samedi 12 avril 2008

Babylone

"We refuse to be, what you wanted us to be
We are what we are
That's the way is goin' to be (if you don't know)
You can't educate I, for no equal opportunity
Talking 'bout my freedom, people freedom and liberty
Yeah, we've been trodding on the winepress
Much too long rebel, rebel
Cos we've been trodding on the winepress
Much too long rebel, rebel
Babylon system is the vampire, yeah
Sucking blood children day by day, yeah
Me say the Babylon system is the vampire (vampire)
Sucking the blood of the sufferers, yeah
Building church and university, oh yeah
Deceiving the people continually, yeah
Me say them graduating thieves and murderers, look out now
They're sucking the blood of the sufferers, yeah (sufferers)
Tell the children the truth, tell the children the truth
Tell the children the truth right now
Come on and tell the children the truth, tell the children the truth
Tell the children the truth
Come on and tell the children the truth, lord."
Bob Marley, Babylon System.

L'histoire bégaie. On connaît la propension des Empires et des conquérants pour se fourvoyer à un moment ou un autre, après une phase de victoires et de prestiges semblant sans fin, dans la bataille de trop ou le projet superfétatoire. Alexandre mourut ainsi à Babylone; Napoléon échoua en Russie; de même pour Hitler et les nazis. A chacun sa Bérézina. J'aimerais cependant revenir à Alexandre. Il est extraordinaire que ce symbole éclatant de la conquête et de la civilisation soit disparu, après beuveries et triomphes démesurés (sans doute), dans la capitale de Babylone.
Babylone n'est pas n'importe quelle cité. Babylone est le symbole de l'opulence et de la démesure. Babylone a une signification fort précise dans la Bible. Qu'Alexandre le Grand se soit éteint à Babylone est lourd de sens et de symbole. A l'heure actuelle, les États-Unis et l'Occident, qui s'étaient toujours comportés de manière impérialiste et colonialiste, ont aboli au nom de la démocratie et de la liberté l'impérialisme et le colonialisme. On mesure l'hypocrisie. Justement, la grande hypocrisie de l'impérialisme durant l'histoire est de se justifier au nom de grandes valeurs. En particulier, l'impérialisme se justifie par l'apport de la civilisation et de la culture.
Alexandre ou Napoléon sont jugés par l'Histoire de manière plus ou moins ambivalente, mais à chaque fois que l'on cherche à louer leurs apports, on ne le fait certes pas du fait de leur violence ou de leur démesure. On loue leur sens de la politique, de la stratégie, mais surtout le fait qu'ils ont contribué à l'essor de la mondialisation et ont été des bâtisseurs. C'est particulièrement le cas pour Alexandre. Je crois surtout que ces individus d'exception étaient de grands conquérants et que cette étiquette est bien plus ambivalente que ce que les historiens impartiaux et objectifs veulent nous faire croire. En effet, plus on se prétend impartial et objectif, plus on se montre réducteur et peu pertinent (manque de profondeur).
Alors pour mieux comprendre le symbole de Babylone, voici un extrait de l'article que Wikipédia consacre à Babylone : "Babylone représente symboliquement, dans le livre de l'Apocalypse, la société occidentale mercantile, décadente, déshumanisée et pervertie, le système répressif, toute forme d'autorité oppressive (police, armée, pouvoir financier, pouvoir politique, etc.). Néanmoins, la Bible, qui en fera le symbole de la corruption et de la décadence, nous en transmettra le souvenir et le prestige qui survécurent à sa chute."
On notera de nos jours que les descendants d'esclaves africains, qui ont fondé notamment le reggae et le rap, ont repris à leur compte le symbole et le mythe de Babylone pour stigmatiser l'Occident. Je trouve cette correspondance d'une grande profondeur. Car les atlantistes et les occidentalistes qui croient dominer le monde n'ont rien trouvé de mieux pour imposer leur puissance et leur hégémonie que de lancer une nouvelle guerre contre Babylone. Ne l'oublions pas, Babylone est une cité proche de Bagdad.
Saddam Hussein se réclamait de Nabuchodonosor. Je ne sais si cette filiation est la meilleure, mais je suis frappé de constater que le destin qui attend les Américains et leurs alliés dans cette région est le même que celui qui n'a manqué de frapper Alexandre, mort des suites de la fièvre et de la boisson à Babylone. Napoléon s'est effondré au faîte de sa gloire, car ses forces n'étaient pas en mesure de triompher du gigantisme russe. Hitler connut le même destin que Napoléon, mais il est presque impossible aujourd'hui d'aborder l'ère des nazis sans sombrer dans le passionnel et l'hystérie.
