A l'heure actuelle, à peu près tout le monde constate le grand changement qui s'opère. Ceux qui sont au pouvoir et qui ont téléguidé le prétexte à ce grand changement, le 911, imposent leur Nouvel Ordre Mondial à base de guerre contre le terrorisme, d'écologie malthusienne à tendance climateuse et de gouvernance mondiale néo-keynésienne pour gérer la crise financière. Leur stratégie est simple : confisquer le pouvoir, un pouvoir de moins en moins démocratique et de plus en plus oligarchique. Ils cherchent à conserver le pouvoir alors que leur démarche de domination financière s'écroule et qu'ils ne parviendront à garder la main qu'en imposant un système féodal d'oligarchie généralisée - mondialisée.
Parmi la plupart des contestataires, il n'y a rien - trois fois rien. Ce n'est pas que les gens ne soient pas mécontents. Tant s'en faut. Ils se trouvent furieux de leur pouvoir d'achat en baisse drastique ou de la crise financière qui dévaste l'emploi et qui détruit radicalement les structures des États-nations. Les populations d'Occident ont tout lieu de manifester leur mécontentement avec les risques sévères qui pèsent sur les régimes de santé, de retraite, de natalité... Le problème n'est pas le ferment de contestation. C'est plutôt le sens que l'on donne à cette contestation. Si l'on conteste dans le vide, on fait le jeu du système que l'on prétend contester.
L'immense part des contestations tape dans le vide ou largement à côté des réalités. Contester est un test. Ce que tu proposes comme alternative est le contest. C'est bien beau de râler après ce qui est avec des arguments largement valables. Si tu ne proposes rien en échange, tu fais le jeu des dominants que tu contestes. Cette prise de conscience écarte ceux qui proposent de revenir en arrière, dans le passé, sans tenir compte du fait que c'est impossible. Impossible : argument typique de l'immanentisme. Les réactionnaires sont des partisans de solutions simplistes.
De ce fait, on écarte l'insigne majorité des contestataires qui refusent de proposer des solutions valables et qui quand on creuse les pseudo-alternatives qu'ils proposent vaguement sont des partisans utopistes du système en place. En gros, ils ne définissent pas le système en place - ou alors ils contestent l'impérialisme occidental en le définissant mal et en reprenant les faux arguments contestataires comme le mythe de l'écologie politique gauchiste et anti-impérialiste (anti-capitaliste, anti-oligarchique et véritablement démocratique? - une utopie dangereuse et malthusienne, oui!).
Un des moyens de pratiquer cette contestation stérile est de recourir au complotisme. Bien entendu, le complotisme le plus rigoureux consiste à voir des complots partout, soit à expliquer les événements du réel par des complots humains. Mais derrière cette réalité immanentiste, qui fait du complotisme un produit du système en apparence contre le système, la particularité du complotisme est de ne jamais définir clairement les causes d'une action. Le complot est d'autant plus dénoncé avec virulence et minutie qu'il est sans cause, fondé sur le mystère et l'incompréhensible. Encore la catégorie de l'impossible.
Pour contester, il faut changer. Ceux qui contestent le système en place oublie que le propre d'un système est de susciter une contestation qui lui soit propre et qui ne propose rien d'autre changement que le changement systémique. Si en contestant on diffère du pouvoir, au fond on rejoint le pouvoir par le fait que la contestation est au service de la position systémique. La contestation est au service du pouvoir. A l'heure actuelle on dénonce avec virulence l'impérialisme en se trompant de cible, en ciblant notamment l'impérialisme américain. Puis on propose pour sortir du système vérolé en place soit une absence de solution soit l'alternative écologique aux relents fortement décroissants.
Problème : outre que cette alternative impossible est nihiliste, ce qui est plus que fâcheux, elle se trouve rejoindre le changement prôné par le pouvoir en place. La contestation contestant l'impérialisme, le pouvoir impérialiste prône une solution pour accroître son impérialisme et le sauvegarder (il ne peut sauvegarder son emprise qu'en l'accroissant, ce qui est la contradiction ontologique intenable de l'impérialisme). C'est cela le faux changement ou la contradiction interne au système : on fait mine de contester pour rejoindre les positions systémiques. La contestation du pouvoir s'accompagne d'une réconciliation avec le pouvoir. Drôle d'alternative qu'une alternative contre qui se révèle pour.
Drôle de contestation qui travaille pour le système. C'est le lot de toute fausse contestation, de toute contestation creuse que de proposer une fausse identification, soit d'empêcher le changement. On dit que le système en place ne fonctionne pas mais on l'identifie de manière inadéquate et on passe à côte du changement. Identification politique : le visage de l'impérialisme n'est pas américain ou USraélien. C'est commettre un redoutable contre-sens que de réfléchir en terme d"identités d'États-nations.
L'impérialisme contemporain n'est pas politique. Il est financier, soit la dégénérescence de l'économique. L'impérialisme financier est la mutation de l'Empire politique britannique en un Empire apatride financier et mutant qui se sert de la City de Londres comme d'une capitale financière et des paradis fiscaux comme d'antres pour leurs opérations de prédation. L'impérialisme financier s'adosse sur la forme moderne de la religion nihiliste : l'immanentisme. Toutes ces considérations ne sont jamais remarquées. L'impérialisme est mal identifié (on le qualifie d'américain au lieu de britannique); le nihilisme est peu remarqué (en France, un Nabe l'a décelé, avec son narcissisme coutumier, soit pour déplorer l'incompréhension de la critique et du public à son endroit, d'où le report sur Houellebecq le nihiliste).
Mais qui a vu la spécificité du nihilisme, son immanentisme (quel que soit le nom qu'on lui donne, pourvu qu'on définisse une réalité encore indéfinie, quoique fort existante et non illusoire : l'immanentisme dont le saint est Spinoza)? Personne n'a vu l'immanentisme parce que l'époque est trop occupée à célébrer son dépassement et sa sortie du religieux. Mission : impossible! Au-delà de son crédo qui ressemble furieusement à un créneau mortuaire, circulez. Tant que vous ne saisirez ni le nihilisme immanentiste, ni l'impérialisme politique, vous passerez à côté de la texture de l'époque. Vous vous montrerez incapables de contester efficacement, car vous n'aurez rien à proposer en échange.
Aucune alternative. Aucun changement. On reste nihiliste immanentiste fier de son impérialisme souterrain et inavouable. On milite contre l'impérialisme américain et on est impérialiste? Pour ce qui est de la sortie du religieux, c'est une option plus qu'à la mode, tant en Occident le phénomène religieux est mal vu. Toutes les formes qui participent de l'individualisme sont au fond des identités qui mènent vers le nihilisme. Dénoncer le nihilisme n'est pas dénoncer ceux qui se présentent comme nihilistes, voire pessimistes.
C'est retenir la grande leçon de Nietzsche : un immanentiste avance masqué, depuis Descartes et Spinoza au moins. Le changement se reconnaît à un symptôme qui ne varie guère au fil des époques, n'en déplaise à la vulgate libérale et démocratique qui prétend que toutes les opinions sont respectables en régime démocratico-libéral : le pouvoir persécute bien entendu les vrais opposants, soit ceux qui ne se contentent pas de proposer une fausse contestation couplée à une défense objective du pouvoir; mais qui dénoncent les vrais travers du pouvoir et qui énoncent les conditions éventuelles du changement.
C'est ainsi que les États-Unis, pays emblématique du libéralisme démocratique, ont une longue tradition de censure politique incompatible avec leur prétention à la démocratie. Ils s'inspirent en la matière de la mentalité impérialiste britannique, qui a semé aux États-Unis des petits avec la mentalité sudiste et confédérée. On a assassiné JFK, Luther King ou Malcolm X pour empêcher la tradition démocratique et républicaine de prendre le dessus. On a emprisonné de nombreux militants politiques, pour des raisons électorales ou politiques : le militant afro-américain Marcus Garvey ou l'économiste Lyndon LaRouche en sont les symboles.
