"Euvatle : - Je n'ai jamais défendu une affaire devant les tribunaux.
Protagoras : - Ça ne fait rien. Si je porte l'affaire devant le tribunal et si je gagne, tu devras me payer selon le verdict du tribunal. Si c'est toi qui as gain de cause, tu devras me payer conformément à notre contrat."
Je te tien tu me tien par la barbichette
envoyé par lelazoo123. - Regardez plus de vidéos comiques.
Le 26 février, au cours d’une audition parlementaire, le secrétaire américain au Trésor Tim Geithner a déclaré qu’il « ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert, car cela ne serait pas fondamentalement utile ». Oublions un instant le scandale politique de ces déclarations, qui consiste à expliquer qu'il est opportun de ne pas empêcher le feu qui ravage une maison où dort une paisible famille (la famille humaine, qui n'est pas circonscrite au bouc émissaire grec).
Revenons à la logique de cette déclaration. Personne ne sursaute? C'est pourtant un scandale logique que révèle la mentalité de notre Geithner. Qui est Geithner? Un représentant de la mentalité du plus fort, en ce moment le droit des banquiers et des financiers à dicter leur loi de mauvais aloi aux peuples et à leurs pseudo-représentants pseudo politiques et vraiment politiciens. Geithner a travaillé pour Kissinger Associates et pour la Réserve fédérale de New York. Geithner est un spécialiste du monde financier asiatique. Il partage cette passion désintéressée et nullement impérialiste avec des philanthropes admirables comme Kissinger ou Steinberg Sr. (l'ancien P-DG sioniste d'AIG du temps de sa splendeur).
Dans un raisonnement logique, on suit le finalisme. Dans un raisonnement causal, on explique un phénomène par ses causes. Quand on emploie la conjonction de coordination car, on cherche à expliquer, soit à produire les causes. Geithner cherche à expliquer sans produire les causes. Il commence par nous expliquer qu'il n'est pas "nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert". C'est une affirmation gratuite, qui est soit arbitraire, soit qui réclame une justification d'ordre causal pour être argumentative.
C'est une affirmation qui serait gratuite si elle n'était étayée par une cause explicative. Pour éviter le reproche d'arbitraire explicite, Geithner a recours à un car qui indique qu'il va se livrer à une explication - qu'il va justifier par des causes dont chacun pourra juger. Quelle est cette cause annoncée? "Car cela ne serait pas fondamentalement utile". Le sophisme est plus qu'instructif. Il indique le raisonnement qui meut le plus fort. Quand on produit une cause, on explique un fait par un autre fait. C'est seulement après la production des faits et à partir de ces faits que l'on peut entamer les hypothèses.
Geithner substitue à une cause factuelle une pseudo-cause évaluative ou interprétative. Il explique un fait par une interprétation. On se situe sans nul doute dans le sophisme. Une hypothèse déconnectée des faits est une hypothèse arbitraire, gratuite ou irrationnelle. En expliquant sa décision factuelle par une cause interprétative, Geithner rompt l'explication classique pour lui substituer une pseudo-explication de nature irrationnelle. Le car est en trop : Geithner subvertit l'emploi de la conjonction explicative pour expliquer l'inexplicable par un déni d'explication.
Le raisonnement de Geithner est emblématique du raisonnement de la mauvaise foi ou du déni, que l'on utilise quand on veut faire semblant d'expliquer et en fait, sous parade d'explication, expliquer l'inexplicable. En l'occurrence, Geithner justifie le refus de réguler les ventes à terme à découvert. Comme dans un raisonnement rationnel il n'est pas possible de produire une explication causale, il subvertit le principe de l'explication et lui substitue une explication interprétative. L'inutilité invoquée en guise d'explication n'explique rien du tout. Pire, elle ruine la logique car elle suppose que l'interprétation puisse se substituer au factuel.
En termes logiques, elle suppose que le chronologique soit subordonné au désir. De ce point de vue, l'argument interprétatif revient à nier la causalité temporelle pour subordonner le réel à son désir. On est proche de la tautologie qui consiste de manière souvent drolatique à nier le principe explicatif en répétant purement et simplement. L'explication repose sur la différence factuelle quand la tautologie se résume à répéter le même fait sans rien y ajouter.
Bien entendu, Geithner ne peut délivrer une tautologie stricte sans se couvrir de ridicule (et exhiber du même coup la vilaine nature de ses intentions oligarchiques). Le public rirait si un officiel de son rang déclarait empli de morgue et de superbe qu’il « ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert, car il ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert." On entendrait assez vite que Geithner est un secrétaire qui agit à découvert. Bas les masques arides!
Pourtant, le causalisme est antithétique à l'anticausalisme interprétatif présenté comme causalité effective et valable. Nous ne sommes pas loin de la tautologie purement répétitive avec la substitution de l'argumentation chronologique par l'argumentation interprétative. Cette sortie involontairement révélatrice de Geithner illustre la mentalité oligarchique qui prédomine dans les milieux dirigeants de la planète mondialisée et qui s'apparente ni plus ni moins qu'à un classique droit du plus fort tel que Platon le définit.
Pourquoi Platon combat-il avec tant de rigueur le droit du plus fort à son époque de crise (la crise monothéiste) qui provoque l'avènement des sophistes, soit des nihilistes de son temps et de son milieu? Parce que Platon est un républicain. La logique républicaine est le moyen de rendre universelle la raison. La logique est aussi le meilleur moyen de subvertir la raison. Raison pour laquelle les sophistes et les oligarques sont des artisans enragés de la logique (ainsi d'un Aristote) ou de la rhétorique (ainsi d'un Gorgias).
La logique (spécieuse) du droit du plus fort permet de légitimer n'importe quel désir, en particulier celui du plus fort. Elle est capable de spécifier tout et son contraire. C'est d'ailleurs le slogan des sophistes (en particulier de Protagoras qui estimait que «sur tout chose il y a deux discours qui se contredisent l'un l'autre») et la raison pour laquelle ils réclament des salaires exorbitants, ainsi que Protagoras face à son élève Euvatle. Geithner illustre la mentalité sophiste moderne, soit la mentalité qui prévaut dans les milieux dominants régis par la loi du plus fort. Les choses n'ont guère changé depuis Platon. La logique du plus fort s'appuie sur l'interprétation pure et répétitive pour légitimer le refus des faits et le déni du réel. Serait-ce ce qu'en termes de finance on nomme la dérégulation?
Protagoras : - Ça ne fait rien. Si je porte l'affaire devant le tribunal et si je gagne, tu devras me payer selon le verdict du tribunal. Si c'est toi qui as gain de cause, tu devras me payer conformément à notre contrat."
Je te tien tu me tien par la barbichette
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Le 26 février, au cours d’une audition parlementaire, le secrétaire américain au Trésor Tim Geithner a déclaré qu’il « ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert, car cela ne serait pas fondamentalement utile ». Oublions un instant le scandale politique de ces déclarations, qui consiste à expliquer qu'il est opportun de ne pas empêcher le feu qui ravage une maison où dort une paisible famille (la famille humaine, qui n'est pas circonscrite au bouc émissaire grec).
Revenons à la logique de cette déclaration. Personne ne sursaute? C'est pourtant un scandale logique que révèle la mentalité de notre Geithner. Qui est Geithner? Un représentant de la mentalité du plus fort, en ce moment le droit des banquiers et des financiers à dicter leur loi de mauvais aloi aux peuples et à leurs pseudo-représentants pseudo politiques et vraiment politiciens. Geithner a travaillé pour Kissinger Associates et pour la Réserve fédérale de New York. Geithner est un spécialiste du monde financier asiatique. Il partage cette passion désintéressée et nullement impérialiste avec des philanthropes admirables comme Kissinger ou Steinberg Sr. (l'ancien P-DG sioniste d'AIG du temps de sa splendeur).
Dans un raisonnement logique, on suit le finalisme. Dans un raisonnement causal, on explique un phénomène par ses causes. Quand on emploie la conjonction de coordination car, on cherche à expliquer, soit à produire les causes. Geithner cherche à expliquer sans produire les causes. Il commence par nous expliquer qu'il n'est pas "nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert". C'est une affirmation gratuite, qui est soit arbitraire, soit qui réclame une justification d'ordre causal pour être argumentative.
