jeudi 7 avril 2011

Le paradigme écologique


Alors que le quotidien de référence de l'ultralibéralisme de gauche (tendance DSK & Co.) Le Monde continue à promouvoir sans craindre le démenti historique toutes les tendances de l'écologie pourvu qu'elles soient malthusiennes, voici la tribune complaisamment offerte à un scientifique expert qui explique sans rire que l'on peut sortir du nucléaire en le remplaçant par de multiples énergies alternatives, dont les énergies renouvelables ineptes - comme cette biomasse évoquant le superhéros Bioman, qui serait la panacée nouvelle adoubée par les politiciens et/ou les tartuffes qui peuplent les couloirs de l'écologie néo-malthusienne :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/04/les-energies-renouvelables-ca-marche_1502674_3232.html#ens_id=1502785

Pourtant, il suffit de quelques chiffres pour se rendre compte qu'aucune énergie actuelle ne peut rivaliser en termes de rapport qualité/prix avec le nucléaire; au lieu de promouvoir la recherche nucléaire, voire la recherche pour de nouvelles énergies, on propose comme alternative le raisonnement aberrant de certains experts scientifiques qui expliquent qu'un panel multiple d'énergies renouvelables pourraient se substituer au pétrole et au nucléaire et permettre de stopper le réchauffement climatique anthropique ou la pollution diverse. Cette manière de concevoir, outre qu'elle ramènerait l'homme vers des âges obscurs et arriérés, présente la caractéristique d'adouber l'immobilisme ontologique et historique : comme si les besoins énergétiques, suivant les besoins économiques de l'homme, étaient assurés de demeurer identiques... Cette révision statistique est d'autant plus fausse qu'elle ne prend en considération que les dépenses énergétiques actuelles, pourtant promises au développement exponentiel.

(Petite précision avec ce débat entre un expert favorable au nucléaire et l'écologiste Lepage, qui propose un discours assez modéré, quoique surréaliste et irrationaliste :
http://www.lefigaro.fr/environnement/2011/03/18/01029-20110318ARTFIG00579-lepage-gerondeau-faut-il-remettre-en-cause-le-nucleaire-en-france.php
)

D'une manière aussi réjouissant qu'inattendue (d'autant plus?), le philosophe et académicien Serres a le mérite de rappeler que sans nucléaire l'écologie ne peut être une activité analytique sérieuse.
http://www.lejdd.fr/International/Actualite/Michel-Serres-293539/?sitemapnews

