mercredi 16 janvier 2008

Dépolitis

L'Homme comme fondement renvoie logiquement à la dépolitisation en ce que l'individualisme s'il est valable et légitime conduit logiquement à une réorganisation du statut collectif de l'homme. Désormais, l'homme en tant que citoyen n'a plus d'intérêt. C'est dire que la dépolitisation ne survient pas de manière inexplicable. Au contraire, le citoyen est un statut caduc de l'homme car la politique institue l'homme contre les risques de désorganisation et de désordonnation qui le guettent. Mais dans un système où la question n'est pas de savoir si l'ordre est pérenne, mais comment organiser les composants de l'ordre, il est capital que le citoyen soit remplacé par sa forme supérieure et améliorée de travailleur formaté. Le travailleur formaté est l'individu qui se charge d'occuper une des tâches du système. Le formatage n'est pas ici connoté péjorativement. Le formatage est au service du système. Le formaté est le serviteur direct du système. La politisation du citoyen est inutile. C'est une perte de temps. Le travail remplace la politique. Toute l'organisation du système vise à occuper le travailleur de telle sorte que le formatage le tienne à l'écart ostensible des questions politiques, qui sont, chacun le sait, des questions oiseuses et certainement vicieuses. Dans un système où les rôles sont donnés et distribués, la question de l'orientation du système est une question subversive et perverse. La direction est déjà donnée. Reste seulement à appliquer les directives. C'est pourquoi le citoyen se commue en travailleur formaté et que sa dépolitisation est la libération d'un carcan contraignant et inutile. La seule nécessité que maintient le système pour le travailleur formaté, par rapport au citoyen, c'est l'obligation de reproduction. Le système a en effet besoin :
1) d'être servi servilement par des travailleurs formatés;
2) de constants et nouveaux travailleurs, étant entendu que le formatage ne prémunit pas le travailleur de la vieillesse, de la maladie et de la mort.
En conséquence de quoi, la reproduction est présentée comme liberté, celle du travailleur formaté de profiter, une fois son service et son devoir de travailleurs accomplis, des joies de l'enfantement (le devoir conjugal), des joies de la parentalité (le devoir parental) et de la famille (le devoir familial). L'éducation n'est favorisée que dans la mesure où elle permet de délivrer de nouveaux travailleurs formatés. Nul besoin de prévoir que cette conception de l'éducation la ramène inévitablement au formatage précédemment décrit, c'est-à-dire à la négation du sens politique, qui est dans la cité la manifestation du sens critique, c'est-à-dire en définitive du sens ontologique et religieux véritable.

Aucun commentaire: