Si tu évacues Dieu, l'eau de ton seau va déborder.
Mon frère (qui connais la musique) m'envoie un article signé par deux sociologues contestataires et réputés sérieux.
http://www.voltairenet.org/article165337.html
Soit dit en passant, moi qui trouve que le site d'information Réseau Voltaire propose trop souvent une déformation de l'impérialisme ramené à l'antiaméricanisme, alors que le vrai impérialisme est monétariste, antiétatique et britannique (impérialisme en aucun cas des peuples britanniques), il est devenu impossible de trouver des contributions de cette qualité intellectuelle dans les médias dominants. Je ne sais pas si c'est un compliment, car la sociologie, discipline des sciences humaines, aussi intelligente soit-elle, pratique l'art de la réduction ontologique du réel (Dieu ou l'Être) au social.
La critique que l'on pourrait adresser à la sociologie serait : ce n'est pas parce qu'on dénie un problème que le problème cesse d'exister. Ce n'est pas parce qu'on réduit le réel au social que le réel non social n'existe plus. Moralité : si tu évacues Dieu, l'eau de ton seau va déborder. La réduction qui caractérise le point de vue sociologique est intéressante car Paye et Umay sont sociologues. Leur critique (intelligente) de la démarche pseudo-philosophique d'Onfray se trouve frappée du sceau de la réduction.
La critique de Paye et Umay est d'autant plus intéressante que la réduction sociologique critique l'hyperréduction pseudo-philosophique (un brouet/brûlot simpliste donc virulent d'hédonisme aristippien mâtiné de postmodernisme athée). Paye et Umay sont sur un bateau. Qui tombe à l'eau? Réponse (les bonnes réponses étant inattendues) : Onfray. Poursuivons la métaphore : le bateau coule. Rester sur le bateau quand il coule n'est pas la meilleure initiative (ni pour les passagers, ni pour l'observateur, fût-il disciple de Lucrèce).
Demandez aux privilégiés du Titanic. Qu'on tombe du bateau ou qu'on y demeure, en cas de naufrage, la supériorité du sauf sur le sinistré est mince. Dans les deux cas, on présente de fortes chances de figurer sur la liste des noyés (pudiquement baptisés disparus dans une certaine presse) - a fortiori si l'on est pauvres. Que disent en conclusion Paye et Umay? "Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui fait de nous des humains." Cette constatation lucide et tragique n'est-elle pas la gradation d'un processus dans lequel la réduction sociologique prend sa place, toute sa place, quelques degrés en amont?
Il est fort à parier que les sociologues défendent dans la démarche psychanalytique la démarche voisine de la science humaine. Freud attaqué, ce sont les penseurs des sciences humaines qui se défendent. La critique de Paye et Umay est-elle à la fois juste et réductrice?
Juste : Onfray propose non pas la philosophie en lieu et place de la psychanalyse freudienne (encore un amalgame), mais une réduction de la science humaine baptisée injustement philosophie, du condensé de brûlé (qui en cuisine intervient après la condensation, quand la réduction du liquide touche à sa fin ou va trop loin).
Réductrice : nos sociologues perspicaces et pénétrants oublient qu'ils projettent sur Onfray le diagnostic de leur propre réduction. Onfray surréduit - hyperréduit? Eux aussi, seulement quelques degrés quantitativement inférieurs. La projection psychanalytique est biaisée (réductrice) en ce qu'elle en retient du mécanisme de la projection que son aspect linéaire, alors que la projection dans sa dynamique implique que l'on ne voie jamais dans le projeté qu'un miroir réduit (déformé), à condition que le miroir soit la réduction projetée du projetant. Pas d'égalité, de la réduction.
Les sociologues analysent de manière sociologique la démarche psychanalytique : "La spécificité de la psychanalyse, c’est justement de montrer qu’il n’y a d’Homme que parlant et cela au moment où on nous intime de nous taire et de nous abandonner." Le terme central est l'Homme, dont on notera qu'il est écrit avec une majuscule symbolique. On ne remplace pas par une majuscule la dépréciation effective. Les sociologues identifient (justement) la réduction que l'hédonisme opère par rapport à la parole. On passe de la parole libératrice à la parole toute-puissante, soit au déni de parole. Le silence indique que le rationnel du logos est inférieur au silence de l'irrationnel, incarné par la fin du plaisir.
