Dans l'interview qu'il a eu la gentillesse de nous accorder à l'occasion de la parution boycottée de son dernier ouvrage (Sarkozy, Israël et les juifs), l'historien Blanrue remet en question le sens du terme Occident. En gros, ce serait une appellation périmée, un peu comme pour Orient. Si c'est pour signifier que l'Occident est divisé en multiples sous-parties, parfois opposées, comme l'Orient, nous ne pouvons que tomber d'accord avec cette nuance et cette distinction, fort du principe selon lequel quand on regroupe certaines parties sous une communauté monolithique (et hégémonique) de sens, on ne peut que trouver des différences à l'intérieur de ladite communauté. Tout effort de définition est ainsi appelé à connaître de possibles dérives vers l'amalgame.
Faut-il pour autant cesser de définir au nom de la dérive d'amalgame? Exemple : face au fameux amalgame islamophobe, on a entendu (fort justement) que l'Orient était un fourre-tout qui ne rend guère compte des innombrables différences tapies à l'intérieur de l'Orient. En même temps, la critique contre l'islamophobie n'est pertinente qu'à partir du moment où l'on utilise le générique Orient avec une intention monolithique, voire négative. L'amalgame ne se produit que si l'on refuse les distinctions internes - pas si l'on produit un effort de définition nuancé et raisonnable.
Quand on parle d'oligarchie pour désigner le pouvoir exercé par ceux qui se considèrent les meilleurs, ou la synarchie, (le petite nombre de) ceux qui se mettent ensemble pour exercer le pouvoir, on constate de très grandes différences internes. Tout sauf monolithique ou uniforme, l'oligarchie est un panier de crabes. Les oligarques sont d'accord sur le principe de la/leur domination oligarchique, mais une fois ce principe entériné, ils cherchent à assurer cette domination à l'intérieur de leur propre ligne. Les oligarques sont tout sauf unis pour dominer. Ce sont des requins se dévorant entre eux. Osera-t-on que l'oligarchie n'existe pas parce que les oligarques n'ont pas les mêmes buts - entre eux? L'oligarchie existe en tant que qu'expression politique d'une mentalité. La communauté de mentalité n'empêche en rien les antagonismes politiques ou les conflits d'intérêt.
D'ailleurs, un paradoxe : la guerre du tous contre tous que Marx distingue dans sa critique du capitalisme aboutit à définir le capitalisme comme communauté. En même temps, les capitalistes ainsi définis seront en guerre permanente et irréductibles les uns contre les autres, au nom du tous contre tous, soit au nom du culte de l'individu-roi et dominateur. Le principe d'antagonisme permanent n'en demeure pas moins un principe. D'où le corolaire : à l'intérieur de toute communauté, il existe des différences, des antagonismes, des oppositions.
Dira-t-on dès lors que l'on ne peut jamais rassembler ou fédérer sous un terme commun (ou englobant) sous prétexte que des différences internes perdurent? Certes non. A quelles conditions peut-on proposer un terme générique sans heurter le principe de contradiction? Réponse simple (et je l'espère point trop simpliste) : chaque fois que l'on considère qu'il existe une communauté entre différents objets. L'association n'est nullement incompatible avec la distinction ou la différence. Simplement, l'association est complémentaire et supérieur, comme le Un transcende nécessairement le multiple. Pas de multiple sans Un; pas de différences sans association.
Où l'association devient incompatible, c'est quand elle refuse la différence. L'un des principes essentiels de l'ontologie réside dans le morcèlement.
- Soit l'on estime que le morcèlement est le stade ultime et que les objets morcelés sont sans possibilité d'association. Dans ce cas, on fonde l'ontologie sur l'individu en tant que fondement.
- Soit l'on estime que le morcèlement sensible laisse place à une unité préexistante et absolue. C'est la doctrine de l'Un. Dans ce cas, on fonde l'ontologie sur l'idée que le reél est l'Un et que l'individu n'a du réel qu'une représentation partielle. Son morcèlement s'explique par son statut de partie à l'intérieur de l'Un. L'individu n'est plus fondement et le morcèlement est subordonné à l'unité - la différences à l'association. La définition redevient possible.
Il est drolatique de considérer le mécanisme de la projection à l'oeuvre chez les vrais dualistes. Les vrais dualistes sont ceux qui adhèrent au morcèlement et à l'individu-fondement. Il faut considérer que le morcèlement outrepasse de loin le schéma dualisme et que la constitution dualiste est simpliste en ce qu'elle obéit au mécanisme de la définition qu'elle prétend dénier. Simplification ontologique abusive dans l'emploi du dualisme? Sans doute. Dans le sensible, qui est pour le nihiliste le (seul) reél, le morcèlement est multiple. L'unité est impossible. Le sens s'estompe.
Cependant, le multiple renvoie en définitive au dualisme en ce qu'on peut subsumer une opposition entre le reél et le néant. Le monisme est l'expression de cette opposition qui se présente comme unité fallacieuse. Le nihilisme est l'ontologie de cette opposition. L'unité au nom du multiple, tel est le vrai visage des théoriciens du dualisme, un peu comme les théoriciens du complot sont les alliés des comploteurs (au nom de la critique des complotistes paranoïaques et simplificateurs/mythomanes).
Les dualistes véritables, qui ne sont dualistes que dans la mesure où ils sont aussi multiplistes, reprochent aux unicistes leur propre dualisme. C'est la critique de Nietzsche, pour prendre le plus emblématique des immanentistes tardifs et dégénérés, qui reproche à Platon d'avoir distingué entre le sensible et l'idéal - qui est un arrière-monde illusoire. Platon est dualiste parce qu'il aurait postulé l'idéal alors que seul le sensible est le reél. Il aurait dupliqué l'objet sensible en fantôme idéal.
Platon est pourtant le grand théoricien de l'Un et l'auteur d'une doctrine certes contestable, en tout cas bien moins dualiste que la doctrine des partisans du nihilisme : l'homme en tant que partie ne considère qu'une partie du reél. La duplication platonicienne ne porte pas sur le reél, mais sur la représentation humaine.
Face au problème du morcèlement, le nihiliste répond en prenant acte du morcèlement et en postulant que la vérité est littéraliste. Le reél est tel que le sensible nous le montre, ce qui revient à dire que le reél est tel que sa représentation sensualiste nous l'indique. Il faudra l'expliquer à Kant pour lui éviter quelques spéculations absconses (et sans doute fastidieuses pour le lecteur). Le transcendantaliste, dont en Occident Platon est le représentant le plus illustre, répondra qu'on peut produire une communauté de définition, ou un système générique, à condition de partir de l'idée et non pas du sensible.
La raison invoquée roulera grosso modo sur la conception du reél : soit un reél cantonné au sensible - et dans ce cas, qu'est-ce qu'il y a autour (même type de question qu'avec le postulat du Big Bang présenté comme scientiste)? Soit un reél réellement unique - et dans ce cas, la représentation partielle ne saurait être complète. On retrouve le dualisme transcendantaliste qui est le plus sûr moyen de soutenir l'Un et de contrecarrer la mode moderne du multiple. Ce problème n'est pas une digression aux antipodes de la définition de l'Occident. La réfutation de l'usage de l'Occident obéit à une mauvaise compréhension de ce que signifie la définition.