Signe que les propositions néo-malthusiennes ne sont pas acceptées par tous et que parmi les avis qui comptent, on en trouve de plus en plus qui refuse la démagogie entérinée en Occident par une Merkel. Serres réaffirme avec courage ce que tout expert sérieux ne sait que trop : c'est soit le nucléaire (sous son processus, c'est-à-dire avec ses dernières formes, pas avec des formes obsolètes ou anciennes); soit le retour à des modes de vie arriérés. Serres a le courage intellectuel de remettre à leur place ceux qui prétendent sortir du nucléaire avec ou sans rogner sur le mode de vie économique de l'Occident - au lieu de l'étendre à la planète.
C'est d'autant plus surprenant et inattendu de la part de Serres que c'est le même intellectuel-philosophe qui prétendait que les changements politiques et sociaux fondamentaux engendrés par la société industrielle et la société de consommation nécessitaient la réforme de la démocratie pour désormais ajouter au pouvoir de décision citoyen l'avis éclairé des experts. Cette manière de penser intervenait en plein terrorisme écolo de Copenhague, où l'écologie était le cheval de Troie de l'Empire britannique. Si l'on avait suivi ces recommandations écolos et irrationnelles à l'emporte-pièce, notamment relayées en France par le quotidien de l'oligarchie bobo Le Monde, l'on aurait adoubé une conception totalitaire de la société selon laquelle le coût énergétique implique des mutations sociales inégalitaristes sous prétexte de pollution et de réchauffement climatique.
Preuve que l'on peut à la fois entériner l'oligarchie et la réfuter sous d'autres formes, Serres dénonce les discours utopiques des antinucléaires aussi fanatiques qu'incultes (ou menteurs). En fait, Serres se montre favorable à l'oligarchisation des institutions politiques, sous couvert de mutation politique postmoderne, mais il est favorable au développement scientifique dans ce cadre; alors que les écolos néo-mathusiens sont au service inavouable de l'oligarchie (eux qui se targuent de progressisme anticapitaliste, voire de gauchisme noble et républicain pour la plupart), avec une inclinaison épistémologie encore plus extrémiste que celle d'un Serres : ils sont obscurantistes viscéraux, soit défavorables cyniques et sinistres à la méthode scientifique.
Il faudrait rappeler que la méthode scientifique est la principale arme pratique contre la tentation oligarchique et que c'est pour cette raison que les oligarques de tous poils prétendent bloquer le processus de progrès scientifique à leur époque (ainsi d'un Aristote). Le mythe de Prométhée dérobant le feu du ciel aux dieux (dont le tout-puissant et maléfique Zeus) pour l'offrir aux hommes indique que l'homme ne peut se délivrer du fardeau de la nature que par la science et la technologie - ce qui implique que l'on soit favorable à la science la plus avant-gardiste et que l'on prenne le processus scientifique comme un mouvement dynamique constant impliquant des progrès indéfinis et non linéaires.
N'en déplaise aux propagandistes de l'irrationalisme et de l'obscurantisme, on ne peut sortir du nucléaire sans que s'effondre l'idée de progrès technique et économique. Ce que ne précisent jamais les écolos malthusiens, c'est qu'ils travaillent en faveur des intérêts financiers oligarchiques, qui se chargent bien entendu de les financer grassement. Un exemple emblématique de cette collusion entre écolos moralistes et obscurantistes et financiers amoraux et cupides, tiendrait dans la figure médiatique d'Al Gore, qui aura servi de prête-nom pour la cause écolo du réchauffement climatique, alors que c'est un pollueur notoire et un financier relevant des cartels de la City de Londres.
Mais le principal défaut de Serres dans cette interview qui me réconcilie partiellement avec ce philosophe oligarchisant, c'est qu'il pose les bonnes questions épistémologiques, notamment autour du lien entre nucléaire et écologie, pour n'arriver jamais au lien entre écologie et pensée politique. Serres ne dénonce jamais l'imposture de l'écologie qui se prend pour fin révolutionnaire de la pensée. Le principal problème de l'écologie n'est pas le souci écologique pratique et quotidien, mais la valeur que l'on accorde à l'écologie. Selon les néo-malthusiens et les obscurantistes, l'écologie provoque une révolution des valeurs et devient la fin du Nouveau Sens, le sens postmoderne.
Mais cette prétention de l'écologie à faire sens au sens universel (de caractère ontologique) se heurte à la dimension ontologique de l'écologie, qui ne peut du fait de son statut fondamental que réduire le sens à une dimension particulièrement étriquée. L'écologie désigne le discours au sujet de la maison, la science de la maison. De ce fait, la conception du réel de l'écologie se réduit du réel infini de nature ontologique au réel à l'intérieur des bornes finies et fixes de la maison. La science de la maison réduit la méthode scientifique générale du réel à la maison. Même si la maison est entendue au sens large de l'humanité et de ses productions, cette conception ne peut que soutenir une conception immanentiste des plus radicales qui, réduisant déjà le réel au désir complet, réduit qui plus est le désir complet à la maison comme totalité et harmonie cosmiques.
La théorie de la décroissance se réclame des travaux du philosophe roumain Nicholas Georgescu-Roegen, un nobellisable non nobellisé qui pourrai prendre comme patron l'impérialiste britannique notoire Russell. Notre philosophe partisan de l'entropie ontologique et de la décroissance écologique à des fins économiques (au service de l'impérialisme) postule de manière gratuite et indémontrable que le réel est fini (donc s'épuise). Bien que cette affirmation soit contredite par l'histoire, elle s'insère dans le prolongement de l'écologie comme fin, en ce que l'écologie tend à considérer le réel comme fini et fixe. Elle retient la complétude comme critère fondamental et final.
L'écologie finaliste se révèle d'essence terroriste en ce qu'elle détruit et remplace l'ontologie et la politique, et rompt avec l'équilibre cosmique classique reposant sur le lien entre le monde fini de l'homme et le monde infini du divin. Cette écologie finaliste agit de manière récente comme la radicalisation de l'immanentisme. De ce fait, il convient de séparer radicalement l'écologie qui s'insère dans le débat politique et philosophique avec l'écologie qui prétend remplacer le débat classique par un nouveau paradigme. Le paradigme écoillogique. Ecologie relative ou secondaire contre écologie fondamentale ou révolutionnaire. Ecologie secondaire contre écologie finaliste.
D'ailleurs, les chantres de l'écologie néo-malthusienne et fondamentale sont des fondamentalistes dans tous les sens du terme, au sens où ils se considèrent comme des pionniers d'une nouvelle conception qui remplacerait l'ancienne conception religieuse et philosophique. L'écologie qui remplace l'ontologie : tel est le slogan de cette écologie finaliste et néo-malthusienne. On comprend mieux que le philosophe Serres se trouve effrayé par cette constatation et qu'il la dénonce pour lui opposer une écologie sérieuse. L'écologie sérieuse est cette écologie qui se déclare incompétente pour poser des problèmes politiques et philosophiques, soit qui se n'occupe pas de la question du réel, et surtout pas de la question capitale de l'infini.
L'écologie sérieuse se borne à s'occuper de problèmes techniques et scientifiques finis. Le critère qui permet de mesurer le sérieux de l'écologie serait la conception scientifique, soit que l'on se montre favorable au progrès scientifique (et non scientiste), soit que l'on se montre obscurantiste (et scientiste dans ce canal). Seule l'écologie antifinaliste et secondaire accepte d'être inféodée à la réflexion générale, qui se trouve habilitée à s'occuper des questions infinies (le religieux en premier lieu, la philosophie comme branche complémentaire, voire parente). Que les pays d'Occident se trouvent submergés par des partis écologiques d'obédience néo-malthusienne, qui développent des théories néo-malthusienne avec le concours des médias principaux, n'est certainement pas une nécessité inévitable, mais s'explique par le fait que cette écologie révolutionnaire, fondamentaliste et intolérante recoupe les besoins de l'immanentisme terminal, dont la principale préoccupation consiste à s'accommoder de sa désintégration et de son effondrement de type financier. Précisément, l'exigence de décroissance écologique répond à cette réalité d'effondrement systémique de l'immanentisme.