Le plaisir ne se dit guère par le logos. L'impérialisme est contenu dans l'hédonisme, ce qu'Aristippe énonçait déjà quand il expliquait que le plaisir est réservé exclusivement au sage. Le sage devient par le fait le plus fort, modèle du sophiste qui quand il a fini de déballer sa science court vers les courtisanes (pour rester poli et s'il a les moyens du lucre autant que du luxe). Ce que Paye et Umay ne voient pas, c'est que leur critique saucissonne. Le saucissonnage les sert en ce qu'il occulte le processus dont ils sont des parties (seulement antérieures historiquement et inférieures qualitativement). Elle isole le moment Onfray sans l'intégrer dans son processus d'ensemble. Et pour cause : les sociologues font partie du processus en question (l'immanentisme). S'ils sont moins réducteurs, ils n'en sont pas moins réducteurs.
Sans doute Onfray est-il le symptôme avarié, infect d'une désintégration de l'homme (ramenée au plaisir indicible et irrationnel); mais si on le contextualise dans le processus de l'immanentisme, il exprime le symptôme de l'immanentisme avarié, qui suit après l'immanentisme terminal. La sociologie et la psychanalyse en tant que sciences sociales se situent quelque part entre l'immanentisme tardif et dégénéré d'un Nietzsche et l'immanentisme terminal des postmodernes (label vide de sens). Onfray constitue l'acmé d'un processus dont les sociologues représentent une étape antérieure appartenant au même processus.
Qu'est-ce que la psychanalyse? Pour parodier nos deux sociologues marginaux et prestigieux, la spécificité de la psychanalyse, c’est de montrer qu’il n’y a de réel que l'Homme (la majuscule donnant des lettres de noblesse occultantes à la réduction). Comme l'ont remarqué avant Paye et Umay de nombreux penseurs venant d'horizons des plus variés (psychanalystes, théologiens, philosophes...), le propre de la psychanalyse dans la thérapie psychologique est d'humaniser radicalement la méthode dialectique héritée de Socrate.
Dans la dialectique platonicienne, le philosophe a pour tache ultime de retrouver les Idées. Avec Freud l'athée, la dialectique réduit à l'objectif thérapeutique (avoué) de retrouver sa vérité (la vérité relative au patient, soit au causeur). La psychanalyse reprend ainsi al méthode de la confession chrétienne, à cette différence près que dans la confession chrétienne, le prêtre est l'intercesseur (l'intermédiaire) entre le confessé et Dieu. Dans la philosophie platonicienne, c'est la raison humaine qui joue le rôle double de prêtre et de Dieu (les Idées étant le plus haut stade divin de la raison). On pourrait dire que l'apport de Freud est d'humaniser radicalement la méthode philosophique grecque (après tout, il emprunte le mythe d'Œdipe à la mythologie grecque).
Si la philosophie tend déjà, malgré les efforts des platoniciens, et en conformité avec les efforts des aristotéliciens, à humaniser sous prétexte de rationaliser la pensée, Freud propose une thérapie dialectique qui réduit la démarche philosophique. Il suffit de lire Freud pour constater que ses soubassements ontologiques sont radicalement réducteurs : son athéisme réfute le processus de la confession ou plutôt humaine ce processus en donnant à la démarche de thérapie religieuse une dimension strictement humaine.
Quand Onfray explique qu'il reproche à Freud de vouloir par la psychanalyse créer une démarche étrangère à la philosophie, alors que la philosophie suffirait à la thérapie, il oublie de préciser que ce reproche n'émane pas de Platon, soit d'un philosophe qui essaye d'intégrer la dialectique rationnelle au giron monothéiste, mais d'un penseur de l'hyperréduction qui réduit l'athéisme de Freud aux bornes encore plus étriquées et inférieures du plaisir.
