dimanche 13 avril 2008

Amalgame is not a game!

Le 9 avril 2007, lors de son passage à Paris, Jimmy Walter, initiateur du mouvement pour la réouverture de l’enquête sur le 911, grâce à son site http://www.reopen911.org/ et son DVD Confronting the Evidence, a été interviewé par Atmoh pour Reopen911.info :

"Jimmy Walter : - Alfred Korzbyski a dit que ceux qui contrôlent les symboles nous contrôlent. Et les personnes qui contrôlent les journaux en France, Angleterre, Italie, etc... sont les personnes qui nous contrôlent vraiment! Aucun politicien en Amérique ne peut s'opposer à Israël. Parce que le gouvernement israélien... Ariel Sharon l'a dit sur une chaîne nationale, "Nous contrôlons le sénat américain". Il l'a dit!
Atmoh : - Oui, c'est incroyable! Il ne le cache pas, il le dit.
- Ce n'est pas un secret, mais les médias américains font l'impasse dessus. Les médias américains l'ont oublié.
- En France, Nicolas Sarkozy est très proche des patrons de médias, alors c'est vraiment très dangereux.
- Aux USA, Clinton a Ruppert Murdoch. Elle supporte Israël. Beaucoup de Juifs s'opposent à Israël, mais on n'en entend jamais parler. Je ne suis pas anti-juif, je suis anti-MOSSAD. Anti-Sharon, anti-Begin. Ce sont tous des criminels de guerre. "

