mardi 13 juillet 2010

La Coupe est pleine



Enfin débarrassés de la Coupe du monde de football! Quand on a compris que le football-spectacle-business professionnel était une mouture plus proche du catch que de l'éthique sportive, pourquoi s'enthousiasmer pour des exploits truqués et dopés? Pour apprendre quelques mois plus tard que certains matchs ont été achetés? Pour faire semblant? Dans ce cas, on se situe assez près de l'attitude déglinguée des passagers du Titanic faisant semblant de faire la fête alors qu'ils savent que le navire coule. L'esthétique du spectateur sportif ruisselle une éthique des plus immorales et perverses!
Lors de la finale Espagne/Pays-Bas, je n'ai pu m'empêcher de m'ennuyer en m'astreignant à suivre ce match presque en entier : c'était tendu, certains joueurs surtout néerlandais (pas seulement) se montraient violents, finalement l'Espagne l'aura emporté et certains analystes crient à la victoire du beau jeu et de la morale. Tu te moques de qui? La présence en terre d'Afrique du sud de l'Espagne et des Pays-Bas n'a pu m'empêcher de me désennuyer. L'Afrique du sud est une colonie de l'Empire britannique qui après la décolonisation politique (remplacée par un néo-colonialisme économique et financier des plus virulents) a viré dans un état d'apartheid. Bien des colons blancs, de ces Boers à la prononciation française douteuse par ces temps de crise boursière, venaient des Pays-Bas.
Mais l'Espagne? Dans le domino financier qui s'est instauré depuis la fin des accords de Bretton Woods et le découplage du dollar et de l'or, en gros au début des années 1970, l'Espagne est devenue une terre d'asile pour les financiers postvénitiens de l'Empire britannique (la filiation entre Sarpi et Bacon le philosophe est terrifiante). Au moment où l'Empire britannique s'effondre, l'Afrique du sud, qui est censée incarner l'exemple de la fin du colonialisme, accueille en finale deux fleurons de l'Empire britannique. L'un fondateur, l'autre continuateur. Une cause, une conséquence.
Personne ne dit l'essentiel : les milliards dépensés affaibliront un peu plus ce pays qui vit dans un état de précarité et de violence des plus instables. Laboratoire. C'est la condition humaine que nous réservent nos oligarques impérialistes d'obédience britannique : ramener les peuples des démocraties libérales occidentales d'un revenu moyen républicain et assez égalitaire vers ce genre d'inégalitarisme chaotique. L'Afrique du sud serait-elle le miroir du destin que nous promettent nos élites financières en pleine déconfiture?
Les Africains ne payent-ils pas plein pot pour le pillage de leurs richesses par l'Occident allié à la plupart de leurs dirigeants corrompus? Si le football est le miroir de nos sociétés qui tendent vers le rapport de forces oligarchiques et vers la destruction du pacte républicain, il est ahurissant de constater qu'en pleine explosion du système mondialiste économique, alors que les niveaux de vie sont gravement menacés, que le chômage explose, que la guerre s'emballe, que les droits sociaux sont menacés, que la santé passe à la trappe, l'on se divertit dans tous les sens du terme avec le football.
L'opium du peuple n'est plus la religion si chère (antipathique) à Marx : c'est le sport-spectacle dont le football est le fleuron assuré. Que voyait-on dans les tribunes lors de la finale de la Coupe du monde? Dans le gratin des tribunes il va sans dire. Des têtes royales, des princes et des princesses, des courtisans et des aristocrates. Le football médiatique est un conte de fées dans lequel pour une fois le compte est bon. Vaste programme oligarchique : les peuples y sont représentés par des rois et des reines au sein d'un régime démocratique libéral. Les Pays-Bas sont une monarchie voisine du modèle britannique : officiellement, la démocratie libérale néerlandaise est irréprochable, quasiment avant-gardiste, sauf que sa forme de monarchie parlementaire démocratique libérale la rend dirigée de fait par une oligarchie financière dont la reine Béatrice des Pays-Bas est l'incarnation richissime.
Les élites oligarchiques bataves sont historiquement des membres à part entière de l'Empire britannique, dont elles ont assuré et continuent de consolider (selon leur convenance désaxée) les fondements branlants. C'est ainsi que la reine Béatrice est de surcroît citoyenne britannique en fonction d'une loi désuète, membre d'une association humaniste affiliée au club de Rome et du groupe Bilderberg, qui fut en partie créé par son mari, un aristocrate allemand convaincu de nazisme effréné, ce qui n'est bien entendu pas le cas de sa femme (ni des élites aristo-oligarchiques britanniques). Les liens entre la monarchie britannique et la monarchie néerlandaise sont irréfutables. De l'autre côté, la monarchie espagnole qui encore une fois représente le pays tout en encourageant l'essor de la démocratie libérale. Le célèbre roi Juan Carlos est devenu le symbole royal de cet esprit démocratique si remarquable qu'il a su chasser du pouvoir les démons fascistes et franquistes.
