dimanche 25 décembre 2011

Le déni


Le déni est un terme psychanalytique qui désigne le mécanisme du refoulement, voire de la forclusion. Il est voisin de la mauvaise foi sartrienne en philosophie. Le déni psychanalytique serait inconscient quand la mauvaise foi philosophique serait consciente. L'histoire du nihilisme repose sur l'inobservé, le caché - le déni. Le nihilisme n'est pas une démarche philosophique qui serait spécifique et indépendante de l'expression religieuse. Au contraire, le nihilisme en tant que forme d'expression religieuse antagoniste du transcendantalisme se sert du rationalisme philosophique comme d'un moyen spécifique de langage religieux.
Le déni exprime le refus du changement au sens où quand on refuse de considérer qu'une réalité est, on ne peut le faire qu'au service du faux, non de l'autre (selon les termes platonicien et aristotélicien). Si on le faisait au service de l'autre, plus on dénierait, plus on ferait advenir l'autre radical et étranger. Le déni réfute l'existence en général sous prétexte de dénier l'existence particulière pour imposer l'immobilisme. L'immobilisme découle du schéma antagoniste être fini/non-être, qui fixe la réalité d'une manière intangible et inchangée. Avec l'autre, l'erreur est au service du changement; tandis qu'avec le non-être, le faux est au service de l'immobilisme.
L'erreur consiste à accélérer le changement. La différence entre erreur et déni tient à l'occultation accrue du réel par le déni. Le déni avance que ce qui existe n'existe pas; quand l'erreur reconnaît l'existence de ce qui existe, mais lui prête une forme fausse et hallucinatoire. L'erreur fait plus le jeu de ce qui existe, quand le déni fait le jeu avancé de ce qui n'existe pas. Le déni est l'expression de la mentalité nihiliste qui instaure l'équilibre précaire entre ce qui existe et ce qui n'existe pas, avec une régénération violente et virulente de l'être au contact antagoniste de ce qui n'existe pas. Le déni sert cette rencontre explosive et destructrice (l'ordre par le chaos), dont l'autodestruction engendre le changement régénérateur.
Le faux aristotélicien est au service du changement. Ce n'est pas un hasard si Aristote s'oppose à l'autre de Platon par son faux : le faux en lieu et place de l'autre permet cette rencontre du changement par l'explosion, alors que dans le cadre de l'autre, le faux est compris dans le processus de l'autre et du coup tend à nier l'existence paradoxale de ce qui n'est pas. Le faux réhabilite le non-être dans l'être, car si le faux existe en tant que faux, le non-être existe en tant que non-être - tandis que le faux englobé et subsumé dans l'autre apparaît seulement comme la mauvaise image de ce qui est.

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