts du contre-terrorisme quelques jours avant le 11 septembre.
Basnan libre de rentrer chez lui
Le 21 octobre 2002, un juge fédéral de Californie ordonne à Osama Yousef Basnan et à sa femme, Majida Ibrahim Ahmad Dweikat, de quitter au plus vite les Etats-Unis car leurs papiers ne sont pas en règle ! Cet officier du renseignement saoudien, pourtant actif illégalement aux Etats-Unis depuis le début des années 1980 et qui avait, de concert avec Omar al-Bayoumi, financé au moins deux des terroristes du 11 septembre, fut si content d’être renvoyé dans son pays qu’il serra la main au juge et le remercia chaleureusement à l’annonce du verdict.
Le message délivré ce jour-là par la Cour ne pouvait être plus clair : l’entreprise terroriste anglo-saoudienne était hors de portée de la justice. L’idée que la Grande-Bretagne et l’Arabie saoudite, deux des plus sûrs alliés des Etats-Unis, les aient trahis et aient joué un rôle fondamental dans le pire attentat terroriste jamais perpétré sur leur sol, fut jetée aux orties.
* L’Executive Intelligence Review (EIR) est la publication en langue anglaise des associés américains de Lyndon Larouche (cf. son numéro du 17 avril 2009)."
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