Sauf qu'en ce moment, l'Espagne n'est ni saine, ni sauve. Suave peut-être? L'Espagne est en faillite financière comme la Grèce, l'économie du pays va se délabrer après s'être développée de manière miraculeuse avec l'argent de la spectaculaire spéculation financière, de la tentaculaire spéculation immobilière et de la patibulaire spéculation de la drogue. Tel est le message subliminal qui parcourt les travées du stade ayant l'honneur d'accueillir la finale : dans un pays néo-colonial, les peuples sont représentés par des élites oligarchiques qui les exploitent. Les peuples ne peuvent que se taire et se distraire. Se traire.
Ils sont autorisés vivement à applaudir aux exploits drogués de leurs champions pendant que dans l'ombre les oligarchies agissantes, dont les têtes couronnées ne sont que les ombres furtives, grappillent, exploitent et détruisent. La morale du football commence à surgir tel un fantôme inavouable quand on loue l'ordre inégalitariste du football où les stars sont rétribuées par des millions injustifiables quand la plupart de leurs supporters crèvent de misère (surtout en Afrique). Mais le football représente la morale oligarchique : la plupart sont exploités et vivent dans la misère; une petite élite croule sous l'opulence et les richesses matérielles (seul le matériel existe dans cette mentalité de l'immédiateté).
Les têtes couronnées sont les représentants des ces mentalités oligarchiques dévoyées qui commencent à s'afficher alors que point la crise. Ce n'est pas une crise économique en tant que telle : c'est une crise oligarchique, soit une transition vers le règne globalisé (mondialiste) de l'oligarchie financière dont les centres d'intérêts naviguent entre les paradis fiscaux, la City et ses dérivés géographiques, dont les princes ne sont que des représentants archétypiques. Les sportifs sont au mieux des esclaves riches et célébrés, comme les gladiateurs vedettes de l'époque romaine. Rien de plus : ce sont des galériens. Quel statut oxymorique que celui de galérien fameux!
Quand on a cerné la mentalité oligarchique et impérialiste qui meut le monde du football médiatique, celui de la Coupe du monde, on ne peut plus suivre avec franchise (commerciale) un match, fût-on footballeur amateur soi-même. On est écœuré parce que le spectacle de la Coupe du monde de football représente la trahison du football - en premier lieu. D'ailleurs, qui sont les dirigeants de la FIFA, cet organisme de représentation mafieuse et oligarchique - sinon des affairistes et des bureaucrates qui ne savent le plus souvent même pas taper dans un ballon?
L'analyse de la structure de la FIFA indique quelle mentalité régit le football professionnel : on utilise un sport qui génère beaucoup d'argent et beaucoup de passion pour divertir les peuples de leurs intérêts évidents (politiques, religieux, culturels, économiques) et les abrutir avec des passions égarantes et stupides. A ce sujet, il suffit d'entendre la disproportion entre un officiel de la FIFA s'exprimant sur un sport dont il n'a que faire directement et un footballeur bégayant sa bêtise crasse pour comprendre que les intérêts ultra-libéraux se servent du football comme d'un avatar de jeux du cirque. Arrête ton char.
Le système de propagande est bien huilé. Pourtant, surtout en cette période de crise, il arrive qu'il craquèle fréquemment. Son visage apparaît. Prenez dans un tout autre domaine le propagandiste ultra-libéral et mondialiste français BHL. Après ses exploits mythomanes, notre censeur se vautre de plus en plus dans un humour involontaire jonché d'erreurs grotesques et d'approximations impayables. Après l'exploit de l'affaire Botul, où BHL indique que sa perversion ontologique tient à sa confusion entre son désir et le réel, BHL s'emberlificote les stylos en accusant un présentateur de télévision faussement subversif d'inviter des antisémites comme Dieudonné (en en filigrane les écrivains mineurs Soral et Nabe).
On ne peut comprendre qui est BHL qu'en le décryptant comme un faux philosophe qui se travestit derrière ses diplôme d'historien de la philosophie pour perpétrer sa vraie activité, qui n'est pas de penser, mais de propager les messages de l'ultra-libéralisme. Passerait encore que BHL soit un propagandiste déclaré, qu'il défende l'ultra-libéralisme, le sionisme, la mondialisation, la finance d'obédience britannique : les choses seraient au moins claires et son erreur le rendrait plus mineur que minable.
Mais BHL se masque derrière l'histoire de la philosophie elle-même travestie en philosophie. Telle est sa vraie perversion et son vrai statut : comme les propagandistes du football, les dirigeants (souvent hilares), les journalistes sportifs (souvent ignares), les spectateurs (souvent hagards) et les sportifs (souvent blafards), notre BHL national, qui n'est que le propagandiste le plus fameux de notre pays, et qui est promis à l'oubli immédiat dès sa mort consommée, dupe son monde.
Après avoir voulu clouer au pilori de son argumentaire dévoyé le journaliste Taddeï accusé d'antisémitisme retors, une idée fixe, BHL qui ne se rend même plus compte qu'il divague, qu'il se commet en appel à la censure et en approximations logiques, la raison troublée par la somme des fredaines qu'il amasse, peut-être déstabilisée par la crise qui le ramène à ses mensonges et ses erreurs vertigineuses, BHL donc soudain montre qu'il ne comprendra jamais rien à rien et que plus le temps passe, plus sa mauvaise foi de départ s'est commuée en une drôle de folie qu'il n'est pas possible d'appeler autrement qu'une folie du désir plus encore que du sens.
