Pour ceux qui s'en tiendraient à l'évènementiel : depuis le 911 est survenue la véritable cause explicative du 911 - l'effondrement systémique que préfigurait l'effondrement du centre mondial des affaires et du symbole de la puissance financière mondialiste, le WTC dans toute sa splendeur. Je sais bien que par ces temps d'immanentisme dégénéré, il est bien vu de donner la parole aux experts et aux intellectuels, entendez aux analystes patentés de l'apparence la plus rance.
C'est ainsi qu'on entend donner leurs avis à des cerveaux roboratifs comme Huntington ou Lewis pour la guerre contre le terrorisme. En France, c'est Attali qui donne son avis. Si l'on veut prendre la caricature la plus drolatique, on peut se rabattre sur les figures des Nouveaux Philosophes comme incarnations illusoires et désillusionnées de l'intellectuel au sens le plus lessivé et fin de cycle.
Par ces temps dramatiques d'effondrement systémique, l'ontologie est la meilleure clé pour comprendre le reél. En rester à la superficie du réel est certes le credo et le confiteor de l'immanentisme, mais certainement pas autre chose que l'expression de la médiocrité. Journalistes, intellectuels, experts, analystes... Réveillez-vous!
Justement : le système immanentiste est le système des réprouvés et des rejetés. Selon cette acception évidente, il a installé au pouvoir, à son pouvoir, toutes les valeurs et toutes les catégories que le transcendantalisme rejetait. Il est de ce fait parfaitement conséquent que ce soient les commerçants, les marchands, les banquiers et les financiers qui forment le bataillon d'élite et le cénacle privilégié de l'immanentisme.
Sinon, comment expliquer la Révolution française et l'avènement reconnu de la bourgeoisie en lieu et place de l'aristocratie sous régime monarchique? La Révolution française exprime la prise de pouvoir politique de l'immanentisme. Comment s'étonner que les bourgeois aient pris le pouvoir, soit les marchands, selon la catégorie introduite notamment par Dumézil lors de ses études portant sur les Indos-européens?
Soit dit en passant, pour citer Dumézil : ce dernier avertissait que le système indo-européen dont descend l'Occident nécessite sans cesse le respect des trois ordres, dans l'ordre : les prêtres, puis les guerriers, et enfin les marchands. Aujourd'hui, nous nageons dans un système délirant où ce sont les marchands qui dominent et où les autres ordres sont balayés ou relégués. Pis, les valeurs marchandes passeront bientôt pour les valeurs suprêmes universelles, y compris dans des domaines totalement incompatibles, comme les arts ou le religieux.
Il ne faut pas s'étonner que nous vivions des temps de perversité et d'escroquerie systémiques. Il est cependant capital pour dépasser le créneau de l'évènementiel de cerner les antagonismes qui sillonnent le monde des marchands. La plus grave des erreurs est de représenter l'oligarchie marchande comme un monde élitiste uni, où tous les intérêts se trouveraient en accord et où tout le monde tirerait dans le même sens.
C'est l'inverse qui est vrai : il faut imaginer le monde marchand comme un panier de crabes, avec des antagonismes et des désaccords comme dans tous les milieux, mais en plus accrus et paroxystiques. Il est cohérent que les marchands multiplient les désaccords, puisque leur système immanentiste repose sur la domination. Le plus valeureux est le dominant. La domination est d'autant plus valorisée que le désespoir prime : hors la domination, point de reél, seulement du néant ou quelque chose d'imprécis, auquel mieux vaut ne point trop songer.
Si les antagonismes sont si poussés au sein du monde marchand, la seule réconciliation envisageable pour ce critère de valeurs est la communion des intérêts. Les marchands sont tous dressés les uns contre les autres, souvent par petites factions rivales, sur le modèle des bandes urbaines de voyous, et ils ne tissent des alliances mutuelles et provisoires que lorsque leurs intérêts dominants convergent.
De ce fait, la seule communion possible surgit quand l'ordre marchand se trouve menacé, en particulier quand la suprématie de l'ordre marchand se trouve menacée. C'est ce qui s'est produit le 911, où pour sortir de la crise systémique les factions dominantes à l'intérieur de l'ordre marchand sont tombées d'accord plus ou moins tacitement pour produire un évènement catalyseur en mesure de les sauver - en fait de précipiter leur chute inéluctable.