Si Freud et les penseurs des sciences humaines annoncent l'humanisme réducteur de l'homme intégral, Onfray réduit encore en dissolvant l'homme. Par rapport à un processus religieux, le phénomène de réduction est évident. Du coup, le seul moyen de guérir (au sens thérapeutique) l'homme du symptôme contemporain (la déshumanisation postmoderne incarnée par Onfray) n'est pas d'en revenir au passé de l'immanentisme qui deviendrait sans vilain jeu de mots le passé d'une illusion.
C'est de comprendre qu'on ne peut sortir du processus immanentiste qu'en quittant les symptômes de l'immanentisme, que ce soient les symptômes terminaux comme les symptômes tardifs - l'athéisme hédoniste stupide comme les sciences humaines ou la philosophie issue de Spinoza. Pour refonder les symboles de l'homme, il n'est pas possible d'en revenir à un stade du processus immanentiste, sachant que le propre de l'immanentisme consiste à détruire la culture.
Ce qui fonde la culture, c'est le culte. C'est ainsi. Pas d'homme sans Dieu. Pas de symboles sans Dieu. C'est sans doute dur pour des immanentistes progressistes et cultivés comme Paye et consorts, mais c'est le verdict qui ressort de la confrontation avec le réel. Sans doute serait-il temps d'admettre que quand Paye constate avec lucidité que le symptôme Onfray signifie la mort de l'homme (la fin de l'homme annoncée avec fougue par les postmodernes dont Foucault?),
il opère une duplication hallucinatoire entre le symptôme Onfray (devenu opportunément étranger au processus) et le processus immannetiste (dont Paye fait partie). Paye critique en Onfray un symptôme postérieur d'un processus identique.
Raison pour laquelle il se montre tant interloqué. Et pour ne pas finir comme Onfray, le rebelle des bobos normands, qui s'afficha d'autant plus ennemi méfiant des médias qu'il se trouve surmédiatisé, notamment par les réseaux de son influent éditeur parisianiste Enthoven Sr., nous allons proposer une solution. Si Onfray n'a rien à proposer suite à sa critique destructrice de l'idole Freud, c'est que son idole le néant (qu'il appelle le plaisir) a tout néantisé dans sa démarche pseudo-philosophique. Onfray participe du dispositif médiatique de diversion qui répand le message de l'Hyperréel tandis que le réel menace de s'effondrer et promet de changer.
De la même manière qu'il est temps politiquement de sortir du monétarisme, il est temps de comprendre que le monétarisme est le symptôme économique du nihilisme moderne, l'immanentisme, dont la fin dépend de la résurgence de la nouvelle forme de religieux. Le nihilisme se contentant de négativité (croissante, voire croassante), il est incapable de créer. La création est l'antithèse du nihilisme. Dans un système aristotélicien, si les premiers peuvent encore créer en assemblant les éléments logiques du réel fini, au fil du temps l'exercice de création devient de plus en plus malaisé.
La répétition devient de plus en plus visible. C'est l'exacerbation de l'académisme, qui dès le départ révèle toutes ses limites face à la création. On en arrive à des penseurs exsangues qui essayent de créer en trouvant une solution impossible pour le problème de leurs aînés (das la modernité c'est Spinoza). Cas typique d'un Nietzsche, dont l'idéalisme immanentiste mortifère le conduit à proposer l'alternative de la mutation ontologique à l'effondrement du système spinoziste. Puis à des penseurs (autour des postmodernes) qui se contentent de commenter en faisant mine de de penser.
Exemple typique d'un Deleuze. Cas de Rosset qui parle élégamment pour ne rien dire. Ou de Derrida qui pond des théories aussi différantes que resucées, avec l'exploit connexe de rendre son commentaire de Husserl (&Co.) inaccessible au sens. Le terme du terme, le terne du terme, la dégringolade qualitative, est atteinte quand les commentateurs, qui commentent de plus en plus d'auteurs passés mineurs, en viennent pour construire à détruire.
