Fous ta Cagoule!
Nous sommes très fiers de notre démocratie libérale occidentale. Pourtant, ce libéralisme qui s'est imposé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale est jeune et surtout il vient de montrer qu'il appartenait au cercle prévisible des idéologies : les idéologies ne sont pas construites pour durer. Elles ne durent qu'un temps, puis elles s'effondrent. Les idéologues du libéralisme capitaliste qui ont triomphé suite à la disparition du communisme n'ont pas compris que leur triomphalisme cachait comme souvent leur propre perte. Vingt ans environ après la chute du communisme, c'est au tour du modèle dit capitaliste de s'être effondré. Les populations mondialisées n'en ont pas toujours conscience, car elles se cachent la vérité. En particulier, cette propension au déni, voire à la mauvaise foi matinée de bêtise, se manifeste dans l'œil du cyclone, le cœur du shitstem, dans cette terre d'Occident qui se targue d'être le cerveau du monde alors qu'elle occupe actuellement la position du déclin inexorable.
Le plus comique est d'entendre le discours de l'expert Fukuyama qui a pondu un concept hilarant, la fin de l'histoire, sans se douter que ce terme se révélerait d'une justesse sidérante si on le prenait dans son acception littérale - exactement l'inverse de ce qu'il entendait. Fukuyama est un idéologue farouche du libéralisme capitaliste atlantiste et il croyait vraiment que ce modèle bouleverserait tant l'équilibre humain qu'il en abolirait l'histoire et une certaine conception du temps. Bienvenue dans l'éternité? Las! le libéralisme s'est effondré avec sa dernière forme survivante, celle qui a enterré toutes les autres formes et qui a cru que dernière, elle était éternelle.
Désormais, le libéralisme sous toutes ses formes s'est effondré. Que reste-t-il? Le roi est nu. C'est le moment d'y voir clair. Il reste la structure qui porte le libéralisme comme habillage idéologique et comme maquillage. Si l'on se penche sur le concept central du libéralisme, cette absurde main invisible, tellement invisible qu'on pourrait demander si elle n'est pas illusoire, on se rend compte que le libre échangisme n'a jamais existé. Dans les faits, le libre échangisme est le protectionnisme des plus forts, qui contraint les plus faibles à accepter le libre-échange sans contrepartie.
Si le libre-échange est l'argutie sophiste des plus forts, c'est que le libéralisme est l'idéologique qui maquille et habille l'impérialisme. Le roi est nu, donnons-lui une tunique. L'impérialisme derrière le libéralisme. Le libéralisme est l'idéologie fondée par la Compagnie des Indes britannique pour légitimer le commerce impérialiste qu'elle dominait. A présent que le colonialisme politique s'est mué en décolonialisme économique, il faut se montrer vraiment myope pour ne pas remarquer que l'Empire britannique existe toujours. Il désigne les factions financières apatrides dont le siège est à la City de Londres (bien plus qu'à Wall Street) et dont les opérations centrales se déroulent ni vu ni connu dans l'impressionnante liste des paradis fiscaux aux noms transparents. Je pense aux îles Caïman notamment.
Des appellations comme le Nouvel Ordre Mondial désignent la conception qui succède à l'effondrement des idéologies. Dans la mentalité libérale, l'idéologie éponyme servait à assurer la transition vers le mondialisme, qui n'est pas le processus continu de mondialisation, dont la mondialisation n'est qu'un stade, mais qui est l'outil que l'impérialisme britannique greffe sur la mondialisation et qui bloque le processus au stade fixe et statique du mondialisme. Le libéralisme moribond et irrationnel peut s'effacer et laisser place à l'impérialisme brut. Le nouvel ordre mondial décrit adéquatement l'ordre mondialiste dont la nouveauté consiste dans la succession postidéologique et son remplacement par l'impérialisme brut.