La définition ne signifie pas que l'objet unifié et défini n'est pas en proie à des contradictions et des distinctions internes. L'objet unifié opère un rassemblement par-delà le morcèlement. La définition implique que l'unité existe en sus des contradictions multiples. Bien entendu, les intentions de vilaine nature sont condamnables. Dans cet esprit, toute définition haineuse est condamnée parce que l'unité invoquée repose en réalité sur le principe fallacieux du morcèlement. Dans le cas de l'Orient honni au nom de l'islamophobie, c'est moins le générique Orient qui est contestable que l'usage haineux qui en est fait. Le monolithisme simpliste de la définition va de pair avec la connotation haineuse et multipliste.
Bien entendu, s'il s'agit de dénier les différences internes à l'Occident, l'emploi du terme est à éviter. Toutefois, on peut utiliser l'Occident comme un terme qui n'est ni une insulte ni un objet de haine. Dans cette acception (saine), que signifie l'Occident? Selon le Trésor de la Langue Française, accessible par Internet, le sens est clair (éclaire?) : il est toujours d'actualité. Que l'on juge.
1) C'est l'ouest, là où étymologiquement le soleil tombe. L'Occident tombe, surtout en ce moment.
Dans cette acception, l'occident (avec une minuscule) désigne un lieu relatif par rapport au point où l'on se trouve. Rappelons que l'orient est l'antonyme de l'occident et qu'il désigne l'est : l'endroit où le soleil se lève. Faut-il s'étonner de l'opposition actuelle de l'Occident et de l'Orient?
2) Puis il s'agit de l'ouest du monde.
3) Ensuite, l'Occident (avec une majuscule) désigne l'Europe de l'ouest par rapport au continent eurasiatique.
4) Enfin, l'Occident signifie (aussi) de manière contemporaine l'Europe de l'ouest plus l'Amérique du Nord (en particulier les États-Unis).
Cette définition se précise encore avec la mention supplémentaire et complémentaire de l'OTAN : les pays membres de l'OTAN (ou affiliés) seraient l'Occident. Selon cette acception, il est patent que la France gaullienne qui quitte l'OTAN ne quitte pas pour autant le giron de l'Occident, car elle demeure étroitement affiliée au régime de l'OTAN et n'exige une relative indépendance qu'à l'intérieur des lois atlantistes communes. D'ailleurs, la France de Sarkozy a quitté ce régime particulier et revendique son appartenance à l'OTAN. Selon la dernière étymologie surtout, le synonyme d'Occident pourrait tourner autour de l'atlantisme et de l'idéologie occidentaliste.
Un rapide parcours de l'étymologie nous apprend que le sens de l'Occident contemporain apparaît vers 1690, soit peu de temps avant le siècle des Lumières et en pleine effervescence immanentiste. Symboliquement, la modernité remonte à 1492, soit deux siècles auparavant. Qu'est-ce que l'Occident? Avant tout un lieu dont la communauté ne saurait être contesté au nom de différences par ailleurs évidentes, voire importantes.
C'est dire que l'Un prévaut toujours sur le multiple comme l'unicité importe plus que le morcèlement. C'est en inférer surtout que le multiple n'est pas contradictoire de l'Un mais qu'il lui est subordonné, comme la partie est sous la tutelle du tout. Si l'on essaye de préciser la communauté culturelle et religieuse qui fonde l'Occident, rien n'est plus facile, par-delà les différences. La culture occidentale provient de l'héritage conjoint du christianisme et de l'hellénisme, avec de multiples ramifications, dont l'Empire romain. L'Occident est le lieu du christianisme.
En ce sens, les États-Unis d'Amérique se forment dans le cadre de la politique impérialiste et hégémonique de l'Occident, même si cet impérialisme est divisé et que les Empires internes à l'Occident s'affrontent et s'opposent. Nous ne citerons sur ce point que l'antagonisme virulent entre l'Empire français et l'Empire britannique au sujet des États-Unis. Les États-Unis illustrent le projet de recréer le reél selon le désir humain. C'est exactement ce qui s'est produit en Afrique du sud et en Israël de ce point de vue, avec l'annexion de territoires étrangers et leur colonisation par des populations issues de l'Europe.
Raison pour laquelle je me demandais dans quelle mesure la complicité entre Israël et les États-Unis, le projet israélien finalement proche du projet américain, ne permettent pas de faire d'Israël une excroissance du colonialisme occidental, à une époque où le colonialisme a muté et s'est dégradé, passant d'un projet politique à un projet économique (le remplacement du politique par l'économique indique l'effondrement occidental).
Dans cette hypothèse, Israël serait une excroissance néo-coloniale qui expliquerait pourquoi l'Europe soutient des exactions forcenées (épisode de Gaza notamment) et qui tient qui. Même si Israël se montre assez hégémonique, il se pourrait qu'au final, Israël ne soit que la caricature de vilaine facture de l'Occident, en particulier de l'Europe. Israël serait plus occidental qu'il n'y paraît? Le sionisme serait-il occidentaliste? Le soutien, incompréhensible de prime abord du Vieux Monde, celui de plus en plus prudent et mitigé du Nouveau, ne deviennent rationnels que dans cette logique.
Sinon, il faudrait admettre la logique paranoïaque du Complot juif, selon laquelle les Juifs/israéliens/sionistes dirigent le monde, la banque et le commerce sans explication vraiment pertinente. Quand on rejette ces inepties haineuses, parce qu'elles diffèrent des faits, on en arrive à relier Israël et l'Occident et à comprendre que la thèse des politologues Mearsheimer et Walt n'est que partiellement vraie. Il est certain que leur travail est remarquable et que leur courage est impressionnant à une époque où en Occident, singulièrement aux États-Unis, il est plus que malaisé de critiquer Israël, le sionisme ou le judaïsme sans se faire traiter hystériquement d'antisémite (terme impropre) ou de néo-nazi. Dans cette veine, le travail de Blanrue est tout aussi impressionnant.
Mearsheimer et Walt expliquent que les intérêts américains sont contraires aux intérêts israéliens. Suivant cette logique, Paul-Eric Blanrue prolonge le raisonnement et montre que la politique de Sarkozy et de son gouvernement est contraire aux intérêts français, codifiés notamment par les vues gaulliennes sur ce point (jamais démenties par la suite), qui consistent non pas à se montrer pro-palestinien ou arabe (comme le serine les zélateurs du parti pro-israélien), mais à manifester un certain équilibre, que d'aucuns non sans raison taxeront d'hypocrisie.
Peut-on remarquer qu'implicitement, cette remarque rejoint la vision commune selon laquelle ce sont les États-Unis qui dominent le monde, le Vieux Monde, en particulier l'ancien grand frère britannique? La réalité est toute autre : ce sont les factions issues de l'Empire britannique qui dominent le monde, et ces factions mobiles, disparates et hétéroclites ont incrusté à la manière de pirates et de coucous les institutions des États-nations modernes, issus de la paix de Westphalie, en particulier l'administration américaine.