On peut pourtant prétendre porter un regard critique sur les nazis et leur folie va-t-en guerre sans être sympathisant avec une idéologie démente et homicide. Toujours est-il que les Américains et la coalition occidentaliste qui a décidé de s'emparer de l'Irak s'effondrera en terre de Babylone, des suites de son incapacité à maîtriser des régions qui la dépassent de loin. La force et la faiblesse : c'est ainsi que l'on pourrait caractériser l'apologie de Babylone. Le plus fort est le plus faible : cas d'Alexandre, mais aussi cas d'un certain Goliath.
Aujourd'hui, il semblerait que les prophéties bibliques connaissent un spectaculaire renversement et que ce ne soit plus le peuple des Hébreux qui soit la victime de l'esclavage et de la guerre. Au contraire, ce sont les Israéliens modernes et contemporains qui appartiennent à la coalition occidentaliste et qui sont du côté de Babylone.
Les Hébreux babyloniens, cherchez l'erreur... La guerre d'Irak aboutira aux mêmes conséquences que toutes les guerres entreprises par les conquérants. Après une période de faste et de victoires tous azimuts, les grands conquérants s'effondrent et finissent par trahir ce que leur suprématie militaire et belliciste avait fini par faire perdre de vue : qu'ils sont de toute manière très faibles et très démunis. Les Américains d'aujourd'hui ont sans doute estimé qu'ils bénéficiaient de technologies qui les plaçaient très au-dessus de tous les moyens précédents et ils ont sans doute pensé échapper au terrible destin des anciens conquérants, mais ils s'effondreront - eux aussi.
Et cet effondrement, désormais, pour l'observateur, nous savons qu'il est intervenu en terre d'Irak, soit en terre de Babylone. L'empire occidental s'est effondré en terre de Babylone. Plus tard, les historiens étonnés ne pourront certainement pas caractériser cet Empire par l'émergence de figures charismatiques. Car un W. n'est qu'un personnage falot et un pantin désarticulé. Les historiens se tourneront vers des présentations du style : l'Empire de la technologie ou l'Ere de la technique pour caractériser l'Occident moderne, et ils étudieront ce prodige consistant à porter au pouvoir des incapables et des lâches dans la mesure où le progrès technologiques tend à déshumaniser les hommes et à faire disparaître les grands hommes.
Le plus frappant n'est pas seulement, dans ce rapprochement entre Babylone et l'Irak, l'annonce de l'effondrement prochain de l'Empire fédéré autour de la puissance hégémonique des États-Unis. Le 911 et la campagne d'Irak ont montré finalement que les États-Unis n'étaient pas cette hydre monstrueuse agissant par pure cruauté et vénalité personnelles. Au contraire, les premières victimes de ces décisions prises officiellement en pleine conscience par des dirigeants élus démocratiquement des États-Unis, ce sont le peuple américain et les institutions américaines.
Comme par hasard, cette constatation surprenante que la tête de pouvoir était finalement un leurre et un trompe-l'oeil s'accompagne d'une découverte connexe : le mythe de Babylone suppose le renversement sidérant, puisque désormais, les Israéliens sont du côté des occidentalistes et des atlantistes. A l'opposé du message biblique, les nouveaux opprimés et déshérités sont les Irakiens et tous les peuples qui subissent les conséquences de la guerre et de la domination occidentalistes (on peut notamment citer les peuples d'Afghanistan, victimes de la guerre la plus injuste, puisque la culpabilité de ben Laden dans le 911 est un leurre tragicomique).
Loin d'avoir tiré bénéfice du message biblique, dont leur histoire est pourtant issue, les Israéliens ont lancé des guerres suicidaires contre leurs voisins et contre le peuple palestinien. Si bien qu'aujourd'hui, les Hébreux ne sont nullement les Israéliens mais les Palestiniens. C'est absolument incroyable, mais ce renversement prodigieux pour qui comprend que l'histoire n'est pas qu'un ensemble de faits. C'est surtout le signe indubitable que les Israéliens se sont fourvoyés dans le syndrome du bourreau : on constater malheureusement que la plupart des bourreaux ne font que reprendre les sévices qu'ils ont endurés.
