dimanche 27 janvier 2008

Janus

On se souvient que le système se présente comme infiniment bon et positif, qui plus est le seul à prétendre au bien et à la positivité la plus diaphane. Pourtant, la seule qualité indubitable à transparaître est finalement plus son exclusivisme que son aptitude au Bien. Car les fausses oppositions dont se couvre le système sous prétexte de débat démocratique et de différence démocratique ne sont jamais que des oppositions destinées à masquer la terrible vérité : le système est unique et seul, désespérément seul, désespérément unique.
Car les courants qui parcourent la démocratie se résument bizarrement, comme par enchantement, à une opposition binaire : conservatisme et progressisme. Il y aurait matière à contester ce binarisme de l'expression libre et démocratique. Mais le binarisme révèle en fait que le système est unique et qu'il ne peut faire mieux que de se dédoubler pour laisser croire à sa pluralité et à son respecte des règles de la démocratie.
En fait, le système est unique, car que signifient progressisme et conservatisme, socialisme libéral et libéralisme sécuritaire, droite et gauche? Que le progressisme travaille pour le Progrès du système, quand le conservatisme prétend maintenir en place les valeurs et les fondements du système. Eh oui, la différence entre le progressisme et le conservatisme est ténue si on la prend en compte dans sa dimension explicite : les deux au fond servent le système.
Il ne reste plus qu'à constater historiquement qu'on voit mal comment deux alternatives travaillant pour le même but porteraient des alternatives essentielles et différentes. Au contraire. Les deux alternatives servent la même pièce comme deux revers de la médaille qui se prétendraient opposés d'autant plus qu'ils sont en fait quasi identiques. Le progressisme sert à faire passer les mesures du système que le conservatisme ne parviendrait à assumer explicitement. Le rôle dans le système du progressisme est de faire croire qu'il travaille pour les plus défavorisés, pour la progression et l'adaptation du système aux exigences des défavorisés, quand le vrai but du progressisme est de réaliser la part du système qui ne peut passer que sous le couvert du progressisme.
Finalement, le conservatisme seul ne représente pas la vraie face du système, qui a besoin de deux faces pour s'épanouir. Le seul conservatisme aboutit à la sclérose radicale du système qui a besoin de l'idée de Progrès pour s'épanouir. Quant au seul progressisme, il parviendrait tout autant au même constat de ruine car le Progrès a besoin d'un socle sur lequel s'épanouir, et le conservatisme incarne ce socle stable et rassurant de valeurs et de fondements. Mais que l'on ausculte les deux processus, progressisme et conservatisme. Tous deux reposent sur la foi dans la Raison et le Progrès. Tous deux sont identiques au fond.
Une illustration sera plus parlante qu'un long exposé : concernant la guerre en Irak actuelle, les progressistes H. Clinton et B. Clinton mari et femme soutiennent la guerre en Irak. Le candidat démocrate B. Obama a pour conseiller principal l'inusable Z. Brzezinski, ancien conseiller de J. Carter, farouche ennemi de la Russie et l'un des créateurs avec D. Rockefeller de la Commission Trilatérale. Brzezinski est notamment l'un des farouches instigateurs des divers mouvements islamistes d'Afghanistan chargés de déstabiliser l'URSS. Qui a dit que les néo-conservateurs étaient seuls partisans du Nouvel Ordre Mondial et que les progressistes représentaient une alternative fiable à ce bellicisme aveugle et intéressé?

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