Dans cette conception, nos impérialistes qui admirent les structures impériales du passé ont simplifié le système des castes de type hindou pour lui conférer une portée oligarchique optimale : d'un côté, les dominants, infime minorité, qui sont les meilleurs, ce que l'étymologie olioi indique, et que des économistes propagandistes comme von Mises légitiment sans pudeur; de l'autre, la majorité du troupeau, pour parler comme le partisan de l'aristocratie créatrice Nietzsche, ceux qui subissent le nouvel ordre et dont le statut postmoderne rappelle étrangement celui des esclaves du monde impérial.
Ceux qui ne comprennent pas que l'idée de démocratie a été subvertie par des partisans antidémocratiques de l'oligarchie et de l'impérialisme ne se rendent pas compte que le Nouvel Ordre Mondial(isé) entend étendre au monde la notion d'empire en divisant de manière presque simpliste et manichéenne les populations en deux castes : les dominés et les dominants. C'est après tout, en gros, le schéma qui prévaut déjà dans les pays les plus soumis à impérialisme britannique, ceux qui subissent le joug de l'Occident impérialiste - je pense notamment aux pays d'Afrique.
Les naïfs qui estiment que l'Afrique contemporaines est incomprise parce qu'elle ne fait que suivre ses traditions sont les idiots utiles des racistes qui reprennent les excuses du colonialisme et expliquent sans rougir que l'Afrique n'a pas d'histoire - voire de sens historique. Ils confortent l'ordre colonial et impérialiste, souvent sous le motif inverse de le combattre et de le renverser. C'est comme les dégénérés d'Occident qui propagent, souvent sans s'en rendre compte, les labels racistes de péril chinois ou du péril indien en recyclant des visions impériales comme le nauséabond Péril jaune.
On ne comprend pas qu'on cherche à dresser des impérialismes antagonistes fictifs pour occulter que l'impérialisme existant est d'une unicité transversale, qu'il est de structure britannique, que les élites autochtones en sont les complices - et surtout pour légitimer l'impérialisme comme une nécessité incontournable du fonctionnement social et historique. C'est au nom du réalisme, du pragmatisme et autres billevesées soi-disant irréfutables que les propagandistes crétins d'intelligence de l'impérialisme vous expliquent sans rire que de toute façon l'histoire est impérialiste. Ils recyclent une propagande qui se déverse dans les grands médias de plus en plus roboratifs et veules et qui s'exprime par le truchement de porte-paroles comme ce Cooper de malheur qui définit sans rire le postimpérialisme européen.
Fous ta cagoule! Rappelle-toi que la Cagoule bossait pour la synarchie... Dans l'univers mondialiste, les meilleurs sont les élites transversales qui d'un continent sur l'autre, d'un pays sur l'autre collaborent entre elles à la mainmise de l'ordre impérialiste britannique configuré en mondialisme éclairé et futuriste. Ces élites transversales ont asservi les peuples. La trahison des élites autochtones qui sont les premiers esclavagistes ne doit pas faire oublier que ces élites impérialistes sont les pantins des élites britanniques qui dominent le mondialisme impérialiste et l'ordre impérialiste.
La seule nouveauté dans ce schéma tient à l'universalisme de l'impérialisme qui devient planétaire et qui prétend s'en tenir à cette limité planétaire comme si le monde constituait la limité infranchissable et irréductible. Il suffira pour le vérifier de constater que contre ses promesses de campagne (une triste habitude chez lui), l'actuel président américain Obama vient de signer la fin de l'aventure spatiale américaine. Cette nouveauté mondialiste et faussement universaliste va de pair avec le renversement hiérarchique théorisé par Dumézil : dans cet ordre impérialiste mondialiste, véritable nom du NOM, ce sont les marchands qui ont pris le pouvoir.
L'échange est devenu commercial. La spéculation est devenue financière. Les élites intellectuelles sont réduites à la portion congrue de propagandistes sous le label d'experts ou de conceptions voisines (ainsi des nouveaux intellectuels). Les activités en vogue sont les travaux techniques car l'approche technique, ainsi que l'a vu le néo-nazi Heidegger sert l'oubli de l'Être et la négation de l'Être. La réduction du réel au fini le plus statique encourage la technique comme l'alliée de l'échange commerciale dominant.
