mercredi 2 juin 2010

Gaza : effet de serf

La raison du plus fort est toujours la pire : nous l'allons montrer tout à l'heure.

Débat symptomatique à Ce soir ou jamais sur la question secondaire (quoique monstrueuse) des crimes de guerre commis par le commando israélien contre des membres de la flottille internationale livrant des secours aux assiégés du mouroir à tombeau ouvert qu'est Gaza.



- Lévy se montre surexcitée et hystérique comme son pendant sioniste masculin Finkielkraut (un excellent débatteur, faux philosophe et médiocre intellectuel). Elle crie pour camoufler qu'elle défend un point de vue indéfendable et en passe d'être démasqué : qu'Israël pratique depuis sa création récente la politique de la loi du plus fort qui était jusqu'à maintenant l'apanage des financiers libéraux de la City de Londres et de l'Empire britannique. Comme ce plus fort s'effondre, Israël se retrouve en première ligne (de mire), partagé entre la tentation de s'émanciper de la tutelle de ses protecteurs en déconfiture (le parti de la force aveugle) et son instrumentalisation de plus en plus chaotique et indéfendable par des marionnettistes qui ont besoin de boucs émissaires (et qui se servent d'Israël à cet effet).
La défense d'Israël est tout simplement indéfendable. Raison pour laquelle les portes-paroles qui sont dépêchés par les sionistes pour tenter de défendre le parti d'Israël s'empêtrent dans des arguties aussi tortueuses que nauséabondes (on ne sait pas, soyons prudents, la guerre c'est la guerre...). Sur ce plateau, comme s'ils s'étaient partagés les rôles, nous avons l'excitée virulente, voire violente, Élisabeth Lévy la passionaria (passagère) de la cause sioniste, dont on peut se demander ce qu'elle fabrique dans cette galère, et dans un positionnement en repli et en modération, le sophiste mineur et creux Enthoven Jr.
Il est curieux de constater que les porte-paroles sionistes de l'heure sont des hystériques plus ou moins patents comme Finkielkraut ou les deux Lévy (BHL et Élisabeth). Serait-ce que la défense indéfendable d'Israël implique par compensation un surinvestissement dans la virulence verbale pour masquer l'impéritie de fond (la gradation criminelle et psychopathique d'Israël)? Ou bien le niveau des représentants du sionisme et/ou d'Israël dégringolerait-il avec la dégringolade conjointe et première des protecteurs du sionisme qui sont historiquement et factuellement les milieux oligarchiques de la City de Londres? Il est vrai qu'avec en France des énergumènes comme Barbier, BHL ou Élisabeth Lévy, Finkielkraut, Bruckner ou les Enthoven, l'absence de fond est remplacé (fictivement) par la débauche de forme!