A propos du fort controversé LaRouche : je sais bien que d'aucuns, esprits moutonniers et consensuels, aveuglés par la propagande médiatique qui le présente comme un horrible néo-nazi (et autres billevesées), se récrieront qu'ils préfèrent tout sauf ce genre d'énergumènes. En France, on a ruiné aux présidentielles de 1995 le petit candidat Cheminade alors que les gros corrompus notoires sont passés entre les mailles du filet. Mais c'est du côté de ce genre de résistance minoritaire et martyrisée (de ce fait, ces militants sont des témoins de notre temps) que se trouve le ferment du changement politique et des idées qui vont permettre à l'homme de se sortir de l'ornière mondialiste et impérialiste qui menace de le détruire définitivement.
Qui ose encore défendre la politique spatiale? Qui ose proposer des solutions pour que l'Afrique redevienne l'Afrique? Qui dénonce les factions financières de l'Empire britannique? Qui conteste la mentalité monétariste? C'est vers ce genre d'alternatives que nous devons tendre si nous voulons trouver les ferments d'idées qui nous mènent vers la croissance future (vers le changement). Je ne dis pas que les activistes politiques autour de LaRouche sont les seuls qui ont raison - que leur solution est la seule bonne, la seule juste, la seule avisée. C'est pire : c'est vers les calomniés et vers les marginalisés que se trouve l'alternative.
Pas l'alternative unique et nécessaire. Cette conception uniciste et obligatoire indique toujours le mensonge, l'endoctrinement et le déclin. C'est ce que nous subissons d'ailleurs à l'heure actuelle, où les ultra-libéraux nous expliquent sans rire que c'est soit leur solution injuste - soit rien. Au contraire, le changement implique toujours plusieurs hypothèses, des contestations foisonnantes et des différences salutaires.
Mais c'est dans la croissance, dans l'espace, dans la fin de l'impérialisme britannique et dans l'abrogation du monétarisme dominant que se situent les alternatives du futur. L'avenir est ouvert, clamait un célèbre, quoique mineur philosophe libéral de giron britannique. Le changement est combattu précisément parce qu'il propose le changement. Il part des bons diagnostics, il évite les fausses interprétations, les simplismes et les réductions, et il opère des bouleversements visibles et profonds. Le changement véritable avant de produire la luxuriance commence dans les limbes des périphéries et des marges.
Cas du changement par excellence : du changement religieux. Qu'est-ce qu'un monothéiste au temps de Moïse? Un chrétien après la crucifixion du Christ? Un musulman à Médine? Il est fort à parier que le sillon du changement tracé par l'économiste autodidacte LaRouche porte en son sein la forme (même parcellaire, même imparfaite) du changement religieux qui vient. Encore convient-il de s'entendre sur la définition de changement. Deux types de changement sont opposés. L'un est mortifère, l'autre est vivifiant. L'un est statique, fini, figé; l'autre propose toujours l'infini comme condition du changement. La décroissance sanctionne sans nul doute un changement. Mais quel changement? La mort? L'utopie destructrice? L'impérialisme?
Le refus de l'infini? Le nihilisme? Le changement fini est fini dans tous les sens du terme. Le vrai changement est dynamique, croissant, orienté vers la vie. Changement qui suit l'étymologie du religieux : à la fois cueillir et relier, mais aussi relire. Dans les trois options, le religieux est ce qui accroît l'interprétation en promouvant la croissance vitale.
C'est la caractéristique principale du changement véritable que de proposer l'échange de l'infini vers le fini. Le changement se manifeste par cette conversion qui amène l'évolution des révolutions. Sans contact avec l'infini, nous sommes condamnés autant que damnés à décroître dans un schéma impérialiste et malthusien, où il convient de sacrifier le plus faible et le plus jeune (selon une vieille et sinistre chanson populaire). L'infini nous installe dans une perspective croissante et dynamique (deux synonymes) où nous comprenons que l'impossible (la catégorie par excellence du nihilisme) est sans cesse repoussé et où le champ des possibles multiples nous confère la liberté de changer et d'accroître notre emprise sur le réel. Notre connaissance aussi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire