mercredi 16 janvier 2008

Flamme

Il va bien falloir affronter l'une des manifestations éclatantes de la perversité du système. Avoir fait de l'homme l'Homme, de la Raison le rival de Dieu, avoir précipité l'homme vers le spectre de sa disparition, voilà qui n'est pas un mince exploit et qui garantit que cette perversité-là accomplit le plus profond renversement de sens auquel on puisse rêver. Je reviendrai sur cette perversité dont le propre est de faire croire, pour persuader qu'elle constitue le bon sens et que c'est l'antique fondement des valeurs qui était infondé, qu'elle agit pour le bien et même qu'elle incarne le Bien absolu et inégalé. Comme le disait Nietzsche, le maître de la folie en même temps que son lucide et paradoxal contempteur, il est temps d'appeler au renversement de toutes les valeurs. D'aucuns l'avaient déjà précédé implicitement dans cette voie et certains le suivront explicitement dans cette perspective. Cette perversité a pour caractéristique de toujours se réclamer du Bien le plus éclatant pour autoriser et légitimer ses menées les plus destructrices.
Exemple : les Droits de l'Homme. Qui songerait à contrecarrer les exigences de Liberté et d'Egalité ou les droits de l'enfant?
Contrepoint : le féminisme. Il n'est bien entendu pas question de remettre en cause l'émancipation légitime des femmes, soit le droit de voter, le droit d'avoir un compte en banque - ou le droit d'indépendance financière. Indépendance? Tout ce qui se trouve frappé du terme plus ou moins lointain de liberté mérite immédiatement la plus grande méfiance. Ainsi du droit au travail chez les femmes.
Ca y est, le terme est prononcé. Le problème est pourtant toujours masqué, éloigné, dénié, souvent à grands renforts d'indignation vertueuse. Pourtant, ce n'est nullement le droit à l'indépendance qui pourrait être remis en question. C'est tout simplement la répartition du travail qui est interrogée et qui produit l'aveu éclatant des véritables intentions du système. Car si le système voulait vraiment l'indépendance des femmes, le droit des femmes au travail comme indépendance, il aurait encouragé la diminution du temps de travail pour que le couple (le fondement de la famille) puisse se répartir harmonieusement en deux mi-temps le temps de travail complet précédemment occupé par le seul mâle.
Est-ce ce qui s'est produit? Que nenni! C'est le contraire qui s'est produit : la femme, sous prétexte de libération, est devenu l'agent central de l'accroissement de la compétition acharnée entre les travailleurs, au profit exclusif du système et de ses élites. Un pur hasard, comme de juste. L'entrée dans la lice du formatage professionnel des femmes repose sur l'accroissement de la compétitivité. Au nom du féminisme et de la liberté des femmes, le système a trouvé un moyen pratique et commode de réussir son véritable projet, qui n'est autre que l'accroissement de la compétition acharnée pour remplir les postes du système. Le formatage professionnel a été accru par l'avènement du féminisme en tant que revendication du Bien et de la Modernité.
Il ne reste plus à comprendre que, de la même manière que les Droits de l'Homme (la majuscule! la majuscule qui trahit la transformation de l'homme en Homme!), le féminisme est la revendication du Progrès dans la mesure où le Progrès sert la Raison et que le but de la Raison est d'asseoir le système du formatage professionnel. Le travail sert le formatage et c'est pourquoi il mérite justement d'être appelé torture.
Quant aux femmes, le féminisme ne les a guère épargnées, malgré ces idéaux de départ. De la même manière qu'on trouve des féministes dévoyés pour légitimer la prostitution au nom du consentement, de même est-il accablant de trouver tant de féministes déclarés pour défendre le travail des femmes en se pavanant et en ne faisant rien, avec la revendication du droit au travail, et sans préciser que cette revendication cache en fait la pire exploitation, l'exploitation au nom de la justice et de la liberté. Pourquoi la majorité des femmes collaborent-elles à la plus grande mascarade du vingtième siècle?

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