lundi 5 octobre 2015

Cui bono?

La question consistant à s'interroger sur l'origine du réel découle typiquement de la mentalité transcendantaliste, selon laquelle l'être est le réel. Elle n'est pas résoluble, parce que le problème qu'elle soulève n'existe pas (pas sous la forme qu'il endosse).  Chercher la cause première, pour reprendre le vocabulaire aristotélicien, c'est estimer que le réel est être (et, dans le cas d'Aristote, qu'il est fini, ce qui explicite la difficulté).
Il est logique selon l'optique de l'être que l'être doive commencer. Dans l'hypothèse artificielle de l'être qui existerait sous une forme pure, l'idée de début aurait du sens. Mais il comporte l'illusion selon laquelle l'être pourrait être seul et incomplet. La question de l'origine soulève le problème indéfini de l'antériorité.
S'ajoute que l’entendement humain envisage la question depuis l'être. Si l'intelligence peut envisager que le réel ne soit pas seulement de l'être, la notion d'infini lui est négative, justement parce qu'elle en reste à l'être. Si elle en sort partiellement, comme elle en a la possibilité, elle découvre que le thème de l'origine n'a pas de sens.
Tout l'enjeu du transcendantalisme consiste à désamorcer cette impossibilité qui prospère en la raison comme faculté attitrée de la philosophie. Si l'on adopte le prisme de la créativité, l'idée de début montre sa fausseté, puisque tout début se trouve recouvert par la possibilité de l'extension (faculté d'extensibilité). La résolution au donné incomplet trouve sa complémentarité dans la propriété, qui traduit une différence de texture par rapport à l'être.
La tension qui se révèle, c'est que la résolution du problème de l'être rend incompréhensible à la raison l'absence de début. L'origine se trouve remplacée par la simultanéité des deux natures. Le temps découlant d'elles, il ne saurait les expliquer. Il n'explique que ce qui se trouve compris dans les bornes de l'être. Ce qu'on peut comprendre hors de l'être, c'est qu'on ne peut pas expliquer par la différence être/malléable que le réel doté de pouvoir couvrant s'avère incompatible avec le vide. Le pourquoi doit être remplacé par le constat de son illusion, qui va de pair avec l'acceptation de la limite de ce modèle.
(Le pourquoi est le raisonnement causal typique de la rationalité. A ce titre, son énonciation s'avère aussi pertinente dans l’ordre de l'être, qu'hors sujet si elle comprend l'ensemble du réel).

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