Concernant la colonisation, il est nécessaire de considérer pourquoi lorsqu'on parle de colonisation, on évoque toujours la dernière phase de colonisation, qu'on peut faire remonter en gros à 1492 et à l'époque moderne. C'est que cette colonisation moderne diffère des autres colonisations et qu’elle correspond à l'immanentisme, je veux dire la prise de pouvoir de l'immanentisme.
Il y a toujours eu de la colonisation dans l'histoire. Qu'est-ce que coloniser de manière classique? C'est affirmer la domination de sa puissance politique. Paradoxalement, on constate que les colonisés ne sont pas forcément dominés culturellement, si bien que le rapport colonisateur/colonisés ne manque pas d'évoquer de manière irrésistible la fameuse dialectique hégélienne du maître et de l'esclave.
Le projet de colonisation est connexe à toute édification politique et fluctuant comme tout projet politique. Il suffit d'étudier l'histoire humaine pour se rendre compte que la colonisation a toujours existé et que les colonisés d'hier furent aussi les colons de demains. Dans cette perspective, on pourrait s'amuser, comme le font certains films, souvent de piètre qualité, à inverser les rôles actuels, qu'on a tendance à croire immuables, et à imaginer la colonisation de l'Occident par les Africains, soit par les colonisés d'aujourd'hui.
C'est oublier à quel point l'histoire ne fut pas celle que connaissait Hegel ou Kant : les Empires africains ne furent pas seulement les premiers Empires de l'histoire; ils furent aussi de puissants Empires au Moyen-Age chrétien, à une époque où les royaumes d'Occident étaient des potentats si fragiles et friables qu'ils flirtaient avec le régionalisme. La décadence africaine est récente et passagère.
Elle remonte en gros à la période de l'esclavage et dénote surtout l'explosion technique qui a permis à l'Occident de dominer le monde. Avant d'en venir à cette spécificité de la colonisation moderne, à ses attributs techniques aussi, j'aimerais analyser le rapport de la colonisation à la guerre. Il est évident que c'est par la colonisation et par la guerre que la mondialisation s'est opérée.
L'identité de la colonisation et de la guerre est évidente. Elle tourne autour du projet de la mondialisation. Contrairement à ce qu'on estime le plus souvent, la guerre a de ce point de vue un intérêt anthropologique qui comporte sa dimension ontologique. La guerre permet à l'homme de poursuivre son expansion, qui ne s'arrêtera certainement pas à la mondialisation actuelle et qui est de finir dans l'espace. La guerre est moins destructrice que constructrice - du destin de l'homme.
Sans la guerre, l'homme ne serait pas heureux : l'homme disparaîtrait. La colonisation entre dans le grand projet de la guerre. Elle consiste à favoriser le projet de réunification compris sous le terme de mondialisation et à favoriser aussi et surtout la guerre future. La colonisation est le meilleur allié de la guerre en ce qu'elle pousse le colonisé à intenter de futures et prévisibles guerres contre le colon barbare et brutal. Il suffit de constater quel comportement adopte le colon dans n'importe quelle entreprise de colonisation pour cerner en quoi l'argutie de la colonisation philanthropique est une gageure sinistre et cynique.
La colonisation est le versant culturel et politique de la guerre. Les deux fondamentalement contribuent à une même direction, donc arborent le même sens : celui d'une conquête de la planète et d'une réunification qui passe actuellement par une crise quasi structurelle. Ce qu'on nomme mondialisation ou globalisation n'est pas la fin, juste une étape de crise avant le départ vers de nouveaux horizons. La mondialisation manifeste simplement le fait que l'homme a perdu sa boussole et que c'est pour cette raison qu'il a perdu le sens.