Les Israéliens d'aujourd'hui sont les descendants des opprimés d'hier et ils font payer aux peuples limitrophes une violence incroyable dans la mesure où l'on serait en droit d'attendre du peuple issu de l'Holocauste et de la Shoah la plus grande compréhension et la plus grande sagesse. Mais c'est faux : de la même manière qu'on ne demande pas à une victime de la pédophilie de devenir le héraut de la lutte contre la pédophilie, on n'attend pas d'un opprimé qu'il soit l'analyste de l'oppression. Tout juste peut-on se féliciter quand les victimes ne deviennent pas les bourreaux.
La tragédie qui s'acharne sur le peuple juif est la suivante : incapable d'affronter son destin d'oppression, les Israéliens d'aujourd'hui ont réalisé leur puissance en se montrant les plus aveugles et acharnés dans l'oppression qu'ils ont jadis tant subie. Ils ont fait subir aux Palestiniens ce que d'autres peuples, souvent chrétiens, leur avaient fait subir. Qui sait si dans ce jeu de dupes où les persécutés se commuent en persécuteurs, ce ne sont pas les Palestiniens de demain qui deviendront des bourreaux suite à leur martyr actuel indiscutable?
Ce serait invraisemblable et pourtant l'histoire actuelle des Israéliens montrent que l'incroyable advient et que le paradoxal est marqué du sceau de la profondeur. J'allais ajouter : de la prophétie. Il me reste à noter sur ce chapitre que la désignation des Israéliens mérite nuances et distinctions, puisque ce qui a été noté au sujet des Américains vaut autant pour les Israéliens : ce sont à chaque fois des groupuscules internes qui piratent les institutions israéliennes et qui font du peuple israélien (je n'ai pas dit des Juifs!!!) la première victime de leurs agissements.
Rappelez-vous de Leibowitz et de ce que ce prophète disait au sujet des Judéo-nazis, terme extrêmement fort s'il en est. C'est malheureusement la vérité, aussi hideuse soit-elle, car les Israéliens n'ont pas construit Israël pour seulement se prémunir des persécutions antisémites (terme absolument absurde d'ailleurs, mais c'est un autre débat). Les Israéliens, pour la grande honte d'esprits lucides et valeureux comme le sioniste critique et modéré Leibowitz, ont trahi la cause de la création d'Israël et en ont fait un État comme un autre, pis, un État qui pratique des méthodes violentes, destructrices et inacceptables.
Ce n'est pas tout. Il faut poursuivre : Israël s'effondrera comme l'Empire d'Occident auquel il est adossé, comme les États-Unis dont les mauvaises langues prétendent qu'il est le cinquante-et-unième État. Peut-être le lien entre Israël et les États-Unis est-il la clé de tout ce qui se produit à l'heure actuelle. Peut-être la trahison d'Israël à son histoire de persécutions est-il la clé qui permet de comprendre la chute de l'Empire occidental et d'une domination sur le monde millénaire.
Il est vrai que le terme de monde ne veut pas dire grand chose et ne cesse de varier au fil de la progression de la mondialisation. J'en viens à la seule critique que l'on pourrait adresser au peuple israélien : d'avoir laissé faire, quels que que soient par ailleurs les mouvements et les protestations au sein de la population civile d'Israël sur la politique suivie par les dirigeants actuels depuis l'assassinat d'Yitzhak Rabin. D'ailleurs, on pourrait adresser ce même reproche véhément à tous les peuples d'Occident, en premier lieu au peuple américain. Et ce reproche est certainement la critique la plus pertinente à adresser à la démocratie : de faire des citoyens des moutons individualistes et nombrilistes qui se préoccupent davantage d'un match de foot ou de la culotte d'une star que du sort autrement plus crucial de l'humanité et de ses peuples respectifs.
C'est la limite de la démocratie que de créer des citoyens sans esprit critique dans la mesure où la pérennité de la démocratie suppose des citoyens critiques et vigilants (selon la belle définition donnée par Aristote).
Mais le destin conjoint et lié de l'Occident et d'Israël, des États-Unis et d'Israël, qui explique que la question palestinienne concerne tout le monde, et n'est certainement pas une question islamiste ou islamique, n'est au fond que le signe que Babylone est un symbole. Babylone désigne ainsi, on l'a vu, la corruption du peuple opulent et dominant. Il se trouve qu'à l'heure actuelle, la domination est assurée par l'Empire d'Occident, dirigé par les États-Unis, et que l'État si particulier d'Israël est au centre de ce renversement qui fait des descendants autoproclamés des Hébreux des Babyloniens en puissance.