Ainsi d'Onfray qui, non satisfait (comble de l'hédoniste) de parodier en moins bien Aristippe, détruit tout ce qu'il touche, à commencer par ceux qui sont le plus proches de lui, et qui ont eu le malheur à son (mauvais) goût de ne pas assez réduire. Séduire pour réduire. Réduisez! Détruisez! Face à ce jeu de massacre, il est temps de proposer un nouveau religieux. L'immanentisme a assez duré. Place au néanthéisme.
http://aunomduneant.blogspot.com/
Mon frère (qui connais la musique) m'envoie un article signé par deux sociologues contestataires et réputés sérieux.
http://www.voltairenet.org/article165337.html
Soit dit en passant, moi qui trouve que le site d'information Réseau Voltaire propose trop souvent une déformation de l'impérialisme ramené à l'antiaméricanisme, alors que le vrai impérialisme est monétariste, antiétatique et britannique (impérialisme en aucun cas des peuples britanniques), il est devenu impossible de trouver des contributions de cette qualité intellectuelle dans les médias dominants. Je ne sais pas si c'est un compliment, car la sociologie, discipline des sciences humaines, aussi intelligente soit-elle, pratique l'art de la réduction ontologique du réel (Dieu ou l'Être) au social.
La critique que l'on pourrait adresser à la sociologie serait : ce n'est pas parce qu'on dénie un problème que le problème cesse d'exister. Ce n'est pas parce qu'on réduit le réel au social que le réel non social n'existe plus. Moralité : si tu évacues Dieu, l'eau de ton seau va déborder. La réduction qui caractérise le point de vue sociologique est intéressante car Paye et Umay sont sociologues. Leur critique (intelligente) de la démarche pseudo-philosophique d'Onfray se trouve frappée du sceau de la réduction.
La critique de Paye et Umay est d'autant plus intéressante que la réduction sociologique critique l'hyperréduction pseudo-philosophique (un brouet/brûlot simpliste donc virulent d'hédonisme aristippien mâtiné de postmodernisme athée). Paye et Umay sont sur un bateau. Qui tombe à l'eau? Réponse (les bonnes réponses étant inattendues) : Onfray. Poursuivons la métaphore : le bateau coule. Rester sur le bateau quand il coule n'est pas la meilleure initiative (ni pour les passagers, ni pour l'observateur, fût-il disciple de Lucrèce).
Demandez aux privilégiés du Titanic. Qu'on tombe du bateau ou qu'on y demeure, en cas de naufrage, la supériorité du sauf sur le sinistré est mince. Dans les deux cas, on présente de fortes chances de figurer sur la liste des noyés (pudiquement baptisés disparus dans une certaine presse) - a fortiori si l'on est pauvres. Que disent en conclusion Paye et Umay? "Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui fait de nous des humains." Cette constatation lucide et tragique n'est-elle pas la gradation d'un processus dans lequel la réduction sociologique prend sa place, toute sa place, quelques degrés en amont?
Il est fort à parier que les sociologues défendent dans la démarche psychanalytique la démarche voisine de la science humaine. Freud attaqué, ce sont les penseurs des sciences humaines qui se défendent. La critique de Paye et Umay est-elle à la fois juste et réductrice?
Juste : Onfray propose non pas la philosophie en lieu et place de la psychanalyse freudienne (encore un amalgame), mais une réduction de la science humaine baptisée injustement philosophie, du condensé de brûlé (qui en cuisine intervient après la condensation, quand la réduction du liquide touche à sa fin ou va trop loin).
Réductrice : nos sociologues perspicaces et pénétrants oublient qu'ils projettent sur Onfray le diagnostic de leur propre réduction. Onfray surréduit - hyperréduit? Eux aussi, seulement quelques degrés quantitativement inférieurs. La projection psychanalytique est biaisée (réductrice) en ce qu'elle en retient du mécanisme de la projection que son aspect linéaire, alors que la projection dans sa dynamique implique que l'on ne voie jamais dans le projeté qu'un miroir réduit (déformé), à condition que le miroir soit la réduction projetée du projetant. Pas d'égalité, de la réduction.
Les sociologues analysent de manière sociologique la démarche psychanalytique : "La spécificité de la psychanalyse, c’est justement de montrer qu’il n’y a d’Homme que parlant et cela au moment où on nous intime de nous taire et de nous abandonner." Le terme central est l'Homme, dont on notera qu'il est écrit avec une majuscule symbolique. On ne remplace pas par une majuscule la dépréciation effective. Les sociologues identifient (justement) la réduction que l'hédonisme opère par rapport à la parole. On passe de la parole libératrice à la parole toute-puissante, soit au déni de parole. Le silence indique que le rationnel du logos est inférieur au silence de l'irrationnel, incarné par la fin du plaisir.
