mercredi 27 janvier 2010

Isréel



Le défi : fin du déni.

Dans un pays qui n'est plus en phase avec le réel, il est normal que le ministre de l'information désinforme. Cette constatation antirépublicaine s'applique à tous les pays occidentaux, qui confrontés à la désagrégation inexorable de leur comportement impérialiste lui opposent le déni implacable et accommodant. Le déni passe par l'acceptation de la désintégration. Pareil avec l'information : la transparence chère aux Anglo-saxons s'accommode mal des faits. Pendant que notre Empire financier s'échine à imposer sa décrépitude en détruisant son monde pour le niveler à sa domination déclinante, nos propagandistes des satrapies se glorifient d'accompagner le processus putride en expliquant pompeusement que le déclin n'est pas du déclin, mais le renouveau du progrès.
Le cœur actuel de l'impérialisme occidentaliste se situe (symboliquement) dans la satrapie d'Israël. Pas étonnant : si l'impérialisme consiste à dominer, Israël est l'excroissance décoloniale emblématique de l'Empire financier. Israël ne cesse depuis sa création récente de croître en violence et en déni. C'est logique : son existence repose sur le déni conjugué à la haine de tout ce qui est réel. Plus Israël s'impose, plus sa violence grandit. Son déséquilibre repose sur le soutien de l'Occident, qui utilise Israël pour mieux contrôler - l'or noir.
Le cabinet Netanyahu est engagé dans une opération de propagande fondue visant à refuser le rapport Goldstone. Goldstone : la pierre en or? La pierre de touche? Qui a dit que la pierre d'angle serait celle que le bâtisseur refuse? La Ka'ba contre la cabale? Retour du réel contre les Érinyes? Et si c'était une bonne nouvelle - la fin du fantasme de toute-puissance? Bonne nouvelle : le retour au réel sonne le retour en grâce. Grâce à Goldstone. Selon les termes de ce rapport bienveillant, Israël a commis des crimes de guerre et contre l'humanité lors de la bucolique opération Plomb durci, intervenue entre la fin 2008 et le début 2009. Un cadeau de Noël pour les Palestiniens?
C'est le ministre de l'Information israélien, le nuancé Youli Edelstein, qui justifie l'injustifiable (410 enfants morts) par le déni carabiné. L'excuse est convenue : il s'agit de protester contre l'antisémitisme qui s'abat contre la colombe Israël. Fidèle à l'esprit de la guerre contre le terrorisme, les Israéliens expliquent sans ciller que toute critique contre leurs (ex)actions s'apparentent à une vulgate islamisto-fasciste. Le terrorisme intellectuel serait-il le terreau du terrorisme?
Après avoir anéanti 1315 Palestiniens lors de leur dernière expédition punitive contre Gaza, les Israéliens ne se rendent plus compte. Ils ne se rendent plus compte qu'ils doivent rendre des comptes. Ils s'enferrent dans les décombres des décomptes. Il se placent au-dessus de la loi. Au secours, Moïse! 410 enfants! Ils perdent la face. 410 enfants! Ils dénoncent l'augmentation des actes antisémites en Occident (environ 500)! Et pourquoi pas 1500? Ça ferait balançoire! Tu balances? C'est ce qui s'appelle l'innocence? De la déréalisation? Les Israéliens sont-ils des délirants qui dérivent vers leur désir d'Hyperréel? Déjà, le terme antisémitisme n'a jamais voulu rien dire, singulièrement quand il est utilisé par des Israéliens à l'encontre des Palestiniens; alors le refus de la critique travesti en lutte vertueuse contre l'antiracisme bancal devient perversion prophétique digne des sophistes.
Heureusement que c'est la Victime Éternelle de la Shoah qui se conduit de la sorte. Bientôt éconduits : qu'est-ce que le repoussoir iranien prendrait s'il se permettait le quart du dixième de ce que s'arrogent les Intouchables! Nous en sommes au point où le déni ressort avec une virulence qui tache. Le deux poids deux mesures de la diplomatie israélienne indique qui sont les Israéliens par-delà le symptomatique cabinet Netanyahu : des faucons qui pratiquent sans discernement la loi du plus mort. Ils sont tellement aveuglés par leur puissance qu'ils en oublient les règles élémentaires des rapports de force : n'humilie pas ton ennemi, sans quoi tu risques d'en payer le prix - fort.
Refuser la critique est le signe d'une fuite irresponsable face au réel. Le déni se solde par la cuisante défaite. Le ministre de l'Information pratique la désinformation caractérisée. De la propagande carabinée. Pour la Seule Démocratie Régionale, c'est un paradoxe cocasse. Israël à bout de souffle : la désinformation ne fonctionne plus. Israël a achevé le procédé d'impunité critique. Pierrot n'en pouvait plus de crier au loup : Israël hurle à l'antisémitisme. L'antisémitisme inepte affranchirait-il de la légalité? L'antisémitisme est-il la formule magique qui provoque le miracle du dépassement de la loi et du réel?
A force de traiter de noms d'oiseaux les jugements qui condamnent la politique de violence, Israël s'est déconsidéré. Les justes sont des antisémites! Israël subissait l'opprobre inexpugnable de ses voisins déterritorialisés? Désormais, les populations d'Occident commencent à se rebiffer. Les Occidentaux, qui sont des artichauts, n'ont pas le cœur à la besogne. Ils en a assez de se faire manipuler. Assez que les impérialistes leur tiennent des discours anti-impérialistes. Assez que les racistes leur donnent des leçons d'antiracisme. Assez de l'anti-terrorisme. Assez des massacres. Assez de ce Goliath proche-occidental qui se présente en petit David chétif.
Le discrédit de Job est prévisible, mais : à force de tirer sur la corde, les Israéliens ont usé leur crédit. Ils ont oublié que dans une épreuve de force, la force ne saurait prévaloir sur le principe de réalité. Plus que contre les Palestiniens ou quelque peuple que ce soit, les Israéliens ont engagé un bras de fer dément contre le réel. Le réel finit toujours par l'emporter - et avec usure. Les Israéliens ont cru qu'ils pouvaient défier le réel en toute impunité.
Le réel se charge de les rappeler à son ordre. A sa raison. Contre le réel, il n'y a rien à faire. Il s'entête à vous rappeler (à) sa loi. Les Israéliens ont voulu nier le réel - imposer en lieu et place leur État irréel, création idéologique postjuive. Les Israéliens ne peuvent justifier de leurs agissements. Seule la propagande permettait d'imposer leur loi du talon. Las! Cette politique est suicidaire en ce qu'elle ne fonctionne que durant un terme fort réduit.
Nous sommes au terme du terme. Détestés et méprisés, les Israéliens voient arriver l'addition. Soit ils transforment leur brutalité sioniste en un État unique et laïque; soit ils périront dans des massacres effroyables, Golem de pacotille lâché par leur Goliath occidental. Face au défi des victimes de son déni, Israël n'a d'autre choix que d'évoluer vers le réel. Soit il accepte la critique; soit il s'entête dans l'autodestruction. Les campagnes de désinformation n'y pourront rien changer. La loi est la loi. Le réel est le réel. Isréel est condamné. L'impérialisme est condamné. Le décolonialisme est condamné. Si ce n'est en cette vie, la condamnation se commue en damnation. Demandez à Ariel.

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