Bien entendu, le conspirationnisme est aussi faux que fou. Le complotisme aussi, puisque la différence entre ces deux appellations est ténue, voire inexistante. Mais il est pire que d'adhérer au conspirationnisme : c'est d'amalgamer conspirationnisme et conspiration - complotisme et complot. Nous nageons en pleine confusion, en plein délire, et c'est l'intention sordide que nourrissent les propagandistes du mondialisme et de toutes les idéologies qui lui sont affiliées : amalgamer les complots et les dérives paranoïaques, monodéterministes et sursignifiantes comme le complotisme/conspirationnisme.
Désormais, je parlerai de conspirationnisme pour désigner le phénomène également baptisé de complotisme. C'est un terme plus rare que complotisme. L'appellation de complotisme ayant été usagée par des pseudo-théoriciens comme Taguieff, elle me colle l'urticaire. Conspirationnisme, donc. Le conspirationnisme, c'est le fait de voir des conspirations partout. En gros, c'est expliquer toutes les productions humaines, tous les phénomènes qui concernent de près ou de loin l'homme, par des conspirations. Ce monodéterminisme grossier, simpliste, réducteur exprime une propension abusive et fantasmatique de l'esprit humain de proposer une explication qui présente le mérite de rendre compte du monde de l'homme.
Le conspirationnisme est toujours d'allure modeste : il se garde bien de définir le reél. Il s'attache aux productions humaines - au monde de l'homme. Pour autant, il en va du monde de l'homme comme du reél. Le reél est d'autant plus complexe qu'il ne se laisse pas définir. Proposer une définition unique du monde de l'homme, c'est résoudre le principal problème ontologique (définir le reél pour comprendre le monde de l'homme), en se gardant bien cependant de définir le reél et en se contentant modestement de ne définir que la cause du monde de l'homme.
Néanmoins, l'homme se trouve défini par ce monodéterminisme hâtif et présomptueux. Cette modestie contemporaine concorde avec la mode des sciences humaines, qui depuis la fin du dix-neuvième siècle accompagne l'avènement de l'immanentisme tardif et dégénéré. Nieztsche appelait à la modestie. Il fut servi par les sciences humaines. Les sciences humaines prétendent examiner scientifiquement le monde de l'homme. Le complotisme serait la science des sciences qui proposerait une cause première au monde de l'homme, comme le Premier Moteur aristotélicien explique le reél.
La mode du complotisme va de pair avec une forme déguisée et implicite de positivisme ou de scientisme, latent à notre époque de progrès technologiques et scientifiques tous azimuts. Pourtant, de même que les résultats scientifiques des sciences humaines laissent à désirer quant aux attentes initiales et à la qualité des productions (postérieures), si vite périmées et si vite périmables, on sait bien que l'homme n'a pas le pouvoir de contrôler l'ensemble des productions du monde de l'homme, encore moins les productions du réel. Où l'on considère que le complotisme vise à substituer l'homme à Dieu - aspiration moderne.
Le conspirationnisme n'est pas possible et repose sur une erreur manifeste d'explication. L'examen des cas de conspirationnisme ne laisse aucun doute à ce sujet. A chaque fois, l'erreur conspirationniste va de pair avec la haine : désigner un bouc émissaire (innocent ou partiellement coupable) en tant que cause unique et fantasmatique. Par contre, les conspirations existent bel et bien, tout autant attestées factuellement. Elles pullulent au cours des âges, ce dont l'examen des lieux de pouvoir montre aisément. Il y a complot à chaque fois que plusieurs individus (au moins deux) se fédèrent en secret pour mener une action qui sert leurs intérêts et qui nuise au groupe dont ils font partie (directement à certains membres de ce groupe, indirectement à l'ensemble du groupe).
Bref : autant le complotisme n'existe pas, autant les complots existent. L'amalgame entre complot et complotisme est rendu possible par la structure même de l'amalgame, qui est l'opération de confusion préférée des outils de propagande : on amalgame quand on associe des éléments réels avec des éléments illusoires. L'amalgame est le suivant : associer le complot (élément reél) avec le conspirationnisme (élément illusoire).
