mardi 1 mars 2011

Le complot du complotisme (suite)

Extrait d'un article du Monde en date du 27 février 2011 :
"Confronté à une contestation grandissante dans la rue, le président yéménite Ali AbdallahSaleh, a évoqué un "complot" contre l'unité de son pays et juré de défendre le "régime républicain" dans un discours devant les commandants de l'armée et des forces de sécurité, rapportent dimanche 27 février les médias de Sanaa.
Et voici la citation exacte :
"Notre nation passe depuis quatre ans par des difficultés énormes (...) et nous essayons d'y faire face par des moyens démocratiques et par le dialogue avec tous les leaders politiques, mais en vain", a déclaré le président samedi 26 février dans la soirée devant les chefs des forces armées et des unités de sécurité. "Il y a un complot contre l'unité et l'intégrité territoriale de la république yéménite et nous, au sein des forces armées, nous avons prêté serment de préserver le régime républicain, l'unité et l'intégrité territoriale du Yémen jusqu'à la dernière goutte de notre sang", a-t-il ajouté.
Nul besoin de savoir qui complote exactement dans cette région, même si on se doute que l'influence, voire l'ingérence de l'Arabie saoudite et des conglomérats de l'Empire britannique ne sont pas loin derrière cette accusation (où l'antiaméricanisme fleure bon l'hypocrisie ou le simplisme). Ce qui m'apparaît plus intéressant, c'est qu'un chef d'Etat qui ne passe pas pour un dérangé du ciboulot comme l'inénarrable Kadhafi en Libye, confronté à des émeutes, reconnaisse publiquement que les complots d'Etat existent.
Certes, on le savait, mais la grille de lecture que propose le complotisme est vraiment perverse, voire dégueulasse, c'est-à-dire interdisant toute possibilité de dénoncer l'effectivité nuisible des complots d'Etat. Le complotisme est un label agissant comme un puissant censeur (qui à l'examen se révélerait pourtant défectueux). L'Occidental a beau savoir que les complots d'Etat sont monnaie courante dans l'histoire, il marche quand même dans la combine, victime sans doute de la peur de passer pour complotiste, soit du mimétisme le plus consternant. Ce serait au nom de l'esprit critique que l'on serait le moins critique et le plus mimétique?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très bon argument.
"Vous faites donc du complotisme vous aussi!" pourrait-on rétorquer à ceux qui braillent et hurlent que l'extrême droite s'attaquerait sournoisement aux jeunes pour développer en eux des idées complotistes et leur faire croire que le fonctionnement du monde serait discernable (alors que nos élites n'y arrivent même pas^^)!

Ceux qui argumentent contre le complotismes ne font que critiquer la forme du discours, jamais le fond. La faille est là.
Et, effectivement, ils ont la mémoire courte pour ce qui est de la propagande d'état à travers l'histoire.

Toutefois, je pense que ceux , parmi nous, qui ont des prédispositions naturelles pour voir la vérité en face ont déjà les yeux ouverts. Les autres sont irrécupérables et seront prêts à nier la réalité de toutes leurs forces, avec toute la démence et la mauvaise foi imaginable. Moi j'ai renoncé à discuter avec eux. C'est peine perdue.