Il faudrait introduire une nuance d'importance : le système des marchands est dominé inéluctablement par les financiers et les spéculateurs de la finance, puisque les valeurs marchandes reposent sur un mode de critère absurde, celui du virtuel entendu comme productions d'idées finies.
Tôt ou tard, ce système ne peut que s'écrouler. C'est ce qui se produit à l'heure actuelle et c'est la raison pour laquelle on a envie plus que jamais de clamer que le roi nu est vraiment laid. Les financiers sont les garants du système marchand et les justes rois de l'économie immanentiste. J'entends par financiers ceux qui s'occupent et se targuent de créer de la valeur, en l'occurrence de la valeur monétaire.
Où l'on constate que le fondement de l'empire et de l'emprise marchands réside dans ce qui n'existe pas, soit dans ce qui est faux : qui existe à l'état réel, mais comme un fondement infondé et une forme chaotique. La représentation ordonnée diverge du tout au tout avec la forme réelle chaotique. C'est pourquoi les menteurs finissent toujours par se trahir, à force de distordre le lien entre représentation et réel; c'est pourquoi les financiers de l'ordre marchand dominant ne manquent jamais de s'effondrer, car ils sont juste capables de fabriquer du toc comme ils émettent des billets artificiels - sans valeur autre qu'hyperinflationniste.
Quand les marchands se retrouvent face au reél, ils se mobilisent solidairement, mais dès qu'il s'agit de défendre leurs intérêts respectifs, ils s'opposent. C'est ce que le système immanentiste tardif et dégénéré, également nommé néolibéralisme, nomme avec emphase et fierté la dérégulation ou la liberté d'entreprendre. Entreprendre - quoi?
Ceux qui ont fait le 911 étaient tombés d'accord entre factions oligarchiques pour susciter un évènement catalyseur et lancer ainsi le prétexte à la guerre contre le terrorisme. Par contre, ils ne sont plus d'accord pour définir précisément ce qui constitue la guerre contre le terrorisme. Il faudrait établir des distinctions fines et des nuances entre les différentes factions, mais on peut d'ores et déjà poser que le système unique américain est arbitrairement séparé entre démocrates et républicains, et qu'on peut les appeler tous deux immanentistes pragmatiques tardifs.
On a vu le 911 comment démocrates et républicains marchaient main dans la main, notamment aux Commissions du renseignement. Pour comprendre le 911, il faut en gros établir les deux factions principales au sein de l'oligarchie financière : d'une part, ceux qui sont favorables à la guerre contre l'Irak; d'autre part, ceux qui sont favorables seulement à la guerre contre l'Afghanistan.
Du coup, la guerre contre le terrorisme unit l'ensemble de l'oligarchie financière pour sa survie. Mais elle divise cette même oligarchie en deux grandes factions quant aux modalités de son application.
1) Les durs et les extrémistes correspondent aux détraqués qui ont conduit la guerre contre l'Irak et qui voudraient réaliser aussi la guerre contre l'Iran. Ils ont perdu la guerre sous-traitée à Israël en 2006 contre le Liban. Poursuivant le projet immanentiste de remplacement des frontières réelles par des frontières et des territoires hyperréels, ils courent après un objectif idéal qui est l'idéal de l'immanentisme dégénéré. Autant dire de l'immanentisme aveugle.
Ces sbires gravement atteints dans leur jugement et leur esprit critique se nomment les néo-conservateurs et l'on a pu dire d'eux à bon escient qu'ils étaient des idéalistes. Dans cette acception d'idéalistes - oui. Leur idéal est une utopie idéologique, l'idéologie de l'immanentisme tardif, qui a perdu toutes ses boussoles et qui ne se rend pas compte que son erreur fondamentale mène à sa perte et à sa destruction. Cet immanentisme d'obédience aussi tardive qu'idéaliste/utopiste se nomme en fait sionisme, plus exactement sionisme fondamentaliste.
