samedi 11 juin 2011

L'hyperpublicité de la privatisation

Le plus important est de préciser la distinction public/privé, de telle manière que l'on mesure que cette distinction n'est jamais opérée pour l'heure dans l'espace de débat à prédominance libérale. La distinction n'est pas assez marquée parce que le libéralisme gomme la différence pour imposer deux possibilités :
- soit une hyperprivatisation du public, qui tend à détruire le public (modèle anglo-saxon);
- soit une distinction hypocrite (modérée), sous couvert de respecter le public, dans laquelle on conserve certes le domaine public, mais au prix de sa protection par le statut au-dessus de la loi (alégal) des crimes privés éventuellement commis par les représentants publics.
D'un point de vue théorique, la distinction en prolongement/englobement privé/public se révèle hypocrite puisqu'elle repose sur le caractère exceptionnel et complaisant du public par rapport au privé, un compromis proche de la compromission. Le public existe, seulement tenu pour un prolongement du privé, une entité supraprivée si l'on veut. C'est ce vice qui permet l'épanouissement au nom de la nécessité unique des pires expressions du libéralisme (l'ultralibéralisme, voire le nationalisme). Outre l'imposition de la nécessité faible, la privatisation du public présente pour conséquence fâcheuse de détruire à terme la légitimité de l'existence publique de caractère spécifique et sa supériorité par rapport à l'action privée (la volonté générale est supérieure au désir individuel) - ravalant le public à un superprivé plus privé que super.

2 commentaires:

Oligarchie a dit…

Bonjour, pouvez-vous m'expliquer en quoi le nationalisme est l'une des pires expression du libéralisme ?

Koffi Cadjehoun a dit…

Bonjour.
C'est l'un des secrets les mieux gardés de l'histoire contemporaine que le financement par les financiers de la City et de Wall Street des mouvements nationalistes d'ordre fasciste avant la Seconde guerre mondiale.
Par ailleurs, le nationalisme se distingue par son adhésion aux pires formes d'ultralibéralisme, comme en attestent les positions en Italie fasciste du compte Volpi di Misurata (aux tout débuts de l'ultralibéralisme).
Théoriquement, le nationalisme se présente comme l'ennemi du libéralisme (protectionnisme contre libre échange), mais le nationalisme ne se peut évoluer que s'il génère :
- à l'extérieur, la domination intrinsèque de la Nation contre les autres nations
- à l'intérieur, des couches sociales dominantes.
Je m'aperçois qu'il faudrait préciser qu'il existe deux formes de nationalisme : l'un, particulièrement pernicieux, qui se développe dans un Etat-nation déjà constitué, comme en Europe fasciste;
l'autre qui réclame la constitution de l'Etat-nation, comme ce fut le cas avec le Congo de Lumumba.
Ces deux nationalismes sont opposés entre eux et le second n'exprime pas l'une des pires formes de libéralisme.
Bien à vous.