Pour Israël, la domination israélienne sur le grand frère américain ou sur le Vieux Monde serait surréaliste. Comment expliquer que l'AIPAC ou d'autres lobbys pro-israéliens puissent à ce point dicter leurs vues sur des alliés plus puissants qu'eux et qui n'ont jamais suivi des considérations humanistes ou philanthropiques? La Shoah a bon dos et permet de masquer la réalité des stratégies occidentales. Les factions occidentales se servent du paravent sioniste et/ou pro-israélien : les factions occidentalistes, dont les factions sionistes, ont investi les institutions occidentales.
Le mythe de la domination financière des sionistes est plus étayable, mais n'explique en aucun cas que les Occidentaux (bloc véritable constitué d'innombrables différences) se soumettent aux dictats d'un petit pays fragile et artificiel. Le mythe des sionistes ayant infesté tous les réseaux occidentaux, de la banque, des médias ou de la politique, n'est pas possible et ne s'est jamais vu historiquement.
Par contre, il est évident que de nombreux sionistes ne sont pas des adeptes de la cause pro-israélienne et ne sont pas non plus juifs. Dès lors, leur sionisme n'obéit pas au communautarisme ou à l'endoctrinement idéologique, mais à une communauté de vue, voire à une opportunité. C'est ainsi que Blanrue présente l'engagement visiblement sioniste de Sarkozy. On soutient les Américains, parce qu'on soutient l'Occident. On soutient Israël parce qu'on pense qu'Israël personnalise l'Occident néocolonialiste et promeut la politique néocoloniale occidentale.
Les États-Unis ont symbolisé la réussite éclatante du dessein occidental de remodeler le monde en fonction du désir humain. Immanentisme démesuré consistant à estimer que la puissance de l'homme est désormais en mesure de transformer le reél suivant ses attentes. L'homme dominant étant l'homme colonialiste et impérialiste occidental, ce sont les vues (parfois antagonistes) des Occidentaux qui ont prévalu.
Dans le cas d'Israël, le projet israélien aboutit à remodeler l'Orient. Comme par hasard, les attentes israéliennes prolongent et prorogent en tous points le projet américain au nom de sa réussite putative. Pourtant, la pseudo-réussite américaine ne découle pas de la main humaine, mais de l'adjuvant épidémiologique. Par ailleurs, c'est le colonialisme européen qui crée le rêve américain. Dans le cas d'Israël, il est improbable que le rêve occidental connaisse la même réussite. D'une part, l'Occident s'est affaibli depuis l'époque coloniale politique. D'autre part, la chance sourit rarement deux fois de suite.
Les Indiens ont quasiment disparu, les Arabes sont coriaces. Ne jamais oublier que les Orientaux sont des cousins proches des Occidentaux. Bien plus proches que les Indiens d'Amérique, notamment d'un point de vue épidémiologique. Des cartes ont circulé depuis la récente guerre contre le terrorisme pour promouvoir le redécoupage et le remodelage du Caucase et de l'Orient. Les attentes israéliennes correspondent aux attentes américaines parce que les deux poursuivent la stratégie occidentale d'hyperréalisation du monde. Rendre le reél Hyperreél implique le remodelage, au nom de la mutation ontologique chère à Nietzsche.
Si l'on examine le destin de l'Afrique colonisée et esclavagisée, que constate-t-on? Stupeurs et tremblements, l'Afrique officiellement décolonisée, en réalité néocolonisée, a été remodelée géographiquement, avec des frontières dont la rectitude physique n'a d'égale que l'aberration morale. La carte africaine actuelle montre que l'Occident colonialiste (les multiples Empires occidentaux) a toujours nourri le projet immanentiste de redessiner le monde selon l'Hyperreél.
Le prolongement américain du colonialisme africain est (presque) contemporain à ce rêve surhumain (au sens nietzschéen surtout). Voir notamment l'esclavage de la Traite négrière européenne. Le cas israélien relève d'une forme tardive et dégénérée de néocolonialisme, dont l'aberration est compliquée par les persécutions que les juifs ont subi... en Occident! Il est factuel que la religion juive naît de syncrétismes orientaux (si l'on peut oser ce générique non négatif), comme il est certain que le sionisme découle d'un destin quasi occidental! Enfanté sur le sol occidental, activement promu par des chrétiens hérétiques, le sionisme n'est pas une idéologie qui diffère des idéologies immanentistes. Il en est le sous-produit, au sens où il est un hybride qui s'active au moment où il croit dominer les idéologies tutélaires en décomposition.
N'est-il pas une sous-idéologie idiosyncrasique qui oscille entre communisme et libéralisme? Maintenant, si l'on devait produire une définition de l'Occident qui dépasse le cadre géographique primordial et irréfutable, l'on osera sans peine que l'Occident, c'est le christianisme. Les autres influences religieuses sont largement subordonnées à l'éclosion du christianisme qui est un monothéisme bien plus conséquent que le judaïsme et qui, s'il est né de la rupture progressive entre les disciples du Christ et le judaïsme, s'est surtout développé entre la langue grec et l'Empire romain.
L'Église historique chrétienne est appelée au départ l'Eglise romaine et la capitale actuelle des catholiques n'est autre que le Vatican, soit l'ancienne capitale romaine. Par ailleurs, je signale l'hypothèse intéressante, quoique incertaine, d'un LaRouche concernant la crucifixion du Christ. LaRouche rappelle que Ponce Pilate était le parent de l'empereur Tibère et que ce dernier vivait souvent sur l'île de Capri, sous la domination des prêtres du culte de Mithra. De là à penser que Jésus l'agitateur de Judée aurait été crucifié par des prêtres de Mithra (indirectement)...
L'Occident chrétien est un projet monothéiste qui commence par le christianisme et qui se poursuit avec l'immanentisme. Le christianisme est explicitement un monothéisme qui contient en son sein des éléments assurant le passage vers une nouvelle ère religieuse, de type post-monothéiste. C'est ainsi que des penseurs ont baptisé le christianisme la religion de la sortie de la religion. L'Islam est de ce point de vue un monothéisme bien plus monothéiste que le christianisme, puisqu'il refuse la Trinité et qu'il réfute la résurrection du Christ. Jésus est un grand prophète chez les musulmans, mais pas le Fils de l'Homme. Si c'est un homme, l'Islam est le monothéisme le plus achevé d'un point de vue monothéiste.
Le christianisme est probablement disparu avec l'avènement des idéologies. Il est en tout cas enseveli dans l'immanentisme, qui est l'expression du nihilisme moderne. L'éclosion du monothéisme provient de bouleversements dans la mentalité des Anciens. Bouleversements dans la conception de l'homme, du monde et du réel. Auparavant, l'étranger est une frontière, le monde est morcelé et la question de l'unité du reél est secondaire. Avec le monothéisme, l'homme unifié pose la question primordiale de l'Un. Le platonisme indique que le monothéisme n'est pas seulement une évolution surgie miraculeusement à l'intérieur du judaïsme, mais que le monothéisme provient de multiples idiosyncrasies issues de tout le bassin méditerranéen.
Le polythéisme était en fin d'expression. Le monothéisme ne pouvait que le remplacer pour finaliser la fin du transcendantalisme. Le bouddhisme intervient dans le cursus plus précoce de type hindouiste et asiatique pour proposer une solution au polythéisme caduc. Le bouddhisme est une expression complexe de l'homme sans transcendance : une pratique qui tue le désir pour assurer l'avènement de l'individu. L'équilibre de l'individu passe par la mort du désir, en tout cas son contrôle. Le monothéisme en Occident vient prolonger le transcendantalisme dans l'épopée humaine. Du coup, l'immanentisme succède au monothéisme alors que le bouddhisme empêche la domination nihiliste.
