mercredi 18 septembre 2013

La forme politique

La volonté générale n’est que le composé des volontés particulières - plus l’adjonction de sa forme, état supérieur et aléatoire à elles (plus fragile et plus riche). La volonté générale est plus fragile, parce qu’elle est moins physique (moins réelle au sens de moins dense en concrétude). Mais elle est plus influente, au sens où l’homme ne peut agir sans se rattacher à un corps qui excède son individualité et qui présente une panoplie fonctionnelle qui lui soit supérieure. En ce sens, le corps vaudrait plus que l’individu. Mais cette conception omet d’accorder de l’importance à l’intelligence, voire se focalise sur le mécanique. Le plus important est de reconnaître que la volonté générale excède la volonté particulière. Ceux qui nient la possibilité d’existence de la volonté générale ne font pas que nier le processus démocratique. Ils nient la société depuis ses fondements et ils agissent de la sorte pour des raisons de simplisme travesti en simplicité : de la même manière qu’il est bien plus simple de nier le réel non physique au nom du réel le plus concret, de même il est plus facile de nier la volonté générale au nom du principe de réalité qui s’en tient à la volonté individuelle. 
La volonté générale existe si l’on prend en compte qu’il existe une autre forme de réel, qui n’est pas le réel le plus dense, mais le plus efficient. Le réel gagne en efficience à mesure qu’il croît en associations d'individualités et qu’il s’éloigne de ses formes singulières, dont le caractère n’est indépassable que s’il est circonscrit aux performances physiques du corps. Quand Aristote situe le réel au niveau de la forme générale du fini, il ne se mouille guère, puisque la forme regarde tout composé de réel, que le réel est formalisation, association de formes, et que, de même que le corps singulier se révèle composé de formes inférieures, de même nos corps ne sont pas la fin du réel (il n’existe pas de fin) et composent à leur tour des formes plus vastes. Quand on constate que la volonté générale est malade, on dissocie abusivement l’état de la volonté générale de celui des volontés particulières, comme si la volonté générale pouvait être la maladie qui imposerait le retour au multiple des volontés particulières, tandis que les volontés particulières pourraient être tenues indépendantes, donc en bonne santé, à condition qu’elles en reviennent à leur état initial (comme s’il existait un fondement initial stable et définitif). L’exigence d’indépendance particulière, loin d’amorcer le progrès de la conception du réel, ou un fonctionnement plus efficace, implique le mauvais état général. La revendication d’indépendance constitue l'antienne classique de l’individualisme, et non une manifestation de rébellion. La volonté générale est non seulement un composé qui influence directement le fonctionnement politique, mais qui désigne aussi la structure du réel. Le politique représente de ce point de vue le composé non agrégé, comme si la forme politique était un état qui encourageait la formation biologique, tout en en restant à une expression intermédiaire, aussi efficace que fragile. Le composé inachevé et non agrégé de type politique permet une plus grande force, mais se révèle en même temps aisée à se désagréger, du fait qu’elle repose sur l’addition des formes individuelles, dont la particularité est de présenter elles l’agrégation biologique et dont la désagrégation entraînerait la disparition en tant que forme constituée. L’agrégation politique repose sur la forme transitoire et inachevée, qui ne peut en aucun cas constituer un agrégat ou une forme donnée, car c’est une partie qui peut l’insuffler, tandis que l’agrégation effective est biologique au sens où elle dépend du réel dans son ensemble et que les religions nomment à un degré ou un autre Dieu (ou dieux) - le divin.

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