vendredi 1 juillet 2011

Diversion Sarkasme et Karate


"La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure."

Jean de la Fontaine, Le Loup et l'Agneau.

"Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c’est ainsi que leurs pères (aux riches, NdA) traitaient les faux prophètes."
Evangile selon Saint Luc
, 6, 20-26.

"Dominique Strauss-Kahn a déchiré ses bas, déchiré ses bas, ses collants, et le Procureur sait cela également. Chose suivante que j'aimerais vous dire, c'est que lorsqu'elle se débattait pour s'échapper, lorsqu'elle était à genoux et qu'il lui faisait subir des sévices sexuels, eh bien après cela, à la fin elle s'est levée, elle a commencé à courir, à courir vers la porte, elle a commencé à cracher le sperme de DSK, dégoûtée, par dégoût, partout dans cette chambre d'hôtel. Les preuves médico-légales soutiennent également son récit".
Témoignage publique de l'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson.

Le rebondissement instrumentalisé dans l'affaire DSK devrait inspirer le mépris face au déversement ordurier du mensonge médiatique que l'on fait subir à la victime d'un puissant. Vous voulez savoir ce qu'est la loi du plus fort? Vous avez la jurisprudence Nafissatou, contre DSK l'oligarque du FMI, dont le système médiatico-oligarchique réussit à insinuer qu'elle aurait menti dans son témoignage alors que le viol est médicalement avéré et qu'il s'agit ici seulement de protéger un oligarque contre une pauvre jeune femme noire femme de ménage. Si l'on ne se montre pas en colère face à cette manifestation d'oligarchisation rampante des esprits, qui a saisi en France et pour leur plus grande honte de nombreux journalistes du milieu médiatique parisien et surtout des représentants socialistes osant se réjouir de la libération (relative) de leur ami/allié/camarade DSK le socialiste ultralibéral, au nom de son innocence pour le moins embuée, il n'est pas possible de se révolter contre l'oligarchie et d'exiger que l'on prenne les mesures adéquates aux fins de rétablir le système républicain contre la loi du plus fort.
Il ne s'agit même pas d'exiger que l'on défende la présomption d'innocence de la victime, ce qui serait la moindre des choses quand on consulte le dossier juridique et les preuves médico-légales attestant que l'affaire n'est pas montée de toutes pièces, mais qu'il y a eu manipulation politique à partir d'un fait avéré, la violence sexuelle et prédatrice de DSK le trousseur de jupons; il s'agit de constater l'incroyable diversion double que l'on nous sert et qui nous permet de nous délecter avec voyeurisme de la saga DSK, violeur victime, baiseur baisé, alors que nous vivons la pire crise systémique de l'époque moderne (et sans doute la pire crise de l'histoire humaine connue).
- Diversion spécifique à l'affaire judiciaire DSK (et au roman à l'eau de rose médiatique bâti autour) : le mobile fondamental demeure, à savoir qu'il est prouvé que DSK et la femme de ménage ont eu une relation sexuelle violente (pour la jeune femme, c'est certain) - et qu'il faudrait vraiment être très naïf pour croire que la jeune femme de ménage a eu un coup de foudre impromptu et fatal en voyant le bedonnant et sexagénaire directeur du FMI sortir nu de sa salle de bain (selon la VO). Ensuite, elle aurait exigé qu'il lui broie le vagin et lui déchire un ligament de l'épaule. Pour remercier un si haut personnage de sa disponibilité SM matinale, entre une nuit avec une call-girl et un brunch avec sa fille, elle l'aurait gratifié d'une délicieuse fellation, puis aurait sacrifié au rituel bien connu de certaines nymphomanes, qui consiste à recracher le sperme de son amant un peu partout dans la pièce en sortant précipitamment.
(Pour ceux qui n'ont pas saisi les détails réels de l'imbroglio médiatico-jurdique, qu'ils visionnent le témoignage de l'avocat de Nafissatou Diallo Kenneth Thompson. C'est gore, c'est cru, c'est écoeurant, mais ça présente au moins le mérite de rétablir la vérité factuelle attestée par les expertises médico-légales les plus irréfutables :