La dénonciation du conspirationnisme sera valable chaque fois qu'elle s'attachera à dénoncer des raisonnements conspirationnistes. La dénonciation du conspirationnisme sera fallacieuse quand elle s'attachera à dénoncer des conspirations. Mettre en garde contre le conspirationnisme quand on évoque telle conspiration n'est pas très sérieux. Si un historien vous parle de la conspiration qui conduisit à la mort de César, que rétorquerait-on à un opposant qui taxerait l'historien de conspirationnisme?
Dénoncer des conspirations comme conspirationnistes, c'est dénoncer la conspiration et la révélation de la conspiration - l'effet et la cause. L'amalgame conspirationniste sert clairement à protéger la conspiration. Le conspirationnisme, paranoïaque ou propagandiste, sincère ou manipulatoire, ce n'est pas sérieux. Dès lors, il faut examiner les conspirations modernes comme c'est le cas pour la plus grande conspiration planétaire, intentée autant qu'attentée à l'heure des médias mondialistes : le 911.
Le refus de l'examen historique et factuel sous le prétexte du conspirationnisme renvoie à ce que cache l'écran de fumée qu'est le conspirationnisme. Le concept de conspirationnisme, son usage abusif par amalgame, sert bien moins à dénoncer les délires conspirationnistes qu'à empêcher l'examen des conspirations. C'est ici que le bas blesse. L'usage propagandiste du conspirationnisme sert à cacher que les complots existent bel et bien (derrière la protection accordée aux comploteurs qui s'ils ne sauraient exister ne sont pas condamnables). Deux remarques :
1) Les complots impliquent une négation du pouvoir démocratique qui réduplique la négation constitutive du pouvoir traditionnel (d'essence aristocratique).
2) Les complots sont facilités par l'incroyable progrès technologique, ainsi qu'en attestent les terribles attentats du 911, dont la version officielle est une galéjade époustouflante.
Il est certain que la démocratie est incompatible avec le complot, puisque le complot détruit le fonctionnement démocratique de type libéral, fondé sur la transparence et l'idée que le monde politique s'exprime dans la superficie et l'apparence. Le complot subvertit le fonctionnement de l'apparence en introduisant la possibilité du secret et de la manipulation derrière les apparences démocratico-libérales. C'est en quoi le complot est insupportable et en quoi il est amalgamé au conspirationnisme.
On notera que les accusations de conspirationnisme émanent de cercles cooptés par les milieux réflexifs de la démocratie libérale. Ainsi des productions d'un Taguieff, qui est un chercheur coopté par le système et qui réfléchit sur le système en avalisant le fonctionnement du système. Taguieff est ainsi juge et partie du système.
Dès lors, ce que le fonctionnement démocratique laisse entendre, c'est que l'existence des complots n'est pas possible en régime démocratique. Ontologiquement, l'immanentisme interdit les complots en supprimant les arrières-mondes (pour s'exprimer comme un Nieztsche adepte de la profondeur de la superficie). La critique du conspirationnisme qui amalgame le complot et le conspirationnisme est légitime : elle s'énonce comme une défense de la démocratie, sans jamais ajouter le corolaire indispensable - que la démocratie moderne est d'inspiration et d'organisation libérales.
Le progrès technologique, contraction commode de technique et de scientifique, n'a fait qu'accroître les possibilités de complot. Cette donnée est d'autant plus occultée que le progrès technologique est associé à la démocratie par la propagande démocratique. Les forces favorables à la démocratie répètent que la meilleure preuve de la valeur de la démocratie réside dans l'expression de la technologie. Si la démocratie rend caducs les complots, alors la technique ne saurait en aucun cas favoriser les complots...
On le voit, l'amalgame entre conspirations et conspirationnisme est facile à démonter et à décrypter, en particulier les incohérences du conspirationnisme quand il prétend critiquer les conspirations et les réduire au délire conspirationniste. Ce qui devient factuellement plus difficile, voire carrément impossible à admettre, tant l'évidence est douloureuse à réaliser, c'est de remonter jusqu'aux causes du conspirationnisme. L'écran de fumée déployé ne fonctionne que parce qu'il sert à protéger le fonctionnement démocratique.