Dans les impérialismes traditionnels, le rôle régional de ces impérialismes va de pair avec le rôle inférieur, quoique prédominant, que joue le monétarisme dans le processus impérialiste Au contraire, le monétarisme a pris le pouvoir dans l'impérialisme mondialiste à prétention universaliste. Dans l'impérialisme de type classique, c'est le rôle politique qui domine, adossé à un ordre religieux toujours nihiliste et d'obédiences diabolique (ainsi du culte de Mithra dans l'Antiquité romaine, notamment par rapport à la figure de Jésus et à sa crucifixion).
On pourrait établir de savantes et méticuleuses sous-distinctions dans ce système de castes binaire et plus que simpliste. Mais c'est ce binarisme antagonistes qui le définit le mieux. C'est la mentalité nihiliste, dont Nietzsche a produit une illustration saisissante en projetant sur le platonisme la particularité binaire qui le définit. En réalité, la démarche binaire n'est pas l'apanage du platonisme, alors que l'approche nietzschéenne, pompeusement présentée comme renversement révolutionnaire et résolution supérieure traduirait la réconciliation moniste du réel.
Le dualisme dénoncé comme la spécificité de la philosophie classique d'obédience platonicienne est en réalité un dualisme par prolongement. Le système dont se réclament les immanentistes, le nihilisme, loin de résoudre le dualisme, produit un dualisme pour le coup antagoniste et impossible. Le dualisme nihiliste est ainsi un dualisme inférieur au dualisme métaphysique, qui loin de résoudre le problème central du dualisme, permet au moins d'assurer le fonctionnement du transcendantalisme contre le nihilisme.
Le slogan triomphaliste des immanentistes selon lesquels leur révolution moniste résoudrait le dualisme traditionnel est une imposture caractérisée derrière laquelle se réfugient les admirateurs contemporains d'un Spinoza et d'un Nietzsche. Ce mensonge patent signe la défaite inéluctable de cette vision impérialiste qui ne fonctionnne pas. Adossé sur l'universalisme marchand, elle escompte dans la mentalité des stratèges de ce mondialisme oligarchique réussir là où les autres impérialismes régionaux ont failli : par la domination universelle et totale.
Son projet est de créer une oligarchie mondiale qui soumette les peuples à sa domination éclatante et définitive. C'est oublier que dans ce schéma, l'instauration de l'impérialisme marchand mondialiste implique l'asservissement ultime des peuples d'Occident. Jusqu'à présent, le système repose sur une minorité de peuples d'Occident qui vivent en démocratie libérale et qui dominent sans vraiment s'en soucier la majorité des peuples du monde. Pour que le projet de NOM devienne effectif, il convient de transformer ces régimes démocratiques libéraux en oligarchies impérialistes.
Fini l'idéal républicain dont les Révolutions se sont fait les échos porteurs! Et c'est là que le projet oligarchique mondialiste va échouer : sa transformation oligarchique totale est vouée à échouer parce que les peuples d'Occident n'accepteront pas cette transformation. L'équilibre mondialiste s'en trouvera bouleversé. Sans cette transformation, le projet oligarchique s'effondre car il est en faillite totale. Cette transformation, qui implique que les peuples d'Occident soient soumis au même asservissement destructeur que les peuples d'Afrique, n'est pas possible. Le beau projet de NOM est un label qui repose sur une utopie.
L'utopie d'élites transversales oligarchiques qui sacrifieraient aux élites dominatrices de la Couronne britannique. Ce dessein a été théorisé par le livre faussement prédicatif et vraiment ventriloque d'un certain David Rothkopf, dont le nom est après tout un programme ironiquement oligarchique et élitiste. Dans ce livre sobrement titré La Caste, Les nouvelles élites et le monde qu'elles nous préparent, Rothkopf nous livre avec une certaine franchise déconcertante le projet élitiste de NOM et la référence aux castes qui sert de référence aux stratèges experts et penseurs de l'oligarchie financière mondialiste.
