Les libéraux ont triomphé le jour de la chute du Mur de Berlin. Le communisme s'effondrait et les libéraux clamaient que leur système était le bon et le seul. Désormais, on allait voir ce qu'on allait voir. Le libéralisme débarrassé du communisme allait entraîner l'humanité vers des sommets et des zéniths de prospérité et de perfection.
Action. 1989-2009. Réaction. Vingt ans. Vingt ans de mondialisation, vingt ans de dérive vers l'ultralibéralisme, la dérégulation, la globalisation... En 911, le monde a été contraint de se réveiller en douleur : malgré la version officielle qui claironne que le terrorisme est le fait de fanatiques en grande majorité issus du monde musulman, il faut se rendre à l'évidence : le libéralisme laissé seul à lui-même dérive et délire. Il se commue de plus en plus en ultralibéralisme ou néo-libéralisme, ce qui signifie qu'il verse dans l'extrémisme à mesure qu'il s'étend.
Le libéralisme historique défend l'idée de liberté. L'ultralibéralisme défend l'oligarchie, l'élitisme et l'inégalitarisme. Curieuse manière de se prolonger et de grader. Curieuse manière qui ne s'explique que si l'on comprend que la gradation s'effectue précisément à l'intérieur de la dégradation. Il ne s'agit pas d'une gradation perverse mais objective. Il s'agit d'une dégradation qui se présente en gradation dans la mesure où la destruction laisse place à un nombre de plus en plus restreint d'alternatives et d'ordres. Au final, l'ordre finit inexorablement par être unique.
On pressent déjà son triomphe : s'il est unique, c'est qu'il est le Bien suprême. Discours de la candeur perverse. Discours tenu par W. en tant qu'incarnation de ce système. Discours typiquement nihiliste, mais d'un nihilisme particulier : nihilisme de type terminal. Le désert croît, disait en substance Nietzsche. Pour le parodier : le nihilisme croît.
La croissance du nihilisme s'appuie sur le processus de fonctionnement du nihilisme : autrement dit, la croissance s'appuie sur la destruction. La croissance s'appuie sur la décroissance. La gradation s'appuie sur la dégradation - dans tous les sens du terme. Comprend-on dès lors le sens que recouvre le triomphe du libéralisme de plus en plus ultra et néo? Comprend ce que signifie la croissance du nihilisme? Comprend-on ce qu'implique le mythe de l'unicité? C'est la croissance de la destruction, la croissance du chaos, la croissance du désordre. L'unicité signifie le stade terminal avant la destruction.
Drôle de croissance qu'une croissance qui ne croît qu'à condition de détruire. C'est dire que la croissance en question est une croissance malfaisante, négative et inversée. C'est la croissance du désert au sens où le désert est antithétique de la vie. Cette croissance est la croissance du chaos. L'essence du libéralisme apparaît ainsi dans le vrai être du nihilisme, comme dirait Heidegger. De la même manière que le lien entre la destruction et la croissance libérale est peu expliqué dans son déroulement ontologique, de même le sens du libéralisme est souvent critiqué, sans que jamais il ne soit décrypté et analysé.
Le libéralisme renvoie à la liberté. On pourrait dès lors se demander comment il est possible que la liberté grade et devienne ultraliberté. C'est que cette liberté possède un sens particulier. La liberté classique est résumée par Kant. Kant est le philosophe des Lumières, c'est-à-dire qu'il incarne l'esprit de l'immanentisme qui pense vraiment que l'immanentisme en prenant le pouvoir va améliorer le sort de l'humanité. Kant croit au Progrès. Kant croit à la Raison. Kant est optimiste, puisqu'il est persuadé que l'homme a découvert la voie des Lumières.
On pourrait objecter que le ver est déjà dans le fruit et que Kant déjà est contraint d'admettre les limites de l'immanentisme. Limite de la connaissance en particulier, qui atteint de tels sommets que Kant doit postuler que le réel est inconnaissable hors de la représentation. Mais Kant, pour ne pas s'embarquer dans un sujet aussi passionnant que digressif, n'est pas pour rien le philosophe des Lumières : il estime tellement que la politique immanentiste sera gouvernée par le Progrès et la Raison qu'il pense qu'enfin ce nouveau système politique conviendra à la définition de la liberté.
On notera que Kant présente une définition de la liberté assez optimiste : il essaye en fait d'associer et de concilier les valeurs classiques les plus positives avec les valeurs immanentistes. Il essaye d'inscrire l'immanentisme dans la continuité du classicisme. C'est ainsi qu'il propose la définition de la liberté comme droit de faire ce qu'on veut sans attenter à la liberté du voisin. Le problème avec cette définition, c'est qu'elle fait la part belle à la conception de la liberté immanentiste comme dépassement harmonieux du modèle classique.
