jeudi 28 janvier 2010

La République d'Afrique

La prochaine Renaissance sera africaine.



Vous pouvez perdre tout le temps que vous voulez, divertir et illusionner, vous n'empêcherez pas le monde de tourner. Peu importe par où je commence, car je reviendrai ici, a énoncé Parménide. L'homme vient d'Afrique. Il est normal qu'il y retourne. L'avenir de l'homme se situe en Afrique. C'est lors de la phase terminale que les membres d'un ordre estiment participer au moment le plus haut de sa manifestation. L'impérialisme occidental est parvenu depuis le millénariste an 2000 chrétien à son stade terminal.
Désillusionnons l'esprit occidentalisé : je n'entends nullement verser dans l'idéalisme béat qui définirait l'Afrique actuelle comme le cadre satisfaisant et définitif du renouveau culturel. Gogo - raciste : l'état présent de l'Afrique est catastrophique. Il est autant raciste d'estimer que cet état est immuable que de prétendre que cet désétat est néanmoins positif.
La vérité est que cet état totalitaire est d'une négativité quasi totale, qui va évoluer : la transformation de l'Afrique interviendra à partir de l'effondrement inéluctable de impérialisme occidental. C'est au nom du sens de l'histoire que l'on peut concevoir l'inconcevable pour un esprit frotté de conceptions impérialistes, racistes et coloniales. Sans avoir lu leur Hegel, les Occidentaux partent du principe que les Africains ne sauraient changer parce qu'ils baignent dans une naïveté étrangère à l'histoire.
L'acmé de cette conception confusionnelle réside dans le discours de Dakar prononcé par le Président de l'ancien Empire français Sarkozy - inspiré par le conseiller décolonialiste Guaino (26 juillet 2007). Si l'on rappelle l'évidence que les cultures africaines sont plongées dans l'histoire, alors l'histoire de l'Afrique est limpide : sa décrépitude connaît un déclin passager. Déclin relatif et non différence relativiste : est-il admissible de considérer que l'état actuel de l'Afrique exprimerait des trésors de sagesse cachés à la déconsidération occidentale? Vivre de manière archaïque et pauvre serait l'incompréhension du fou moderne à l'égard des sociétés de demain?
Faudrait-il en venir aux billevesées oligarchiques travesties en décroissance et retour aux racines? Prendre de la boue pour de l'or recèle son nom. C'est de la mauvaise foi de pirate. Demandez aux esclavagistes. Ils payaient en monnaie de singe. Le relativisme culturel ressortit du racisme angélique. Seul l'universalisme lutte contre le racisme de l'égalitarisme déculturel. Selon les termes de l'universalisme, l'Africain a droit aux mêmes progrès et aux mêmes changements que l'actuel homme dominant d'Occident.
L'avenir de l'homme ne se situe déjà plus dans les relations transatlantiques. L'Occident s'effondre sous les coups de buttoir de la désindustrialisation et de la maladie de l'écologie décroissante. Oublions l'Occident. L'essor transpacifique annonce le renouveau de l'Afrique. Pour ce faire, comprenons que l'ordre actuel africain, si proche du désordre, n'est pas l'indicateur de ce que sera l'Afrique prospère et novatrice du futur.
A l'heure actuelle, les Africains sont enserrés dans l'enfer du schéma oligarchique et impérialiste. Il n'est pas question de définir autrement (avec hypocrisie) les sociétés africaines actuelles, qui ont subi quatre cents ans d'esclavage, de colonialisme et d'impérialisme : les peuples africains sont détruits par ce régime (dans tous les sens du terme). Entre quelques élites oligarchiques transversales, qui collaborent objectivement avec les impérialistes occidentaux, et l'insigne majorité des Africains, qui sont détruits et qui manifestent un individualisme exacerbé et aveugle, force est de constater que l'Afrique ne se relèvera pas avec ces générations apathiques, acritiques et déstructurées.
Le système oligarchique détruit profondément, à commencer par ses victimes. Aussi paradoxal et scandaleux que ce constat puisse paraître, les victimes sont les plus fervents soutiens de la mentalité qui les asservit et qui les brise. Les Africains sont les premières victimes de l'impérialisme occidental qui les domine. Incapables de s'opposer, ils manifestent au contraire un remarquable empressement à appuyer ce schéma de servilité. Il n'est pas plus oligarchique, impérialiste et esclavagiste qu'un Africain à l'encontre des autres Africains à l'heure actuelle.
L'exception conformant la règle, ce curieux état de faits, selon lequel la victime est le premier bourreau de sa condition, explique l'incapacité des peuples africains à se relever du joug en tous points raciste et humiliant imposé par l'Occident, qui a remplacé le colonialisme politique par le colonialisme économique sous prétexte de décolonisation et autres appels rhétoriques à la vertu. Le mot du chanteur Alpha Blondy n'est que trop lucide : "Les ennemis de l'Afrique, ce sont les Africains."
Les plus grandes impérialistes sont les victimes de l'impérialisme. Les plus grands oligarques sont les victimes de l'oligarchie. Les plus grands esclavagistes sont les victimes de l'esclavage. Pourtant, ce constat sombre n'est ni désespéré, ni paradoxal : c'est du sein de la tragédie africaine que l'homme en crise de succès va se relever. Nous nous trouvons à un époque de grand changement, que peu constatent à sa juste mesure. Pour le dire en peu de mots, l'impérialisme occidental s'effondre.
Les Africains vont se trouver libérés de leur esclavage moins par leurs propres mains que par l'épuisement de leurs maîtres injustes et moralistes. L'Occident sous sa forme impérialiste se meurt - et c'est une bonne nouvelle. Place à l'Afrique. Pas l'Afrique présente. Pas l'Afrique oligarchique. Pas l'Afrique impérialisée et impérialiste. L'Afrique du futur. L'Afrique du changement. L'Afrique du progrès. Les peuples africains sont les fers de lance de l'humanité renaissante. La prochaine Renaissance sera africaine. Les Africains sauveront l'espèce. Ils emmèneront l'homme dans l'espace. Ils assureront la continuité du principe républicain, qui passe par le dépassement du mondialisme sclérosé et par l'édiction de nouvelles formes d'États-nations : de niveau planétaire.

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