Raison pour laquelle de nos jours les penseurs, de moins en moins performants d'ailleurs, s'interrogent autant sur la crise du sens, la crise des valeurs et la crise des normes. Il est certain que le stade actuel est impossible et qu'il sera dépassé. On pourrait le nommer nihilisme comme Nietzsche le fit avec un flair prophétique ou divinatoire quasi troublant, s'il ne fallait ajouter que Nietzsche incarnait lui aussi le nihilisme qu'il dénonçait et que de ce fait Nietzsche est le prophète de l'immanentisme de la dernière phase, celui qui domine outrageusement et qui, du fait de sa domination globale, globalisante et désaxée, ne peut qu'engendrer de ses propres entrailles les causes de sa propre destruction.
Si l'on distingue la colonisation classique et la colonisation moderne, c'est que la colonisation moderne, qui a commencé avec le symbole 1492, est forcément différente de la colonisation classique. Rappelons que la colonisation moderne commence avec la conquête du Nouveau Continent, le remplacement de la population autochtone par une population occidentale de rejetés; que cette première colonisation engendre une seconde extermination, avec l'esclavage et la traite des Noirs. Là encore, l'on pourrait à bon droit distinguer entre l'esclavage classique et l'esclavage moderne.
Il importe de comprendre que la colonisation moderne a été logiquement menée par l'Occident dominat(u)eur et que le principe de cette domination repose sur la technique. C'est une colonisation immanentiste, alors que la précédente colonisation se situait dans la sphère historique du transcendantalisme. Justement, la principale différence est moins temporelle que géographique. En effet, pour l'immanentiste, le temps s'est arrêté. C'est ce que d'aucuns, en disciples radicaux/caricaturaux de Hegel, nomment la fin de l'Histoire.
Les Empires coloniaux modernes sont menés par deux Empires principaux, l'Empire français et l'Empire britannique. Il est certain que l'on peut mentionner aussi l'Empire hispanique, dont l'influence culturelle rappelle la prépondérance initiale. Tous ces Empires sont fractionnés dans la mesure où ils expriment la même tendance : tendance religieuse, puisque le colonialisme moderne suit de près la courbe finale du monothéisme et sa mutation historique et religieuse dans l'immanentisme provisoire.
Alors que le colonialisme classique manifeste l'expansion dans la domination, la différence avec le colonialisme moderne est que ce dernier exprime la domination sans l'expansion. C'est une différence notable et irréfutable : le colonialisme moderne survient à un moment où la globalisation est de fait terminée. Ce que l'on nomme globalisation n'est que l'entérinement d'un processus qui dure en fait depuis environ cinq siècles.
Le terme de globalisation ou de mondialisation apparaît à la fin du processus. Son explicitation signale aussi son oraison et son chant du cygne. Le signe que l'immanentisme agonise, c'est le fait qu'il se découvre. Découvre le moribond. Ainsi son système interne apparaît comme un cadavre sur le champ de bataille qui exhibe ses viscères avant de rendre l'âme.
Dans un système en expansion, la colonisation possède tout son sens : celui de permettre le processus de mondialisation, d'agrandir le territoire d'un peuple et au final de réunir le territoire de l'homme. Tandis que dans un système stable, statique, dont le processus d'expansion s'est terminé, où la réduction inverse s'est amorcée, la colonisation produit un sens fort différent : il s'agit d'une pure domination d'une partie sur les autres, soit de la destruction pure et simple du système sous couvert de son achèvement et de sa célébration.
Au passage, on notera que la parenté de la guerre avec le colonialisme pousse à comprendre les mouvements récents contre la guerre et la répulsion quel la guerre inspire dans l'histoire moderne : loin de contenter qui que ce soit, elle ne peut que mener au spectacle désolant de la destruction. On comprend également quel puissant instinct pousse l'homme sous régime immanentiste à différencier le colonialisme moderne du colonialisme classique.
Où le premier est perçu comme l'expression radical du mal, le second était presque une action normale, connexe ou consubstantielle à toute entreprise politique. Raison pour laquelle la colonisation n'est jamais ressentie comme une faute ou un mal nécessaire, alors que le colonialisme moderne prend des allures irréfutables de destruction et de mort. Raison aussi pour laquelle la rhétorique des champions de l'occidentalisme - le discours de l'Occident trop bon et trop con - sera perçu plus tard, après la désagrégation de cet Occident immanentiste et pervers, comme une faute d'une telle gravité qu'elle résonnera aux oreilles des hommes spatiaux avec la même texture que de nos jours les proses antisémites et agitées de l'entre-deux guerres.