Kant croit encore que l'immanentisme sera un courant harmonieux. Il ignore que la liberté immanentiste signifie la loi du plus fort sur les plus faibles. La liberté finie débouche non sur l'égalité, mais sur la loi du plus fort. Soit la loi d'airain de la domination, qui se manifeste en politique par le règne de l'oligarchie. C'est après Kant que l'optimisme n'est plus possible et que Nietzsche en avance sur les autres courants comprend que l'immanentisme est perdu s'il persévère dans son optimisme progressiste. Nietzsche avait compris que le progressisme était cause perdue et que le progressisme modéré et équilibré de Kant était perdu. C'est pourquoi il en appelle à la mutation ontologique de type pragmatique.
Las! Tous les projets sont promis à la décrépitude et à la déchéance parce que l'immanentisme repose sur un fondement bancal. Il ne fonctionne pas parce que le néant est impossible. Cause perdue. C'est la forme moderne du nihilisme qui se trompe, erre, se fourvoie. L'immanentisme ne cesse de néantiser dans sa course folle. C'est ainsi que le règne du libéralisme survient soi-disant comme rupture avec le nazisme. Le nazisme serait une folie et le libéralisme signalerait de manière optimiste que la folie est congédiée et que les hommes ont su mettre en place un système pérenne et un système de garde-fous qui empêche le retour de la violence.
Guantanamo! Les citoyens des démocraties libérales ne se rendent plus compte, anesthésiés et gavés de propagande, que leur système assure sa promotion et que le libéralisme est la dernière forme de l'immanentisme. L'unique parce que le dernier. L'immanentisme tardif et dégénéré a commencé à poindre au dix-neuvième siècle. Il a suscité plusieurs prophètes, dont le plus perspicace fut Nietzsche. Le nazisme fut la réponse désespérée de l'immanentisme à son effondrement inéluctable. La violence cataclysmique allait sauver l'immanentisme.
Cette solution radicale, consistant à sauver en anéantissant, fut remplacée par l'opposition binaire entre le communisme et le libéralisme. Se rend-on compte qu'au fur et à mesure de son évolution et de sa progression, l'immanentisme détruit progressivement ses formes initiales? L'immanentisme tardif et dégénéré fonctionnait sur le système duel, progressisme contre pragmatisme. A présent que le communisme s'est effondré en 1989, le libéralisme seul laisse entendre qu'il a triomphé. Il a trompé son monde. La solitude est un pas supplémentaire dans le processus de destruction de l'immanentisme.
Le libéralisme est en stade terminal parce que l'immanentisme est en stade terminal. Le libéralisme en phase terminale a muté en ultralibéralisme. L'effondrement systémique de 2008 n'est que l'officialisation de cet état terminal de l'immanentisme, qui est si épuisé qu'il ne possède plus qu'une forme et qu'il s'accroche éperdu après le mythe de l'unité de ses conceptions ontologiques et politiques, comme s'il était de bon ton de vivre dans l'unicité sclérosée et monotone. A entendre les clairons de la propagande, cette unicité signifie que l'homme a enfin découvert la voie droite et juste. L'unité en phase terminale exprime la voie juste et droite. A méditer.
En réalité, l'unicité signifie seulement que le système immanentiste est parvenu à son terme. Il a détruit toutes ses formes et il se retrouve exsangue, haletant, pauvre de sa dernière forme, sa forme terminale, cet ultralibéralisme sans queue ni tête qu'il présente comme sa richesse. Les agissements d'un Madoff semblent parfaitement désaxés. On rapproche l'escroquerie de Madoff du système de Ponzi. Se rend-on compte que Madoff est l'arbre qui cache la forêt et que c'est l'ensemble du système qui fonctionne sur le modèle de Madoff? Si Madoff est fou et escroc, alors l'intégralité du système financier est fou et escroc.
Le jour où le Mur de Berlin s'est effondré, en 1989, le progressisme immanentiste s'est effondré. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que le suive dans sa chute son pendant et son complément, le pragmatisme immanentiste. En 2001, le WTC s'est effondré comme le Mur s'était effondré. Le Mur symbolisait le communisme. Le WTC symbolisait le centre des affaires et de la finance. Faut-il s'étonner que le centre mondial des affaires se soit effondré dans une ténébreuse affaire? Sa chute a mis plus de temps parce que le nihilisme moderne peine à accepter sa défaite.
