Le symptôme premier pour caractériser l'immanentisme, c'est de comprendre que toute la culture classique consiste à distinguer le tout de la partie. Si l'individu est indivisible, il n'est jamais que le fondement du sensible. Le transcendantalisme est culture millénaire en ce qu'il est capable de distinguer entre les étants et l'Etre, pour reprendre le vocable de Heidegger, soit entre les parties et le tout. La terminologie monothéiste est d'une simplicité biblique (c'est peu de le dire) : distinguer entre Dieu et les créatures.
LaRouche, entre autres, dirait : entre le Créateur et les créatures. Toujours est-il que la mutation de l'immanentisme correspond à une crise profonde du désir. La modernité exprime une crise du désir. Cette crise qui répudie les religions monothéistes et le transcendantalisme avec dédain, cette crise qui affirme avec force la suprématie de la Raison et l'hyperrationalité, cette crise qui promeut la science, cette crise qui postule la liberté, la démocratie et la laïcité, cette crise est au fond, fondamentalement, une crise du désir.
L'on peut se référer à tous les monismes, à tous les systèmes philosophiques, à toutes les rigueurs géométriques, comme ce Spinoza qui affirme explicitement la centralité du désir. L'important est de comprendre que le désir immanentiste incarne précisément la démesure classique, qui effrayait tant les Grecs (l'ubris étant le pire péché ou la pire faute). Se montrer démesuré, c'est précisément se prendre pour le tout, ainsi que l'enseigne la fable fameuse dans laquelle la grenouille se prend pour le boeuf.
Ce n'est pas un hasard si le mythe de Faust devient l'un des grands mythes populaire de la modernité, à tel point que Goethe et Balzac le reprennent, sous deux formes un peu distinctes. Ne s'agit-il pas pour ces deux écrivains majeurs d'exprimer le paradigme du système dans lequel ils se meuvent et dont ils sentent le souffle rauque et comique? Dans les deux cas, l'histoire conte la mutation d'un homme qui a accepté le pacte avec le diable. Ce pacte est identique : accepter de vendre son âme contre le bonheur matériel et les symboles de ce bonheur (pouvoir, richesse, séduction...). Vendre son âme au diable : soit troquer l'absolu classique contre le fini/sensible.
On ne peut se montrer plus explicite dans le message. Cette rengaine inquiétante consistant à vendre son âme au diable est exactement le résultat auquel aboutit la cris immanentiste : en expulsant l'Etre et en lui substituant le néant, le seul réel devient le sensible. Le fondement devient dès lors l'indivisible au sein du sensible, soit étymologiquement l'individu, mais en ce cas précis, la faculté centrale de l'individu, soit le désir. Nul besoin de s'appesantir sur les distinctions entre le désir spinoziste et la volonté schopenhauerienne.
Je laisse ces subtilités effectives aux commentateurs et aux historiens de la philosophie, qui pour d'aucuns seront trop heureux de se cacher derrière ces distinctions pour ne pas penser et se dépenser en donné impensé et en jargon compensé. Le détail important, en tout cas pour la pensée contemporaine qui veut gagner son temps et comprendre le sens ontologique qui se dégage de son temps, c'est la compréhension de la centralité de l'immanentisme : prendre la partie pour le tout.
Et cette centralité repose logiquement sur le désir de l'individu, le désir indivisible. Tel est le vice de l'immanentisme et telle est la raison pour laquelle l'immanentisme est une crise et non un progrès (encore moins le Progrès) : il est certain qu'en renversant de la sorte les valeurs, en faisant du fondement du fini le nouveau et supérieur fondement, du désir le centre du monde, le monde de l'homme ne peut que s'effondrer, parce qu'il manque au réel l'essentiel et que ce n'est pas en décrétant que l'essentiel est vain et que l'accidentel est primordial que l'on parvient à la pérennité et à la viabilité. Au contraire, on en arrive rapidement à la destruction et à l'anéantissement - et c'est la triste expérience dont nous commençons à distinguer les linéaments en ce moment.
LaRouche, entre autres, dirait : entre le Créateur et les créatures. Toujours est-il que la mutation de l'immanentisme correspond à une crise profonde du désir. La modernité exprime une crise du désir. Cette crise qui répudie les religions monothéistes et le transcendantalisme avec dédain, cette crise qui affirme avec force la suprématie de la Raison et l'hyperrationalité, cette crise qui promeut la science, cette crise qui postule la liberté, la démocratie et la laïcité, cette crise est au fond, fondamentalement, une crise du désir.
L'on peut se référer à tous les monismes, à tous les systèmes philosophiques, à toutes les rigueurs géométriques, comme ce Spinoza qui affirme explicitement la centralité du désir. L'important est de comprendre que le désir immanentiste incarne précisément la démesure classique, qui effrayait tant les Grecs (l'ubris étant le pire péché ou la pire faute). Se montrer démesuré, c'est précisément se prendre pour le tout, ainsi que l'enseigne la fable fameuse dans laquelle la grenouille se prend pour le boeuf.
Ce n'est pas un hasard si le mythe de Faust devient l'un des grands mythes populaire de la modernité, à tel point que Goethe et Balzac le reprennent, sous deux formes un peu distinctes. Ne s'agit-il pas pour ces deux écrivains majeurs d'exprimer le paradigme du système dans lequel ils se meuvent et dont ils sentent le souffle rauque et comique? Dans les deux cas, l'histoire conte la mutation d'un homme qui a accepté le pacte avec le diable. Ce pacte est identique : accepter de vendre son âme contre le bonheur matériel et les symboles de ce bonheur (pouvoir, richesse, séduction...). Vendre son âme au diable : soit troquer l'absolu classique contre le fini/sensible.
On ne peut se montrer plus explicite dans le message. Cette rengaine inquiétante consistant à vendre son âme au diable est exactement le résultat auquel aboutit la cris immanentiste : en expulsant l'Etre et en lui substituant le néant, le seul réel devient le sensible. Le fondement devient dès lors l'indivisible au sein du sensible, soit étymologiquement l'individu, mais en ce cas précis, la faculté centrale de l'individu, soit le désir. Nul besoin de s'appesantir sur les distinctions entre le désir spinoziste et la volonté schopenhauerienne.
Je laisse ces subtilités effectives aux commentateurs et aux historiens de la philosophie, qui pour d'aucuns seront trop heureux de se cacher derrière ces distinctions pour ne pas penser et se dépenser en donné impensé et en jargon compensé. Le détail important, en tout cas pour la pensée contemporaine qui veut gagner son temps et comprendre le sens ontologique qui se dégage de son temps, c'est la compréhension de la centralité de l'immanentisme : prendre la partie pour le tout.
Et cette centralité repose logiquement sur le désir de l'individu, le désir indivisible. Tel est le vice de l'immanentisme et telle est la raison pour laquelle l'immanentisme est une crise et non un progrès (encore moins le Progrès) : il est certain qu'en renversant de la sorte les valeurs, en faisant du fondement du fini le nouveau et supérieur fondement, du désir le centre du monde, le monde de l'homme ne peut que s'effondrer, parce qu'il manque au réel l'essentiel et que ce n'est pas en décrétant que l'essentiel est vain et que l'accidentel est primordial que l'on parvient à la pérennité et à la viabilité. Au contraire, on en arrive rapidement à la destruction et à l'anéantissement - et c'est la triste expérience dont nous commençons à distinguer les linéaments en ce moment.
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