La vraie conclusion est la suivante : le complot est d'autant plus un interdit démocratique qu'il détruit la démocratie. Le complot détruit les institutions contre lesquelles il complote. A fortiori détruit-il les institutions démocratiques qui ne sont pas en mesure d'affronter les complots. Raison du refus de réalité : le complot est incompatible avec l'exercice de la démocratie. C'est ainsi que les complotistes qui ont assassiné JFK et perpétré un coup d'État antidémocratique ont détruit la démocratie américaine.
On commence à l'admettre aujourd'hui. Pourtant, malgré la reconnaissance d'une Commission parlementaire à la fin des années 70, il est tabou aujourd'hui d'évoquer publiquement le complot contre JFK. Un silence apeuré est opposé à quiconque ose contrevenir à cette règle. Le tabou est l'interdit placé vis-à-vis d'une réalité dangereuse. Le tabou est littéralement un sens interdit qui met en danger le fonctionnement de la réalité. Le tabou est ainsi un moyen de défense.
Le tabou de l'inceste permet la viabilité du fonctionnement social et familial. Le tabou sur les complots permet ainsi la viabilité du fonctionnement démocratique. Celui qui recourt à l'inceste détruit sa famille comme celui qui recourt au complot détruit la démocratie. Problème : le tabou est démuni face à la manipulation du tabou, soit face au pervers qui viole le tabou tout en opposant le tabou aux dénonciateurs.
Cette attitude revient à prendre un sens interdit consciemment tout en dénonçant le danger des chauffards qui grillent les sens interdits. In abstracto : le nié est utilisé. L'existence est à la fois niée et utilisée. L'interdit possède un rôle de conservation/protection autant que de manipulation/perversion. C'est dire que le tabou, dont on retrouve une trace contemporaine dans le conspirationnisme abusif et courant, joue un rôle de déni aussi positif que négatif.
Rosset pointe du doigt les dénieurs du réel comme si dénier le réel était toujours négatif et critiquable. En réalité, c'est un attitude grossière face au déni. Le déni sert autant à protéger qu'à manipuler. On protège de ce qu'on connaît mal : le reél est mal connu puisque malaisément définissable. Mais l'inconnaissabilité du reél encourage aussi la perversion qui consiste à retourner le sens. On ne peut subvertir le sens qu'à partir du moment où le sens n'est pas connu dans son intégralité. C'est le cas du reél, dont on sait qu'il existe sans savoir dans quelle mesure il existe.
L'amalgame n'est ainsi possible que parce que la protection est nécessaire. Le fond du problème réside dans la difficulté à définir le reél. Le symptôme de l'amalgame est encouragé par la confusion au niveau du sens. Quand le sens est confus, l'amalgame prospère. L'amalgame n'est que la réaction négative face à la confusion. Le tabou est la réaction positive (quoique aussi confuse) en ce qu'il exprime une protection.
C'est ainsi que les pseudo-attitudes rationalistes des philosophes sont inconséquentes puisqu'il est aberrant de démonter le tabou sans préciser le sens général. C'est détruire la protection en encourageant la confusion qui est la cause du tabou/protection. Pour empêcher la confusion, il est impératif d'éclaircir le sens. Un sens éclairci rend malaisé l'amalgame et peu indispensable le tabou. Plus il y a de sens, moins il y a d'amalgames et de tabous.
En guise de codicille, comme dirait Brassens, si le complot JFK a signifié la fin de la démocratie américaine, puisque le peuple américain était incapable de réagir au complot qui le détruisait en tant que peuple démocratique, le 911 a prolongé l'entreprise de destruction. Désormais, le complot 911 a détruit bien plus que la démocratie américaine. Il a détruit la démocratie occidentale - et l'Occident tout court.
L'absence de réaction des peuples d'Occident ne fait qu'entériner et accroître leur destruction à terme. Pis, les peuples d'Occident pratiquent la politique de l'autruche, soit le déni. Déni de destruction/perversion bien plutôt que de protection/prudence. Il faut dire que les peuples pseudo-démocratique sont bien plus des peuples libéraux que des peuples démocratiques. Ils ont l'habitude d'exercer leur liberté individuelle qui est incompatible avec l'exercice de la responsabilité démocratique d'obédience collective.