Le bouddhisme est la tentative la plus marquante de concilier le nihilisme avec le transcendantalisme polythéiste qui s'exprime notamment dans l'hindouisme polythéiste et dont les expressions sont plus anciennes que les expressions européennes. L'Inde est considérée par un Dumézil comme le berceau des Indo-Européens, qui donneront naissance à l'Occident. A l'époque des Grecs, qui sont tenus pour le berceau de l'Occident chrétien, et dont les racines ne sont pas seulement indo-européennes, le platonisme naît dans un univers à la fois exacerbé et de très haute tenue : la Grèce antique des cités.
Nieztsche, qui était un philologue et un helléniste de formation, avait rapproché Platon des chrétiens. Il détestait les deux et il avait compris que le platonisme était l'expression ontologique la plus proche du christianisme, au point que les néoplatoniciens étaient des penseurs inspirateurs de la théologie chrétienne, à l'exemple de l'érudit Philon d'Alexandrie. Que constate-t-on à l'époque de Platon? Platon était un grand penseur, très supérieur aux penseurs immanentistes (parce que plus proche de la source religieuse), aussi bien qu'un polémiste dont on s'étonne de la virulence à notre époque de consensus, où il est de bon ton d'inspirer l'apaisement et la concorde, sans qu'on se rende compte que ces termes hyperpositifs cachent en fait le nihilisme et le dernier homme nivelés dans l'absence de sens et l'égalité des valeurs.
Le rapprochement philologique de Nietzsche est intéressant car il émane de la mentalité immanentiste qui est sur le point de verser dans la dégénérescence, que Nietzsche a baptisée dernier homme, sans se rendre compte qu'il prophétisait sur ce qu'il annonçait et que les alternatives qu'il proposait ne faisait qu'accélérer le processus de nihilisme immanentiste. L'immanentisme ne peut succéder de manière pérenne et viable au monothéisme. L'immanentisme n'est que l'expression de la crise.
Sans doute l'immanentisme prépare-t-il de nouvelles expressions religieuses, mais il n'est pas du tout pérenne et mène au néant, ainsi que son nom l'indique, dans un programme tout tracé et effrayant. Il est certain que l'immanentisme a apporté des aspects positifs, ne serait-ce que parce qu'il se focalise sur le fini. Si l'on se rappelle que le réel n'est pas le fini, on constate que l'immanentisme coïncide avec l'émergence d'un progrès fini stupéfiant. C'est le progrès que l'on a baptisé technique (label Heidegger!) et scientifique. Souvent les Occidentaux, qui tous sont gens rebelles et contestataires, contestent d'autant plus le conservatisme occidentaliste qu'il n'est pas question pour eux de critiquer la science ou la technique.
En définitive, qu'est-ce que l'Occident? Il est certain que le rapprochement entre impérialisme et Occident convient mieux encore que la détermination géographique. L'impérialisme est une domination - et l'Occident exerce une domination sur l'homme depuis cinq siècles. Cet impérialisme est technique pour reprendre le terme de Heidegger. Rien à redire contre les bénéfices du progrès technique, notamment dans des domaines comme la médecine; mais tout à revoir quant au statut religieux (ou ontologique) de ce progrès qui sous prétexte qu'il est effectif matériellement prétend réduire le reél au matériel.
Catastrophe annoncée et prévisible dans cette réduction techniciste qui est une réduction nihiliste. En demeurer à la définition de l'Occident impérialiste obère la dimension religieuse. L'Occident est immanentiste, terme ontologique, mais outre que le nihilisme est la religion du déni de la religion, l'ontologie n'est jamais qu'une branche du religieux, comme Platon l'accorde, quoique avec l'idée que son ontologie rationaliste viendrait parfaire le religieux. Quel est le démon de l'Occident?
L'Occident est l'expression du nihilisme. Ce n'est pas que tout soit négatif dans cette constatation, tant s'en faut. Le nihilisme énonce un dualisme travesti en monisme, dont le propre est d'opposer le sensible au néant. Le reél est le néant. Au départ, les progrès sensibles sont spectaculaires. La supériorité du modèle qui se présente comme scientifique, technique, démocratique, laïc est irréfutable. Et puis, on s'aperçoit que ce dont on n'a pas parlé était l'essentiel.
L'essentiel, en l'occurrence, c'est que le nihilisme détruit le réel sous prétexte de réduire le reél au sensible. L'essentiel, c'est que le destin de l'Occident est inscrit dans cette opération de déni ontologique qui commence par magnifier le plus évident et le plus immédiat pour au final détruire l'essentiel qu'elle ignore. C'est la raison pour laquelle on nomme nihilisme la réduction du reél au sensible : en déniant le reél non sensible, on mène l'homme à la ruine.
Au néant. Pas le néant positif, ainsi que le nihilisme l'enseigne, comme aujourd'hui explicitement un Rosset, ou comme les autres postmodernes plus fuyants sur ce sujet (la différance, l'immanence). Le néant relatif à l'homme n'est pas du néant. L'illusion est toujours existence de quelque chose; mais toujours de quelque chose d'autre - que la positivité de l'illusion. A est B en somme. Il n'existe pas en tant que A, mais il existe bien en tant que B. Ainsi donc l'Occident est l'expression de cet immanentisme.
Il est curieux que le destin de l'Occident soit inscrit dans son étymologie puisque l'Occident est ce qui tombe et que plus que jamais après le 911, l'Occident est condamné à tomber. Cette condamnation est celle qui s'attache aux basques de la démesure : être condamné à tomber pour avoir voulu échapper aux lois de la pesanteur. Comme l'enseigne la chanson : en apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures. Le destin d'Icare attend l'Occident. C'est le destin de ce funambule casse-cou qui s'écrasa aux pieds des spectateurs fort distingués de la Tour Eiffel au début du vingtième siècle pour avoir cru qu'Icare au pied de la lettre valait mieux qu'un mythe utopique.
Il y eut plusieurs expériences de ce (quatrième?) type, à une époque où la confiance dans le progrès prenait des allures parfois irrationnelles et/ou scientistes. Je me réfère en particulier à la vidéo d'un certain Franz Reichelt, artisan tailleur d'origine autrichienne, qui le 4 février 1912 à 8h30, estima que les progrès techniques de l'Occident l'autorisaient assurément à réaliser avec succès le rêve d'Icare. Malheureusement, le rêve d'Icare n'est pas réalisable. Reichelt après quelques hésitations compréhensibles s'écrase aux pieds de ses admirateurs horrifiés. Le diable susurre à l'oreille de ses confidents maudits qu'ils ont le pouvoir. Le pouvoir - mais de quoi?
Le reél demeure le reél. Cette phrase est celle d'un nihiliste assumé comme Rosset. La définition que Rosset propose de la tautologie rejoint celle que je viens d'énoncer. Mais Rosset en vient à postuler incidemment et implicitement que le reél est seulement ce qui se voit et ce qui est immédiat; quand l'évidence rappelle que le réel est majoritairement du non-sensible et du non-immédiat.