Le plaisir ne se dit guère par le logos. L'impérialisme est contenu dans l'hédonisme, ce qu'Aristippe énonçait déjà quand il expliquait que le plaisir est réservé exclusivement au sage. Le sage devient par le fait le plus fort, modèle du sophiste qui quand il a fini de déballer sa science court vers les courtisanes (pour rester poli et s'il a les moyens du lucre autant que du luxe). Ce que Paye et Umay ne voient pas, c'est que leur critique saucissonne. Le saucissonnage les sert en ce qu'il occulte le processus dont ils sont des parties (seulement antérieures historiquement et inférieures qualitativement). Elle isole le moment Onfray sans l'intégrer dans son processus d'ensemble. Et pour cause : les sociologues font partie du processus en question (l'immanentisme). S'ils sont moins réducteurs, ils n'en sont pas moins réducteurs.
Sans doute Onfray est-il le symptôme avarié, infect d'une désintégration de l'homme (ramenée au plaisir indicible et irrationnel); mais si on le contextualise dans le processus de l'immanentisme, il exprime le symptôme de l'immanentisme avarié, qui suit après l'immanentisme terminal. La sociologie et la psychanalyse en tant que sciences sociales se situent quelque part entre l'immanentisme tardif et dégénéré d'un Nietzsche et l'immanentisme terminal des postmodernes (label vide de sens). Onfray constitue l'acmé d'un processus dont les sociologues représentent une étape antérieure appartenant au même processus.
Qu'est-ce que la psychanalyse? Pour parodier nos deux sociologues marginaux et prestigieux, la spécificité de la psychanalyse, c’est de montrer qu’il n’y a de réel que l'Homme (la majuscule donnant des lettres de noblesse occultantes à la réduction). Comme l'ont remarqué avant Paye et Umay de nombreux penseurs venant d'horizons des plus variés (psychanalystes, théologiens, philosophes...), le propre de la psychanalyse dans la thérapie psychologique est d'humaniser radicalement la méthode dialectique héritée de Socrate.
Dans la dialectique platonicienne, le philosophe a pour tache ultime de retrouver les Idées. Avec Freud l'athée, la dialectique réduit à l'objectif thérapeutique (avoué) de retrouver sa vérité (la vérité relative au patient, soit au causeur). La psychanalyse reprend ainsi al méthode de la confession chrétienne, à cette différence près que dans la confession chrétienne, le prêtre est l'intercesseur (l'intermédiaire) entre le confessé et Dieu. Dans la philosophie platonicienne, c'est la raison humaine qui joue le rôle double de prêtre et de Dieu (les Idées étant le plus haut stade divin de la raison). On pourrait dire que l'apport de Freud est d'humaniser radicalement la méthode philosophique grecque (après tout, il emprunte le mythe d'Œdipe à la mythologie grecque).
Si la philosophie tend déjà, malgré les efforts des platoniciens, et en conformité avec les efforts des aristotéliciens, à humaniser sous prétexte de rationaliser la pensée, Freud propose une thérapie dialectique qui réduit la démarche philosophique. Il suffit de lire Freud pour constater que ses soubassements ontologiques sont radicalement réducteurs : son athéisme réfute le processus de la confession ou plutôt humaine ce processus en donnant à la démarche de thérapie religieuse une dimension strictement humaine.
Quand Onfray explique qu'il reproche à Freud de vouloir par la psychanalyse créer une démarche étrangère à la philosophie, alors que la philosophie suffirait à la thérapie, il oublie de préciser que ce reproche n'émane pas de Platon, soit d'un philosophe qui essaye d'intégrer la dialectique rationnelle au giron monothéiste, mais d'un penseur de l'hyperréduction qui réduit l'athéisme de Freud aux bornes encore plus étriquées et inférieures du plaisir.
Si Freud et les penseurs des sciences humaines annoncent l'humanisme réducteur de l'homme intégral, Onfray réduit encore en dissolvant l'homme. Par rapport à un processus religieux, le phénomène de réduction est évident. Du coup, le seul moyen de guérir (au sens thérapeutique) l'homme du symptôme contemporain (la déshumanisation postmoderne incarnée par Onfray) n'est pas d'en revenir au passé de l'immanentisme qui deviendrait sans vilain jeu de mots le passé d'une illusion.