Dans son autofiction savoureuse et détestable, Justine Lévy, la fille de BHL et d'un mannequin, produit une très mauvaise œuvre littéraire, encensée par la critique, qui divulgue son visage tout aussi hagiographique qu'oligarchique, autofiction dans laquelle elle narre par le menu, outre ses déboires sentimentaux (son mari est parti avec la maîtresse de son beau-père, qui n'est autre qu'un proche ami de son père!), le fait que son père consomme des amphétamines (ou des dérivés) pour écrire.
Peut-être qu'à force d'abuser de ce régime néo-sartrien notre BHL se trouve victime de confusions et de séquelles? Il a confondu cette fois le journaliste français Taddeï avec un footballeur italien éponyme! C'est le journaliste qui l'explique dans un droit de réponse savoureux : plus n'est besoin de réfuter les énormes erreurs de BHL; désormais il se réfute lui-même par ses confusions.
http://toutsurlachine.blogspot.com/2010/07/frederic-taddei-repond-bhl.html
S'il continue, il sera pathétique. Les historiens du futur en découvrant que cette immense célébrité propagandiste oubliée défendait les plus forts de son temps (ceux qui auront heureusement disparu depuis lors) se rendront compte qu'il abondait en fantasmagories qui à force de s'éloigner de la vérité finissaient par sentir le cocasse.
Plus que la casse. Voire la crasse. Cette erreur de BHL (confondre un journaliste avec un sportif) n'est pas anodine. On a remarqué le retentissement disproportionné et pénible que provoque cette Coupe du monde de football sud-africaine : en gros, le spectacle sportif secondaire est censé prendre la place des préoccupations politiques majeures. Pendant qu'on se passionne pour le foot, on oublie les problèmes politiques des plus graves (la crise financière et ses dérives). BHL reprend par son lapsus improbable cette constante en expliquant inconsciemment que le footballeur inconnu italien est le véritable Taddeï et que le journaliste célèbre, qui plus est dissident à ses yeux de conservateur viscéral maquillé en progressiste grotesque, est un clone faux - à oublier.
Il est déjà invraisemblable de constater la dérive de BHL depuis le maoïsme jusqu'au néo-conservatisme et à la censure crypto-fasciste. Se souvient-on que BHL voyait des fascistes partout au début de sa renommé phagocytée et instrumentalisée? Eh bien, depuis, son châtiment est tel qu'il est en phase d'incarner dans un bel effort de projection ces fachos qu'il discernait partout de manière paranoïaque au début de sa carrière.
La propagande : l'instrument par lequel le désir prétend s'imposer sur le réel. La loi du plus fort en matière de discours. Dans l'Antiquité, les propagandistes étaient de deux ordres principaux :
1) les orateurs rhéteurs;
2) les gladiateurs des jeux du cirque.
Les choses ont-elles beaucoup changé depuis? Nous nous situons dans une phase d'oligarchisation avec cette spécificité que l'oligarchie est désormais mondialisée et qu'elle utilise le cheval de Troie de la démocratie libérale pour parvenir à ses fins. Les orateurs sont devenus médiatiques avec ce nouveau moyen de communication (la rhétorique) qu'est la télévision. Les gladiateurs sont devenus des footballeurs (et autres variétés de champions sportifs). On cherche toujours à intoxiquer les peuples par le recours à la diversion. Pardon, dear BHL : qu'on se foute du foot et qu'on s'en foute plein la panse, votre race de rhéteurs propagandistes est utilisée pour empêcher de penser. Nous sommes là pour rappeler que penser est plus enrichissant que de dépenser.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Texte juste, et bien amené. Bien écrit, bien phrasé. Cependant mon cher, il me semble que vous commettez un impair dans vos prophéties. Monsieur Lévy ne mourra pas. Il ne peut mourir, il n'existe que dans une sphère où rien n'est réel. Votre définition de la propagande est à ce titre magnifique. Magique. Mais malgré cela, monsieur Lévy ne mourra pas. Il disparaitra. Lorsque son nom et son image ne s'afficheront plus dans les médias, monsieur Lévy disparaitra. Dans un plop. Il n'est pas un être! Il n'est. Si la matière est une forme densifié de l'énergie, monsieur Lévy est une forme densifié de la propagande. Le hasard a fait qu'il ait prit forme humaine. Il aurait pu prendre celle d'un gland, mais il pensait que c'était trop voyant, que cela lui allait trop comme un gant. Il voulu prendre une forme méphistophélique, mais ses gouts absents et son talent néant lui donnèrent ce visage et ce corps, qui le font ressembler à une pute à démon. Quel malheur qu'il ne soit pas à l'alcool! Les amphétamines laissent l'haleine fraiche... Tant de saloperie contenu dans un si petit corps...