2) Les modérés ne sont modérés que dans la mesure où ils appartiennent à la mouvance décadente et extrémiste de l'immanentisme pragmatique tardif et dégénéré. Voilà une perspective qui diminue singulièrement leur appartenance à la caste des modérés. Ces modérés de l'extrémisme immanentiste étaient bel et bien partisans du 911, mais ils estimaient que la guerre contre le terrorisme ne devait concerner que le Caucase. Leur but est d'affaiblir les puissances émergentes de l'Est, les trois mastodontes que sont la Russie, la Chine et l'Inde.
Ils sont regroupés autour des thèses d'un analyste influent de l'oligarchie financière, le soi-disant pondéré Z. Brzezinski, qui a théorisé directement l'islamisme comme arme contre le communisme et qui estime toujours que l'ennemi de l'impérialisme américain réside à l'est, du côté de la Russie - et autour. Selon ces stratèges jamais en peine de stratagèmes, il est certain qu'un impérialisme débridé, comme c'est le cas des partisans de la guerre en Irak, ne débouche le plus souvent que sur un effet contre-productif et affaiblissant.
Dans cette tranche d'impérialisme modéré, si cet oxymore possède quelque sens, on trouve bien entendu tous les conservateurs plus classiques qui s'opposent aux néo-conservateurs et qui sont chargés d'affaiblir l'administration W., emmenée par le caractériel Cheney. C'est ainsi qu'on retrouve certains hauts-gradés de l'armée, du Pentagone ou des services secrets, qui comme par hasard sont nommés à des postes stratégiques, pour gérer la fin déliquescente de l'ère putride W., la guerre d'Irak et empêcher la guerre-catastrophe contre l'Iran.
Ce n'est pas tout : on peut associer aussi un tandem surprenant, quoique fort complémentaire, le duo de choc Kissinger et Brzezinski. Pour ceux qui croiraient que nos deux marionnettistes ont eu leur heure de gloire à la fin des années 70, et qu'ils sont finis, on rappellera qu'ils sont les conseillers en chef d'Obama et de Mac Cain, les deux marionnettes de la présidentielle américaine.
Après tout, Kissinger est aussi fort écouté depuis le 911, tandis que Brzezinski exprime une stratégie tout à fait plausible de choc des civilisations. Kissinger s'est exprimé contre la guerre en Irak au départ et maintenant ne la légitime que par pragmatisme. Ces ventriloques verbalisent le point de vue des hauts pontes de l'oligarchie financière. Que considère cette oligarchie disparate? Que les sionistes ont été trop écoutés et que le sionisme ne détruit pas seulement la piétaille des horribles islamistes. Les extrémistes qui meuvent le sionisme et qui s'en servent comme d'une place centrale de l'immanentisme détruisent avant tout la finance.
Raison pour laquelle aujourd'hui les attaques contre le sionisme sont de plus en plus autorisées. Les oligarques doivent regretter amèrement d'avoir accordé leur confiance à des extrémistes qui sous couvert d'une idéologie tentatrice, le sionisme, ont détruit par trop leur pouvoir et leur puissance. Désormais, ils font marche arrière. La tendance est encore subtile et subreptice, mais il est un signe qui ne trompe pas : auparavant, les attaques contre le sionisme étaient systématiquement confiées, soit à des extrémistes antisémites, soit à des excités caricaturaux. Dans tous les cas, les opinions émises revenaient à discréditer ceux qui les défendaient autant que le point de vue de l'antisionisme.
Aujourd''hui, de plus en plus de spécialistes sortent de leur silence pour oser des avis pertinents. Enfin. Walt et Mearsheimer, Petras... Se rendrait-on compte désormais qu'on peut porter des critiques contre Israël et/ou le sionisme sans pour autant friser le néo-nazisme et le suicide social? L'anathème de l'antisémitisme est tellement utilisé de manière incontrôlée que bientôt il ne fonctionnera pas davantage que l'anathème du racisme. On entend des politologues et des sociologues fort doctes nous expliquer en quoi la politique israélienne et l'influence sioniste dans le monde sont néfastes. Des voix de moins en moins discrètes et de plus en plus autorisées répètent que certains pans du sionisme sont impliqués dans le 911.
Je subodore que les sionistes vont payer leurs crimes parce qu'on se rend compte en haut lieu que le 911 a déchiré le voile de Maya. Le vrai visage du fonctionnement inavouable de l'immanentisme est apparu. Les immanentistes qui veulent sauver le système, soit aussi et surtout leur peau, sont prêts à lâcher les copains, y compris les alliés les plus proches. Sans doute au début ont-il cru qu'avec quelques lampistes, du style W. et sa clique de désaxés notoires et de dégénérés emblématiques de l'immanentisme tardif qu'ils représentent et de la décadence qu'ils personnifient, ils sauveraient les meubles.
Maintenant qu'ils se rendent compte que la guerre contre l'Irak les a affaiblis, a profondément nui à leurs intérêts élitistes et dévoyés, ils entendent faire payer les promoteurs de ces excès impérialistes afin de restaurer un impérialisme sain et respectable. Digne de l'Empire britannique en pleine effusion, fusion et infusion. Les sionistes sont avertis : pour l'instant, leur mise en cause est aussi évidente que confidentielle. Si la tête des premiers lampistes ne suffisaient pas, ils constitueront l'arrière-plan de ceux qui sauveront le système. Le but est de laisser entendre que le système a été piraté dans ses entrailles certes, mais qu'en aucun c'est le fonctionnement du système qui est en cause.
La vérité est bien entendu plus terrible et plus malaisée à endurer : le 911 est un événement systémique, qui implique les plus hauts dignitaires du système immanentiste, occidentaliste, impérialiste et colonialiste. Une dernière chose, pour la route ou le casse-croute (avant qu'on ne puisse plus mettre de jambon dans le pain) : les dissensions sont de loin les plus importantes chez les modérés, car les extrémistes sont relativement d'accord sur l'essentiel, la démocratie forcée.
Tandis que les modérés seraient à séparer en deux autres sous-tendances :
- d'un côté, les impérialistes qui veulent sauver la face et donner de l'atlantisme un visage admissible pour l'histoire (autant faire ce peut);
- de l'autre, les tordus qui dans le fond agissent par pragmatisme et font mine de défendre le point de vue du réalisme et du plus fort, alors que dans le fond les intérêts qu'ils poursuivent sont en faveur de la sauvegarde de l'oligarchie atlantiste et que ces intérêts vont bien entendu de plus en plus à l'encontre des positions et des préoccupations du sionisme.
Viserais-je la figure d'un Kissinger et les avatars qui le suivent et lui ressemblent tant, dans le fond?
C'est ainsi qu'on entend donner leurs avis à des cerveaux roboratifs comme Huntington ou Lewis pour la guerre contre le terrorisme. En France, c'est Attali qui donne son avis. Si l'on veut prendre la caricature la plus drolatique, on peut se rabattre sur les figures des Nouveaux Philosophes comme incarnations illusoires et désillusionnées de l'intellectuel au sens le plus lessivé et fin de cycle.
Par ces temps dramatiques d'effondrement systémique, l'ontologie est la meilleure clé pour comprendre le reél. En rester à la superficie du réel est certes le credo et le confiteor de l'immanentisme, mais certainement pas autre chose que l'expression de la médiocrité. Journalistes, intellectuels, experts, analystes... Réveillez-vous!
Justement : le système immanentiste est le système des réprouvés et des rejetés. Selon cette acception évidente, il a installé au pouvoir, à son pouvoir, toutes les valeurs et toutes les catégories que le transcendantalisme rejetait. Il est de ce fait parfaitement conséquent que ce soient les commerçants, les marchands, les banquiers et les financiers qui forment le bataillon d'élite et le cénacle privilégié de l'immanentisme.
Sinon, comment expliquer la Révolution française et l'avènement reconnu de la bourgeoisie en lieu et place de l'aristocratie sous régime monarchique? La Révolution française exprime la prise de pouvoir politique de l'immanentisme. Comment s'étonner que les bourgeois aient pris le pouvoir, soit les marchands, selon la catégorie introduite notamment par Dumézil lors de ses études portant sur les Indos-européens?
Soit dit en passant, pour citer Dumézil : ce dernier avertissait que le système indo-européen dont descend l'Occident nécessite sans cesse le respect des trois ordres, dans l'ordre : les prêtres, puis les guerriers, et enfin les marchands. Aujourd'hui, nous nageons dans un système délirant où ce sont les marchands qui dominent et où les autres ordres sont balayés ou relégués. Pis, les valeurs marchandes passeront bientôt pour les valeurs suprêmes universelles, y compris dans des domaines totalement incompatibles, comme les arts ou le religieux.
