jeudi 6 janvier 2011

Le rire de l'erreur

Je poursuis la série du rire du diable avec l'inénarrable incube Kouchner, qui désormais est suspecté plus ou moins implicitement de collusion(s) avec Thaci dans d'obscures histoires de trafics d'organes (le Premier ministre kosovar, du temps de la splendeur postyougoslave, à l'époque où Kouchner était l'administrateur du Kosovo pour le compte de l'ONU) :
http://balkans.courriers.info/article16584.html
Depuis, Kouchner nous a rejoué la série : splendeur et misère des courtisan(e)s. Il est monté tout en haut des strapontins politiciens, avec un poste de ministre des Affaires étrangères sous la houlette du gouvernement néo-conservateur de Sarkozy, puis il est passé aux oubliettes, voire à la moulinette des histoires. A croire que dans ce marigot, les caïmans se dévorent entre eux et que Kouchner n'avait pas les reins assez solides pour perdurer...
La question n'est pas tant de savoir si Kouchner fut le complice de Thaci ou s'il a plus que moins couvert. La question est de se rendre compte du caractère loufoque et pervers de sa réaction quand il éclate de rire face aux questions d'un journaliste bien informé. Il est patent que Kouchner travaille depuis la fin des années-dix pour des intérêts atlantistes de moins en moins humanitaires et de plus en plus belliqueux. Kouchner a débuté en french doctor soi-disant socialiste (à la sauce Mitterrand) et a fini en néo-conservateur de gauche, ce qui constitue un parcours somme toute classique pour les néo-conservateurs historiques.
Je ne sais au juste si Thaci couvre également le Kosovo en tant que plaque-tournante du trafic de drogue depuis l'Afghanistan sous contrôle direct des armées américaines (et de leurs commanditaires financiers de Wall Street et de la City), ainsi que l'avance le Réseau Voltaire; mais cette accusation grave prend une dimension encore plus sérieuse avec les rapports conjoints de l'ancienne juge du TPI Del Ponte (actuellement ambassadrice suisse en Argentine) et d'un député suisse (Marty). La guerre dans l'ex-Yougoslavie était censée apporter la démocratie et on y constate un résultat similaire (désastreux) à celui des catastrophes en Afghanistan ou en Irak. Le prétexte de la démocratie est l'argutie perverse servant à instaurer le chaos politique.
Dans ce contexte tragique et mensonger, où seuls des imbéciles peuvent soutenir cette confusion sémantique entre la démocratie et l'oligarchie, on voit un réseau se mettre en place, où les forces d'occupation occidentales (américaine et britannique) en Afghanistan utiliseraient le Kosovo créé librement sous leur égide comme courroie de transmission dans le trafic de drogue qui est utilisé à échelle internationale par les circuits financiers et qui permet de recycler des milliards d'euros dans des opérations inavouables (comme les machinations et les complots ourdis par les services secrets).
Mais cette réaction disproportionnée et désaxée de Kouchner a notablement évolué. Après avoir ri d'une mauvaise blague, ridicule et consternante, le voilà qui se comporte désormais comme les prévenus suspectés, jurant leurs grands dieux qu'ils sont innocents face à des documents compromettants. Les ennuis de Kouchner surviennent au même moment que les ennuis de sa femme Ockrent (suspectée quant à elle de complicité d'espionnage dans une affaire audiovisuelle sur la chaîne franco-internationale d'information continue France 24).
Sa réaction passant de la moquerie insultante à la défense argumentée et enfin sérieuse exprime une mentalité. Celle de ces néo-consrevtauers et autres atlantistes qui mentent effrontément et usent du mensonge et du rire comme d'armes pour se dérober à la vérité, parfois accablante, des faits. Kouchner est emblématique de cette mentalité qui nie l'évidence et qui substitue à la vérité la terrible loi du plus fort. Dernièrement, pour en rester à l'horizon français, Sarkozy a utilisé les mêmes armes rhétoriques (dérision et insulte) pour contrer les questions des journalistes dans une autre sombre affaire, celle dite de Karachi.
Encore des crimes commis et couverts pour raisons d'Etat? Au-delà de la méthode particulièrement répugnante (on se moque pour mieux cacher la vérité), c'est la rhétorique de la dénonciation qui est en jeu, en particulier celle usant de l'amalgame entre complotisme effectif et complot effectif afin de discréditer les complots effectifs. La dénonciation peut jouer sur des amalgames entre ce qui est vrai et ce qui est faux, vu que l'on est incapable d'édicter précisément le caractère de la vérité. Du coup, l'amalgame est la technique privilégiée pour subvertir la dénonciation franche et sincère en arme de propagande mensongère.