(En pièce complémentaire et en guise de témoignage, je reproduis ce texte instructif de peur qu'il ne puisse plus être consulté sur Internet :

"Ce Gascon de 80 ans est incroyable. Célèbre au Japon avant d’être connu en France, professeur à Stanford en Californie et académicien, il promène sur le monde son regard d’éternel jeune homme. À contre-courant. Comme le Sphinx, qui avait sa question fétiche pour ses visiteurs ("Quel est l’animal qui marche à quatre, puis deux puis trois pattes?"), le malicieux Michel Serres a la sienne: "Quel est l’événement le plus important du XXe siècle?" Le Sphinx s’était jeté de la falaise après la bonne réponse d’Œdipe. Michel Serres, à ce jour, n’est tombé sur personne qui trouve "sa" bonne réponse*. Heureusement! Et puis au lieu de dévorer les ignorants de passage, comme le faisait l’animal grec, notre animal gascon les instruits. Enfin, il tente, le bougre…

Le Japon donne un spectacle de fin du monde. . . Est-elle pour bientôt?
Il y a déjà eu cinq grandes catastrophes, il y a des millions d’années, qui ont éradiqué entre 90 et 95% du vivant. Elles étaient consécutives à des chutes de météorites ou à des volcans. Nous sommes certainement nés d’une de celles-là. La Terre elle-même est née comme cela, de plusieurs météorites qui ont choqué! Notre planète est à la fois une catastrophe et une naissance. Des séismes comme celui du Japon, il y en a déjà eu beaucoup. Ce n’est donc pas la sixième fin du monde…