La preuve : non seulement les nihilistes sont incapables de définir le reél tautologique, mais surtout leur définition de l'illusion repose sur la croyance du néant positif. Double erreur, qui est pire qu'un zéro pointé. De l'excellence biaisée. C'est à ce prix que l'homme parvient à pérenniser sa présence et c'est au nom de ce principe que l'on peut définir l'Occident et ses manifestations dérivées et souvent dérisoires - quelle que soit leur nocivité.
Faut-il pour autant cesser de définir au nom de la dérive d'amalgame? Exemple : face au fameux amalgame islamophobe, on a entendu (fort justement) que l'Orient était un fourre-tout qui ne rend guère compte des innombrables différences tapies à l'intérieur de l'Orient. En même temps, la critique contre l'islamophobie n'est pertinente qu'à partir du moment où l'on utilise le générique Orient avec une intention monolithique, voire négative. L'amalgame ne se produit que si l'on refuse les distinctions internes - pas si l'on produit un effort de définition nuancé et raisonnable.
Quand on parle d'oligarchie pour désigner le pouvoir exercé par ceux qui se considèrent les meilleurs, ou la synarchie, (le petite nombre de) ceux qui se mettent ensemble pour exercer le pouvoir, on constate de très grandes différences internes. Tout sauf monolithique ou uniforme, l'oligarchie est un panier de crabes. Les oligarques sont d'accord sur le principe de la/leur domination oligarchique, mais une fois ce principe entériné, ils cherchent à assurer cette domination à l'intérieur de leur propre ligne. Les oligarques sont tout sauf unis pour dominer. Ce sont des requins se dévorant entre eux. Osera-t-on que l'oligarchie n'existe pas parce que les oligarques n'ont pas les mêmes buts - entre eux? L'oligarchie existe en tant que qu'expression politique d'une mentalité. La communauté de mentalité n'empêche en rien les antagonismes politiques ou les conflits d'intérêt.
D'ailleurs, un paradoxe : la guerre du tous contre tous que Marx distingue dans sa critique du capitalisme aboutit à définir le capitalisme comme communauté. En même temps, les capitalistes ainsi définis seront en guerre permanente et irréductibles les uns contre les autres, au nom du tous contre tous, soit au nom du culte de l'individu-roi et dominateur. Le principe d'antagonisme permanent n'en demeure pas moins un principe. D'où le corolaire : à l'intérieur de toute communauté, il existe des différences, des antagonismes, des oppositions.
Dira-t-on dès lors que l'on ne peut jamais rassembler ou fédérer sous un terme commun (ou englobant) sous prétexte que des différences internes perdurent? Certes non. A quelles conditions peut-on proposer un terme générique sans heurter le principe de contradiction? Réponse simple (et je l'espère point trop simpliste) : chaque fois que l'on considère qu'il existe une communauté entre différents objets. L'association n'est nullement incompatible avec la distinction ou la différence. Simplement, l'association est complémentaire et supérieur, comme le Un transcende nécessairement le multiple. Pas de multiple sans Un; pas de différences sans association.
Où l'association devient incompatible, c'est quand elle refuse la différence. L'un des principes essentiels de l'ontologie réside dans le morcèlement.
- Soit l'on estime que le morcèlement est le stade ultime et que les objets morcelés sont sans possibilité d'association. Dans ce cas, on fonde l'ontologie sur l'individu en tant que fondement.
- Soit l'on estime que le morcèlement sensible laisse place à une unité préexistante et absolue. C'est la doctrine de l'Un. Dans ce cas, on fonde l'ontologie sur l'idée que le reél est l'Un et que l'individu n'a du réel qu'une représentation partielle. Son morcèlement s'explique par son statut de partie à l'intérieur de l'Un. L'individu n'est plus fondement et le morcèlement est subordonné à l'unité - la différences à l'association. La définition redevient possible.
Il est drolatique de considérer le mécanisme de la projection à l'oeuvre chez les vrais dualistes. Les vrais dualistes sont ceux qui adhèrent au morcèlement et à l'individu-fondement. Il faut considérer que le morcèlement outrepasse de loin le schéma dualisme et que la constitution dualiste est simpliste en ce qu'elle obéit au mécanisme de la définition qu'elle prétend dénier. Simplification ontologique abusive dans l'emploi du dualisme? Sans doute. Dans le sensible, qui est pour le nihiliste le (seul) reél, le morcèlement est multiple. L'unité est impossible. Le sens s'estompe.
Cependant, le multiple renvoie en définitive au dualisme en ce qu'on peut subsumer une opposition entre le reél et le néant. Le monisme est l'expression de cette opposition qui se présente comme unité fallacieuse. Le nihilisme est l'ontologie de cette opposition. L'unité au nom du multiple, tel est le vrai visage des théoriciens du dualisme, un peu comme les théoriciens du complot sont les alliés des comploteurs (au nom de la critique des complotistes paranoïaques et simplificateurs/mythomanes).
Les dualistes véritables, qui ne sont dualistes que dans la mesure où ils sont aussi multiplistes, reprochent aux unicistes leur propre dualisme. C'est la critique de Nietzsche, pour prendre le plus emblématique des immanentistes tardifs et dégénérés, qui reproche à Platon d'avoir distingué entre le sensible et l'idéal - qui est un arrière-monde illusoire. Platon est dualiste parce qu'il aurait postulé l'idéal alors que seul le sensible est le reél. Il aurait dupliqué l'objet sensible en fantôme idéal.
Platon est pourtant le grand théoricien de l'Un et l'auteur d'une doctrine certes contestable, en tout cas bien moins dualiste que la doctrine des partisans du nihilisme : l'homme en tant que partie ne considère qu'une partie du reél. La duplication platonicienne ne porte pas sur le reél, mais sur la représentation humaine.
Face au problème du morcèlement, le nihiliste répond en prenant acte du morcèlement et en postulant que la vérité est littéraliste. Le reél est tel que le sensible nous le montre, ce qui revient à dire que le reél est tel que sa représentation sensualiste nous l'indique. Il faudra l'expliquer à Kant pour lui éviter quelques spéculations absconses (et sans doute fastidieuses pour le lecteur). Le transcendantaliste, dont en Occident Platon est le représentant le plus illustre, répondra qu'on peut produire une communauté de définition, ou un système générique, à condition de partir de l'idée et non pas du sensible.
La raison invoquée roulera grosso modo sur la conception du reél : soit un reél cantonné au sensible - et dans ce cas, qu'est-ce qu'il y a autour (même type de question qu'avec le postulat du Big Bang présenté comme scientiste)? Soit un reél réellement unique - et dans ce cas, la représentation partielle ne saurait être complète. On retrouve le dualisme transcendantaliste qui est le plus sûr moyen de soutenir l'Un et de contrecarrer la mode moderne du multiple. Ce problème n'est pas une digression aux antipodes de la définition de l'Occident. La réfutation de l'usage de l'Occident obéit à une mauvaise compréhension de ce que signifie la définition.
La définition ne signifie pas que l'objet unifié et défini n'est pas en proie à des contradictions et des distinctions internes. L'objet unifié opère un rassemblement par-delà le morcèlement. La définition implique que l'unité existe en sus des contradictions multiples. Bien entendu, les intentions de vilaine nature sont condamnables. Dans cet esprit, toute définition haineuse est condamnée parce que l'unité invoquée repose en réalité sur le principe fallacieux du morcèlement. Dans le cas de l'Orient honni au nom de l'islamophobie, c'est moins le générique Orient qui est contestable que l'usage haineux qui en est fait. Le monolithisme simpliste de la définition va de pair avec la connotation haineuse et multipliste.
