mardi 12 avril 2011

La domination du monde

1) L'Empire britannique contrôle les Etats-Unis et le Royaume-Uni, soit les Etats-nations. Les factions contrôlent les nations. Prétendre que des Etats-nations dominent le système impérialiste est un contresens et un non-sens (comme dans le cas de l'impérialisme américain). Car l'impérialisme est incompatible avec la forme de l'Etat-nation, alors que la compatibilité avec la forme de la faction relève du privilège. Le propre de la faction, telle le parasite, c'est de ne pouvoir vivre qu'en parasite, à l'intérieur d'un Etat. Les Etats-nations sont d'excelles nids à coucous pour les pirates des factions impérialistes. Quant à la forme de l'Etat-nation, en assurant un tout collectif, au sens de volonté générale, elle ne peut pirater quoi que ce soit. L'Etat-nation se trouve au service du dessein républicain, de nature antioligarchique.
2) Quand un Empire s'effondre, quand une domination s'effondre, son visage apparaît peu à peu avec une netteté plus explicite. C'est le cas en Libye, où la déstabilisation politique a fait son chemin : l'hyperinflatin alimentaire mondiale est en train d'engendrer une vague de révoltes populaires imprévues faisant sombrer en premier lieu les dominions les plus faibles. Le clan familial Kadhafi est un cas typique d'usage de l'impérialisme factionnel sous couvert de lutte contre l'impérialisme étatique (même si la propagande occidentale et médiatique déverse des mensonges opportuns et orientés à propos de l'action politique de Kadhafi, un dictateur mégalomane qui n'aura pas que détourné l'argent libyen mais l'aura aussi redistribué à des fins de construction des infrastructures et d'augmentation du niveau de vie du peuple).
Le symbolique cas du colonel Kadhafi conçoit son action en Libye comme au service d'intérêts tribalistes qui parasitent la création d'un Etat-nation libyen (d'une volonté générale républicaine libyenne). Peu importe que Kadhafi se prétende nacérien ou socialiste-musulman. Peut-être ne comprend-il lui-même pas (toujours) les sornettes qu'il débite. Ces satrapes contemporains conçoivent leur action et leur influence en tant que parasites d'un Etat et serviteurs d'une cause tribale. Le tribalisme ancestral est la forme la plus compatible avec l'impérialisme factionnel. Kadhafi aura travaillé avec certains des plus hauts éléments de l'Empire britannique actuel (Blair, Lord Jacob Rothschild, sir Allen, le prince William...) et dénonce l'impérialisme américain.
Cherchez l'erreur, l'imposture ou la confusion hallucinogène... Cette alliance entre le tribalisme et le factionnalisme se dévoile au moment où l'impérialisme britannique s'effondre. Soudain on comprend que le tribalisme de Kadhafi s'accommode et s'acoquine avec le factionnalimse britannique et que l'identification à l'impérialisme américain est fausse.
3) Car l'identification à des intérêts américains, qu'ils soient politiques ou financiers, ou qu'on explique que les intérêts politiques sont manipulés par les intérêts financiers, consiste à rendre fondamental et ultime ce qui est seulement tronqué et secondaire. En l'occurrence, les intérêts américains ne peuvent être américains au sens où ils seraient tributaires de l'Etat-nation des Etats-Unis, mais sont des factions qui parasitent l'Etat-nation américain. Toute dénonciation de l'impérialisme américain se heurte à la manipulation historique et stratégique des Etats-Unis par l'Empire britannique, soit de l'Etat-nation le plus puissant du monde par les factions financières non identifiées ou mal identifiées.
Il est normal que dans une grille de lecture stratégique ne prenant en compte que l'identité des Etats-nations, l'identification de factions ne puissent être discernée. Il est normal que de manière grossière et hallucinatoire, on identifie la nationalité de l'impérialisme avec les exactions de l'Etat-nation le plus puissant. Sans se rendre compte de la manipulation de l'Etat-nation par la faction étrangère - des Etats-Unis par l'Empire britannique. La crise du parasite entraîne son dévoilement. Soudain, on se rend compte que les factions étaient les métastases qui manipulaient de l'intérieur les structures des Etats-nations sans être identifiées adéquatement. Cas typique et récent de la Françafrique qui longtemps demeura invisible et qui n'est jamais dénoncée que depuis qu'elle a disparu, avalée dans les intérêts supérieurs de l'Empire britannique (l'itinéraire d'un Bolloré est à cet égard instructif).
A une échelle mondialiste, l'Empire britannique n'est pas l'Etat-nation britannique, encore moins américain, ou américano-sioniste, mais un rhizome composé des factions financières centrées autour de la City de Londres. Wall Street n'est que l'extension impérialiste sur le sol américain de la City. Si l'on objecte que cette identification est controuvée, ou historiquement dépassée, les satrapes Moubarak ou Kadhafi, entre autres possibilités de vérification, connaissent très bien l'existence de l'Empire britannique, puisqu'ils ont noué des alliances au plus haut niveau avec ces financiers marionnettistes. La condamnation de l'impérialisme américain est hypocrite de la part de Kadhafi, qui ne se hasarde jamais à pointer du doigt l'Empire britannique. Tout juste se contente-t-il de rappeler ses liens avec Sarkozy ou Blair, qui demeurent des hommes politiques représentant des Etats-nations. Personne ne doit s'apercevoir que les actuels représentants politiques des Etats-nations se trouvent au service d'intérêts financiers prévaricateurs et dominateurs de l'intérieur (parasites).
