Hallucinant : la grande messe du vingt hères, le rituel compassé, l'officiel théâtral, la componction tragique, s'est commuée en une caisse de résonance pour la propagande oligarchique à tendance people. La télévision française a toujours répercuté les opinions au pouvoir. Maintenant que l'effondrement systémique est à son acmé, la télévision répercute sans fard ni uppercut l'effondrement terminal du sens. La nouveauté, c'est l'officialisation de cet officiel de pacotille. L'Hyperréel traduit la distance de plus en plus prégnante entre le désir qui se prend pour la réalité et le réel qui s'écarte du désir. Nous en sommes à un point d'outrance où l'outrage devient risible.
Que l'on en juge par l'événementiel le plus nauséabond. Le tremblement de terre d'Haïti a causé la mort d'un nombre incalculable de personnes dans cette île pauvre, largement victime de l'impérialisme occidental. Les reporters affluent pour dispenser leur voyeurisme empreint de pathétique auprès de téléspectateurs larmoyants et dépassés. Les stars de Hollywood et d'autres fonds de commerce s'engagent en faveur de la Nouvelle Grande Cause. On avait le Soudan, on avait le tsunami de 2004, désormais, on a le tremblement de terre de Haïti.
Après Lisbonne 1755, Haïti 2010. Ça donnes des chiffres ronds. Au fait, le clown bellâtre au sévice de la cause soudanaise a-t-il songé à s'engager pour l'Irak? A-t-il divulgué la présence fortuite d'un pipeline passant près du Darfour, entre Doba (Tchad) et Kribi (port camerounais)? Pour un philanthrope, c'est fort en café, cette omission mazoutée. What else? Le couple glamour et tout à fait spontané Brad Pitt/Angelina Jolie a-t-il songé à dénoncer le martyr de Gaza au lieu de pratiquer la charité par adoption? On continue? Par réelle charité, on va s'arrêter.
Sous de Gaulle, le vingt heures de l'ORTF était déjà orienté côté pouvoir. Ce n'est pas la propagande qui a changé. C'est le ton. Oligarchique et élitiste. Antirépublicain et ultra-libéral. On loue le célèbre, on célèbre comme l'essentiel du pouvoir ce qui auparavant n'était que manifestations périphériques et superficielles de mondanités et de spectacles. Cette fois, que voit-on? Carla Bruni-Sarkozy, que des mauvaises langues ont baptisé Première Dinde de France, rapplique dare-dare avec sa guitare pour soutenir les familles françaises qui dans leur bonté infinie adoptent des enfants haïtiens. Serait-ce que Carla cherche le moyen d'éviter la censure que des conseillers lucides lui auraient imposée pour préserver l'image de la République?
Il semblerait plutôt que Carla soit dépêchée avec sa guitare en représentante de charme de la République. Écoutons le message du journaliste dépêché toutes affaires cessantes pour nous entretenir de cet événement grave et capital.
Les informations qui appartenaient à des revues people pour vieilles grands-mères désœuvrées sont-elles devenues le menu courant de la politique? "Carla Bruni est venue offrir dit-on le premier cadeau de la République française : sa beauté et sa guitare, au travers de ses musiques douces et magnifiques"." Véridique! Tu parles d'un cadeau. Qualitativement, c'est un fardeau. Que s'est-il passé pour que des journalistes reconnus sombrent dans le potin mondain le plus stupide qui soit? Quelle dérive s'est emparée de la République pour qu'on l'utilise à des fins antirépublicaines et clairement oligarchiques?
Non, vous n'avez pas été la victime d'une hallucination sardonique. Aussi hilarant que le canular paraisse, Carla Bruni est présentée comme une grande compositrice. Pour que l'on présente la Première dame de la République France comme une chanteuse people et caritative, il s'est passé quelque chose. Une dégringolade effarante? Une subversion évidente? Le glissement de sens qui nous emmène insensiblement de la république démocratique vers le totalitarisme aristocratique? Comme un indice, le journaliste s'appelle Loïc de la Mornais. C'est un nom qui s'accommode de la dérive oligarchique, incluant la récupération des anciens patronymes de l'aristocratie.
Le reporter Mornais serait passionné par les questions d'espace. Mornais a-t-il accouché d'un rêve mort-né en redescendant de la Lune vers la boue? Comment passe-t-ton de la conquête spatiale à Carla Bruni? Vers la conquête spectrale? Qui maque-t-on? Eh bien, nous tenons là un signe tangible du fonctionnement oligarchique. De l'évolution de la république vers l'oligarchie. Les médias sont une caisse de résonance. L'ordre actuel est à la promotion de l'oligarchie financière, avec sur le devant de la scène des personnages de moins en moins influents et de plus en plus benêts. Cas de Carla B., plus que jamais en défilé utile?
Le système se porte tellement mal qu'il ne trouve à dépêcher que des cas de nullité, confondant politique, art, show-business et peoplisation. L'indice de l'état du système se mesure à la valeur des représentants présentés. Le journal de vingt heures qui s'aligne sur l'actualité people des magazines de la presse à ragots chic, c'est consternant. Il ne faut plus s'étonner que les journalistes consentent à propager des contre-informations énormes. Ce sont de vulgaires bas-parleurs. Au lieu de nous entretenir de l'histoire esclavagiste de Haïti ou de l'existence de techniques à tremblements de terre, les journalistes nous abreuvent d'actions caritatives, de dames patronnesses et de folies bergères.
