mardi 15 janvier 2013

2013, année prolifique

La crise que nous traversons signifie que l'homme va repartir. Que restera-t-il de la France et de l'Europe dans cette transformation aussi innovante que violente? Sur le long terme, ce changement majeur n'est pas seulement la fin du libéralisme, ni celle de la modernité, pas davantage celle, plus ample, du monothéisme. C'est celle, inconnue, de la fin du transcendantalisme. On comprend les soubresauts d'un tel changement. Le centre du libéralisme, l'Occident britannisé et atlantisé, connaît des perturbations majeures, parce qu'il incarne la terminaison de tout ce processus long, complexe, labyrinthique, dont les terminaisons s'apparentent à des miasmes rances et fétides. L'homme repartira, vers l'espace, mais entre temps, il risque de se produire bien des souffrances, bien des fins de cycle, bien des disparitions. Que des formes inférieures disparaissent pour laisser place à des formes supérieures, comme le christianisme supplanta l'Empire romain polythéiste, c'est une donnée positive, qui amène l'optimisme; que ce changement puisse déboucher sur des transitions chaotiques et violentes, des guerres et des destructions, cible directement l'Occident en pleines décadence et désagrégation. Vous voyez les hordes de barbares qui sont déployées en Libye, Syrie, Mali - et les pays autour? Le chaos au Soudan, pays multimillénaire? C'est ce qui reste d'arriver ici, tel un boomerang aimanté, si l'on continue à semer le chaos pour éviter de suivre le changement. Les cercles oligarchiques de l'Empire britannique veulent empêcher le changement, sous les injonctions de décroissance, parce qu'ils veulent conserver le processus de la mondialisation sous la coupe de leur NOM étriqué et intenable, étouffant. Ce n'est pas en ralentissant le processus de changement qu'on le renversera! Les parties qui s'opposent au changement disparaîtront, et non le changement qu'elles entendent éradiquer. Que 2013 lance les prémisses de ce changement, quelles qu'en soient les conséquences. Ceux qui en France proclament avec déni que tout va très bien madame la marquise, et que la crise est derrière nous, reprennent les slogans de ceux qui hier, expliquaient avec emphase et conviction que la crise des années 1920-1930 est derrière nous et que le pire est passé. Si la France disparaît, ce sera comme disparaissent les cultures quand elles se trouvent en voie de déclin : incapables d'échapper à leur sort funeste, elles se secouent de miasmes en dérobades, ponctuées parfois de sursauts erratiques et désordonnés. Machiavel a analysé ce phénomène du déclin politique et culturel dans son Discours sur la première décade de Tite-Live. Machiavel le diplomate florentin favorable aux cercles républicains de Florence vivait les derniers soubresauts de la République oligarchique de Venise, capitale de l'usure avant la modernité et avant que l'Empire britannique ne reprenne peu à peu le flambeau - depuis la City de Londres. Nous, nous vivons l'agonie du système monétariste dernier avatar de l'Empire britannique (officiellement décolonisé). Et si nous ne réagissons pas, l'Esprit de la Raison cher à Hegel partira s'implanter dans d'autres contrées pour progresser et s'intensifier. Ce ne sera pas en Chine ou en Afrique, mais dans l'espace. Et ce n'est pas vraiment l'Esprit de la Raison cher à un autocrate patenté, métaphysicien éperdu prenant Napoléon l'oligarque narcissique et mégalomane pour l'incarnation de la Raison, comme l'on prend des vessies pour des lanternes. En tant qu'Européens et que Français, notre combat à court terme tourne autour de la question : comment conserver l'héritage de l'Occident? Sinon, eh bien, nos idées et nos progrès profiteront à l'homme, désormais qu'il est universel et qu'il s'apprête à s'envoler vers l'espace. De mon point de vue, c'est tant mieux.

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