samedi 26 mai 2018

Etre ou ne pas être

L’erreur est la réduction du réel à sa partie la plus visible. La partie est un ensemble stable, l'être. Par la suite, l'erreur se dédouble en deux hypothèses divergentes : 
1) soit l'on décide qu'il n'y a que de l'être, mais alors il faut admettre l'hypothèse connexe du non-être comme complément à l'être, puisque l'être est incomplet.
2) Si l'on ne se satisfait pas de cette hypothèse pour le moins contestable, dont le mérite est de permettre un définition claire, sur laquelle on peut se baser pour connaître, la deuxième est la principale : c'est la technique du prolongement, selon laquelle l’Être vient compléter l'être que l'on constate. 
Mais ce raisonnement est fragile : car rien ne prouve que la conjecture soit bonne, exceptée qu'elle est bien pratique, parce qu'elle est la plus simple. Or ce critère n'est pas une preuve, n'en déplaise à Ockham. Son succès dans l'histoire de la pensée vient ainsi et seulement du fait que sa simplicité constitue un critère satisfaisant et le plus accessible parmi les alternatives qui viennent compléter l'être fini.
Mais rien n'indique que ce soit la vérité, en témoignent les difficultés logiques qui se présentent et expliquent que l'hypothèse 1 n'ait pas disparu, dont la principale est sans doute que le raisonnement par prolongement, qu'on pourrait aussi appeler par adéquation, n'a jamais permis de découvrir qui était Dieu ou l’Être. En témoignent, pour prendre deux exemples disparates et éloignés historiquement, la Bible (je suis qui je suis, une tautologie) ou Heidegger (l’Être n'est pas l'étant).
On peut même estimer que ces techniques qui sont prises de manière assez pragmatiques et approximatives ne fonctionnent pas, puisque les résultats qu'elles donnent sont assez faméliques. Si on n'en a pas changé, c'est parce qu'on ne dispose pas d'autre alternative. L'hypothèse de la malléabilité peut fournir cette piste nouvelle, même si elle ne peut se prouver totalement, ce qui est impossible pour toute entreprise issue de la raison. Elle peut se targuer d'expliquer plus de problèmes que les deux hypothèses précédentes. Mais elle ne peut faire plus, car le secret de la raison, c'est qu'elle ne peut atteindre la vérité autrement que par tâtonnements et de manière provisoire.
Quant à la démarche religieuse, elle reste quoi qu'il arrive inféodée à un postulat : elle reprend le transcendantalisme, c'est-à-dire la méthode par prolongement, mais elle y ajoute l'idée selon laquelle c'est de l'extérieur que vient la vérité, non de l'intérieur.

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