Il ne faut pas s'étonner que nous vivions des temps de perversité et d'escroquerie systémiques. Il est cependant capital pour dépasser le créneau de l'évènementiel de cerner les antagonismes qui sillonnent le monde des marchands. La plus grave des erreurs est de représenter l'oligarchie marchande comme un monde élitiste uni, où tous les intérêts se trouveraient en accord et où tout le monde tirerait dans le même sens.
C'est l'inverse qui est vrai : il faut imaginer le monde marchand comme un panier de crabes, avec des antagonismes et des désaccords comme dans tous les milieux, mais en plus accrus et paroxystiques. Il est cohérent que les marchands multiplient les désaccords, puisque leur système immanentiste repose sur la domination. Le plus valeureux est le dominant. La domination est d'autant plus valorisée que le désespoir prime : hors la domination, point de reél, seulement du néant ou quelque chose d'imprécis, auquel mieux vaut ne point trop songer.
Si les antagonismes sont si poussés au sein du monde marchand, la seule réconciliation envisageable pour ce critère de valeurs est la communion des intérêts. Les marchands sont tous dressés les uns contre les autres, souvent par petites factions rivales, sur le modèle des bandes urbaines de voyous, et ils ne tissent des alliances mutuelles et provisoires que lorsque leurs intérêts dominants convergent.
De ce fait, la seule communion possible surgit quand l'ordre marchand se trouve menacé, en particulier quand la suprématie de l'ordre marchand se trouve menacée. C'est ce qui s'est produit le 911, où pour sortir de la crise systémique les factions dominantes à l'intérieur de l'ordre marchand sont tombées d'accord plus ou moins tacitement pour produire un évènement catalyseur en mesure de les sauver - en fait de précipiter leur chute inéluctable.
Il faudrait introduire une nuance d'importance : le système des marchands est dominé inéluctablement par les financiers et les spéculateurs de la finance, puisque les valeurs marchandes reposent sur un mode de critère absurde, celui du virtuel entendu comme productions d'idées finies.
Tôt ou tard, ce système ne peut que s'écrouler. C'est ce qui se produit à l'heure actuelle et c'est la raison pour laquelle on a envie plus que jamais de clamer que le roi nu est vraiment laid. Les financiers sont les garants du système marchand et les justes rois de l'économie immanentiste. J'entends par financiers ceux qui s'occupent et se targuent de créer de la valeur, en l'occurrence de la valeur monétaire.
Où l'on constate que le fondement de l'empire et de l'emprise marchands réside dans ce qui n'existe pas, soit dans ce qui est faux : qui existe à l'état réel, mais comme un fondement infondé et une forme chaotique. La représentation ordonnée diverge du tout au tout avec la forme réelle chaotique. C'est pourquoi les menteurs finissent toujours par se trahir, à force de distordre le lien entre représentation et réel; c'est pourquoi les financiers de l'ordre marchand dominant ne manquent jamais de s'effondrer, car ils sont juste capables de fabriquer du toc comme ils émettent des billets artificiels - sans valeur autre qu'hyperinflationniste.
Quand les marchands se retrouvent face au reél, ils se mobilisent solidairement, mais dès qu'il s'agit de défendre leurs intérêts respectifs, ils s'opposent. C'est ce que le système immanentiste tardif et dégénéré, également nommé néolibéralisme, nomme avec emphase et fierté la dérégulation ou la liberté d'entreprendre. Entreprendre - quoi?
Ceux qui ont fait le 911 étaient tombés d'accord entre factions oligarchiques pour susciter un évènement catalyseur et lancer ainsi le prétexte à la guerre contre le terrorisme. Par contre, ils ne sont plus d'accord pour définir précisément ce qui constitue la guerre contre le terrorisme. Il faudrait établir des distinctions fines et des nuances entre les différentes factions, mais on peut d'ores et déjà poser que le système unique américain est arbitrairement séparé entre démocrates et républicains, et qu'on peut les appeler tous deux immanentistes pragmatiques tardifs.