Vous avez déclaré que "tout écologiste sérieux devrait être pour le nucléaire"...Maintenez-vous la formule?
Je ne sais pas trop. La question n’est pas simple et elle est double. Il y a d’abord la question de l’énergie. Il y a aussi l’urgence de limiter les émissions de monoxyde de carbone. Pour le moment, l’énergie nucléaire est la plus propre.

Tant qu’il n’y a pas d’accident!
Il y aura un avant et un après Fukushima, c’est un événement mondial. Une catastrophe mondiale. Une catastrophe au sens littéral du mot, le "bord", une "coupure"… Mais à mon sens, il faut faire attention à la réaction à chaud. Merkel a arrêté les centrales nucléaires allemandes, mais elle a besoin des voix des Verts. C’est une réaction politique. Si demain matin il y a un débat sur le nucléaire, ce sera un bouc émissaire évident… Moi, je veux bien: je ne prends plus ma voiture quand je suis à Paris, je marche à pied. Il m’arrive de marcher quatre heures pour aller travailler. Je suis à une heure et demie de Bruxelles, j’y étais la semaine dernière et je ne le dis même pas à ma femme, c’est comme aller à la Défense. Lyon est à deux heures et Londresà deux heures et demie. En fait, j’habite "Palobru", Paris, Londres et Bruxelles à la fois. Grâce à quoi? À des dépenses d’énergie colossales! Quand mon grand-père est allé à San Francisco, il a mis six mois en goélette par le cap Horn. J’y vais deux fois par an, en douze heures d’avion. Si on voulait pédaler sur un vélo pour recharger son téléphone portable, il faudrait pédaler deux jours et demi! Voilà le débat qu’il faut poser. Pour le moment, on n’a pas de solution de rechange au nucléaire. On peut tout arrêter, mais on revient à la bougie…

Qu’est-ce que ça serait une société sans énergie?
Une société du Moyen Âge. Les éoliennes, ce sont les moulins à vent du Moyen Âge. L’énergie, la machine à vapeur, c’est justement la société industrielle du XIXe siècle. Comment faire une société où l’on dépense moins d’énergie? Pour venir jusqu’à chez moi à scooter, vous avez dépensé du pétrole et vous avez émis du CO2. Vous avez mangé chaud à midi, vous mangerez chaud ce soir. Votre alimentation vient d’Afrique du Sud, du Maroc… Ce débat-là met en question la totalité de nos conduites et de nos comportements.

Comment vit-on avec un potentiel de catastrophe aussi "certain"? C’est effrayant...
Il y a des catastrophes bien plus effrayantes dans l’histoire de l’humanité. À la fin de l’Empire romain, il y a une chute démographique telle qu’il faut attendre le XVIIe siècle pour retrouver le même niveau de population en Europe. On ne sait pas pourquoi la natalité a baissé à ce point. Il y a eu des effondrements de population gigantesques : on pense maintenant qu’au début du néolitihique, quand nos ancêtres se mettent à élever des moutons, il y a 12.000 ans environ, le passage des bactéries animales à l’homme a fait des dégâts considérables. Ce n’est pas étonnant que les grands textes de l’humanité commencent presque tous par un déluge. Il y a un déluge chez les hindous, chez les Égyptiens, chez les juifs, chez les Grecs… Ce qui prouve que nous sommes les enfants d’une catastrophe de ce genre. Nous sortons d’une période, depuis le début du XIXe où la Terre a été étonnament calme. On pense même aujourd’hui que la révolution industrielle et les progrès en Occident ont été possibles pendant une sorte de période d’assoupissement de la Terre. Et là, elle se réveille. Depuis que l’échelle de Richter a été créée, dans les années 1935, il n’y avait pas eu de 9. C’était le premier. On sait aussi qu’il y aura trois "Big One". Un sur la faille de San Andreas, en Californie. Un deuxième du côté d’Istanbul, et puis un troisième au Japon, où trois plaques s’emmêlent. On se sait pas quand…