C'est de comprendre qu'on ne peut sortir du processus immanentiste qu'en quittant les symptômes de l'immanentisme, que ce soient les symptômes terminaux comme les symptômes tardifs - l'athéisme hédoniste stupide comme les sciences humaines ou la philosophie issue de Spinoza. Pour refonder les symboles de l'homme, il n'est pas possible d'en revenir à un stade du processus immanentiste, sachant que le propre de l'immanentisme consiste à détruire la culture.
Ce qui fonde la culture, c'est le culte. C'est ainsi. Pas d'homme sans Dieu. Pas de symboles sans Dieu. C'est sans doute dur pour des immanentistes progressistes et cultivés comme Paye et consorts, mais c'est le verdict qui ressort de la confrontation avec le réel. Sans doute serait-il temps d'admettre que quand Paye constate avec lucidité que le symptôme Onfray signifie la mort de l'homme (la fin de l'homme annoncée avec fougue par les postmodernes dont Foucault?),
il opère une duplication hallucinatoire entre le symptôme Onfray (devenu opportunément étranger au processus) et le processus immannetiste (dont Paye fait partie). Paye critique en Onfray un symptôme postérieur d'un processus identique.
Raison pour laquelle il se montre tant interloqué. Et pour ne pas finir comme Onfray, le rebelle des bobos normands, qui s'afficha d'autant plus ennemi méfiant des médias qu'il se trouve surmédiatisé, notamment par les réseaux de son influent éditeur parisianiste Enthoven Sr., nous allons proposer une solution. Si Onfray n'a rien à proposer suite à sa critique destructrice de l'idole Freud, c'est que son idole le néant (qu'il appelle le plaisir) a tout néantisé dans sa démarche pseudo-philosophique. Onfray participe du dispositif médiatique de diversion qui répand le message de l'Hyperréel tandis que le réel menace de s'effondrer et promet de changer.
De la même manière qu'il est temps politiquement de sortir du monétarisme, il est temps de comprendre que le monétarisme est le symptôme économique du nihilisme moderne, l'immanentisme, dont la fin dépend de la résurgence de la nouvelle forme de religieux. Le nihilisme se contentant de négativité (croissante, voire croassante), il est incapable de créer. La création est l'antithèse du nihilisme. Dans un système aristotélicien, si les premiers peuvent encore créer en assemblant les éléments logiques du réel fini, au fil du temps l'exercice de création devient de plus en plus malaisé.
La répétition devient de plus en plus visible. C'est l'exacerbation de l'académisme, qui dès le départ révèle toutes ses limites face à la création. On en arrive à des penseurs exsangues qui essayent de créer en trouvant une solution impossible pour le problème de leurs aînés (das la modernité c'est Spinoza). Cas typique d'un Nietzsche, dont l'idéalisme immanentiste mortifère le conduit à proposer l'alternative de la mutation ontologique à l'effondrement du système spinoziste. Puis à des penseurs (autour des postmodernes) qui se contentent de commenter en faisant mine de de penser.
Exemple typique d'un Deleuze. Cas de Rosset qui parle élégamment pour ne rien dire. Ou de Derrida qui pond des théories aussi différantes que resucées, avec l'exploit connexe de rendre son commentaire de Husserl (&Co.) inaccessible au sens. Le terme du terme, le terne du terme, la dégringolade qualitative, est atteinte quand les commentateurs, qui commentent de plus en plus d'auteurs passés mineurs, en viennent pour construire à détruire.
Ainsi d'Onfray qui, non satisfait (comble de l'hédoniste) de parodier en moins bien Aristippe, détruit tout ce qu'il touche, à commencer par ceux qui sont le plus proches de lui, et qui ont eu le malheur à son (mauvais) goût de ne pas assez réduire. Séduire pour réduire. Réduisez! Détruisez! Face à ce jeu de massacre, il est temps de proposer un nouveau religieux. L'immanentisme a assez duré. Place au néanthéisme.
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