Bien entendu, s'il s'agit de dénier les différences internes à l'Occident, l'emploi du terme est à éviter. Toutefois, on peut utiliser l'Occident comme un terme qui n'est ni une insulte ni un objet de haine. Dans cette acception (saine), que signifie l'Occident? Selon le Trésor de la Langue Française, accessible par Internet, le sens est clair (éclaire?) : il est toujours d'actualité. Que l'on juge.
1) C'est l'ouest, là où étymologiquement le soleil tombe. L'Occident tombe, surtout en ce moment.
Dans cette acception, l'occident (avec une minuscule) désigne un lieu relatif par rapport au point où l'on se trouve. Rappelons que l'orient est l'antonyme de l'occident et qu'il désigne l'est : l'endroit où le soleil se lève. Faut-il s'étonner de l'opposition actuelle de l'Occident et de l'Orient?
2) Puis il s'agit de l'ouest du monde.
3) Ensuite, l'Occident (avec une majuscule) désigne l'Europe de l'ouest par rapport au continent eurasiatique.
4) Enfin, l'Occident signifie (aussi) de manière contemporaine l'Europe de l'ouest plus l'Amérique du Nord (en particulier les États-Unis).
Cette définition se précise encore avec la mention supplémentaire et complémentaire de l'OTAN : les pays membres de l'OTAN (ou affiliés) seraient l'Occident. Selon cette acception, il est patent que la France gaullienne qui quitte l'OTAN ne quitte pas pour autant le giron de l'Occident, car elle demeure étroitement affiliée au régime de l'OTAN et n'exige une relative indépendance qu'à l'intérieur des lois atlantistes communes. D'ailleurs, la France de Sarkozy a quitté ce régime particulier et revendique son appartenance à l'OTAN. Selon la dernière étymologie surtout, le synonyme d'Occident pourrait tourner autour de l'atlantisme et de l'idéologie occidentaliste.
Un rapide parcours de l'étymologie nous apprend que le sens de l'Occident contemporain apparaît vers 1690, soit peu de temps avant le siècle des Lumières et en pleine effervescence immanentiste. Symboliquement, la modernité remonte à 1492, soit deux siècles auparavant. Qu'est-ce que l'Occident? Avant tout un lieu dont la communauté ne saurait être contesté au nom de différences par ailleurs évidentes, voire importantes.
C'est dire que l'Un prévaut toujours sur le multiple comme l'unicité importe plus que le morcèlement. C'est en inférer surtout que le multiple n'est pas contradictoire de l'Un mais qu'il lui est subordonné, comme la partie est sous la tutelle du tout. Si l'on essaye de préciser la communauté culturelle et religieuse qui fonde l'Occident, rien n'est plus facile, par-delà les différences. La culture occidentale provient de l'héritage conjoint du christianisme et de l'hellénisme, avec de multiples ramifications, dont l'Empire romain. L'Occident est le lieu du christianisme.
En ce sens, les États-Unis d'Amérique se forment dans le cadre de la politique impérialiste et hégémonique de l'Occident, même si cet impérialisme est divisé et que les Empires internes à l'Occident s'affrontent et s'opposent. Nous ne citerons sur ce point que l'antagonisme virulent entre l'Empire français et l'Empire britannique au sujet des États-Unis. Les États-Unis illustrent le projet de recréer le reél selon le désir humain. C'est exactement ce qui s'est produit en Afrique du sud et en Israël de ce point de vue, avec l'annexion de territoires étrangers et leur colonisation par des populations issues de l'Europe.
Raison pour laquelle je me demandais dans quelle mesure la complicité entre Israël et les États-Unis, le projet israélien finalement proche du projet américain, ne permettent pas de faire d'Israël une excroissance du colonialisme occidental, à une époque où le colonialisme a muté et s'est dégradé, passant d'un projet politique à un projet économique (le remplacement du politique par l'économique indique l'effondrement occidental).
Dans cette hypothèse, Israël serait une excroissance néo-coloniale qui expliquerait pourquoi l'Europe soutient des exactions forcenées (épisode de Gaza notamment) et qui tient qui. Même si Israël se montre assez hégémonique, il se pourrait qu'au final, Israël ne soit que la caricature de vilaine facture de l'Occident, en particulier de l'Europe. Israël serait plus occidental qu'il n'y paraît? Le sionisme serait-il occidentaliste? Le soutien, incompréhensible de prime abord du Vieux Monde, celui de plus en plus prudent et mitigé du Nouveau, ne deviennent rationnels que dans cette logique.
Sinon, il faudrait admettre la logique paranoïaque du Complot juif, selon laquelle les Juifs/israéliens/sionistes dirigent le monde, la banque et le commerce sans explication vraiment pertinente. Quand on rejette ces inepties haineuses, parce qu'elles diffèrent des faits, on en arrive à relier Israël et l'Occident et à comprendre que la thèse des politologues Mearsheimer et Walt n'est que partiellement vraie. Il est certain que leur travail est remarquable et que leur courage est impressionnant à une époque où en Occident, singulièrement aux États-Unis, il est plus que malaisé de critiquer Israël, le sionisme ou le judaïsme sans se faire traiter hystériquement d'antisémite (terme impropre) ou de néo-nazi. Dans cette veine, le travail de Blanrue est tout aussi impressionnant.
Mearsheimer et Walt expliquent que les intérêts américains sont contraires aux intérêts israéliens. Suivant cette logique, Paul-Eric Blanrue prolonge le raisonnement et montre que la politique de Sarkozy et de son gouvernement est contraire aux intérêts français, codifiés notamment par les vues gaulliennes sur ce point (jamais démenties par la suite), qui consistent non pas à se montrer pro-palestinien ou arabe (comme le serine les zélateurs du parti pro-israélien), mais à manifester un certain équilibre, que d'aucuns non sans raison taxeront d'hypocrisie.
Peut-on remarquer qu'implicitement, cette remarque rejoint la vision commune selon laquelle ce sont les États-Unis qui dominent le monde, le Vieux Monde, en particulier l'ancien grand frère britannique? La réalité est toute autre : ce sont les factions issues de l'Empire britannique qui dominent le monde, et ces factions mobiles, disparates et hétéroclites ont incrusté à la manière de pirates et de coucous les institutions des États-nations modernes, issus de la paix de Westphalie, en particulier l'administration américaine.
Pour Israël, la domination israélienne sur le grand frère américain ou sur le Vieux Monde serait surréaliste. Comment expliquer que l'AIPAC ou d'autres lobbys pro-israéliens puissent à ce point dicter leurs vues sur des alliés plus puissants qu'eux et qui n'ont jamais suivi des considérations humanistes ou philanthropiques? La Shoah a bon dos et permet de masquer la réalité des stratégies occidentales. Les factions occidentales se servent du paravent sioniste et/ou pro-israélien : les factions occidentalistes, dont les factions sionistes, ont investi les institutions occidentales.