Nous vivons une période exaltante d'accélération de l'histoire et des évènements, comme les périodes de grand changement en produisent seulement. Nous avons connu la fin du communisme, confiant dans l'ère de perfection et de prospérité qui s'ouvrait à l'homme. L'homme libéral avait triomphé de son démon communiste et se retrouvait l'horizon dégagé, la chemise au vent. Croyant que nous étions parvenus à un stade d'accomplissement, des analystes candides et utopistes comme Fukuyama claironnèrent que nous entrions dans l'époque de la fin de l'histoire. L'hégémonie incontestable du libéralisme signifiait que l'homme en avait fini avec la dialectique de l'histoire et que nous étions parvenus à une forme de synthèse finale et éternelle.
Désormais, il ne se passerait plus rien puisque l'histoire était abolie. On a vu le résultat : l'histoire dépasse l'homme en tant qu'incarnation du temps. Le stade final est confondu avec le stade terminal. Le 911 est venu rappeler l'évidence avec cruauté. Il aura fallu sept longues années pour que la crise systémique se déclenche et que l'homme entérine l'évidence. Contrairement à ce que les analystes systémiques expliquent pompeusement, avec leur crise structurelle et imprévisible, le système s'est effondré en 2008. Le libéralisme mutant s'est effondré en 2008. Vingt ans après le communisme, le libéralisme est mort. Le 911 est cet évènement apocalyptique qui nous annonce que le libéralisme allait s'effondrer.
Bien plus : le 911 annonce l'effondrement du libéralisme comme ultime sous-produit du système immanentiste. Le 911 est cet évènement cataclysmique qui est venu annoncer l'effondrement du système dans son ensemble. L'effondrement du dernier avatar de l'immanentisme, le libéralisme pragmatique seul et orphelin, celui qui a triomphé dans la mesure où il était le dernier des Mohicans, signe la fin de l'immanentisme. Ceux qui espèrent dans la pérennité du NOM en seront pur leurs frais. Le nihilisme entraîne logiquement vers le néant.
L'homme aime trop la vie pour suivre cette pente suicidaire et sablonneuse. Ceux qui ne le comprennent ne comprennent pas davantage que le libéralisme est mort. Comme le communisme Et comme l'immanentisme. Car si c'est le dernier survivant de l'immanentisme qui est mort, c'est par voie de faits la preuve que l'immanentisme n'est plus de ce monde. Combien de temps allons-nous attendre avant de changer de mode de vie? Je voulais dire : de mode de néant. Le monde du néant.
Action. 1989-2009. Réaction. Vingt ans. Vingt ans de mondialisation, vingt ans de dérive vers l'ultralibéralisme, la dérégulation, la globalisation... En 911, le monde a été contraint de se réveiller en douleur : malgré la version officielle qui claironne que le terrorisme est le fait de fanatiques en grande majorité issus du monde musulman, il faut se rendre à l'évidence : le libéralisme laissé seul à lui-même dérive et délire. Il se commue de plus en plus en ultralibéralisme ou néo-libéralisme, ce qui signifie qu'il verse dans l'extrémisme à mesure qu'il s'étend.
Le libéralisme historique défend l'idée de liberté. L'ultralibéralisme défend l'oligarchie, l'élitisme et l'inégalitarisme. Curieuse manière de se prolonger et de grader. Curieuse manière qui ne s'explique que si l'on comprend que la gradation s'effectue précisément à l'intérieur de la dégradation. Il ne s'agit pas d'une gradation perverse mais objective. Il s'agit d'une dégradation qui se présente en gradation dans la mesure où la destruction laisse place à un nombre de plus en plus restreint d'alternatives et d'ordres. Au final, l'ordre finit inexorablement par être unique.
On pressent déjà son triomphe : s'il est unique, c'est qu'il est le Bien suprême. Discours de la candeur perverse. Discours tenu par W. en tant qu'incarnation de ce système. Discours typiquement nihiliste, mais d'un nihilisme particulier : nihilisme de type terminal. Le désert croît, disait en substance Nietzsche. Pour le parodier : le nihilisme croît.
La croissance du nihilisme s'appuie sur le processus de fonctionnement du nihilisme : autrement dit, la croissance s'appuie sur la destruction. La croissance s'appuie sur la décroissance. La gradation s'appuie sur la dégradation - dans tous les sens du terme. Comprend-on dès lors le sens que recouvre le triomphe du libéralisme de plus en plus ultra et néo? Comprend ce que signifie la croissance du nihilisme? Comprend-on ce qu'implique le mythe de l'unicité? C'est la croissance de la destruction, la croissance du chaos, la croissance du désordre. L'unicité signifie le stade terminal avant la destruction.