Méditons la déclaration de Rothkopf :
"Une caste préside nos gouvernements et nos plus grandes entreprises, gère nos finances, représente nos pays au sein d'assemblées multinationales, contrôle nos journaux, nos télévisions, façonne nos idées. À l'heure de la mondialisation, délivrée des contraintes des États-nations, sa fortune et son influence sont sans précédent, sans limites et sans frontières. Fruit d'une longue enquête à travers le monde, ce livre nous entraîne sur les traces de cette nouvelle élite, des conseils d'administration jusqu'aux portes de l'exécutif, des neiges de Davos aux banlieues chics de Santiago du Chili, des studios d'Al-Jazira aux puits de pétrole de la Guinée-Bissau. On y croise des oligarques russes et des mercenaires privés américains, les champions de la finance ou les seigneurs d'Internet, des commandos terroristes et les armées du Pentagone, des mafias et des Églises. Dans la sophistication ou la brutalité, parfois aussi dans l'avidité et l'excès, ils forment un réseau incontrôlable où se concentrent le pouvoir, la politique et l'économie. Aujourd'hui la tempête financière a écarté de la scène certains membres de cette élite. Comme le souligne David Rothkopf, la crise a mis en lumière la nécessité d'une gouvernance mondiale. La Caste devra évoluer et accepter plus de régulation, faute de quoi, comme toutes les élites avant elle, elle disparaîtra."
Bien entendu, Rothkopf a le culot de nous présenter son enquête comme subversive et risquée, alors qu'elle constitue le programme de gouvernement mondial compris dans le NOM et indispensable à l'édification de ce mondialisme. On notera que le danger d'échec est le pendant du gouvernement mondial dans la mentalité de Rothkopf le mondialiste qui joue les enquêteurs subversifs et intègres. Qui est Rothkopf? C'est un expert qui a travaillé au ministère du Commerce américain, qui a dirigé Kissinger Associates, qui est membre du CFR et d'autres organisation caritatives américaines.
En gros, Rothkopf appartient à cette élite anglo-saxonne qui se considère dans le prolongement de l'idéal confédéré comme membre de l'Empire britannique. Après tout, Kissinger dans son discours du RIIA de 1982 a indiqué qu'il prenait ses ordre au Foreign Office britannique et qu'il servait son modèle Churchill contre l'idéal de la Constitution américaine. Rothkopf est une sorte de ventriloque expert de cette mentalité oligarchique qui espère avec le NOM parvenir à édifier un système impérialiste viable et pérenne. Malheureusement, c'est impossible. Le futurisme d'un Rothkopf, comme les prédictions d'un Attali en France, encore un représentant de la mentalité oligarchique mondialiste, entend sous couvert de prévisions avisées distiller le poison du projet mondialiste.
Les porte-paroles de cette mentalité avancent masqués sous le progressisme en oubliant d'indiquer qu'ils sont en faveur du progrès de l'impérialisme et de l'oligarchie. On a les progrès que l'on peut, mon Prince! Leur vœu de gouvernement mondial découle directement du programme d'un Keynes et des élites impérialistes britanniques. Keynes n'est en aucun cas le progressiste que l'on mentionne toujours. Encore moins le génial théoricien d'une économie égalitariste et vaguement socialiste. Keynes est un impérialiste assez subtil et dépravé, qui entend par son gouvernement mondial asseoir une férule inexpugnable d'impérialisme.
Dans ce grand travestissement, les impérialistes ont compris qu'ils devaient avancer masqués pour imposer leur projet. Raison pour laquelle de nos jours la crise économiques insoluble n'est jamais abordée - ou seulement avec des promesses de reprise toujours reportées. Vieille technique de bonimenteur. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, n'est-ce pas. Bonne nouvelle finale : cette société oligarchique et impérialiste, qui exprime un féodalisme fort stéréotypé et classique derrière son postmodernisme techniciste et sophistiqué, voire futuriste, est destinée inévitablement à échouer. L'impérialisme n'est pas viable, du moins sous sa forme de domination prévisible dans un système fixe et statique où le réel n'est plus le réel et où l'infini est gommé. Pas plus sous sa forme synarchique que sous sa forme mondialiste. La Cagoule du NOM est un non définitif et irréductible.
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