Pourtant, de la même manière que Kouchner qui hurlait à la calomnie est aujourd'hui rattrapé par des crimes qu'il prend soudain au sérieux; de même ceux qui se moquent des complotistes sont les mêmes qui seront tôt ou tard contraints de reconnaître que les complots pullulent en histoire et que l'accusation de complotisme entend masquer ce fait. On se moque de ce qui est vrai. On se moque dans le cas particulier de Kouchner des rumeurs de trafic d'organes alors qu'elles sont vraies et qu'elles pourraient l'impliquer. On se moque dans le cas des thuriféraires du pouvoir occidental des complots en les amalgamant aux paranoïaques et autres malades mentaux qui voient des complots partout.
Et si l'on se moque, c'est parce que le critère de la vérité a été remplacé par le critère de la loi du plus fort. Selon la loi du plus fort, la vérité n'existe pas ou se trouve en situation inférieure face au plus fort. Raison pour laquelle Kouchner rit si fort alors qu'il a tort ou que les occidentalistes hurlent au complotisme alors qu'il y a bel et bien eu complots avérés : dans leur mentalité, la vérité n'existe pas et ils suivent la loi du pus fort.
Le rapport de force actuel est facile à résumer : ce sont les pouvoirs financiers ultralibéraux et mondialistes qui dominent - et les politiciens se couchent devant eux. Cette situation est intéressante parce qu'elle indique la réduction et l'abaissement qualitatif induits par la loi du plus fort. On ne se réfère à la vérité que si l'on suit un schéma dans lequel l'économique est subordonné au politique et le politique à l'ontologique (en langage philosophique, l'ontologique étant en gros l'expression rationaliste du religieux). Or dans le schéma de la loi du plus fort, on détruit l'ontologique et le religieux et l'on réduit encore tellement l'horizon de la créativité humaine que le politique se trouve réduit à l'économique.
C'est à cette mentalité qu'aboutit le discours idéologique : cas d'un Marx qui réduit le modèle ontologique hégélien postulé comme juste à un renversement seulement politique et qui réduit encore le politique au social et à l'économique. Malgré ses erreurs, Marx demeure un érudit réducteur, mais un érudit; alors que la plupart des citoyens actuels d'Occident ont conservé le caractère réducteur, mimétique et idéologique de leur démarche, mais sans l'érudition. Du coup, ils bêlent comme des rebelles, sans se rendre compte que leur inculture est la principale arme dont se servent ceux qui veulent les asservir, alors qu'ils croient qu'ils sont dans l'opposition véritable du fait de leur opposition à toute forme de culture.
Au-delà de l'aveuglement des victimes face à l'aliénation et à la domination que leur imposent leurs bourreaux, il est très simple d'expliquer l'adhésion au mensonge d'un Kouchner (en tant que synecdoque politique du déni de tous ceux qui dénoncent à l'heure actuelle le complotisme en réfutant les complots d'Etat récents authentiques) : c'est quand on se situe dans la mentalité du plus fort qu'on détruit les conditions théoriques d'accession au critère de la vérité.
La vérité ne peut survenir qu'au niveau ontologique (religieux). Si l'on détruit ce pallier théorique, il n'est plus envisageable d'accéder à la vérité et l'on se réfère alors à la loi du plus fort. Position intenable d'un point de vue théorique pour peu qu'on ait accès à la théorie car la loi du plus fort implique sans cesse les évoluions capricieuses des rapports de forces, de telle sorte que les disgrâces succèdent aux vénérations. Cas d'un Kouchner, hier adulé comme l'incarnation de l'homme de gauche moderne, aujourd'hui discrédité et méprisé par ses anciens admirateurs. C'est le sort qui pourrait arriver à son mentor politique récent Sarkozy, sur un plus long terme, car ses soutiens atlantistes plus puissants ont encore besoin de lui.
Le critère de vérité est supérieur qualitativement au critère de loi du plus fort, ce qui explique qu'historiquement ce soit la vérité qui l'emporte sur la loi du plus fort, alors que dans de nombreux courts moments, la loi du plus fort l'emporte (c'est le cas actuellement pour la plupart des peuples). C'est que la théorie de la vérité est supérieure à la théorie de la loi du plus fort. La vérité est le critère de ceux qui posent le problème de manière religieuse, alors que la loi du plus fort est le critère de ceux qui réduisent la problématique à des questions économiques ou sociales.
Mais le réel est dynamique, soit antistatique. Il n'y a pas un palier (niveau) théorique qui soit supérieure de manière statique. Il y a une opposition entre un modèle dynamique et un modèle statique. Le modèle de la loi du plus fort est statique. Il ne conçoit le réel que comme fini et figé (fixiste). Le modèle religieux (ontologique) est dynamique. Il conçoit le réel comme infini et implique que l'homme progresse sans cesse dans l'échelle historique.
