mardi 9 février 2010

La théorie du complotisme

«La justice des hommes est toujours une forme de pouvoir.»
Chamfort.

Entre le refus du complot comme structure sociale courante et le complotisme exacerbé comme explication réductrice des phénomènes, il doit y avoir un entre-deux plus raisonnable. Simple : les complots existent en grand nombre, en particulier dans les aléas du pouvoir. On accepterait à la rigueur l'existence des complots à condition qu'ils soient marginaux et qu'ils ne conditionnent pas le pouvoir. Pourquoi? Les complots existent. La théorie du complot est fausse. Ne pas plus suivre la théorie du complot que la théorie du complotisme. Taguieff ne vaut pas mieux que l'illuminé de la foire complotiste. Le refus du complot travesti en complotisme étriqué tout comme le complotisme simpliste et translucide, le complotisme tout-explicatif, sont deux phénomènes complémentaires qui révèlent le manque abyssal d'une époque qui a assassiné Dieu. Tout expliquer par le complot, c'est reconnaître qu'on ne peut tout expliquer par l'homme. L'explication globale par le complot est insuffisante - délirante. Refuser la critique des complots sous le prétexte de la critique exacerbée du complotisme, c'est verser dans l'irrationalisme. Dans les deux cas, l'irrationalisme est paranoïaque; la paranoïa est irrationnelle (sous ses atours hyperrationnels). Si l'on en arrive à ces dérives d'hyperrationalisme irrationnel, c'est que l'on a versé dans le délire du désir - dans le mode explicatif de l'Hyperréel, selon lequel le désir humain est complet. La partie est devenue le tout. Comme le désir ne remplace pas le réel - prendre ses désirs pour des réalités -, il en vient à produire des refus du réel qui sombrent explicitement dans l'irrationalisme - implicitement dans des délires interprétatifs du réel qui sont des désirs de toute-puissance emplis de puérilité et de déni (refus d'accepter que la toute-puissance est l'ennemi du désir).

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