Reportons-nous de nouveau à l'article que Wikipédia consacre au symbole de Babylone, notamment pour les religions monothéistes (j'ai légèrement changé la présentation, mais pas le texte cité) : "Babylone représente symboliquement, pour les rastafaris, la société occidentale mercantile, décadente, déshumanisée et pervertie, le système répressif, toute forme d'autorité oppressive (police, armée, Église catholique, pouvoir financier, pouvoir politique, etc.). Néanmoins, la Bible, qui en fera le symbole de la corruption et de décadence, nous en transmettra le souvenir et le prestige qui survécurent à sa chute. Ce mot cristallise deux Babylone de la Bible, l'empire qui est la tête en or du Livre de Daniel et la grande prostituée de l'Apocalypse.
- La première, l'empire, montre la puissance du monde sur les hommes. Les empires de Daniel sont les empires qui ont dominé le monde chacun à leur période, régnant à chaque fois sur Israël. Les rastafaris voient dans le monde occidental une continuation directe de ce pouvoir, car pour eux il impose ses valeurs et son système de gouvernement par la force sur toutes les populations.
[Je fais une première parenthèse pour noter que dans cette acception, une interprétation surprenante qui pourrait être donnée serait que le règne actuel sur Israël est opéré par les dirigeants démocrates d'Israël et que ce règne démocratique signifie cependant son détournement. Dans cette compréhension, à chaque fois que Babylone règne sur Israël, Israël est asservi. Faudrait-il considérer que le piratage de l'Occident par des groupuscules occidentaux et occidentalistes s'exprime aussi par le piratage du symbole d'Israël par des groupuscules sionistes et/ou israéliens qui asservissent Israël? Mais cette critique impliquerait alors qu'Israël serait détourné à son point maximal de détournement puisque les Babyloniens d'aujourd'hui se proclameraient Israéliens et/ou sionistes! Pourtant, ce paradoxe insoutenable n'en est plus un si l'on s'avise de l'existence des fameux chrétiens sionistes. Je crois que l'histoire considérera que le coeur de l'Israël moderne correspondait au coeur de Babylone. Le fait de représenter Israël comme le coeur de Babylone est le plus prodigieux renversement biblique auquel on puisse assister, mais, après tout, les Israéliens n'en sont pas à une surprise près : ce sont les dignitaires du Sanhédrin qui ont grandement contribué à la crucifixion de Jésus et je crains fort que cette trahison soit constitutive dans l'histoire des Hébreux d'une ambivalence fondamentale. Peuple sans cesse en proie à l'oppression, il est de ce fait le peuple par excellence sujet à la trahison. Après avoir crucifié Jésus, les Israéliens ont-ils trahi Israël jusqu'à se commuer en contemporains avatars de Babylone? En tout cas, cette grave question n'implique nullement que les Israéliens, encore moins les Juifs, de quelques communautés qu'ils proviennent, soient considérés comme peuple déicide ou autres billevesées empreintes de lynchage et de violence. Sinon, cela reviendrait à prétendre que la vérité ne peut se dire sous prétexte qu'elle contient des éléments dérangeants. C'est stupide et absurde. Par contre, on peut considérer que les Israéliens d'aujourd'hui sont plus proches du camp de Babylone que les Irakiens et que le peuple israélien, dont l'unité ne va pas toujours de soi à l'intérieur d'Israël, ne comprend pas les enjeux d'une telle trahison.]
- La deuxième représente le mysticisme. C'est d'elle que proviennent les "mythes" par lesquelles les peuples sont trompés et suivent les rois. Il est écrit (Apocalypse 17:8, Louis Segond) : "Sur son front était écrit un nom, un mystère : Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre". Le lien avec la ville semble aussi inscrit dans le texte (Apocalypse 17:18) : "Et la femme que tu as vue, c’est la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre". En opposition donc avec Sion ou Zion, qui est Jérusalem ou la Jérusalem céleste. C'est la suite du combat entre Abel le nomade, et Caïn le sédentaire qui construit des villes pour se mettre à l'abri de la nature qui lui est hostile depuis qu'il a tué son frère. On comprend donc pourquoi Babylone est la stigmatisation de l'ennemi pour les rastafaris. C'est le symbole du nouveau milieu que l'homme se construit pour se protéger de la nature, hostile depuis le meurtre d'Abel. Ce nouveau milieu est une tentative de l'homme d'échapper à Dieu, mais devient le moyen de la puissance que l'homme exerce sur l'homme, une nouvelle forme d'oppression."