On a vu le 911 comment démocrates et républicains marchaient main dans la main, notamment aux Commissions du renseignement. Pour comprendre le 911, il faut en gros établir les deux factions principales au sein de l'oligarchie financière : d'une part, ceux qui sont favorables à la guerre contre l'Irak; d'autre part, ceux qui sont favorables seulement à la guerre contre l'Afghanistan.
Du coup, la guerre contre le terrorisme unit l'ensemble de l'oligarchie financière pour sa survie. Mais elle divise cette même oligarchie en deux grandes factions quant aux modalités de son application.
1) Les durs et les extrémistes correspondent aux détraqués qui ont conduit la guerre contre l'Irak et qui voudraient réaliser aussi la guerre contre l'Iran. Ils ont perdu la guerre sous-traitée à Israël en 2006 contre le Liban. Poursuivant le projet immanentiste de remplacement des frontières réelles par des frontières et des territoires hyperréels, ils courent après un objectif idéal qui est l'idéal de l'immanentisme dégénéré. Autant dire de l'immanentisme aveugle.
Ces sbires gravement atteints dans leur jugement et leur esprit critique se nomment les néo-conservateurs et l'on a pu dire d'eux à bon escient qu'ils étaient des idéalistes. Dans cette acception d'idéalistes - oui. Leur idéal est une utopie idéologique, l'idéologie de l'immanentisme tardif, qui a perdu toutes ses boussoles et qui ne se rend pas compte que son erreur fondamentale mène à sa perte et à sa destruction. Cet immanentisme d'obédience aussi tardive qu'idéaliste/utopiste se nomme en fait sionisme, plus exactement sionisme fondamentaliste.
2) Les modérés ne sont modérés que dans la mesure où ils appartiennent à la mouvance décadente et extrémiste de l'immanentisme pragmatique tardif et dégénéré. Voilà une perspective qui diminue singulièrement leur appartenance à la caste des modérés. Ces modérés de l'extrémisme immanentiste étaient bel et bien partisans du 911, mais ils estimaient que la guerre contre le terrorisme ne devait concerner que le Caucase. Leur but est d'affaiblir les puissances émergentes de l'Est, les trois mastodontes que sont la Russie, la Chine et l'Inde.
Ils sont regroupés autour des thèses d'un analyste influent de l'oligarchie financière, le soi-disant pondéré Z. Brzezinski, qui a théorisé directement l'islamisme comme arme contre le communisme et qui estime toujours que l'ennemi de l'impérialisme américain réside à l'est, du côté de la Russie - et autour. Selon ces stratèges jamais en peine de stratagèmes, il est certain qu'un impérialisme débridé, comme c'est le cas des partisans de la guerre en Irak, ne débouche le plus souvent que sur un effet contre-productif et affaiblissant.
Dans cette tranche d'impérialisme modéré, si cet oxymore possède quelque sens, on trouve bien entendu tous les conservateurs plus classiques qui s'opposent aux néo-conservateurs et qui sont chargés d'affaiblir l'administration W., emmenée par le caractériel Cheney. C'est ainsi qu'on retrouve certains hauts-gradés de l'armée, du Pentagone ou des services secrets, qui comme par hasard sont nommés à des postes stratégiques, pour gérer la fin déliquescente de l'ère putride W., la guerre d'Irak et empêcher la guerre-catastrophe contre l'Iran.
Ce n'est pas tout : on peut associer aussi un tandem surprenant, quoique fort complémentaire, le duo de choc Kissinger et Brzezinski. Pour ceux qui croiraient que nos deux marionnettistes ont eu leur heure de gloire à la fin des années 70, et qu'ils sont finis, on rappellera qu'ils sont les conseillers en chef d'Obama et de Mac Cain, les deux marionnettes de la présidentielle américaine.
Après tout, Kissinger est aussi fort écouté depuis le 911, tandis que Brzezinski exprime une stratégie tout à fait plausible de choc des civilisations. Kissinger s'est exprimé contre la guerre en Irak au départ et maintenant ne la légitime que par pragmatisme. Ces ventriloques verbalisent le point de vue des hauts pontes de l'oligarchie financière. Que considère cette oligarchie disparate? Que les sionistes ont été trop écoutés et que le sionisme ne détruit pas seulement la piétaille des horribles islamistes. Les extrémistes qui meuvent le sionisme et qui s'en servent comme d'une place centrale de l'immanentisme détruisent avant tout la finance.