).
Surtout quand on connaît les antécédents de DSK, un partouzeur bien connu pour son érotomanie compulsive et qui s'est déjà manifesté par un penchant prononcé pour la sexualité violente, voire contrainte, auprès de diverses femmes.
- Diversion générale, puisque cette affaire est politique, avec l'instrumentalisation d'une affaire privée (certes médiatique et grave) en démission officielle du directeur du FMI. Si DSK est vraiment innocent, que ne le rétablit-on immédiatement à son poste de directeur du FMI, dont il a démissionné à cause de son incarcération pour accusation de viol au profit de sa collègue et compatriote interchangeable Lagarde, elle une ultralibérale affichée et assumée?
Meyssan du Réseau Voltaire estime qu'il s'agit de la manipulation orchestrée (à partir d'une affaire d'une réputation de partouzeur violent bien connue) par la sécurité nationale américaine aux fins d'empêcher le directeur du FMI de présider à la création d'une nouvelle monnaie de réserve internationale. C'est une explication partiellement juste, mais trop courte, qui s'arrête aux portes d'un conflit américano-sioniste assez insondable (si le lobby militaro-industriel américain était l'instigateur de cette arrestation spectaculaire et politique, comment concilier la sympathie sioniste bien connue de ce milieu avec son opposition à la finance apatride, qui se révèle elle aussi sioniste? C'est la preuve que le sionisme dans cette affaire est une influence secondaire et que la lutte sur fond de privatisation du politique a eu lieu entre deux factions de la finance mondialiste). Le fond de l'affaire se comprend quand on a identifié le commanditaire (judiciaire) de l'arrestation de DSK : le procureur de New-York Schneider, qui supervise cette affaire, et dont le procureur Vance Jr. se trouve sous les ordres, s'est distingué par ses poursuites contre le monde financier de Wall Street, dans un contexte où l'on évoque de plus en plus la possibilité de rétablissement du vrai Glass-Steagall, visant à mettre en faillite les intérêts financiers mondialistes.
DSK incarnait dans les milieux de la finance mondialiste la faction favorable au renflouement par les Etats des intérêts financiers en faillite. DSK le progressiste ultralibéral est une escroquerie politique, puisque l'on voit qu'il représentait les intérêts les plus conservateurs de la finance, soit ceux prêts à couler l'ensemble du navire pour sauver quelques meubles personnels égarés. La folie de ce raisonnement rejoint la folie de DSK en matière sexuelle, notre prédateur sexuel ne se rendant pas compte que son dérangement mental est à l'image de la folie qui s'est emparée de l'impérialisme en phase terminale, prêt à toutes les violences pour une satisfaction aussi expéditive que frustrante.
Mais la diversion du feuilleton Sexe, Dollar et Pouvoir permet à la faction qui a coulé DSK d'empêcher que les peuples du monde s'intéressent au seul moyen d'empêcher les renflouements : le rétablissement du Glass-Steagall, à un niveau mondial (puisque le monde est globalisé). Ce n'est pas parce que la faction favorable au renflouement des financiers a triomphé qu'elle est vertueuse pour autant - qu'elle souhaite que cesse l'oligarchisation du monde et que la voie républicaine soit rétablie. Au contraire, les financiers qui ont empêché le renflouement en jetant comme un malpropre DSK dans sa prison dorée entendaient empêcher de couler avec ceux dont les intérêts sont condamnés.
Ils acceptent que les intérêts financiers trop en faillite coulent du moment qu'ils peuvent se sauver du carnage. Le hic dans cette stratégie, c'est que tous les intérêts financiers de la zone transatlantique sont en faillite à un haut niveau et que la mesure mondialisée du Glass-Steagall empêchera que ne revienne la spéculation débridée qui a sévi depuis la City de Londres sur nombre de places financières dans le monde (pas seulement à Wall Street ou à Chicago sur le marché des matières alimentaires notamment).
Ce que nos financiers soi-disant tempérés, en réalité fort cyniques, veulent empêcher, c'est le retour du Glass-Steagall. Ils ont déjà essayé d'imposer une première diversion avec un faux Glass-Steagall, comme celui de la loi Volcker ou celui récemment proposé en Grande-Bretagne (par des élites politiciennes sous la coupe de la City). Mais l'échec provient de ce que cette loi de fausse régulation n'empêchera jamais que les faillites s'accroissent et que l'hyperinflation n'engendre chez les peuples en colère des réactions violentes (émeutes, pillages, voire milices).
La diversion par le people trash et glauque (un feuilleton ravageur autour d'une histoire de viol) essaye de se révéler plus efficace que par le faux direct. Car la diversion directe a pour inconvénient majeur de se trouver vite dévoilée une fois que son caractère faux est manifeste. C'est ce qui se produit avec le faux Glass-Steagall, d'autant plus facile à démasquer que l'exemple grec nous offre un démenti cuisant à la bonne volonté des marchés financiers (d'autant plus anonymes que l'on cherche à préserver leur identité). Tandis que la diversion indirecte présente l'avantage de se trouver moins facilement contredite, d'une part parce qu'elle est plus complexe à détailler (l'interlocuteur se déconcentre, surtout s'il a l'habitude de suivre des séries débiles à la télé ou de jouer à la console de jeux en rentrant des cours ou du boulot); d'autre part parce qu'elle porte sur un sujet indirect et différent; enfin parce que l'explication implique une complexité théorique souvent rébarbative et indigeste.