Il y a toujours eu de la colonisation dans l'histoire. Qu'est-ce que coloniser de manière classique? C'est affirmer la domination de sa puissance politique. Paradoxalement, on constate que les colonisés ne sont pas forcément dominés culturellement, si bien que le rapport colonisateur/colonisés ne manque pas d'évoquer de manière irrésistible la fameuse dialectique hégélienne du maître et de l'esclave.
Le projet de colonisation est connexe à toute édification politique et fluctuant comme tout projet politique. Il suffit d'étudier l'histoire humaine pour se rendre compte que la colonisation a toujours existé et que les colonisés d'hier furent aussi les colons de demains. Dans cette perspective, on pourrait s'amuser, comme le font certains films, souvent de piètre qualité, à inverser les rôles actuels, qu'on a tendance à croire immuables, et à imaginer la colonisation de l'Occident par les Africains, soit par les colonisés d'aujourd'hui.
C'est oublier à quel point l'histoire ne fut pas celle que connaissait Hegel ou Kant : les Empires africains ne furent pas seulement les premiers Empires de l'histoire; ils furent aussi de puissants Empires au Moyen-Age chrétien, à une époque où les royaumes d'Occident étaient des potentats si fragiles et friables qu'ils flirtaient avec le régionalisme. La décadence africaine est récente et passagère.
Elle remonte en gros à la période de l'esclavage et dénote surtout l'explosion technique qui a permis à l'Occident de dominer le monde. Avant d'en venir à cette spécificité de la colonisation moderne, à ses attributs techniques aussi, j'aimerais analyser le rapport de la colonisation à la guerre. Il est évident que c'est par la colonisation et par la guerre que la mondialisation s'est opérée.
L'identité de la colonisation et de la guerre est évidente. Elle tourne autour du projet de la mondialisation. Contrairement à ce qu'on estime le plus souvent, la guerre a de ce point de vue un intérêt anthropologique qui comporte sa dimension ontologique. La guerre permet à l'homme de poursuivre son expansion, qui ne s'arrêtera certainement pas à la mondialisation actuelle et qui est de finir dans l'espace. La guerre est moins destructrice que constructrice - du destin de l'homme.
Sans la guerre, l'homme ne serait pas heureux : l'homme disparaîtrait. La colonisation entre dans le grand projet de la guerre. Elle consiste à favoriser le projet de réunification compris sous le terme de mondialisation et à favoriser aussi et surtout la guerre future. La colonisation est le meilleur allié de la guerre en ce qu'elle pousse le colonisé à intenter de futures et prévisibles guerres contre le colon barbare et brutal. Il suffit de constater quel comportement adopte le colon dans n'importe quelle entreprise de colonisation pour cerner en quoi l'argutie de la colonisation philanthropique est une gageure sinistre et cynique.
La colonisation est le versant culturel et politique de la guerre. Les deux fondamentalement contribuent à une même direction, donc arborent le même sens : celui d'une conquête de la planète et d'une réunification qui passe actuellement par une crise quasi structurelle. Ce qu'on nomme mondialisation ou globalisation n'est pas la fin, juste une étape de crise avant le départ vers de nouveaux horizons. La mondialisation manifeste simplement le fait que l'homme a perdu sa boussole et que c'est pour cette raison qu'il a perdu le sens.
Raison pour laquelle de nos jours les penseurs, de moins en moins performants d'ailleurs, s'interrogent autant sur la crise du sens, la crise des valeurs et la crise des normes. Il est certain que le stade actuel est impossible et qu'il sera dépassé. On pourrait le nommer nihilisme comme Nietzsche le fit avec un flair prophétique ou divinatoire quasi troublant, s'il ne fallait ajouter que Nietzsche incarnait lui aussi le nihilisme qu'il dénonçait et que de ce fait Nietzsche est le prophète de l'immanentisme de la dernière phase, celui qui domine outrageusement et qui, du fait de sa domination globale, globalisante et désaxée, ne peut qu'engendrer de ses propres entrailles les causes de sa propre destruction.