Les peuples libéraux ont laissé faire (c'est le cas de le dire!) la destruction de la démocratie et la perversion de la démocratie parce qu'ils n'étaient pas des peuples, tout au plus des additions d'individus égotistes et raffinés. Les peuples libéraux sont devenus des peuples néo-libéraux, ce qui signifie que l'entreprise dégradation et de déliquescence s'est accentuée. Dès lors, l'effondrement de l'Occident est la seule issue à cet enchevêtrement de causes taboues.
Désormais, je parlerai de conspirationnisme pour désigner le phénomène également baptisé de complotisme. C'est un terme plus rare que complotisme. L'appellation de complotisme ayant été usagée par des pseudo-théoriciens comme Taguieff, elle me colle l'urticaire. Conspirationnisme, donc. Le conspirationnisme, c'est le fait de voir des conspirations partout. En gros, c'est expliquer toutes les productions humaines, tous les phénomènes qui concernent de près ou de loin l'homme, par des conspirations. Ce monodéterminisme grossier, simpliste, réducteur exprime une propension abusive et fantasmatique de l'esprit humain de proposer une explication qui présente le mérite de rendre compte du monde de l'homme.
Le conspirationnisme est toujours d'allure modeste : il se garde bien de définir le reél. Il s'attache aux productions humaines - au monde de l'homme. Pour autant, il en va du monde de l'homme comme du reél. Le reél est d'autant plus complexe qu'il ne se laisse pas définir. Proposer une définition unique du monde de l'homme, c'est résoudre le principal problème ontologique (définir le reél pour comprendre le monde de l'homme), en se gardant bien cependant de définir le reél et en se contentant modestement de ne définir que la cause du monde de l'homme.
Néanmoins, l'homme se trouve défini par ce monodéterminisme hâtif et présomptueux. Cette modestie contemporaine concorde avec la mode des sciences humaines, qui depuis la fin du dix-neuvième siècle accompagne l'avènement de l'immanentisme tardif et dégénéré. Nieztsche appelait à la modestie. Il fut servi par les sciences humaines. Les sciences humaines prétendent examiner scientifiquement le monde de l'homme. Le complotisme serait la science des sciences qui proposerait une cause première au monde de l'homme, comme le Premier Moteur aristotélicien explique le reél.
La mode du complotisme va de pair avec une forme déguisée et implicite de positivisme ou de scientisme, latent à notre époque de progrès technologiques et scientifiques tous azimuts. Pourtant, de même que les résultats scientifiques des sciences humaines laissent à désirer quant aux attentes initiales et à la qualité des productions (postérieures), si vite périmées et si vite périmables, on sait bien que l'homme n'a pas le pouvoir de contrôler l'ensemble des productions du monde de l'homme, encore moins les productions du réel. Où l'on considère que le complotisme vise à substituer l'homme à Dieu - aspiration moderne.
Le conspirationnisme n'est pas possible et repose sur une erreur manifeste d'explication. L'examen des cas de conspirationnisme ne laisse aucun doute à ce sujet. A chaque fois, l'erreur conspirationniste va de pair avec la haine : désigner un bouc émissaire (innocent ou partiellement coupable) en tant que cause unique et fantasmatique. Par contre, les conspirations existent bel et bien, tout autant attestées factuellement. Elles pullulent au cours des âges, ce dont l'examen des lieux de pouvoir montre aisément. Il y a complot à chaque fois que plusieurs individus (au moins deux) se fédèrent en secret pour mener une action qui sert leurs intérêts et qui nuise au groupe dont ils font partie (directement à certains membres de ce groupe, indirectement à l'ensemble du groupe).
Bref : autant le complotisme n'existe pas, autant les complots existent. L'amalgame entre complot et complotisme est rendu possible par la structure même de l'amalgame, qui est l'opération de confusion préférée des outils de propagande : on amalgame quand on associe des éléments réels avec des éléments illusoires. L'amalgame est le suivant : associer le complot (élément reél) avec le conspirationnisme (élément illusoire).
La dénonciation du conspirationnisme sera valable chaque fois qu'elle s'attachera à dénoncer des raisonnements conspirationnistes. La dénonciation du conspirationnisme sera fallacieuse quand elle s'attachera à dénoncer des conspirations. Mettre en garde contre le conspirationnisme quand on évoque telle conspiration n'est pas très sérieux. Si un historien vous parle de la conspiration qui conduisit à la mort de César, que rétorquerait-on à un opposant qui taxerait l'historien de conspirationnisme?