Drôle de croissance qu'une croissance qui ne croît qu'à condition de détruire. C'est dire que la croissance en question est une croissance malfaisante, négative et inversée. C'est la croissance du désert au sens où le désert est antithétique de la vie. Cette croissance est la croissance du chaos. L'essence du libéralisme apparaît ainsi dans le vrai être du nihilisme, comme dirait Heidegger. De la même manière que le lien entre la destruction et la croissance libérale est peu expliqué dans son déroulement ontologique, de même le sens du libéralisme est souvent critiqué, sans que jamais il ne soit décrypté et analysé.
Le libéralisme renvoie à la liberté. On pourrait dès lors se demander comment il est possible que la liberté grade et devienne ultraliberté. C'est que cette liberté possède un sens particulier. La liberté classique est résumée par Kant. Kant est le philosophe des Lumières, c'est-à-dire qu'il incarne l'esprit de l'immanentisme qui pense vraiment que l'immanentisme en prenant le pouvoir va améliorer le sort de l'humanité. Kant croit au Progrès. Kant croit à la Raison. Kant est optimiste, puisqu'il est persuadé que l'homme a découvert la voie des Lumières.
On pourrait objecter que le ver est déjà dans le fruit et que Kant déjà est contraint d'admettre les limites de l'immanentisme. Limite de la connaissance en particulier, qui atteint de tels sommets que Kant doit postuler que le réel est inconnaissable hors de la représentation. Mais Kant, pour ne pas s'embarquer dans un sujet aussi passionnant que digressif, n'est pas pour rien le philosophe des Lumières : il estime tellement que la politique immanentiste sera gouvernée par le Progrès et la Raison qu'il pense qu'enfin ce nouveau système politique conviendra à la définition de la liberté.
On notera que Kant présente une définition de la liberté assez optimiste : il essaye en fait d'associer et de concilier les valeurs classiques les plus positives avec les valeurs immanentistes. Il essaye d'inscrire l'immanentisme dans la continuité du classicisme. C'est ainsi qu'il propose la définition de la liberté comme droit de faire ce qu'on veut sans attenter à la liberté du voisin. Le problème avec cette définition, c'est qu'elle fait la part belle à la conception de la liberté immanentiste comme dépassement harmonieux du modèle classique.
Kant croit encore que l'immanentisme sera un courant harmonieux. Il ignore que la liberté immanentiste signifie la loi du plus fort sur les plus faibles. La liberté finie débouche non sur l'égalité, mais sur la loi du plus fort. Soit la loi d'airain de la domination, qui se manifeste en politique par le règne de l'oligarchie. C'est après Kant que l'optimisme n'est plus possible et que Nietzsche en avance sur les autres courants comprend que l'immanentisme est perdu s'il persévère dans son optimisme progressiste. Nietzsche avait compris que le progressisme était cause perdue et que le progressisme modéré et équilibré de Kant était perdu. C'est pourquoi il en appelle à la mutation ontologique de type pragmatique.
Las! Tous les projets sont promis à la décrépitude et à la déchéance parce que l'immanentisme repose sur un fondement bancal. Il ne fonctionne pas parce que le néant est impossible. Cause perdue. C'est la forme moderne du nihilisme qui se trompe, erre, se fourvoie. L'immanentisme ne cesse de néantiser dans sa course folle. C'est ainsi que le règne du libéralisme survient soi-disant comme rupture avec le nazisme. Le nazisme serait une folie et le libéralisme signalerait de manière optimiste que la folie est congédiée et que les hommes ont su mettre en place un système pérenne et un système de garde-fous qui empêche le retour de la violence.
Guantanamo! Les citoyens des démocraties libérales ne se rendent plus compte, anesthésiés et gavés de propagande, que leur système assure sa promotion et que le libéralisme est la dernière forme de l'immanentisme. L'unique parce que le dernier. L'immanentisme tardif et dégénéré a commencé à poindre au dix-neuvième siècle. Il a suscité plusieurs prophètes, dont le plus perspicace fut Nietzsche. Le nazisme fut la réponse désespérée de l'immanentisme à son effondrement inéluctable. La violence cataclysmique allait sauver l'immanentisme.
Cette solution radicale, consistant à sauver en anéantissant, fut remplacée par l'opposition binaire entre le communisme et le libéralisme. Se rend-on compte qu'au fur et à mesure de son évolution et de sa progression, l'immanentisme détruit progressivement ses formes initiales? L'immanentisme tardif et dégénéré fonctionnait sur le système duel, progressisme contre pragmatisme. A présent que le communisme s'est effondré en 1989, le libéralisme seul laisse entendre qu'il a triomphé. Il a trompé son monde. La solitude est un pas supplémentaire dans le processus de destruction de l'immanentisme.
