vendredi 18 mars 2011

L'âge de l'homme

Connais-toi toi-même.

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http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/14/crise-nucleaire-le-gouvernement-francais-victime-du-syndrome-mam_1492847_3232.html
comme dans d'autres articles, un soi-disant expert objectif en nucléaire (bardé du prestigieux poste de président de l'Observatoire du nucléaire) entend proposer avec un engagement militantiste irrationnel et fanatique la sortie du nucléaire à l'occasion de la catastrophe naturelle qui afflige le Japon. Pour aller - où? Revenir à l'âge du pétrole? A l'Age d'Or de la roue et de la Nature bienfaisante? Ou enfin dire la vérité économique et politique? Sans l'alternative du nucléaire, c'est l'absence d'énergie et l'effondrement économique qui attendent l'homme. Veut-on vraiment soutenir les stratégies perverses des malthusiens au service des conceptions oligarchiques et ultralibérales du monde?
Quant au débat scientifique, il n'est guère sérieux - et il indique que désormais les intervenants majoritaires à propos du nucléaire se trouvent subventionnés et promus massivement pour tenir des propos qui oscillent entre l'obscurantisme et le faux. Dans l'écologie médiatique, on ne donne jamais la parole à des écologistes érudits et antimalthusiens, mais à des rigolos pétris de contradiction et venant vous expliquer à leur descente d'avion qu'il convient toutes affaires cessantes d'envisager de nouveaux modes de vie anticapitalistes et plus ou moins décroissants (il me déplairait de citer qui que ce soit, mais ces tartuffes à la sauce écolo-bio se tiennent dans le sillage de l'esprit du Club de Rome). Avec l'épineuse question du nucléaire, c'est pareil. Jouant sur l'air du sécuritarisme néo-conservateur, nos gauchistes rebelles et solaires (mélange savoureux plus que savant d'Onfray et de Bové) distillent la peur avec des rengaines démago comme l'Apocalypse nucléaire ou le Big Bang atomique.
D'un simple point de vue scientifique, il est pourtant facile de répondre que la catastrophe japonaise naturelle ayant engendré l'accident de type nucléaire aurait pu être grandement diminuée, voire évitée, si l'on avait encouragé le développement scientifique et technologique du nucléaire, au lieu d'en rester prudemment à des techniques usagées et limitées. Par ailleurs, que l'on cherche à inventer de nouvelles formes d'énergies que le nucléaire, tout à fait d'accord (surtout si l'impulsion rejoint la recherche); mais, à l'heure actuelle, aucune forme d'énergie n'égale le nucléaire en termes de rapport qualité/prix (n'en déplaise aux menteurs ou aux crétins qui polluent les médias pour prôner une sortie du nucléaire remplacée par une nouvelle manière de vivre).
Le nucléaire est bien moins polluant (et bien moins cher) que toutes les énergies actuelles, surtout les énergies présentées comme durables (éolienne ou solaire), mais la peur irrationnelle qui est générée contre le nucléaire permet, dans un effort de récupération médiatique, aux antinucléaires de passer pour des individus responsables et réfléchis, qui penseraient au futur de la planète et des jeunes générations; alors qu'ils favorisent une conception oligarchique et profondément inégalitariste des ressources énergétiques, du savoir et de l'éducation, contre la majorité de la population et dans l'intérêt d'une caste oligarchique qui les utilise en se moquant d'eux. Le malthusianisme est un crime, dont on ne voit pas bien pourquoi il deviendrait un bienfait à partir du moment où l'on aborde les rives aveuglantes et enivrantes de l'écologie.
Cette manière obscurantiste et irrationaliste d'aborder un problème crucial (le nucléaire après le climat) aboutit à des erreurs d'interprétation et à un climat (désolé) d'hystérie assez consternant. Car non seulement on ne se demande jamais si l'erreur humaine incriminée découlant du problème naturel non humain n'est pas un usage critiquable du nucléaire ou le peu de moyens accordés à la recherche nucléaire (dans un monde oligarchisant qui freine la recherche pour mieux établir ses distinctions soi-disant essentielles), mais encore on en vient à inverser la cause et la conséquence dans le raisonnement, soit à réfuter le déroulement du réel nommé changement.
Cause : le terrible tremblement de terre agrémenté d'un sévère tsunami. Conséquence : la catastrophe nucléaire (sans doute exagérée par nos médias au service du pouvoir financier). Cette inversion illogique est une insulte caractérisée à la mémoire des nombreuses victimes, mais peu importe quand on s'exprime de manière fanatique, avec le sentiment moralisateur et superficiel de se trouver du côté du Bien. Il est tout à fait prévisible que cette inversion illogique intervienne dans un climat d'obscurantisme et d'irrationalisme où toute méthode scientifique se trouve bafouée au nom de pulsions incohérentes, soi-disant désintéressées.
Nietzsche d'un tout autre point de vue dénonce l'inversion de la cause et de la conséquence pour fustiger l'idéalisme platonicien dans la philosophie occidentale ultérieure (et dans l'expression plébéienne et religieuse du christianisme). Nietzsche avec les idées qu'il défend condamnerait l'obscurantisme scientifique et rationnel, qui ne peut émaner que de points de vue moutonniers et plébéiens (selon le propre langage de Nietzsche, un rien préfasciste je trouve, lui dirait aristocratique dans un sens esthétique). Nietzsche défend un irrationalisme théorique, qu'il situe dans le canevas opéré par Aristote, selon lequel l'être est rationnel - quand le non-être ne l'est pas. L'attitude antiscientifique et irrationnelle au sein de l'être, à propos de la question du nucléaire, se trouverait violemment combattue par des nihilistes conséquents.