Dénoncer des conspirations comme conspirationnistes, c'est dénoncer la conspiration et la révélation de la conspiration - l'effet et la cause. L'amalgame conspirationniste sert clairement à protéger la conspiration. Le conspirationnisme, paranoïaque ou propagandiste, sincère ou manipulatoire, ce n'est pas sérieux. Dès lors, il faut examiner les conspirations modernes comme c'est le cas pour la plus grande conspiration planétaire, intentée autant qu'attentée à l'heure des médias mondialistes : le 911.
Le refus de l'examen historique et factuel sous le prétexte du conspirationnisme renvoie à ce que cache l'écran de fumée qu'est le conspirationnisme. Le concept de conspirationnisme, son usage abusif par amalgame, sert bien moins à dénoncer les délires conspirationnistes qu'à empêcher l'examen des conspirations. C'est ici que le bas blesse. L'usage propagandiste du conspirationnisme sert à cacher que les complots existent bel et bien (derrière la protection accordée aux comploteurs qui s'ils ne sauraient exister ne sont pas condamnables). Deux remarques :
1) Les complots impliquent une négation du pouvoir démocratique qui réduplique la négation constitutive du pouvoir traditionnel (d'essence aristocratique).
2) Les complots sont facilités par l'incroyable progrès technologique, ainsi qu'en attestent les terribles attentats du 911, dont la version officielle est une galéjade époustouflante.
Il est certain que la démocratie est incompatible avec le complot, puisque le complot détruit le fonctionnement démocratique de type libéral, fondé sur la transparence et l'idée que le monde politique s'exprime dans la superficie et l'apparence. Le complot subvertit le fonctionnement de l'apparence en introduisant la possibilité du secret et de la manipulation derrière les apparences démocratico-libérales. C'est en quoi le complot est insupportable et en quoi il est amalgamé au conspirationnisme.
On notera que les accusations de conspirationnisme émanent de cercles cooptés par les milieux réflexifs de la démocratie libérale. Ainsi des productions d'un Taguieff, qui est un chercheur coopté par le système et qui réfléchit sur le système en avalisant le fonctionnement du système. Taguieff est ainsi juge et partie du système.
Dès lors, ce que le fonctionnement démocratique laisse entendre, c'est que l'existence des complots n'est pas possible en régime démocratique. Ontologiquement, l'immanentisme interdit les complots en supprimant les arrières-mondes (pour s'exprimer comme un Nieztsche adepte de la profondeur de la superficie). La critique du conspirationnisme qui amalgame le complot et le conspirationnisme est légitime : elle s'énonce comme une défense de la démocratie, sans jamais ajouter le corolaire indispensable - que la démocratie moderne est d'inspiration et d'organisation libérales.
Le progrès technologique, contraction commode de technique et de scientifique, n'a fait qu'accroître les possibilités de complot. Cette donnée est d'autant plus occultée que le progrès technologique est associé à la démocratie par la propagande démocratique. Les forces favorables à la démocratie répètent que la meilleure preuve de la valeur de la démocratie réside dans l'expression de la technologie. Si la démocratie rend caducs les complots, alors la technique ne saurait en aucun cas favoriser les complots...
On le voit, l'amalgame entre conspirations et conspirationnisme est facile à démonter et à décrypter, en particulier les incohérences du conspirationnisme quand il prétend critiquer les conspirations et les réduire au délire conspirationniste. Ce qui devient factuellement plus difficile, voire carrément impossible à admettre, tant l'évidence est douloureuse à réaliser, c'est de remonter jusqu'aux causes du conspirationnisme. L'écran de fumée déployé ne fonctionne que parce qu'il sert à protéger le fonctionnement démocratique.
La vraie conclusion est la suivante : le complot est d'autant plus un interdit démocratique qu'il détruit la démocratie. Le complot détruit les institutions contre lesquelles il complote. A fortiori détruit-il les institutions démocratiques qui ne sont pas en mesure d'affronter les complots. Raison du refus de réalité : le complot est incompatible avec l'exercice de la démocratie. C'est ainsi que les complotistes qui ont assassiné JFK et perpétré un coup d'État antidémocratique ont détruit la démocratie américaine.
