jeudi 21 octobre 2010

Mythe et rang

« J’ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là. »
François Mitterrand, à propos de son recours massif à la peine de mort pendant la guerre d'Algérie contre les résistants algériens.

Alors que nous vivons une époque dramatique où le gouvernement de Sarkozy donne des signaux de détresse en versant dans le pré-fascisme, alors que les coupes sombres s'annoncent en Grande-Bretagne pour lutter contre le déficit public du pays, la position de Mitterrand pendant la guerre d'Algérie vient rappeler qui fut notre Premier président socialiste : non un socialiste, mais un synarchiste.
Autrement dit, l'avènement au pouvoir de Mitterrand en tant que socialiste indiquait que le socialisme avait été subverti par la synarchie et que le fascisme de gauche arrivait au pouvoir. Mitterrand était-il de mauvaise foi quand il abolit la peine de mort en 1981? Sans doute est-ce oublier qu'un des premiers principes des fascistes de gauche remonte au nietzschéisme de gauche défendu par les postmodernes (on se souvient que Deleuze ou Foucault était très liés avec le régime de l'Elysée) : la vérité n'existe pas.
Mitterrand ne croyait pas à la vérité. Il croyait à la loi du plus fort. Sa loi personnelle, tissée d'individualisme et de narcissisme. Aussi est-ce de manière cohérente qu'il s'engagea jeune dans des mouvements proches de l'extrême-droite bourgeoise (toujours cette haine du peuple chez le fasciste de gauche); puis qu'il évolua petit à petit vers la gauche subvertie, où il y avait une place à prendre : c'était l'époque où on créait une nouvelle gauche, une gauche qui rompait avec le collectivisme.
Des documents irréfutables indiquent les collusions entre l'atlantisme et cette deuxième gauche, mais on oppose souvent à cette gauche libérale une gauche authentique et modérée, dont un Mitterrand serait en France l'incarnation couronnée de succès (il gouverna pendant quatorze ans). En fait, la véritable opposition dans ce rapport de forces politique se situerait plutôt entre ceux qui poursuivaient l'entreprise de gauche (collectiviste) et ceux qui rompaient avec le socialisme pour adouber le libéralisme.
Mitterrand fut incontestablement un de ceux-là, ce qui fait que son opposition viscérale et vicieuse à Rocard fut avant tout une opposition interne (les haines les plus tenaces sont les plus proches). Rocard est un social-démocrate, quand Mitterrand était davantage un conservateur travesti, grand amateur de la mentalité vénitienne, ne l'oublions jamais.
Un conservateur de gauche, c'est quelqu'un qui accepte certains progrès d'apparence tant que le fond demeure. Mitterrand était un impérialiste et un colonialiste convaincu, tandis qu'il sut évoluer de manière démagogique et habile à propos de sujets sociétaux comme la peine de mort. Les positions d'un Mitterrand concernant la peine de mort sous la Quatrième République ne choquent que celui qui n'a pas pris en compte les révélations historiques sur le passé vichyste de Mitterrand et sa proximité avec les milieux synarchistes jusqu'à la fin de sa vie.
En pleine affaire Bettencourt, ne jamais oublier (entre autres faits accablants) que Mitterrand était un intime d'André, le mari défunt de Liliane, et que nombre de ses conseillers et/ou ministres étaient des héritiers directs du synarchisme. Après la Seconde guerre mondiale, Mitterrand est un homme d'extrême-droite
bourgeoise
(déjà travesti en résistant) qui évolue vers la droite bourgeoise. De Gaulle, qui est un patriote français et un conservateur classique, de type catholique, hait Mitterrand, qu'il a identifié, non comme un ennemi politique au fond inoffensif, mais comme l'incarnation de la mentalité fasciste évoluant peu à peu vers la gauche pour des motifs d'intérêt personnel.
Puis, de la mort de de Gaulle jusqu'à son accession à la présidence française, Mitterrand s'engage dans l'entreprise de subversion de la gauche modérée dite socialiste, qui passe des idées de Jaurès, Blum ou à la création du libéralisme de gauche. Il fallait des hommes pour cette entreprise. Il y en eut de sincères, quoique paumés, comme Rocard ou Jospin; et de purement intéressés, comme Mitterrand. On vante souvent l'intelligence supérieure et sardonique de Mitterrand.
Sans doute au soir de sa vie, peut-être sur son lit d'agonie, a-t-il médité, non sur les ortolans, mais sur cette pensée de Saint Anselme : que les créatures qui vivent coupées de leur Créateur sont des êtres vidés de leur sens (et de leur sang), seulement habités par le néant. Seul Dieu confère à ses créatures un peu d'Etre. Mais si l'on laisse le pauvre Mitterrand à son vide personnel, la subversion menant à l'imposture, on comprend que dans le processus historique, l'acmé du fascisme européen de l'entre-deux guerres retomba comme un soufflé avec la Seconde guerre mondiale. Les Trente Glorieuses furent à ce titre comme une période d'accalmie entre deux orages qui indiquent l'imminence d'une crise grave et terminale.
Après les Trente glorieuses, de nombreux indices indiquent que le système impérialiste occidental achève de se déliter après de multiples contractions. Contrairement à ce que croient les immanentisme, l'ordre ne naît pas du chaos. Le chaos engendre le chaos. De ce point de vue, après Pompidou le libéral et Giscard l'impérialiste français, Mitterrand, loin de renier cette descente aux enfers de la France, vers le libéralisme britannique, ne fit qu'accélérer ce processus en détruisant la gauche historique pour lui substituer le règne de l'arrivisme.