Comment expliquez-vous le grand calme des Japonais?
Ils ont l’habitude du tremblement de terre… Et une grande sagesse. Au Japon, cela tremble tout le temps. Je me souviens d’un tremblement de terre au milieu de la gare. Cela dure longtemps. Personne ne bouge. Une autre fois, au théâtre. L’acteur a marqué une pause un instant et a continué. Les Japonais ont une culture du séisme. La première fois que j’y suis allé, j’avais apporté un panier de fraises. Mes amis japonais avaient commencé par manger les meilleures. Cela m’avait étonné. Ils m’avaient dit "au cas où"… On peut toujours mourir. Dans leur quotidien, ils n’ont pas la même conduite que nous. La mort est chez eux une compagne invisible. Cela forme un groupe, des individus très différents.

Très différents de nous, Français?
Nous, ici, en France, on ne risque jamais rien! On est le seul pays du monde à zéro risque! Dans le dictionnaire des risques, il n’y a pas la France. Je dis souvent, on n’a pas le droit de dire qu’il fait chaud tant qu’on n’a pas été à Bamako. On n’a pas le droit de dire qu’il pleut tant qu’on n’a pas été en Équateur. On n’a pas le droit de dire qu’il fait froid tant qu’on n’a pas été au Labrador l’hiver, et on n’a pas le droit de dire qu’il neige tant qu’on a pas été à Buffalo, sur les Grands Lacs… La France est un pays exceptionnel! Exceptionnel au niveau du climat, entre le pôle et l’équateur. On a les meilleurs fromages, les meilleurs vins, une agriculture formidable. Alors forcément, dès qu’il arrive une catastrophe quelque part, vu d’ici, c’est la fin du monde ! On est à l’inverse des Japonais. Comme on ne risque rien, on s’affole de tout!

Vous ne pensez pas que nous vivons une parenthèse? Que douze heures pour faire Paris- San Francisco, cela ne va pas durer éternellement?
Oui. Cela ne peut pas durer. On est en train de griller toute l’énergie de la planète. Il n’y a pas de doute. Dans un grand magasin américain, la moyenne de provenance des produits est de 10.000 km. Le volume des déchets sur terre a atteint le volume de l’érosion naturelle. Cela ne peut pas durer très longtemps. Ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’une ère. On termine une ère. C’est une période de l’humanité qui s’achève.

Vous avez écrit qu’on est entré en néolithique 2...
Oui, depuis quelques années seulement, moins de 3% des Français sont des paysans. Ils étaient plus de 75% au début du XXe. Il y a aussi d’autres facteurs de changement d’ère, comme la généralisation de la péridurale, par exemple. Aujourd’hui, les femmes accouchent à 92 % sans douleur. Autrefois, jusqu’à 40% des femmes mouraient en couches, c’était terrifiant. L’espérance de vie des femmes était de 30 ans en 1850, elle est de plus de 80 aujourd’hui. Cela aussi, ça change tout. Quand elles se mariaient à 20 ans, elles juraient fidélité pour dix ans… pas pour les soixante ans d’aujourd’hui. Quand mon père est parti à la guerre de 1914, il donnait une dizaine d’années de vie à son pays ; aujourd’hui, un jeune de 20 ans, on lui demande de donner soixante ans de vie! En quelques années à peine, le rapport à la nature, à la naissance, à la vie, à la mort, à l’accouchement, tout a changé. Sauf les institutions de l’ancien monde. On ne vit plus dans le même espace. Regardez le Japon, le fait que l’on soit au courant, en temps réel, et de façon extrêmement précise de ce qui se passe à Fukushima, qui est au bout de mon jardin, cela aussi cela change tout. On est tous devenu voisins.

* Pour Michel Serres, l’événement le plus important du XXe siècle est "la fin de l’agriculture".)

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