Sarkozy, Blair ou Obama incarnent la trahison par les hommes politiques des intérêts des Etats-nations au profit des factions financières impérialistes. Avec la guerre en Libye, qui illustre la stratégie du chaos actuellement entérinée pour légitimer l'effondrement financier mondial, stratégie jusqu'au-boutiste dans laquelle ce sont les dominions qui s'effondrent en premier, de manière inexplicable et imprévue pour ceux qui raisonnent en termes de succédanés sortis de leur processus dynamique, on apprend que bien avant la résolution de l'ONU, des forces militaires et de renseignement britanniques étaient sur place : les fort peu romanesques SAS, le service d'espionnage britannique MI-6, plus des corps diplomatiques britanniques. L'Empire factionnel en s'effondrant envoie ses forces vives les plus intimes pour mieux contrôler la Libye, un territoire typique de l'emprise historique de l'Empire, afin que cedominion riche en pétrole et gaz n'échappe pas à son contrôle et ne verse dans le chaos le plus incontrôlable.
Le cas libyen est instructif de la stratégie du chaos en ce que la primauté de l'Empire britannique apparaît devant les agissements des Etats-Unis et que la crise ravageuse qui dévaste le monde contraint le manipulateur ultime (les factions) à montrer son naseau d'ordinaire masqué en lieu et place de son habituelle marionnette emblématique et puissante, ces Américains qui n'agissent pas pour leur compte tout en prenant sous leur chapeau les exactions et les crimes commandités par le marionnettiste sardonique (comme en Irak). Si au passage apparaît le visage dictatorial et sanguinaire de Kadhafi, il est réducteur de s'en tenir au cas K (même dans le caca).
4) Le cas K. indique tel une boussole fiable que le véritable monstre n'est pas la créature, mais le créateur, pas le clan libyen Kadhafi, ni l'Empire américain fantasmatique (ou sa variante américano-sioniste), mais l'Empire britannique qui le contrôle et le soutient depuis son coup d'Etat (l'ayant réhabilité sans vergogne vers 2003, depuis que Blair a décidé de faire du K. paria un repenti exemplaire et coopératif sur la scène mondialiste). L'opération Kadhafi, ce miraculé de la rédemption impérialiste et du cirque médiatique, devenu en quinze jours un monstre infréquentable, ne rappelle pas seulement le traitement nuancé et impartial qui fut infligé au malheureux Meyssan : passé du statut de journaliste pugnace et courageux de gauche bobo à celui de néo-nazi mythomane et mégalomane quelques semaines après le 911 (et pour avoir dit que la VO du 911 ne tenait pas la route, ce qui exprime la vérité certes inacceptable, mais irréfutable aussi).
Nous tenons dans le mythe de Frankenstein une référence littéraire et populaire lancée par la romancière Mary Shelley (femme du poète anti-impérialiste et romantique). Ce n'est pas le monstre créé par Frankenstein qui est le plus monstrueux; c'est son créateur, ce savant mou frappé de démesure et de maladresse. Faut-il voir dans ce mythe une histoire impériale? En tout cas, la popularisation du mythe ne doit rien à la piètre qualité du roman. Derrière cette condamnation sordide, Shelley voudra empêcher le progrès de la connaissance au nom de l'immobilité du Jardin d'Eden (un mythe babylonien), tout en opposant la créature maléfique (l'homme) au créateur irresponsable, sous couvert de réhabiliter la nature impersonnelle, aveugle et bienfaisante (une entité proche de Gaïa).
Mais, piège du refoulé ou du mécanisme de la projection, Shelley ne se rend pas compte que sa dénonciation de l'homme mauvais et de la connaissance dangereuse renvoie in fine à la culpabilité du créateur plus que de sa créature : l'Empire britannique est plus monstrueux que les plus monstrueux de ses satrapes et de ses pantins. Kadhafi est peut-être un dictateur monstrueux, il le sera toujours moins que ses protecteurs occidentaux, notamment britanniques, qui l'ont toléré, protégé, réhabilité, pour mieux le poignarder. Saddam Hussein pourrait offrir un autre cas de monstre moins monstrueux que ses protecteurs, à ceci près qu'il a beaucoup plus tué que Kadhafi, à des échelles abjectes.
Mais la mauvaise identification de l'impérialisme, la mésidentification surtout de fabrique américaine, ou la culpabilité accordée de manière fondamentale, ultime et tronquée à des dictateurs qui n'auraient pu agir avec cette liberté sans de solides et inavouables protections parmi leurs ennemis officiels, s'explique par le fait que l'impérialisme détruit l'unité et établit en lieu et place la multiplicité. L'opinion a besoin d'identification, soit d'unité identitaire et préférera toujours une identification une et fausse à une identification juste, mais multiple. Or l'impérialisme, loin de permettre la simplicité, ne fonctionne qu'avec la multiplicité la plus enchevêtrée, voire inextricable, à l'image des métastases.
Du coup, pour conserver cette identité simple et une, soit l'on recourt au déni d'identification, soit l'on use du stratagème de l'identification simpliste. Dans le premier cas, on nie l'identité impérialiste du fait de sa multiplicité insaisissable (c'est le cas de l'accusation de complotisme, quand elle est proférée pour nier l'existence des complots, soit dans un but de mauvaise foi, voire de crapulerie). Dans le second cas, on reconnaît cette identité sous une fausse forme et avec un simplisme faussement simple, visant à rétablir l'unité et déformant du coup la multiplicité (c'est le cas des complotistes cette fois effectifs, notamment de ceux qui substituent à la multiplicité complexe un schéma pyramidal simpliste pour mieux expliquer le réel par des complots fondamentaux et tout-puissants, par exemple avec les pyramides grotesques et délirantes d'initiés illuminatis ou d'extraterrestres initiés et surhumains).

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