jeudi 29 juillet 2010

L'été de tous les dangers

http://www.francesoir.fr/culture-justice-people/bhl-c-est-parce-que-polanski-est-polanski-que-l-s-est-acharne-comme-ca-sur-lui

Dans cette nouvelle, le sympathique intellectuel engagé BHL défend le merveilleux réalisateur Polanski qu'il a sorti quasiment seul des griffes immondes du cachot suisse d'obédience floridienne. S'il n'est pas de bon ton de pointer du doigt le communautarisme exacerbé (un juif sioniste défend un juif sioniste?), BHL verse dans le droit oligarchique : dans un remarquable effort de projection, notre propagandiste atlantiste (de tendance sioniste) ne se rend même plus compte que la justice à deux vitesses qu'il fustige est précisément celle qu'il défend.
Dénoncer la justice à deux vitesses qui dessert les opprimés est un réflexe sain (quoiqu'il puisse être le cas échéant faux aussi); se réclamer de cette ligne de défense (de défonce?) pour soutenir un riche et célèbre réalisateur est d'un cocasse exacerbé. BHL a tellement propagé des mythes mythomanes qu'à présent il dérape violemment - de plus en plus. En guise d'intellectuel voltairien avocat des causes les plus justes et les plus injustement engagées, il en vient à défendre les causes les plus oligarchiques qui soient. Donc les plus injustes et injustifiables. Il se montre juste dans la reconnaissance (perverse) du droit oligarchique : tout ce qui n'appartient pas aux cohortes oligarchiques (dont il fait partie) est exclu de sa verve (boudinée) de sophiste propagandiste (au service de la cause atlantiste).
Polanski qui appartient aux fameuses cohortes mondialistes et apatrides (un Français polonais d'origine religieuse juive, possédant un luxueux chalet dans une fameuse station de ski suisse et frappé d'interdiction de territoire américain...) se trouve traité comme un familier, un intime, un égal alors que les deux hommes se connaissent sans doute de très loin, peut-être pas du tout : dans un de ces élans de générosité si spécieuse dont il a le secret, du moins en France, BHL estime que tous les hommes sont frères à condition que ces hommes soient des oligarques. Cette confusion mentale qui est fort embarrassante pour son auteur (fort peu garant et fort égarant) lui fait confondre la défense de causes injustement condamnées avec celles de causes justement condamnées. Polanski a injustement échappé à la justice américaine pendant trente ans après avoir injustement drogué une adolescente pour mieux la violer.
Cet égarement mental (plus que moral) de BHL n'indique nullement qu'il soit favorable à la cause du viol hollywoodien de tendance sataniste. S'il défend le célèbre cinéaste Polanski, c'est que ce dernier, justement, est célèbre. BHL défend le principe de l'inégalitarisme contenu dans l'oligarchie. Remettons quelques vérités en place : si la perversion est le fait de retourner le sens, alors notre BHL est profondément pervers. Son succès indique la perversion des mentalités françaises qui le lisent (de moins en moins) et qui le louent (de moins en moins aussi). Cette perversion est de facture ontologique plus encore que logique. Encore un de ces sophistes contemporains, entre intellectuels, experts et historiens de la philosophie? Encore un apôtre du droit du plus fort - en l'occurrence celui de Polanski? Vivement que l'ordre change, puisque cet ordre se révèle si gangrené et pour que (spécifiquement) ce genre d'énergumènes disparaisse des médias (tant il est certain que sa postérité intellectuelle est d'ores et déjà caduque).
Dans le même moment, l'inoubliable Élisabeth Levy, que l'ironie historique rend homonyme de ce grandiose et grandiloquent propagandiste français, intervient de plus en plus dans les médias français pour délivrer une parole de plus en plus dure.



Ne nous y trompons pas : si en France BHL se présente comme intellectuel de gauche, alors qu'il est un ultra-libéral de gauche, tendance DSK ou FMI, Élisabeth quant à elle est le porte-parole implicite des intérêts du CRIF (l'idéologie sioniste en France) depuis l'avènement de son ami Prasquier à sa tête - et en Israël depuis l'élection de Netanyahu.
Avant, on pouvait encore se demander si la reine Élisabeth était de gauche ou de droite (les localisations politiques ayant perdu de leur netteté et de leur précision depuis que Mitterrand s'est déclaré socialiste). Mais cette intervention suffit à souligner le fait symptomatique que la ligne sioniste dans le monde suit de plus en plus la gradation de la violence. Tout se passe comme si le sionisme était la sous-idéologie (fort pragmatique et fort désaxée) qui suivait la courbe de l'idéologie dominante libérale, de plus en plus ultra et de moins en moins axée par rapport à la liberté (de ce fait elle aussi désaxée).
Le libéralisme s'effondre, devenant de plus en plus extrémiste et violent? Le sionisme fait de même. Le sionisme est un merveilleux indicateur de l'état du libéralisme. Comme le libéralisme constitue à l'heure actuelle (pour peu de temps encore) l'idéologie dominante de la politique mondiale (réduite aux échanges commerciaux), le sionisme est un précieux et fidèle indicateur de l'état du monde. Et notre Élisabeth Lévy est en France, de manière métonymique, un baromètre infaillible du sionisme, du libéralisme et du monde.
Le moins qu'on puisse constater si l'on s'en tient à ce qu'elle dit, c'est que tous ces éléments ne doivent pas aller fort en ce moment. Élisabeth se montre va-t-en-guerre acharné, faucon inconditionnel, comme si l'escalade de la violence était en mesure d'enrayer l'escalade de la violence. Alors que ce sont les méthodes du libéralisme qui s'effondrent et font monter la violence (par la baisse du niveau de vie et ce qu'on nomme la crise économique pour l'altérer et cacher qu'il s'agit d'une crise systémique fatale). Élisabeth est sans doute aveuglée par le mythe totalitaire (quoique dénié) de la complétude du libéralisme.
Elle juge à l'intérieur du libéralisme en prenant le libéralisme pour la totalité indépassable (vivent Fukuyama et consorts!). Son engagement lui laisse entendre que sa cause serait pertinente. Il suffit de l'entendre crier comme elle s'exprime pour saisir qu'elle défend le droit du plus fort à castagner le plus faible. C'est ce que font de manière suicidaire et irresponsable les Israéliens en ce moment. Netanyahu incarne une action politique encore plus extrémiste que celle (déjà passablement extrémiste) des néoconservateurs. Netanyahu est de par sa filiation idéologique et familiale un fasciste qui n'a guère changé d'orientation politique depuis sa jeunesse.
Élisabeth se trouve le porte-parole d'intérêts qui aussi scandaleuse puisse paraître cette affirmation lorgnent en direction du fascisme historique, qui lui aussi se révélait va-t-en guerre, virulent, simpliste et triomphateur. Le verbe virulent et peu nuancé que déploie Élisabeth est celui de la fuite en avant. Mouchée il y a peu sur un plateau de télévision par l'ancien ministre Dumas qui lui reprochait de ne rien comprendre et de vouloir supprimer tous ses opposants en guise de solution à ses problèmes croissants, Élisabeth accorde à ces diagnostics une confirmation aussi drôle que funeste quelques semaines plus tard. La voilà qui réclame à corps et à cris l'envoie de forces armées dans les banlieues pour rétablir l'ordre.
C'est une réaction moins stupide que suicidaire : toujours l'emploi de la gradation pour justifier la gradation. La violence contre la violence. Cette conduite irresponsable rappelle la souris qui ayant absorbé des drogues tonifiantes se débat dans tous les sens dans sa cage au point de perdre affolée tout sens de l'orientation et de substituer à la lucidité l'agitation. Il faudra murmurer à l'oreille délicate d'Élisabeth que ce n'est pas parce qu'elle s'exprime à toute vitesse qu'elle a raison. Il est même possible que cette manie verbale désigne l'imbécilité d'un genre particulier : de ceux qui révèlent leur médiocrité fondamentale à l'intérieur d'une excellence formelle - l'excellence académique définissant la médiocrité créatrice.
Mais il se pourrait bien qu'Élisabeth écoute ses contradicteurs. Elle aurait écouté Roland Dumas bien qu'il ait laissé entendre qu'elle disposait de facultés limitées. Après avoir menacé sans vergogne de lui balancer un verre d'eau à la figure, elle a évolué dans sa conception de la guerre : avant, elle voyait la guerre omniprésente et inévitable entre Israël et ses voisins; désormais, depuis que Dumas lui a signalé que la guerre allait arriver aussi en Occident, elle voit la guerre partout, y compris dans les banlieues françaises.