A force de nous abreuver, ils nous mèneront vers l'abattoir. C'est vil, c'est triste, c'est pervers. Si l'on comprend que dans cette logique de caste, les people représentent le peuple, c'est encore plus triste : le degré de bêtise en dit long sur la stratégie des élites financières au pouvoir. Utiliser des paravents exhibitionnistes qui déconsidérés déconsidèrent. Confondre le désir avec le réel. Jouer sur la pitié la plus médiocre pour promouvoir le Nouvel Ordre Oligarchique. On sait que l'idéal cadavérique ne tiendra pas : cette nullité consommée, c'est une sommation sans poudre.
Que l'on en juge par l'événementiel le plus nauséabond. Le tremblement de terre d'Haïti a causé la mort d'un nombre incalculable de personnes dans cette île pauvre, largement victime de l'impérialisme occidental. Les reporters affluent pour dispenser leur voyeurisme empreint de pathétique auprès de téléspectateurs larmoyants et dépassés. Les stars de Hollywood et d'autres fonds de commerce s'engagent en faveur de la Nouvelle Grande Cause. On avait le Soudan, on avait le tsunami de 2004, désormais, on a le tremblement de terre de Haïti.
Après Lisbonne 1755, Haïti 2010. Ça donnes des chiffres ronds. Au fait, le clown bellâtre au sévice de la cause soudanaise a-t-il songé à s'engager pour l'Irak? A-t-il divulgué la présence fortuite d'un pipeline passant près du Darfour, entre Doba (Tchad) et Kribi (port camerounais)? Pour un philanthrope, c'est fort en café, cette omission mazoutée. What else? Le couple glamour et tout à fait spontané Brad Pitt/Angelina Jolie a-t-il songé à dénoncer le martyr de Gaza au lieu de pratiquer la charité par adoption? On continue? Par réelle charité, on va s'arrêter.
Sous de Gaulle, le vingt heures de l'ORTF était déjà orienté côté pouvoir. Ce n'est pas la propagande qui a changé. C'est le ton. Oligarchique et élitiste. Antirépublicain et ultra-libéral. On loue le célèbre, on célèbre comme l'essentiel du pouvoir ce qui auparavant n'était que manifestations périphériques et superficielles de mondanités et de spectacles. Cette fois, que voit-on? Carla Bruni-Sarkozy, que des mauvaises langues ont baptisé Première Dinde de France, rapplique dare-dare avec sa guitare pour soutenir les familles françaises qui dans leur bonté infinie adoptent des enfants haïtiens. Serait-ce que Carla cherche le moyen d'éviter la censure que des conseillers lucides lui auraient imposée pour préserver l'image de la République?
Il semblerait plutôt que Carla soit dépêchée avec sa guitare en représentante de charme de la République. Écoutons le message du journaliste dépêché toutes affaires cessantes pour nous entretenir de cet événement grave et capital.
Les informations qui appartenaient à des revues people pour vieilles grands-mères désœuvrées sont-elles devenues le menu courant de la politique? "Carla Bruni est venue offrir dit-on le premier cadeau de la République française : sa beauté et sa guitare, au travers de ses musiques douces et magnifiques"." Véridique! Tu parles d'un cadeau. Qualitativement, c'est un fardeau. Que s'est-il passé pour que des journalistes reconnus sombrent dans le potin mondain le plus stupide qui soit? Quelle dérive s'est emparée de la République pour qu'on l'utilise à des fins antirépublicaines et clairement oligarchiques?
Non, vous n'avez pas été la victime d'une hallucination sardonique. Aussi hilarant que le canular paraisse, Carla Bruni est présentée comme une grande compositrice. Pour que l'on présente la Première dame de la République France comme une chanteuse people et caritative, il s'est passé quelque chose. Une dégringolade effarante? Une subversion évidente? Le glissement de sens qui nous emmène insensiblement de la république démocratique vers le totalitarisme aristocratique? Comme un indice, le journaliste s'appelle Loïc de la Mornais. C'est un nom qui s'accommode de la dérive oligarchique, incluant la récupération des anciens patronymes de l'aristocratie.
Le reporter Mornais serait passionné par les questions d'espace. Mornais a-t-il accouché d'un rêve mort-né en redescendant de la Lune vers la boue? Comment passe-t-ton de la conquête spatiale à Carla Bruni? Vers la conquête spectrale? Qui maque-t-on? Eh bien, nous tenons là un signe tangible du fonctionnement oligarchique. De l'évolution de la république vers l'oligarchie. Les médias sont une caisse de résonance. L'ordre actuel est à la promotion de l'oligarchie financière, avec sur le devant de la scène des personnages de moins en moins influents et de plus en plus benêts. Cas de Carla B., plus que jamais en défilé utile?
Le système se porte tellement mal qu'il ne trouve à dépêcher que des cas de nullité, confondant politique, art, show-business et peoplisation. L'indice de l'état du système se mesure à la valeur des représentants présentés. Le journal de vingt heures qui s'aligne sur l'actualité people des magazines de la presse à ragots chic, c'est consternant. Il ne faut plus s'étonner que les journalistes consentent à propager des contre-informations énormes. Ce sont de vulgaires bas-parleurs. Au lieu de nous entretenir de l'histoire esclavagiste de Haïti ou de l'existence de techniques à tremblements de terre, les journalistes nous abreuvent d'actions caritatives, de dames patronnesses et de folies bergères.
A force de nous abreuver, ils nous mèneront vers l'abattoir. C'est vil, c'est triste, c'est pervers. Si l'on comprend que dans cette logique de caste, les people représentent le peuple, c'est encore plus triste : le degré de bêtise en dit long sur la stratégie des élites financières au pouvoir. Utiliser des paravents exhibitionnistes qui déconsidérés déconsidèrent. Confondre le désir avec le réel. Jouer sur la pitié la plus médiocre pour promouvoir le Nouvel Ordre Oligarchique. On sait que l'idéal cadavérique ne tiendra pas : cette nullité consommée, c'est une sommation sans poudre.
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