P. S. : On notera de manière révélatrice que Jimmy Walter, qui s'y connaît en affaires au moins autant qu'en philanthropie, rapproche naturellement les médias sous contrôle de la propagande officielle et d'Israël. Serait-ce que la mansuétude fort intéressée dont jouit Israël dans les médias ne soit pas totalement étrangère aux terribles attentats du 911? En tout cas, Walter, qui est obligé de rappeler qu'il n'est pas antisémite, établit bien la distinction entre certains individus, qui forment le terrorisme israélien et qui appartiennent peu ou prou au sionisme fondamentaliste, et Israël. Cette distinction vaut a fortiori pour la différenciation entre ces individus ou ces groupes/organismes dénoncés (ainsi du MOSSAD, mais qui travaille exactement pour le MOSSAD?) et les Juifs.
En l'occurrence, la généralisation abusive et hallucinatoire servirait la cause de ceux qui ne veulent pas que l'on parle de la responsabilité des sionistes fondamentalistes dans les opérations du 911. Pourtant, accuser des groupes israéliens ou juifs n'est certainement pas être contre les Juifs, les Israéliens ou le sionisme. Leibowitz était sioniste. Il était seulement sage - le plus grand intellectuel israélien de la fin du vingtième siècle chrétien, l'équivalent d'un prophète, au sens biblique du terme. On peut dénoncer certaines variantes du sionisme fondamentaliste et éprouver le plus grand respect pour la culture ou la religion juives (je pourrais mettre ces qualificatifs au pluriel). On peut dénoncer les agissements criminels et dévoyés de certains sionistes fondamentalistes sans mettre tout le monde/tous les Juifs dans le même sac.
Il faudrait des heures pour établir des distinctions au sein des Juifs, au sein des sionistes, au sein des Israéliens qui prémunissent à tout jamais de pulsions antisémites, à chaque fois fondées sur l'amalgame. Qu'il me suffise de rappeler que les critiques les plus productives contre les dérives de chacun de ces entités ou des ces peuples mentionnés proviennent de l'intérieur de ces entités, à l'instar des meilleures critiques de l'impérialisme américain, qui se retrouvent à l'intérieur des rangs américains.
Pour finir, je constate (mais peut-être me trompe-je, comme dirait San Antonio) que Atmoh, comme la majeure partie de ceux qui sont engagés dans le Mouvement pour la Vérité sur le 911, préfère glisser rapidement sur la question épineuse de la responsabilité de certaines factions israéliennes ou sionistes fondamentalistes, par peur sans doute des accusations d'antisémitisme. Malheureusement, l'examen attentif du 911 implique directement ces factions et l'intervention de Walter n'est qu'une parmi tant d'autres qui expliquent pourquoi la responsabilité de ces factions méritent d'être avancées et étudiées. La jeter aux oubliettes, c'est faire de même que la version officielle du 911.
Rappelons-nous : selon la Commission de 2004 et les instances officielles américaines (notamment), le 911 est l'oeuvre de quelques Arabes islamistes appartenant à une obscure et insaisissable nébuleuse terroriste basée en Afghanistan. Les protestations et contestations émanant de tous les citoyens du monde contre cette présentation scandaleuse et ignominieuse des faits ne provient pas de la lutte contre l'islamophobie, réelle et insidieuse dans cette version. Les réactions s'expliquent parce que cette version ne présente que 10% (estimation à la louche) des faits vrais pour parvenir à son explication tortueuse et parcellaire.
C'est au nom des faits que la version officielle fut contestée. Justement. Il serait très dommageable pour la vérité de s'arrêter à 60% (toujours la louche!) de la vérité. J'ai bien peur que c'est à ce stade que s'arrêtent délibérément bien des contestataires de la version officielle du 911. Je m'explique : en incriminant des groupuscules ultranationalistes ou des sectes d'extrême-droite américains par exemple, on arrive à montrer que le 911 était un inside job. Webster Tarpley, dont je respecte beaucoup le travail par ailleurs, a fait une tournée récemment où il accuse Dick Cheney d'être l'homme de paille des intérêts grosso modo du fameux complexe militaro-industriel et de toutes les factions américaines qui tournent autour.
Seul problème, cette version s'arrête à la responsabilité des Américains dans le 911. Selon cette version, ce sont les Américains qui sont responsables du 911. Voilà pourquoi je dis que cette version n'intègre que 60% des faits. Que deviennent ainsi les nombreux faits troublants qui incriminent directement des groupuscules israéliens et/ou sionistes fondamentalistes? Que fait-on des chrétiens sionistes dans cette affaire? Que deviennent Odigo ou les Israéliens dansants de la fourgonnette le jour du 911?
Il n'est pas possible de comprendre le 911 en s'arrêtant ainsi en chemin, en commençant par exiger plus de vérité tout en reculant à mi chemin. Serait-on apeuré par la vérité? Pourtant, qui a eu peur d'incriminer justement les responsabilités pakistanaises et/ou saoudiennes? A-t-on eu peur d'accuser certaines groupes pakistanais ou saoudiens sous prétexte que l'on risquerait de généraliser et d'amalgamer jusqu'au Pakistan et à l'Arabie Saoudite, au peuple pakistanais et au peuple saoudien?
La Rand Corporation n'a pas craint pourtant de produire des analyses dénonçant violemment les implications saoudiennes dans le 911 - cette même Rand Corporation dont certains experts ont imaginé avec un luxe de détails des événements si proches du 911 qu'ils n'ont bien entendu rien à voir avec des événements réels. La Rand Corporation oserait-elle faire de même avec Israël, produire des analyses et des spéculations géostratégiques se bornant à imaginer purement et simplement l'implication de certaines factions israéliennes ou sionistes fondamentalistes dans le 911?
En tout cas, il serait désastreux que la recherche de la vérité qui s'exprime dans le 911 soit ainsi détournée de ses objectifs au nom d'intérêts stratégiques qui desservent en tout état de cause la vérité. Le 911 est un événement systémique. Le comprendre, c'est aller au bout de la vérité. Agir de la sorte, c'est certaienment poser des question plus que dérangeantes, des questions qui touchent au domaine des tabous et des fondements occultés, des postulats que l'on n'interroge jamais assez. Le premier tabou auquel on n'ose approcher, c'est le tabou qui tourne autour du terme antisémitisme.
Il est impossible de prononcer ce mot sans que les cheveux se dressent sur les têtes. Attention, terrain miné! Fort bien. Qui a miné le terrain? Qui veut cacher la vérité? Peut-on avancer sur ce terrain sans être antisémite? Peut-on se moquer avec bon sens des théories fumeuses de BHL et des raisonnements scabreux et désastreux de ces tristes sires de l'antiracisme professionnel sans être antisémite - pour un sou? Peut-on se sentir proche de Leibowitz, qui était Juif croyant et pratiquant et sioniste sage et lucide, sans approuver des options fondamentalistes dont le moindre des paradoxes est qu'elles nuisent en premier lieu aux intérêts qu'elles prétendent défendre?
Nous qui connaissons les techniques rhétoriques liées à l'amalgame, nous ne savons que trop que le recours aux accusations d'antisémitisme ne font que nuire en premier lieu aux intérêts du peuples israélien et des Juifs du monde entier, quelles que soient leurs croyances. C'est défendre le peuple américain que de dénoncer les exactions graves de certains groupuscules américains qui détruisent l'État américain et les institutions américaines. Il ne va de même avec Israël. C'est défendre la pérennité de l'État d'Israël que de dénoncer les dérives des sionismes fondamentalistes qui l'enlaidissent et travaillent à sa disparition sous prétexte de le conforter et de le défendre.
La seule différence dans ce jeu d'amalgames et de distinctions (de nuances), c'est qu'il est encore plus difficile de rétablit l'exercice de distinctions pour la question israélienne : pour ce faire, il faut d'ores et déjà distinguer entre le Juif, l'Israélien et le sioniste. Et il faut encore poursuivre les distinctions à l'intérieur de chacun de ces groupes. On comprend pourquoi le terrain est miné et pourquoi les contestataires de la version officielle du 911 préfèrent ne pas aborder un problème aussi périlleux, un problème qui risque de les discréditer. Ils ont tort : la vérité ne discrédite jamais. Du moins à terme. Il suffit d'attendre pour - comprendre.

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