- Enthoven Sr. est loué sur le plateau pour avoir conseillé la modération et le sens des responsabilités. Que dit-il?
"Avant même que nous ne connaissions les faits, l'opinion publique s'est emparée de cet événement pour lui donner le sens qu'elle voulait et il y a de ce point de vue me semble-t-il de la part des responsables politiques une responsabilité considérable qui consiste à garder une certaine forme de mesure. (...) Il faut attendre un peu et être plus prudent que l'opinion publique en général".
1) Enthoven Jr. admet que l'opinion publique serait en majorité contre l'action criminelle israélienne et pour les victimes palestiniennes. Terrible aveu qu'une reconnaissance involontaire! Serait-ce que la majorité des gens sont injustes ou Israël est injuste?
2) Pis, Enthoven Jr. trahit qu'il défend le point de vue oligarchique en s'opposant à l'opinion publique. Il fait mine de parler depuis la position du philosophe (mondain et précieux) dépassant l'opinion, mais l'expression d'opinion publique indique qu'Enthoven Jr. méprise la majorité du troupeau, selon le vocable nietzschéen (Enthoven Jr. est nietzschéen), et qu'il estime que la vérité est l'affaire d'une minorité, voire de quelques voix. Cette conception indique qu'Enthoven Jr. est favorable à la vérité du plus fort et qu'il fait sienne cette morale de La Fontaine : "La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure."
Le mépris du porte-parole oligarchique, fût-il en apparence pondéré, pour le peuple, qualifié d'opinion publique, signifie que l'opinion (l'erreur exprimant la bêtise) est publique (majoritaire). D'où : la vérité est minoritaire, voire individuelle. Ce n'est pas forcément faux dans certains cas, mais comme conception de la vérité, c'est si faux et si grossier que nous nous situons tout près du fascisme. D'ailleurs, Enthoven Jr. est l'ami de notre Barbier de l'Express, que j'ai surnommé Barbier de Gaza (une coïncidence), un joyeux luron qui appelait récemment dans un éditorial à l'avènement d'un "putsch légitime".
La modération dont se réclame Enthoven Jr. est typique du compromis en vogue à l'heure actuelle, qui consiste non pas à agir selon la vérité, mais selon l'équilibre des forces en présence. Du coup, du moment que l'on trouve une position d'équilibre, fût-elle parfaitement injuste ou précaire, on se montre modéré et tolérant. Voire. On fait le jeu des plus forts au détriment des plus faibles. Cas d'école : dans le cas d'Israël, un compromis entre le point de vue israélien et le point de vue des victimes de la flottille aboutirait à la reconnaissance implicite de la légitimité de l'action israélienne, alors même qu'elle ressortit d'un crime de guerre irréfutable!
Ce genre de compromis qui se fonde sur la convention et sur le refus de la vérité (l'homme est mesure de toute chose selon Protagoras) est un subtil moyen d'inféoder l'idée de justice platonicienne sous la férule sophistique de la justice du plus fort qui comme son nom l'indique n'est pas la justice. L'intervention énergique de Roland Dumas est emblématique de l'évolution des rapports de force, car Dumas est tout sauf un honnête homme. Peut-être l'approche de la mort le pousse-t-il vers une certaine rédemption, mais il a montré par le passé qu'il était un avocat mû par l'intelligence au service de son intérêt.
De ce fait, la colère de Dumas exprime en creux l'impudence du parti pro-israélien. Dumas est un habile qui sent le changement poindre. Il prévoit la possibilité de la guerre en Occident et le renversement inéluctable du Frankenstein Israël, qui se sera mis à dos les opinions internationales à force de crimes de plus en plus vils et veules. Dumas illustre par son discours d'opportunisme dirigé contre l'Eve Lévy, qui selon lui ne comprend rien (lucide vérité à propos d'une succube-propagandiste qui ferait mieux de se taire), à quel point les rapports de force changent.
Israël est en train de se faire lâcher (larguer) par ses protecteurs occidentaux, dont les néoconservateurs français. On comprend que notre Lévy enrage, mais il est trop tard. Un Dumas indique la direction que prennent les élites occidentales face à l'incendie furieux qui les menace : lâcher n'importe quel poids, y compris Israël. Dumas n'incarne pas le discours de la vérité ou de l'honnêteté, mais celui de l'intérêt bien compris. En face, Lévy qui défend le sionisme (et Israël) témoigne d'un extrémisme malhabile et désaxé qui rend fou furieux Dumas.
Comment un fin stratège comme lui peut-il se trouver confronté à une excitée qui menace de lui envoyer un verre à la figure en guise d'argument? Comment un jeunet présomptueux comme Enthoven Jr. peut-il s'autoriser à le reprendre, croyant sans doute réitérer le demi-coup médiatique qu'il avait réussi avec Barre peu de temps avant sa mort (insinuer que l'ancien Premier ministre était antisémite)? Enthoven croit-il qu'il tutoie en petit marquis de la cour intellectualiste germanopratine les ministres et les politiciens? Comment ne pas mépriser Lévy et Enthoven Jr. (qui croit qu'en faisant assaut de politesse obséquieuse il manifeste de l'habileté et convainc son auditoire) qui se tortillent ou enflent pour rendre défendable le monstrueux?
Spectacle qui m'évoque l'hilarant face-à-face entre Finkielkraut et Michaud à propos de l'affaire Polanski. Finkielkraut essayait par tous les moyens d'atténuer la sévérité des charges pourtant irréfutables et injustifiables portées par la justice californienne contre le cinéaste; Michaud riait sous cape. Il en va de même avec ce spectacle où Lévy connaît le même sort qu'un boxeur roué de coups par son adversaire supérieur. Lévy est groggy, Lévy est KO. Lévy est sonnée. Enthoven Jr. qui flaire la tempête et quitterait le navire si possible se tait et lâche prise. Lévy s'entête, prête aux pires extrémités : menaces et pugilat.
Il est trop tard, Élisabeth, la dernière syllabe de ton prénom témoigne de ton comportement inqualifiable. L'injustifiable est au service du droit du plus fort, qu'incarne Israël jusqu'à la lie. Pour contrer cette dérive, il serait temps de pointer du doigt les vrais responsables, ainsi que le réclamait avec une toute autre intention (noyer le poisson) Enthoven Jr. Ce sont bien entendu ceux qui ne sont jamais nommés et qui dirigent de manière oligarchique le système financier international moribond et condamné.
Le moment cardinal de cette émission intervient quand Dumas, excédé par les interruptions de Lévy, lui lance qu'elle manifeste un comportement proto-hitlérien. Lévy s'étrangle de l'insulte : insulter une juive d'hitlérienne! Malgré les récriminations modalisées d'Enthoven Jr, il s'agit pourtant de la stricte vérité : de même que Netanyahu est l'héritier autant généalogique qu'idéologique du fasciste sioniste Jabotinsky, autant la défense par Lévy d'Israël revient à défendre des comportements proches du nazisme. C'est absolument terrible (la posture du bourreau au nom de la victime), mais c'est aussi parce que c'est la vérité que Lévy se fâche tout rouge (et qu'Enthoven Jr. prend sa défense en croyant qu'il est habile d'abonder en formules rhétoriques aussi creuses que sa pensée nulle et nouille).
C'est peut-être triste, mais l'évolution du sionisme tend de plus en plus vers son repoussoir honni, le fascisme. C'est ce que remarquait avec prémonition le philosophe israélien Leibowitz en citant le prophète Jérémie : "Je vous couvrirai d'un opprobre éternel, d'une honte éternelle qu'on n'oubliera jamais." Lévy ferait bine de méditer cette sentence, qui indique qu'elle s'est fourvoyée dans le camp des perdants, ceux qui se sont crus les plus forts éternels alors qu'ils ne furent que les plus forts d'un temps succinct.
L'évolution des rapports de force, où l'on voit le sionisme perdre la face de manière inédite en France contemporaine, est l'indication plus profonde d'un changement qui dépasse de loin la question du sionisme/d'Israël et qui tient à l'effondrement systémique. Changement d'ensemble, période de mutation, dans laquelle les rapports de force évolue et les lois du plus fort présentes, toujours limitées et indéfendables, suivront l'évolution des principes qui les guident et qui sont fondés sur la vérité et la justice - eux.
Pour finir, je donnerai la parole à la comédienne Darina al-Joundi : "Aujourd'hui on est dans le mur, on n'est plus devant."

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