Selon ce critère, la loi du plus fort est fausse parce qu'elle rabaisse le développement humain à une immobilité destructrice; quand l'appel religieux implique pour être authentique un progrès se matérialisant de la manière la plus visible dans le progrès technique et scientifique. Quand un Kouchner signale par son rire désinvolte et insultant qu'il ment, son mensonge est peut-être conscient, mais sa grille de lecture du réel le conduit à avoir tellement détruit les champs dynamiques et infinis du réel qu'il n'a accès qu'aux niveaux inférieurs de ce qui est statique. Du coup, pour un Kouchner, il est normal de suivre la loi du plus fort.
Pas question de dénoncer les trafics d'organes coordonnées par son ami le premier ministre kosovar Thaci : ce serait en effet agir de manière contraire à la loi du plus fort. Hors de la loi du plus fort, et dans les rets de la mentalité de la loi du plus fort, que reste-t-il? Eh bien, c'est la destruction ou le chaos. Pour un apôtre de la loi du plus fort, c'est soit dominer, soit verser dans le chaos. Ce chaos prendra la forme de la domination endurée. On est soit dominateur, soit dominé. On se situe dans un rapport de forces purement quantitatif, où il est deux alternatives, l'une subordonnée (inférieure) à l'autre.
Donc on n'a pas à hésiter - et Kouchner n'hésite pas : entre dominer et être dominé, son choix est fait. Reste qu'il se présente comme un progressiste. La véritable question serait : de quel progressisme s'agit-il? Le progressisme qui consiste à faire progresser l'être humain de manière dynamique ou le progressisme interne à l'impérialisme statique? Dans ce cas, Kouchner n'est pas un progressiste, mais un obscurantiste et un irrationaliste partisan de la loi du plus fort dans al mesure où elle est progressiste. Ou : le progrès qui consiste à estimer que l'on peut se montrer progressiste à l'intérieur de la loi du plus fort. On juge que les plus forts ont le devoir d'aider la majorité des plus faibles pour maintenir l'ordre stable et statique.
L'impérialiste progressiste estime que son modèle est supérieur au modèle de l'impérialisme conservateur en ce qu'il permet de maintenir une meilleure cohésion sociale. Parcours politique d'un Kouchner qui part de l'humanitaire et finit avec un poste de ministre néo-consrevateur parce qu'il estime qu'en agissant de la sorte il aide les plus faibles à l'intérieur de la norme de la loi du plus fort. Position d'un autre soi-disant socialiste mitterrandien, Roland Dumas (encore un ancien ministre des Affaires étrangères), qui estime que l'impérialisme s'autodétruira s'il continue à imposer un rapport de force inégalitaire, alors que le rapport de forces plutôt égalitaire assure sa pérennité.
Raison pour laquelle Dumas remet en question la version officielle du 911 et s'oppose à ceux qui en le traitant de complotiste (comme un Sorman) montrent que l'accusation de complotisme cache souvent la voix des impérialistes conservateurs, soit de ceux qui sont partisans de l'application de la loi du plus fort la plus inconditionnelle et inégalitaire. On ne peut vivre qu'en considérant suivre un certain modèle de générosité. Raison pour laquelle les conservateurs les plus durs présentent une identité à court terme : leur modèle est trop destructeur pour durer. Mais on peut se déclarer progressiste à l'intérieur de l'impérialisme, soit développer une positivité morale et théorique à l'intérieur d'un modèle portant faux et prévaricateur.
Pour expliquer son adhésion même progressiste à l'impérialisme, il suffira de décréter que le modèle impérialiste ne ressortit pas du choix, mais est un modèle nécessaire (obligatoire) - qu'on ne peut pas faire autrement. Un Kouchner présente des sentiments nobles et lucides, puisqu'il adhère à la nécessité et au progressisme impérialistes. Il considérera même suivre des critères théoriques nobles en s'engageant en faveur de la voie la plus pérenne et généreuse de l'impérialisme (selon lui). Si l'on comprend la position erronée et gravement déficiente d'un Kouchner (ou d'un Dumas dans une manière voisine), il reste à observer que le critère principal de la loi du plus fort se montre contraire à son principe initial.
Alors que la loi du plus fort se présente comme stable, promouvant même la stabilité statique, en réalité c'est le modèle le plus changeant et le plus versatile qui est défendu, puisqu'il prétend imposer au réel infini la force finie de l'homme. Dans un réel dynamique, l'imposition de la stabilité statique conduit à une plus grande instabilité dynamique. D'où le sécuritarisme comme stratégie politique pour lutter contre l'insécurité alors que cette insécurité découle de ceux-là mêmes qui promeuvent le sécuritarisme et qui par leur conception dévoyée engendrent l'insécurité.
La loi du plus fort est la loi la moins rationnelle, soit la moins adaptée au réel quand on comprend que le rapport au réel de l'homme est fondé sur la dynamique, pas sur la statique. Telle est l'erreur théorique sur laquelle s'appuient les impérialistes même progressistes et telle est la raison pour laquelle ceux qui réfutent la théorie ne peuvent que se mouvoir dans l'univers défavorable de la loi du plus fort sans parvenir à critiquer cette théorie qu'ils refusent.

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