Le mythe de la domination financière des sionistes est plus étayable, mais n'explique en aucun cas que les Occidentaux (bloc véritable constitué d'innombrables différences) se soumettent aux dictats d'un petit pays fragile et artificiel. Le mythe des sionistes ayant infesté tous les réseaux occidentaux, de la banque, des médias ou de la politique, n'est pas possible et ne s'est jamais vu historiquement.
Par contre, il est évident que de nombreux sionistes ne sont pas des adeptes de la cause pro-israélienne et ne sont pas non plus juifs. Dès lors, leur sionisme n'obéit pas au communautarisme ou à l'endoctrinement idéologique, mais à une communauté de vue, voire à une opportunité. C'est ainsi que Blanrue présente l'engagement visiblement sioniste de Sarkozy. On soutient les Américains, parce qu'on soutient l'Occident. On soutient Israël parce qu'on pense qu'Israël personnalise l'Occident néocolonialiste et promeut la politique néocoloniale occidentale.
Les États-Unis ont symbolisé la réussite éclatante du dessein occidental de remodeler le monde en fonction du désir humain. Immanentisme démesuré consistant à estimer que la puissance de l'homme est désormais en mesure de transformer le reél suivant ses attentes. L'homme dominant étant l'homme colonialiste et impérialiste occidental, ce sont les vues (parfois antagonistes) des Occidentaux qui ont prévalu.
Dans le cas d'Israël, le projet israélien aboutit à remodeler l'Orient. Comme par hasard, les attentes israéliennes prolongent et prorogent en tous points le projet américain au nom de sa réussite putative. Pourtant, la pseudo-réussite américaine ne découle pas de la main humaine, mais de l'adjuvant épidémiologique. Par ailleurs, c'est le colonialisme européen qui crée le rêve américain. Dans le cas d'Israël, il est improbable que le rêve occidental connaisse la même réussite. D'une part, l'Occident s'est affaibli depuis l'époque coloniale politique. D'autre part, la chance sourit rarement deux fois de suite.
Les Indiens ont quasiment disparu, les Arabes sont coriaces. Ne jamais oublier que les Orientaux sont des cousins proches des Occidentaux. Bien plus proches que les Indiens d'Amérique, notamment d'un point de vue épidémiologique. Des cartes ont circulé depuis la récente guerre contre le terrorisme pour promouvoir le redécoupage et le remodelage du Caucase et de l'Orient. Les attentes israéliennes correspondent aux attentes américaines parce que les deux poursuivent la stratégie occidentale d'hyperréalisation du monde. Rendre le reél Hyperreél implique le remodelage, au nom de la mutation ontologique chère à Nietzsche.
Si l'on examine le destin de l'Afrique colonisée et esclavagisée, que constate-t-on? Stupeurs et tremblements, l'Afrique officiellement décolonisée, en réalité néocolonisée, a été remodelée géographiquement, avec des frontières dont la rectitude physique n'a d'égale que l'aberration morale. La carte africaine actuelle montre que l'Occident colonialiste (les multiples Empires occidentaux) a toujours nourri le projet immanentiste de redessiner le monde selon l'Hyperreél.
Le prolongement américain du colonialisme africain est (presque) contemporain à ce rêve surhumain (au sens nietzschéen surtout). Voir notamment l'esclavage de la Traite négrière européenne. Le cas israélien relève d'une forme tardive et dégénérée de néocolonialisme, dont l'aberration est compliquée par les persécutions que les juifs ont subi... en Occident! Il est factuel que la religion juive naît de syncrétismes orientaux (si l'on peut oser ce générique non négatif), comme il est certain que le sionisme découle d'un destin quasi occidental! Enfanté sur le sol occidental, activement promu par des chrétiens hérétiques, le sionisme n'est pas une idéologie qui diffère des idéologies immanentistes. Il en est le sous-produit, au sens où il est un hybride qui s'active au moment où il croit dominer les idéologies tutélaires en décomposition.
N'est-il pas une sous-idéologie idiosyncrasique qui oscille entre communisme et libéralisme? Maintenant, si l'on devait produire une définition de l'Occident qui dépasse le cadre géographique primordial et irréfutable, l'on osera sans peine que l'Occident, c'est le christianisme. Les autres influences religieuses sont largement subordonnées à l'éclosion du christianisme qui est un monothéisme bien plus conséquent que le judaïsme et qui, s'il est né de la rupture progressive entre les disciples du Christ et le judaïsme, s'est surtout développé entre la langue grec et l'Empire romain.
L'Église historique chrétienne est appelée au départ l'Eglise romaine et la capitale actuelle des catholiques n'est autre que le Vatican, soit l'ancienne capitale romaine. Par ailleurs, je signale l'hypothèse intéressante, quoique incertaine, d'un LaRouche concernant la crucifixion du Christ. LaRouche rappelle que Ponce Pilate était le parent de l'empereur Tibère et que ce dernier vivait souvent sur l'île de Capri, sous la domination des prêtres du culte de Mithra. De là à penser que Jésus l'agitateur de Judée aurait été crucifié par des prêtres de Mithra (indirectement)...
L'Occident chrétien est un projet monothéiste qui commence par le christianisme et qui se poursuit avec l'immanentisme. Le christianisme est explicitement un monothéisme qui contient en son sein des éléments assurant le passage vers une nouvelle ère religieuse, de type post-monothéiste. C'est ainsi que des penseurs ont baptisé le christianisme la religion de la sortie de la religion. L'Islam est de ce point de vue un monothéisme bien plus monothéiste que le christianisme, puisqu'il refuse la Trinité et qu'il réfute la résurrection du Christ. Jésus est un grand prophète chez les musulmans, mais pas le Fils de l'Homme. Si c'est un homme, l'Islam est le monothéisme le plus achevé d'un point de vue monothéiste.
Le christianisme est probablement disparu avec l'avènement des idéologies. Il est en tout cas enseveli dans l'immanentisme, qui est l'expression du nihilisme moderne. L'éclosion du monothéisme provient de bouleversements dans la mentalité des Anciens. Bouleversements dans la conception de l'homme, du monde et du réel. Auparavant, l'étranger est une frontière, le monde est morcelé et la question de l'unité du reél est secondaire. Avec le monothéisme, l'homme unifié pose la question primordiale de l'Un. Le platonisme indique que le monothéisme n'est pas seulement une évolution surgie miraculeusement à l'intérieur du judaïsme, mais que le monothéisme provient de multiples idiosyncrasies issues de tout le bassin méditerranéen.
Le polythéisme était en fin d'expression. Le monothéisme ne pouvait que le remplacer pour finaliser la fin du transcendantalisme. Le bouddhisme intervient dans le cursus plus précoce de type hindouiste et asiatique pour proposer une solution au polythéisme caduc. Le bouddhisme est une expression complexe de l'homme sans transcendance : une pratique qui tue le désir pour assurer l'avènement de l'individu. L'équilibre de l'individu passe par la mort du désir, en tout cas son contrôle. Le monothéisme en Occident vient prolonger le transcendantalisme dans l'épopée humaine. Du coup, l'immanentisme succède au monothéisme alors que le bouddhisme empêche la domination nihiliste.