Mitterrand estimait qu'il serait le seul président français socialiste, ce qui est une manière fort narcissique d'expliquer que la faillite du socialisme exprime la faillite du système libéral. Durant son second septennat, Mitterrand mena une politique qui était plus proche de l'ultralibéralisme de Thatcher et de Reagan que du socialiste de Blum (pour rester dans les rangs des socialistes qui ont occupé le pouvoir).
Mitterrand fut le seul président socialiste français au sens où il n'était pas socialiste, mais un masque. Un masque vénitien? Quelque chose comme un ultralibéral de gauche. Dans ce processus, Chirac qui suit Mitterrand passe pour être plus de gauche que Mitterrand. Ce n'est pas très compliqué, quand on mesure la politique qu'accomplirent les cercles politiques autour de Mitterrand durant son second septennat (très théorique). Chirac illustre une volonté presque réactionnaire de conserver l'impérialisme français tout en s'opposant à l'impérialisme britannique matérialisé politiquement et médiatiquement par l'hyperpuissance américaine.
L'action de Chirac est si surannée qu'il quitte le pouvoir en tant que dernier représentant français de cette période et que le conservateur qui le suit n'est plus au service de la France (plus exactement des oligarchies françaises), mais des intérêts financiers centrés autour de la City de Londres. Sarko est un satrape moderne qui travaille pour l'Empire britannique et qui collabore avec la satrapie d'Israël, émanation de l'Empire britannique. Sarkozy qui prétend réformer la France arrive en fin de cycle, c'est-à-dire qu'il ajuste le modèle français au libéralisme en phase terminale.
N'oublions jamais que Sarkozy admire beaucoup Mitterrand, non pour son socialisme étriqué, lui le néoconservateur mâtiné d'ultralibéralisme, mais parce que tous deux servent les intérêts de l'Empire britannique. Mitterrand collaborait avec Thatcher et Bush Sr., notamment pour l'édification de l'Union européenne postimpérialiste? Sarko l'avocat du traité de Lisbonne enfonce le clou en renflouant les organismes financiers.
N'oublions pas non plus que Mitterrand était un admirateur fervent de la mentalité vénitienne (et de ses extensions, notamment florentines). Comprendre Mitterrand, c'est l'intégrer dans un processus dont il est un maillon de subversion transitoire et finale, avant le stade terminal dont Sarkozy est le garant (incapable de comprendre ce qu'il est) : un traître à l'histoire de France.
Si ce processus ne se limite pas à Mitterrand, ni à Sarkozy, qui sont liés parce qu'ils sont proches, il convient de se rendre compte que le fascisme historique n'est jamais que le paravent donné du libéralisme et qu'il intervient quand le libéralisme se trouve en période d'effondrement. La violence est le plus sûr moyen de prolonger ce pouvoir, quitte à ce que ce soit l'aveuglement qui préside aux destinées. Rien ne peut empêcher l'effondrement d'un système putride, que ce système soit cantonné à l'Europe ou qu'il soit la totalité du monde connu.
Quand le totalitarisme total remplace le totalitarisme dominant, il ne fait que rendre plus urgent l'agrandissement d'un modèle obsolète et en voie d'extinction. Je sais bien qu'à l'heure actuelle, la plupart des citoyens croient s'opposer à la déliquescence en recourant au passéisme et à l'obscurantisme, mais ce n'est qu'en allant dans l'espace qu'on résoudra le problème du libéralisme, de sa gradation ultra, dont un Mitterrand n'est qu'un symptôme local - au fond assez mesquin.
Au lieu d'opposer le libéralisme au fascisme, intégrons le fascisme comme la conséquence inévitable du libéralisme qui grade et croît à mesure qu'il s'effondre. Le fascisme est illusoire car le recours à la violence ne peut rien empêcher et ne fait qu'accélérer ce qu'il prétend interdire. La force est farce. Dans cette comédie grandiloquente et de mauvais goût, Mitterrand le vénitien est le symbole de la subversion de mauvais coût. Car avec Sarko, les Français savaient qu'ils soutenaient un ultralibéral menteur et inconsistant. Les Français sont des oies désespérées et perdues.
Tandis qu'ils ont vraiment cru au changement socialiste. Au lieu d'expliquer ce changement de manière récente par les mesures de désindustrialisation et de financiarisation qui ont accompagné la fin des Trente glorieuses en Occident, il convient de mesurer que la stratégie de la subversion (le coup du cheval de Troie d'autant plus efficace qu'il est inattendu, qu'on l'attend à droite alors qu'il vient de la gauche) est le stratagème vénitien par excellence.
Le coup du cheval de Troie illustre une tactique au fond humaine, qui fut retournée par les Hellènes antiques contre leurs rivaux mésopotamiens. C'est une stratégie impérialiste. Venise l'utilisait et son successeur l'Empire britannique la revendiqua d'autant plus qu'il s'engageait sur le chemin du néocolonialisme et de la financiarisation postpolitique. Que l'on s'enquière du symbole d'un des organes de pensée de l'Empire britannique contemporain, la Société fabienne :