C'est une affirmation qui serait gratuite si elle n'était étayée par une cause explicative. Pour éviter le reproche d'arbitraire explicite, Geithner a recours à un car qui indique qu'il va se livrer à une explication - qu'il va justifier par des causes dont chacun pourra juger. Quelle est cette cause annoncée? "Car cela ne serait pas fondamentalement utile". Le sophisme est plus qu'instructif. Il indique le raisonnement qui meut le plus fort. Quand on produit une cause, on explique un fait par un autre fait. C'est seulement après la production des faits et à partir de ces faits que l'on peut entamer les hypothèses.
Geithner substitue à une cause factuelle une pseudo-cause évaluative ou interprétative. Il explique un fait par une interprétation. On se situe sans nul doute dans le sophisme. Une hypothèse déconnectée des faits est une hypothèse arbitraire, gratuite ou irrationnelle. En expliquant sa décision factuelle par une cause interprétative, Geithner rompt l'explication classique pour lui substituer une pseudo-explication de nature irrationnelle. Le car est en trop : Geithner subvertit l'emploi de la conjonction explicative pour expliquer l'inexplicable par un déni d'explication.
Le raisonnement de Geithner est emblématique du raisonnement de la mauvaise foi ou du déni, que l'on utilise quand on veut faire semblant d'expliquer et en fait, sous parade d'explication, expliquer l'inexplicable. En l'occurrence, Geithner justifie le refus de réguler les ventes à terme à découvert. Comme dans un raisonnement rationnel il n'est pas possible de produire une explication causale, il subvertit le principe de l'explication et lui substitue une explication interprétative. L'inutilité invoquée en guise d'explication n'explique rien du tout. Pire, elle ruine la logique car elle suppose que l'interprétation puisse se substituer au factuel.
En termes logiques, elle suppose que le chronologique soit subordonné au désir. De ce point de vue, l'argument interprétatif revient à nier la causalité temporelle pour subordonner le réel à son désir. On est proche de la tautologie qui consiste de manière souvent drolatique à nier le principe explicatif en répétant purement et simplement. L'explication repose sur la différence factuelle quand la tautologie se résume à répéter le même fait sans rien y ajouter.
Bien entendu, Geithner ne peut délivrer une tautologie stricte sans se couvrir de ridicule (et exhiber du même coup la vilaine nature de ses intentions oligarchiques). Le public rirait si un officiel de son rang déclarait empli de morgue et de superbe qu’il « ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert, car il ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert." On entendrait assez vite que Geithner est un secrétaire qui agit à découvert. Bas les masques arides!
Pourtant, le causalisme est antithétique à l'anticausalisme interprétatif présenté comme causalité effective et valable. Nous ne sommes pas loin de la tautologie purement répétitive avec la substitution de l'argumentation chronologique par l'argumentation interprétative. Cette sortie involontairement révélatrice de Geithner illustre la mentalité oligarchique qui prédomine dans les milieux dirigeants de la planète mondialisée et qui s'apparente ni plus ni moins qu'à un classique droit du plus fort tel que Platon le définit.
Pourquoi Platon combat-il avec tant de rigueur le droit du plus fort à son époque de crise (la crise monothéiste) qui provoque l'avènement des sophistes, soit des nihilistes de son temps et de son milieu? Parce que Platon est un républicain. La logique républicaine est le moyen de rendre universelle la raison. La logique est aussi le meilleur moyen de subvertir la raison. Raison pour laquelle les sophistes et les oligarques sont des artisans enragés de la logique (ainsi d'un Aristote) ou de la rhétorique (ainsi d'un Gorgias).
La logique (spécieuse) du droit du plus fort permet de légitimer n'importe quel désir, en particulier celui du plus fort. Elle est capable de spécifier tout et son contraire. C'est d'ailleurs le slogan des sophistes (en particulier de Protagoras qui estimait que «sur tout chose il y a deux discours qui se contredisent l'un l'autre») et la raison pour laquelle ils réclament des salaires exorbitants, ainsi que Protagoras face à son élève Euvatle. Geithner illustre la mentalité sophiste moderne, soit la mentalité qui prévaut dans les milieux dominants régis par la loi du plus fort. Les choses n'ont guère changé depuis Platon. La logique du plus fort s'appuie sur l'interprétation pure et répétitive pour légitimer le refus des faits et le déni du réel. Serait-ce ce qu'en termes de finance on nomme la dérégulation?
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