Le slogan de notre souriante souris est pratique : il est nivélateur autant que révélateur. Il pourrait fort bien y avoir la guerre d'Israël contre l'Iran ou n'importe quel massacre, l'argumentaire d'Élisabeth est préparé. Vive la guerre! Castagnons, les terroriste,s les extrémistes, les voyous, les caïds! Détruisons sans discernement pour mieux résoudre les problèmes! Sinaï Saint-Denis! Comme Élisabeth est loin d'exprimer son point de vue propre, sans quoi l'on pourrait s'inquiéter d'un certain dérèglement de tous ses sens, elle représente le point de vue sioniste qui représente le point de vue libéral qui domine dans le monde et qui en s'effondrant s'affole, puis choisit l'escalade inconsidérée de la violence.
A ce point? Dans cette hiérarchie, le point de vue emblématique de notre Élisabeth tient à la pasionaria. Pasionaria sioniste? Pasionaria occidentaliste. Nous nous trouvons dans une phase dangereuse de l'histoire au sens où l'Occident est en train de sombrer. Les rumeurs de guerre se font entendre. Ils ont leur avocat sinistre. Cas d'Élisabeth. Les sionistes ont leur part de responsabilité dans cette affaire, vu qu'ils sont partie intégrante de l'impérialisme occidentaliste. Mais ce serait tout à fait réducteur de réduire la responsabilité occidentale à la responsabilité sioniste. Sur le mode : ce sont les sionistes qui gouvernent le monde (donc l'Occident).
Cette déclaration est terriblement réductrice, déformée et amalgamante. Une opération encore plus déformée consiste carrément à amalgamer sionistes et juifs. Du coup, si sionistes = maîtres, comme sionistes = juifs, alors juifs = maîtres. L'on tombe dans le n'importe quoi. Ce n'est pas faux. C'est pire. C'est un moyen commode de trouver un bouc émissaire à peu de frais pour l'Occident. Les crimes de l'impérialisme occidental. Le sionisme est l'arbre qui cache la forêt impérialiste occidentale (de facture britannique). Au lieu de pointer du doigt la terrible responsabilité occidentale, on inverse le problème (cause/conséquence) et l'on rend responsable l'effet au surplus secondaire.
Voilà un exemple de caricature qui flirte avec la judéophobie, souvent improprement appelée antisémitisme (alors que les Sémites loin d'être des juifs sont dans leur immense majorité des Arabes) pour mieux brouiller les pistes (mieux que des Sémites, les juifs sont les Sémites, un peuple avec une terre). Si l'on veut vraiment rétablir la hiérarchie de l'impérialisme actuel, qui émane de l'Empire britannique et dont les relais se trouvèrent parmi les impérialismes européens, s'en prendre aux juifs relève de la supercherie plus que de la haine (encore).
Un exemple patent sur le site Internet d'un think tank proche du FN, Égalité et Réconciliation, qui met un article en ligne pour incriminer le mondialisme bancaire exacerbé d'Attali. Jusqu'à cette remarque, rien à redire (pour tout esprit honnête du moins), tant il est certain que le sieur Jacques participe à des mouvances financières proches de la mentalité synarchique et à des institutions dont le centre identitaire (différant) se situe à la City de Londres. Que l'on rapproche les origines juives et l'engagement sioniste d'Attali de son combat passerait encore pour de la documentation factuelle, jusqu'au moment où l'on explique les positions mondialistes d'Attali par son judaïsme (qui plus est amalgamé à son sionisme) :
http://www.egaliteetreconciliation.fr/JACQUES-ATTALI-prophete-du-Nouvel-Ordre-Mondial-3777.html
Après la lecture faussement documentée, on ne comprend plus rien au problème. Comme Élisabeth, mais dans un sens sensiblement inverse. On suit une fausse piste et, pire encore, par ces temps de crise systémique, on trouve une mauvaise cause qui sert de fausse explication et de parfait (idéal) bouc émissaire. Si l'on veut rétablir la vérité, le sionisme est emblématique de l'impérialisme britannique pour la raison (historique) qu'il a été promu dès ses limbes par les financiers de la City de Londres (dont les emblématiques quoique parcellaires banquiers Rothschild). Le sionisme peut constituer un excellent baromètre de l'état du système, notamment financier, à condition que l'on rétablisse le lien exact de causalité : les sionistes en antique sous-idéologie sont les conséquences de l'idéologie dominante et impérialiste de facture libérale.
Selon cette grille de lecture, il est ahurissant de considérer que le problème actuel (la crise systémique et l'effondrement économique, politique et culturel) proviendrait des sionistes (dont l'idéologie sous-libérale actuelle se trouve qui plus est amalgamée de manière grossière à la religion juive). Sans doute les sionistes ont-ils dépassé les bornes depuis l'assassinat de Rabin, sans doute l'argumentaire dévoyé de ses représentants le rend encore plus insupportable, mais c'est justement dans l'injustice qu'il convient de faire montre du maximum de justice.
Tant qu'on ne comprend pas que le problème n'est pas le sionisme, mais l'impérialisme britannique dont le sionisme n'est qu'une devanture satrapique (avec son incarnation territoriale Israël), on passe à côté du problème. Tant qu'on ne résoudra pas le problème de l'impérialisme britannique, on ne pourra résoudre aucun des problèmes afférents et inférieurs, à commencer par la gradation de l'extrémisme (la fuite en avant) du parti sioniste. Il est de bon ton de se gausser des rodomontades des Lévy pré-cités ou des billevesées incontrôlées de leur cousin (idéologique) Finkielkraut, mais le problème n'est pas là.
Ces représentants personnifient jusqu'à la nausée la gradation du problème, mais ils ne sont pas le problème. Le problème tient dans l'impérialisme britannique, dont le libéralisme est l'idéologie de façade censée légitimer l'aspect rationnement indéfendable (le droit du plus fort d'un point de vue commercial). Les représentants sionistes sont au plus d'excellents indicateurs de l'affolement de la boussole centrale - je veux dire : de l'impérialisme britannique. Il est conséquent que les satrapies s'affolent quand la capitale de l'Empire s'effondre. Cet affolement prend la forme (sioniste notamment) d'un extrémisme croissant et inéluctable, qui légitime la guerre de tous contre tous, dans un schéma hérité de Hobbes.
Hobbes : vous savez? Le vieil idéologue de l'Empire britannique classique, de facture politique, qui théorise de manière franche la domination que son pendant Locke travestira derrière le masque d'un certain vernis progressiste et modéré. De ce point de vue, dans la sous-division du sionisme français, Élisabeth serait plus proche de Hobbes, quand Bernard-Henri approcherait de Locke (sans vilain jeu de mots). Oublions les fausses pistes, les impasses, les chausses-trappes, les pièges à rats. Nous nous situons au moment où l'Empire britannique est en passe de délocaliser son fonctionnement.
Comme il l'a déjà fait en déménageant de Venise vers les Provinces-Unies (la Hollande), puis la City de Londres (l'Empire britannique), cet Empire qui historiquement et géographiquement n'est pas spécifiquement britannique (il était méditerranéen, il est mondial) envisage dès à présent de se (re)centrer dans une localité plus prospère à partir de laquelle il pourra dévorer et piller (tel le pirate de la Couronne sir Francis Drake) la partie du monde globalisé qu'il n'a pas encore dévastée : la zone transpacifique - vu que la zone transatlantique a été ravagée par ses bons soins.
Stratégiquement, c'est de cette réalité fondamentale qu'il convient de s'inquiéter. Les jérémiades (c'est le cas de le dire) de porte-paroles sionistes aveuglés n'ont guère d'autre intérêt que de nous offrir le son de cloche d'une satrapie qui se montre des plus inquiètes pour son avenir, sentant la fin de l'Empire qui la soutient advenir. Il est certain qu'Israël étant un terrain de lutte des plus instables (d'où sa création) ne sera pas la nouvelle capitale de l'impérialisme mondialiste. Du coup, les sionistes craignent d'être lâchés après avoir été promus par les mêmes moyens arbitraires. L'arbitraire : vous savez, la loi du désir. La loi de l'Empire. La loi (physique et méta) que prétendait suivre Newton.

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