Le libéralisme est en stade terminal parce que l'immanentisme est en stade terminal. Le libéralisme en phase terminale a muté en ultralibéralisme. L'effondrement systémique de 2008 n'est que l'officialisation de cet état terminal de l'immanentisme, qui est si épuisé qu'il ne possède plus qu'une forme et qu'il s'accroche éperdu après le mythe de l'unité de ses conceptions ontologiques et politiques, comme s'il était de bon ton de vivre dans l'unicité sclérosée et monotone. A entendre les clairons de la propagande, cette unicité signifie que l'homme a enfin découvert la voie droite et juste. L'unité en phase terminale exprime la voie juste et droite. A méditer.
En réalité, l'unicité signifie seulement que le système immanentiste est parvenu à son terme. Il a détruit toutes ses formes et il se retrouve exsangue, haletant, pauvre de sa dernière forme, sa forme terminale, cet ultralibéralisme sans queue ni tête qu'il présente comme sa richesse. Les agissements d'un Madoff semblent parfaitement désaxés. On rapproche l'escroquerie de Madoff du système de Ponzi. Se rend-on compte que Madoff est l'arbre qui cache la forêt et que c'est l'ensemble du système qui fonctionne sur le modèle de Madoff? Si Madoff est fou et escroc, alors l'intégralité du système financier est fou et escroc.
Le jour où le Mur de Berlin s'est effondré, en 1989, le progressisme immanentiste s'est effondré. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que le suive dans sa chute son pendant et son complément, le pragmatisme immanentiste. En 2001, le WTC s'est effondré comme le Mur s'était effondré. Le Mur symbolisait le communisme. Le WTC symbolisait le centre des affaires et de la finance. Faut-il s'étonner que le centre mondial des affaires se soit effondré dans une ténébreuse affaire? Sa chute a mis plus de temps parce que le nihilisme moderne peine à accepter sa défaite.
Nous vivons une période exaltante d'accélération de l'histoire et des évènements, comme les périodes de grand changement en produisent seulement. Nous avons connu la fin du communisme, confiant dans l'ère de perfection et de prospérité qui s'ouvrait à l'homme. L'homme libéral avait triomphé de son démon communiste et se retrouvait l'horizon dégagé, la chemise au vent. Croyant que nous étions parvenus à un stade d'accomplissement, des analystes candides et utopistes comme Fukuyama claironnèrent que nous entrions dans l'époque de la fin de l'histoire. L'hégémonie incontestable du libéralisme signifiait que l'homme en avait fini avec la dialectique de l'histoire et que nous étions parvenus à une forme de synthèse finale et éternelle.
Désormais, il ne se passerait plus rien puisque l'histoire était abolie. On a vu le résultat : l'histoire dépasse l'homme en tant qu'incarnation du temps. Le stade final est confondu avec le stade terminal. Le 911 est venu rappeler l'évidence avec cruauté. Il aura fallu sept longues années pour que la crise systémique se déclenche et que l'homme entérine l'évidence. Contrairement à ce que les analystes systémiques expliquent pompeusement, avec leur crise structurelle et imprévisible, le système s'est effondré en 2008. Le libéralisme mutant s'est effondré en 2008. Vingt ans après le communisme, le libéralisme est mort. Le 911 est cet évènement apocalyptique qui nous annonce que le libéralisme allait s'effondrer.
Bien plus : le 911 annonce l'effondrement du libéralisme comme ultime sous-produit du système immanentiste. Le 911 est cet évènement cataclysmique qui est venu annoncer l'effondrement du système dans son ensemble. L'effondrement du dernier avatar de l'immanentisme, le libéralisme pragmatique seul et orphelin, celui qui a triomphé dans la mesure où il était le dernier des Mohicans, signe la fin de l'immanentisme. Ceux qui espèrent dans la pérennité du NOM en seront pur leurs frais. Le nihilisme entraîne logiquement vers le néant.
L'homme aime trop la vie pour suivre cette pente suicidaire et sablonneuse. Ceux qui ne le comprennent ne comprennent pas davantage que le libéralisme est mort. Comme le communisme Et comme l'immanentisme. Car si c'est le dernier survivant de l'immanentisme qui est mort, c'est par voie de faits la preuve que l'immanentisme n'est plus de ce monde. Combien de temps allons-nous attendre avant de changer de mode de vie? Je voulais dire : de mode de néant. Le monde du néant.
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