Si l'on distingue la colonisation classique et la colonisation moderne, c'est que la colonisation moderne, qui a commencé avec le symbole 1492, est forcément différente de la colonisation classique. Rappelons que la colonisation moderne commence avec la conquête du Nouveau Continent, le remplacement de la population autochtone par une population occidentale de rejetés; que cette première colonisation engendre une seconde extermination, avec l'esclavage et la traite des Noirs. Là encore, l'on pourrait à bon droit distinguer entre l'esclavage classique et l'esclavage moderne.
Il importe de comprendre que la colonisation moderne a été logiquement menée par l'Occident dominat(u)eur et que le principe de cette domination repose sur la technique. C'est une colonisation immanentiste, alors que la précédente colonisation se situait dans la sphère historique du transcendantalisme. Justement, la principale différence est moins temporelle que géographique. En effet, pour l'immanentiste, le temps s'est arrêté. C'est ce que d'aucuns, en disciples radicaux/caricaturaux de Hegel, nomment la fin de l'Histoire.
Les Empires coloniaux modernes sont menés par deux Empires principaux, l'Empire français et l'Empire britannique. Il est certain que l'on peut mentionner aussi l'Empire hispanique, dont l'influence culturelle rappelle la prépondérance initiale. Tous ces Empires sont fractionnés dans la mesure où ils expriment la même tendance : tendance religieuse, puisque le colonialisme moderne suit de près la courbe finale du monothéisme et sa mutation historique et religieuse dans l'immanentisme provisoire.
Alors que le colonialisme classique manifeste l'expansion dans la domination, la différence avec le colonialisme moderne est que ce dernier exprime la domination sans l'expansion. C'est une différence notable et irréfutable : le colonialisme moderne survient à un moment où la globalisation est de fait terminée. Ce que l'on nomme globalisation n'est que l'entérinement d'un processus qui dure en fait depuis environ cinq siècles.
Le terme de globalisation ou de mondialisation apparaît à la fin du processus. Son explicitation signale aussi son oraison et son chant du cygne. Le signe que l'immanentisme agonise, c'est le fait qu'il se découvre. Découvre le moribond. Ainsi son système interne apparaît comme un cadavre sur le champ de bataille qui exhibe ses viscères avant de rendre l'âme.
Dans un système en expansion, la colonisation possède tout son sens : celui de permettre le processus de mondialisation, d'agrandir le territoire d'un peuple et au final de réunir le territoire de l'homme. Tandis que dans un système stable, statique, dont le processus d'expansion s'est terminé, où la réduction inverse s'est amorcée, la colonisation produit un sens fort différent : il s'agit d'une pure domination d'une partie sur les autres, soit de la destruction pure et simple du système sous couvert de son achèvement et de sa célébration.
Au passage, on notera que la parenté de la guerre avec le colonialisme pousse à comprendre les mouvements récents contre la guerre et la répulsion quel la guerre inspire dans l'histoire moderne : loin de contenter qui que ce soit, elle ne peut que mener au spectacle désolant de la destruction. On comprend également quel puissant instinct pousse l'homme sous régime immanentiste à différencier le colonialisme moderne du colonialisme classique.
Où le premier est perçu comme l'expression radical du mal, le second était presque une action normale, connexe ou consubstantielle à toute entreprise politique. Raison pour laquelle la colonisation n'est jamais ressentie comme une faute ou un mal nécessaire, alors que le colonialisme moderne prend des allures irréfutables de destruction et de mort. Raison aussi pour laquelle la rhétorique des champions de l'occidentalisme - le discours de l'Occident trop bon et trop con - sera perçu plus tard, après la désagrégation de cet Occident immanentiste et pervers, comme une faute d'une telle gravité qu'elle résonnera aux oreilles des hommes spatiaux avec la même texture que de nos jours les proses antisémites et agitées de l'entre-deux guerres.
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