On le voit, cet article est remarquable : il annonce non seulement la chute d'Israël et de l'Occident, mais la dégénérescence nécessaire et inévitable de toute puissance humaine, comme si la puissance finie était contrainte par l'histoire de dévoiler sa faiblesse constitutive. Babylone est alors le symbole de la décadence qui touche immanquablement toute culture dominatrice. Le faîte de la domination coïncide ainsi avec le début du déclin. Ce qui arrive à l'Occident n'est cependant pas un déclin culturel classique (culture au sens large puisque l'Occident constitue plus une civilisation qu'une culture).
Tout d'abord, la propagande occidentale était censée apporter la paix et le bonheur. On en mesure d'ores et déjà les résultats, puisque jamais l'humanité ne s'est trouvée aussi proche de sa ruine et de son anéantissement que depuis que l'occidentalisme a décidé du bonheur de tous. Idem pour Israël, qui avait toutes les cartes en main pour corriger les erreurs de sa création et empêcher sa disparition. Au lieu de quoi sa furie colonisatrice et impérialiste le condamne à la vindicte populaire des peuples voisins et à la vengeance éternelle.
L'Occident jusqu'à présent a subi des hauts et des bas, mais il a toujours réussi à sauver sa cohésion et sa cohérence. Mieux, il n'a cessé de croître en force et en puissance, grâce principalement à son exceptionnelle suprématie technologique, qui est unique dans l'histoire humaine. Si bien que les déclins n'étaient jamais que des déclins à l'intérieur de l'Occident, des déclins qui affectaient l'hégémonie et la direction de l'Occident, mais jamais l'Occident en tant que tel. Ainsi pourrait-on exprimer que les Grecs ont dominé l'Occident, puis les Romains, puis les catholiques, et bien d'autres. Aujourd'hui, l'on pourrait noter que les Empires anglais et français ont laissé la place à la domination américaine en tant que direction de l'Occident.
Mais ce schématisme suppose que l'Occident perdure quelles que soient ses structures de domination. L'effondrement prévisible des États-Unis avec le 911 ne signerait absolument pas l'anéantissement de l'Occident. Selon ce schéma, ce serait au tour d'une autre puissance de prendre la place de la direction. Par exemple, l'Union européenne. Ce choix exemplaire ne résulte pas du hasard, mais du projet que l'oligarchie financière nourrit depuis la City et qui tend à trouver un substitut aux États-Unis à l'agonie.
Cette fois, cependant, le 911 est systémique en ce qu'il ne touche pas l'Occident de l'intérieur. Autrement dit, ce ne sont pas les États-Unis qui sont appelés à s'effondrer pour laisser la place aux Européens, dans une histoire de plats réchauffés, où ce sont les parents qui succèdent aux enfants. C'est l'Occident qui menace de s'effondrer. Le 911 n'annonce pas le turn-over dans la direction ou l'hégémonie de l'Occident. Le 911 marque l'avènement de la fin de l'Occident. Le 911 est un événement bien plus important qu'une simple passation de pouvoir au sein de l'Occident. J'irai encore plus loin : si seulement le 911 annonçait que la civilisation corrompue et mensongère, celle qui en est venue à croire au choc des civilisations pour légitimer son impérialisme, allait céder le pas à des groupes mieux intentionnés et bénéfiques pour l'humanité. Ce n'est nullement le cas. Le 911 annonce avec la chute de l'Occident le plus grand péril auquel est confronté l'humanité mondialisée.
Il est capital d'intégrer la mondialisation dans l'effondrement de l'Occident. De ce fait, le groupe qui domine l'humanité entraîne tout le monde dans sa chute. L'humanité est menacée par la chute de l'Occident. Jamais la globalisation n'a mieux porté son nom. Et si l'Occident ne s'en tirera pas, il ne faut pas se montrer trop pessimiste : l'Occident ne survivra pas au 911, l'humanité dans sa configuration actuelle (mondialisation et démocratie) ne survivra pas. Mais l'homme va s'en sortir. Il se rendra pour ce faire dans l'espace. Ce n'est pas que l'Occident soit totalement corrompu et pourri. Ses réalisations les plus admirables et exceptionnelles appartiennent d'ores et déjà au patrimoine de l'humanité.

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