Raison pour laquelle aujourd'hui les attaques contre le sionisme sont de plus en plus autorisées. Les oligarques doivent regretter amèrement d'avoir accordé leur confiance à des extrémistes qui sous couvert d'une idéologie tentatrice, le sionisme, ont détruit par trop leur pouvoir et leur puissance. Désormais, ils font marche arrière. La tendance est encore subtile et subreptice, mais il est un signe qui ne trompe pas : auparavant, les attaques contre le sionisme étaient systématiquement confiées, soit à des extrémistes antisémites, soit à des excités caricaturaux. Dans tous les cas, les opinions émises revenaient à discréditer ceux qui les défendaient autant que le point de vue de l'antisionisme.
Aujourd''hui, de plus en plus de spécialistes sortent de leur silence pour oser des avis pertinents. Enfin. Walt et Mearsheimer, Petras... Se rendrait-on compte désormais qu'on peut porter des critiques contre Israël et/ou le sionisme sans pour autant friser le néo-nazisme et le suicide social? L'anathème de l'antisémitisme est tellement utilisé de manière incontrôlée que bientôt il ne fonctionnera pas davantage que l'anathème du racisme. On entend des politologues et des sociologues fort doctes nous expliquer en quoi la politique israélienne et l'influence sioniste dans le monde sont néfastes. Des voix de moins en moins discrètes et de plus en plus autorisées répètent que certains pans du sionisme sont impliqués dans le 911.
Je subodore que les sionistes vont payer leurs crimes parce qu'on se rend compte en haut lieu que le 911 a déchiré le voile de Maya. Le vrai visage du fonctionnement inavouable de l'immanentisme est apparu. Les immanentistes qui veulent sauver le système, soit aussi et surtout leur peau, sont prêts à lâcher les copains, y compris les alliés les plus proches. Sans doute au début ont-il cru qu'avec quelques lampistes, du style W. et sa clique de désaxés notoires et de dégénérés emblématiques de l'immanentisme tardif qu'ils représentent et de la décadence qu'ils personnifient, ils sauveraient les meubles.
Maintenant qu'ils se rendent compte que la guerre contre l'Irak les a affaiblis, a profondément nui à leurs intérêts élitistes et dévoyés, ils entendent faire payer les promoteurs de ces excès impérialistes afin de restaurer un impérialisme sain et respectable. Digne de l'Empire britannique en pleine effusion, fusion et infusion. Les sionistes sont avertis : pour l'instant, leur mise en cause est aussi évidente que confidentielle. Si la tête des premiers lampistes ne suffisaient pas, ils constitueront l'arrière-plan de ceux qui sauveront le système. Le but est de laisser entendre que le système a été piraté dans ses entrailles certes, mais qu'en aucun c'est le fonctionnement du système qui est en cause.
La vérité est bien entendu plus terrible et plus malaisée à endurer : le 911 est un événement systémique, qui implique les plus hauts dignitaires du système immanentiste, occidentaliste, impérialiste et colonialiste. Une dernière chose, pour la route ou le casse-croute (avant qu'on ne puisse plus mettre de jambon dans le pain) : les dissensions sont de loin les plus importantes chez les modérés, car les extrémistes sont relativement d'accord sur l'essentiel, la démocratie forcée.
Tandis que les modérés seraient à séparer en deux autres sous-tendances :
- d'un côté, les impérialistes qui veulent sauver la face et donner de l'atlantisme un visage admissible pour l'histoire (autant faire ce peut);
- de l'autre, les tordus qui dans le fond agissent par pragmatisme et font mine de défendre le point de vue du réalisme et du plus fort, alors que dans le fond les intérêts qu'ils poursuivent sont en faveur de la sauvegarde de l'oligarchie atlantiste et que ces intérêts vont bien entendu de plus en plus à l'encontre des positions et des préoccupations du sionisme.
Viserais-je la figure d'un Kissinger et les avatars qui le suivent et lui ressemblent tant, dans le fond?
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