Tel est le fond stratégique de l'affaire - non pas la question voyeurisme : viol ou pas?; mais plutôt : comment empêcher un Glass-Steagall - qui aurait pour effet immédiat de mettre en faillite, non seulement les intérêts financiers les plus endettés, mais l'insigne majorité des intérêts bancaires de stature internationale, à commencer par les intérêts gravitant directement et indirectement autour de l'Inter Alpha Group? La diversion laisse entendre que la réalisation des possibles se produit à tel endroit alors qu'il s'agit d'un mirage et d'une illusion.
Dans le cas de la métaphore, on se sert de B pour produire sur A un discours plus riche et plus réel, quoique d'une dimension majeure de réel non encore discernée. B se révèle un objet existant lui aussi, souvent en relation d'autant plus inattendue avec A qu'il se révèle proche et du coup fortement signifiant. Alors que dans la diversion, on oublie l'objet existant A en agitant un anti-objet (illusoire) B, qui non seulement ne présente aucune chance de se réaliser, mais encore se trouve sans lien (direct ou indirect) avec le véritable objet. Il s'agit dès lors moins de faire oublier A en l'éloignant que de le détruire et de le remplacer. L'illusion est meurtrière de l'existence. L'illusion du faux objet renvoie à la destruction que le non-être signale, soit au fait de créer une contradiction irrésolue (ne pouvant être résolue du fait qu'elle ne peut se réaliser).
Pour autant, la puissance du réel consiste à détruire la contradiction impossible par la production d'un système anti-entropique de non-contradiction, qui contrairement à la non-contradiction énoncée par Aristote n'est pas fixiste, mais qui pour résoudre la contradiction développe des potentialités et une existence supérieures. Le réel ne peut que triompher de l'illusion parce que l'illusion détruit par le fixisme, en entendant imposer la stabilité du réel à un certain niveau (palier). La non-contradiction d'Aristote aboutirait non pas à la cohérence logique, mais à la destruction.
C'est le même raisonnement vicieux et vicié que suivent les stratèges financiers actuels qui pensent qu'en produisant leur diversion people privée, ils parviendront à éloigner et détruite la menace Glass-Steagall. C'est oublier que la question n'est pas de savoir s'ils vont perdre, mais quand et comment ils vont perdre. L'idéal serait une confrontation sans heurt supplémentaire, dans laquelle l'adoption triomphale et facile d'un Glass-Steagall lèverait les nombreuses hypothèques de chaos qui pèsent sur la civilisation unique et mondialisée. Mais le plus probable est qu'il faille en passer par certaines violences et certaines guerres, comme ce qui se produit en Libye, où l'on espère que le peuple libyen saura repousser l'agression impérialiste et donner au peuple palestinien le courage d'agir à l'unisson contre l'impérialisme israélien, soutenu par l'impérialisme occidental dont il est issu et qui lui confère une aide capitale pour semer la zizanie suite aux accords de Sikes-Picot.
Un dernier point : dans cette affaire DSK, où l'on produit une diversion médiatique pour contrer l'affaire politique urgente et centrale (l'effondrement systémique mondialisé), alors que les éléments matériels sont accablants, l'on ose soutenir que le témoignage de la victime violée serait peu crédible du fait de relations tout à fait étrangères à l'affaire avec des dealers. De qui se moque-t-on? Y a-t-il eu relation sexuelle violente et pour le moins blessante - ou pas? Ce serait la vraie question à poser, car l'on voit mal en quoi les relations troubles et douteuses indépendantes pourraient changer la nature des faits criminels, en l'occurrence le viol. Au-delà de la justice américaine pour le moins versatile, sans doute fort injuste, suivant que l'on soit faible ou puissant, c'est l'appareil judiciaire américain qui montre dans cette affaire clairement qu'il se trouve inféodé au pouvoir politique et que sa réputation largement répandue et surfaite de probité et d'indépendance se trouve radicalement détruite par ce procès, où l'on passe d'un extrême médiatique à un autre irrationnel, comme c'est le cas de multiples autres procès politiques, où l'on emprisonne des détenus pour des motifs fallacieux, alors qu'ils sont innocents.
Je me bornerai à citer le cas du procès de LaRouche (1988), dont son avocat Ramsey Clark, ministre de la Justice du président Johnson et grand avocat du Mouvement des droits civiques, estima que « l’affaire LaRouche représente le cas le plus patent de subterfuge conscient et d’abus de pouvoir systématique, se déroulant sur une longue période et s’appuyant sur des prérogatives du gouvernement fédéral, survenu dans l’exercice de mes responsabilités ou dont j’aie pu avoir connaissance. » Ceux qui ne comprennent pas ne pourront pas venir se plaindre quand l'injustice inouïe arrivera à leur parent(e) ou leur ami(e) : nous assistons à un exemple consternant de l'oligarchisation terminale et intenable des esprits, où l'on réussit l'exploit sordide et abject de défendre un désaxé sexuel violent sous prétexte qu'il est puissant, qu'il est gentil et qu'il ne peut avoir commis ce crime.
Tous les journalistes et les politiciens qui soutiennent directement (il est innocent) ou indirectement (il est gentil) DSK sont complices de cette oligarchisation rampante - sans doute eux-mêmes imprégnés de mentalité oligarchique. Tous souscrivent à l'infamie selon laquelle la loi commune ne s'applique pas aux oligarques, soit à ceux qui font et défont les lois de ce monde. Je le dis pour finir avec provocation et vulgarité, mais DSK est ce Zeus qui du fait de sa puissance si supérieure mérite bien qu'on lui passe certaines faiblesses, y compris quand il s'agit d'exiger d'une misérable femme de ménage africaine qu'elle lui pompe le dard au petit matin - avant de prendre l'avion.

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