Le bouddhisme est la tentative la plus marquante de concilier le nihilisme avec le transcendantalisme polythéiste qui s'exprime notamment dans l'hindouisme polythéiste et dont les expressions sont plus anciennes que les expressions européennes. L'Inde est considérée par un Dumézil comme le berceau des Indo-Européens, qui donneront naissance à l'Occident. A l'époque des Grecs, qui sont tenus pour le berceau de l'Occident chrétien, et dont les racines ne sont pas seulement indo-européennes, le platonisme naît dans un univers à la fois exacerbé et de très haute tenue : la Grèce antique des cités.
Nieztsche, qui était un philologue et un helléniste de formation, avait rapproché Platon des chrétiens. Il détestait les deux et il avait compris que le platonisme était l'expression ontologique la plus proche du christianisme, au point que les néoplatoniciens étaient des penseurs inspirateurs de la théologie chrétienne, à l'exemple de l'érudit Philon d'Alexandrie. Que constate-t-on à l'époque de Platon? Platon était un grand penseur, très supérieur aux penseurs immanentistes (parce que plus proche de la source religieuse), aussi bien qu'un polémiste dont on s'étonne de la virulence à notre époque de consensus, où il est de bon ton d'inspirer l'apaisement et la concorde, sans qu'on se rende compte que ces termes hyperpositifs cachent en fait le nihilisme et le dernier homme nivelés dans l'absence de sens et l'égalité des valeurs.
Le rapprochement philologique de Nietzsche est intéressant car il émane de la mentalité immanentiste qui est sur le point de verser dans la dégénérescence, que Nietzsche a baptisée dernier homme, sans se rendre compte qu'il prophétisait sur ce qu'il annonçait et que les alternatives qu'il proposait ne faisait qu'accélérer le processus de nihilisme immanentiste. L'immanentisme ne peut succéder de manière pérenne et viable au monothéisme. L'immanentisme n'est que l'expression de la crise.
Sans doute l'immanentisme prépare-t-il de nouvelles expressions religieuses, mais il n'est pas du tout pérenne et mène au néant, ainsi que son nom l'indique, dans un programme tout tracé et effrayant. Il est certain que l'immanentisme a apporté des aspects positifs, ne serait-ce que parce qu'il se focalise sur le fini. Si l'on se rappelle que le réel n'est pas le fini, on constate que l'immanentisme coïncide avec l'émergence d'un progrès fini stupéfiant. C'est le progrès que l'on a baptisé technique (label Heidegger!) et scientifique. Souvent les Occidentaux, qui tous sont gens rebelles et contestataires, contestent d'autant plus le conservatisme occidentaliste qu'il n'est pas question pour eux de critiquer la science ou la technique.
En définitive, qu'est-ce que l'Occident? Il est certain que le rapprochement entre impérialisme et Occident convient mieux encore que la détermination géographique. L'impérialisme est une domination - et l'Occident exerce une domination sur l'homme depuis cinq siècles. Cet impérialisme est technique pour reprendre le terme de Heidegger. Rien à redire contre les bénéfices du progrès technique, notamment dans des domaines comme la médecine; mais tout à revoir quant au statut religieux (ou ontologique) de ce progrès qui sous prétexte qu'il est effectif matériellement prétend réduire le reél au matériel.
Catastrophe annoncée et prévisible dans cette réduction techniciste qui est une réduction nihiliste. En demeurer à la définition de l'Occident impérialiste obère la dimension religieuse. L'Occident est immanentiste, terme ontologique, mais outre que le nihilisme est la religion du déni de la religion, l'ontologie n'est jamais qu'une branche du religieux, comme Platon l'accorde, quoique avec l'idée que son ontologie rationaliste viendrait parfaire le religieux. Quel est le démon de l'Occident?
L'Occident est l'expression du nihilisme. Ce n'est pas que tout soit négatif dans cette constatation, tant s'en faut. Le nihilisme énonce un dualisme travesti en monisme, dont le propre est d'opposer le sensible au néant. Le reél est le néant. Au départ, les progrès sensibles sont spectaculaires. La supériorité du modèle qui se présente comme scientifique, technique, démocratique, laïc est irréfutable. Et puis, on s'aperçoit que ce dont on n'a pas parlé était l'essentiel.
L'essentiel, en l'occurrence, c'est que le nihilisme détruit le réel sous prétexte de réduire le reél au sensible. L'essentiel, c'est que le destin de l'Occident est inscrit dans cette opération de déni ontologique qui commence par magnifier le plus évident et le plus immédiat pour au final détruire l'essentiel qu'elle ignore. C'est la raison pour laquelle on nomme nihilisme la réduction du reél au sensible : en déniant le reél non sensible, on mène l'homme à la ruine.
Au néant. Pas le néant positif, ainsi que le nihilisme l'enseigne, comme aujourd'hui explicitement un Rosset, ou comme les autres postmodernes plus fuyants sur ce sujet (la différance, l'immanence). Le néant relatif à l'homme n'est pas du néant. L'illusion est toujours existence de quelque chose; mais toujours de quelque chose d'autre - que la positivité de l'illusion. A est B en somme. Il n'existe pas en tant que A, mais il existe bien en tant que B. Ainsi donc l'Occident est l'expression de cet immanentisme.
Il est curieux que le destin de l'Occident soit inscrit dans son étymologie puisque l'Occident est ce qui tombe et que plus que jamais après le 911, l'Occident est condamné à tomber. Cette condamnation est celle qui s'attache aux basques de la démesure : être condamné à tomber pour avoir voulu échapper aux lois de la pesanteur. Comme l'enseigne la chanson : en apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures. Le destin d'Icare attend l'Occident. C'est le destin de ce funambule casse-cou qui s'écrasa aux pieds des spectateurs fort distingués de la Tour Eiffel au début du vingtième siècle pour avoir cru qu'Icare au pied de la lettre valait mieux qu'un mythe utopique.
Il y eut plusieurs expériences de ce (quatrième?) type, à une époque où la confiance dans le progrès prenait des allures parfois irrationnelles et/ou scientistes. Je me réfère en particulier à la vidéo d'un certain Franz Reichelt, artisan tailleur d'origine autrichienne, qui le 4 février 1912 à 8h30, estima que les progrès techniques de l'Occident l'autorisaient assurément à réaliser avec succès le rêve d'Icare. Malheureusement, le rêve d'Icare n'est pas réalisable. Reichelt après quelques hésitations compréhensibles s'écrase aux pieds de ses admirateurs horrifiés. Le diable susurre à l'oreille de ses confidents maudits qu'ils ont le pouvoir. Le pouvoir - mais de quoi?
Le reél demeure le reél. Cette phrase est celle d'un nihiliste assumé comme Rosset. La définition que Rosset propose de la tautologie rejoint celle que je viens d'énoncer. Mais Rosset en vient à postuler incidemment et implicitement que le reél est seulement ce qui se voit et ce qui est immédiat; quand l'évidence rappelle que le réel est majoritairement du non-sensible et du non-immédiat.
La preuve : non seulement les nihilistes sont incapables de définir le reél tautologique, mais surtout leur définition de l'illusion repose sur la croyance du néant positif. Double erreur, qui est pire qu'un zéro pointé. De l'excellence biaisée. C'est à ce prix que l'homme parvient à pérenniser sa présence et c'est au nom de ce principe que l'on peut définir l'Occident et ses manifestations dérivées et souvent dérisoires - quelle que soit leur nocivité.
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