On commence à l'admettre aujourd'hui. Pourtant, malgré la reconnaissance d'une Commission parlementaire à la fin des années 70, il est tabou aujourd'hui d'évoquer publiquement le complot contre JFK. Un silence apeuré est opposé à quiconque ose contrevenir à cette règle. Le tabou est l'interdit placé vis-à-vis d'une réalité dangereuse. Le tabou est littéralement un sens interdit qui met en danger le fonctionnement de la réalité. Le tabou est ainsi un moyen de défense.
Le tabou de l'inceste permet la viabilité du fonctionnement social et familial. Le tabou sur les complots permet ainsi la viabilité du fonctionnement démocratique. Celui qui recourt à l'inceste détruit sa famille comme celui qui recourt au complot détruit la démocratie. Problème : le tabou est démuni face à la manipulation du tabou, soit face au pervers qui viole le tabou tout en opposant le tabou aux dénonciateurs.
Cette attitude revient à prendre un sens interdit consciemment tout en dénonçant le danger des chauffards qui grillent les sens interdits. In abstracto : le nié est utilisé. L'existence est à la fois niée et utilisée. L'interdit possède un rôle de conservation/protection autant que de manipulation/perversion. C'est dire que le tabou, dont on retrouve une trace contemporaine dans le conspirationnisme abusif et courant, joue un rôle de déni aussi positif que négatif.
Rosset pointe du doigt les dénieurs du réel comme si dénier le réel était toujours négatif et critiquable. En réalité, c'est un attitude grossière face au déni. Le déni sert autant à protéger qu'à manipuler. On protège de ce qu'on connaît mal : le reél est mal connu puisque malaisément définissable. Mais l'inconnaissabilité du reél encourage aussi la perversion qui consiste à retourner le sens. On ne peut subvertir le sens qu'à partir du moment où le sens n'est pas connu dans son intégralité. C'est le cas du reél, dont on sait qu'il existe sans savoir dans quelle mesure il existe.
L'amalgame n'est ainsi possible que parce que la protection est nécessaire. Le fond du problème réside dans la difficulté à définir le reél. Le symptôme de l'amalgame est encouragé par la confusion au niveau du sens. Quand le sens est confus, l'amalgame prospère. L'amalgame n'est que la réaction négative face à la confusion. Le tabou est la réaction positive (quoique aussi confuse) en ce qu'il exprime une protection.
C'est ainsi que les pseudo-attitudes rationalistes des philosophes sont inconséquentes puisqu'il est aberrant de démonter le tabou sans préciser le sens général. C'est détruire la protection en encourageant la confusion qui est la cause du tabou/protection. Pour empêcher la confusion, il est impératif d'éclaircir le sens. Un sens éclairci rend malaisé l'amalgame et peu indispensable le tabou. Plus il y a de sens, moins il y a d'amalgames et de tabous.
En guise de codicille, comme dirait Brassens, si le complot JFK a signifié la fin de la démocratie américaine, puisque le peuple américain était incapable de réagir au complot qui le détruisait en tant que peuple démocratique, le 911 a prolongé l'entreprise de destruction. Désormais, le complot 911 a détruit bien plus que la démocratie américaine. Il a détruit la démocratie occidentale - et l'Occident tout court.
L'absence de réaction des peuples d'Occident ne fait qu'entériner et accroître leur destruction à terme. Pis, les peuples d'Occident pratiquent la politique de l'autruche, soit le déni. Déni de destruction/perversion bien plutôt que de protection/prudence. Il faut dire que les peuples pseudo-démocratique sont bien plus des peuples libéraux que des peuples démocratiques. Ils ont l'habitude d'exercer leur liberté individuelle qui est incompatible avec l'exercice de la responsabilité démocratique d'obédience collective.
Les peuples libéraux ont laissé faire (c'est le cas de le dire!) la destruction de la démocratie et la perversion de la démocratie parce qu'ils n'étaient pas des peuples, tout au plus des additions d'individus égotistes et raffinés. Les peuples libéraux sont devenus des peuples néo-libéraux, ce qui signifie que l'entreprise dégradation et de déliquescence s'est accentuée. Dès lors, l'effondrement de l'Occident est la seule issue à cet enchevêtrement de causes taboues.
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