L'emblème représente un loup en peau de mouton. Tel Mitterrand le synarchiste en peau de socialo, nos oligarques ont l'habitude de retourner leur veste. D'après la légende propagée par le poète hagiographe Sénèque, les Troyens partirent fonder pour partie l'Empire romain, qui est un point de référence pour la transition vénitienne et pour les thuriféraires de l'Empire britannique. A noter de nos jours qu'on se réclame beaucoup de l'Empire romain pour chercher un futur à l'Europe.
N'en déplaise aux partisans transis de l'impérialisme, le futur de l'Europe passe désormais par l'humanité unifiée; et ce futur est hypothéqué par des symptômes dépassés plus que passéistes comme Mitterrand, dont le soutien provisoire à la peine de mort indique quelle sentence il réserve à ses électeurs - et quelle vision de l'homme il conservait en son coeur de Florentin cruel et manipulateur. Mitterrand a commencé par utiliser la peine de mort pour lutter contre l'anticolonialisme.
Puis il s'est déguisé en progressiste ardent défenseur de l'abolition de la peine de mort. Mitterrand est un empoisonneur qui se travestit en embaumeur. Mais la mort qu'il promet à ses ennemis, il est le seul à l'avoir subie de manière éternelle - le châtiment qui attend les crapules. Sarkozy ferait bien de s'en souvenir. Car les impérialistes qui forment un processus délétère et mortifère contribuent à accélérer le processus dont ils font partie et dont ils n'aperçoivent pas la supériorité englobante : en l'occurrence, les impérialistes associés au dessein britannique auront permis au Terrien de lutter contre ses phobies et de se lancer dans la conquête spatiale.

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