Ce raisonnement antiscientifique est intéressant en ce qu'on cherche quoi qu'il arrive à incriminer l'homme mauvais contre la nature bonne. Il aurait sans doute été impeccable pour un casting écolo-malthusien que ce soit une catastrophe nucléaire (purement humaine) qui ait provoqué une catastrophe naturelle. Comme c'est l'inverse qui est vrai, on opère une diversion en faisant du nucléaire le problème, alors que c'est précisément l'inverse qui est vrai : l'absence de recherche nucléaire combinée avec l'inégalitarisme oligarchique a accru cette crise naturelle et ses conséquences nucléaires.
Cette soif d'inverser le cours du temps et de produire des raisonnements aussi illogiques qu'antiscientifiques (obscurantistes) s'explique par la doctrine nihiliste qui cherche à opérer une immuabilité du réel, opposé en deux forces antagonistes stables : l'être et le non-être (avec des variantes internes). Cet immobilisme fondamental implique non seulement l'obscurantisme et l'arrêt de la recherche, mais aussi que l'on en revienne à un état naturel aussi artificiel qu'infondé (peu importe en l'occurrence que la Nature pure corresponde surtout à certains fantasmes humains, qui plus est oligarchiques). La question du nucléaire indique le positionnement véritable sur l'échelle de l'impérialisme.
Ainsi de ces pseudo-écolos de gauche qui sont viscéralement antinucléaires et favorables au réchauffement climatique de nature anthropique alors que les positions qu'ils défendent sont impérialistes, ultralibérales et subventionnées par les cercles financiers de l'Empire britannique (le point le plus savoureux). Bien entendu, il convient de séparer le nucléaire dogmatique (le nucléaire est la meilleure énergie inconditionnelle et éternelle) du principe du nucléaire (principe scientifique consistant à perfectionner la meilleure énergie actuelle) et de relier ce principe scientifique avec la démarche fondamentale scientifique qui consiste sans cesse à promouvoir la recherche et à réfuter l'ignorance, voire la bêtise (le fanatisme est réputé toujours bête).
L'inversion du cours du temps est significative d'une mentalité nihiliste qui implique que l'on réduise le réel aux strates du désir humain. Selon l'expression du désir humain, le nucléaire est inutile, puisque le désir dispose du pouvoir de faire advenir les choses telles qu'il les entend. Mais surtout, la recherche scientifique devient inutile puisque le désir est complet (selon la terminologie de ce faussement rationaliste de Spinoza). Cette complétude toute-puissante du désir indique que le nihilisme contemporain est majoritairement exprimé par l'immanentisme, qui constitue une radicalisation du nihilisme d'un Aristote durant l'Antiquité.
Surtout qu'il s'agit d'une réduction ontologique typique dans laquelle le réel de texture infinie est réduit au réel selon l'expression finie et homogène du désir. C'est selon cette conception dévoyée et terriblement ratiocinante que s'expriment tous les défenseurs de l'antinucléaire et des énergies dites alternatives et durables. Car rien n'est moins durable et alternatif que l'expression de l'immanentisme, soit de la complétude du désir. De même que le désir ne saurait être complet sous quelque rapport que ce soit, de même les énergies durables ne sauraient être durables, tout comme les énergies alternatives ne sauraient comporter aucune alternative viable.
Ce jeudi 17 mars au matin, j'ai subi la chronique pontifiante d'une certaine coco bobo écolo nommée Clémentine Autain. Notre Autain se croit de gauche dans la mesure où elle défend des valeurs écologistes. Peu lui importe que ces valeurs soient utopiques (vivent les énergies durables ou alternatives), il s'agit d'être progressiste et d'appeler à la fin du nucléaire. Le moment le plus intéressant de son discours idéologico-utopique intervient quand notre politicienne avance de manière mensongère et sans argument qu'il existerait des alternatives viables au nucléaire comme les éoliennes. Ayant démontré à sa manière irrationaliste et dogmatique son point de vue antinucléaire, Autain en appelle sans guère d'intelligence à l'avènement de comportements différents et enfin écologiques. C'est ce genre de personnels politiques qui incarnent, non pas la relève, mais l'effondrement du niveau intellectuel et culturel de l'ensemble de la société occidentale (singulièrement française). Ce n'est pas qu'Autain manque d'intelligence. C'est pire : elle utilise son intelligence symptomatique (de la répétition, peu de création) pour défendre des points de vue manifestement imbéciles et impossibles (donc nihilistes), étant entendu qu'elle dispose de savoirs (assez) étendus censés remplacer un jugement déficient. Il est patent que ce type de positionnement écolo-gauchiste ne saurait en aucun cas proposer quoi que ce soit de progressiste et de viable - et que ce gauchisme sociétal et bobo est l'allié aussi utile qu'idiot de l'ultralibéralisme de gauche, incarné par un DSK, qui est l'actuel directeur du FMI et qui pourrait devenir le candidat du Parti socialiste à la prochaine présidentielle. Le pire pour Autain et ses acolytes écolos-bobos-cocos, c'est qu'un ultralibéral comme DSK, qui veut bien promettre à condition qu'il ne réalise aucune démagogie de nature antilibérale, saura trouver une conciliation pour que l'utopie antinucléaire soit compatible avec l'idéologie libérale - et le niveau de consommation effectif et non négociable des Français, calqué sur le modèle non seulement occidental, mais désormais mondial.

P.S. : la Chine envisage de lancer sur le site de Rongcheng un site nucléaire de quatrième génération. C'est la meilleure réponse que l'on puisse apporter à la catastrophe nucléaire japonaise et aux limites du nucléaire de troisième génération employé dans ce pays : au lieu de prôner le recul, voire l'immobilisme, choisir la dynamique du progrès, de l'avenir et de l'évolution.

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