C'est curieux, mais quand on analyse ceux qui tirent les ficelles dans le monde de l'immanentisme, on se rend compte que l'ordre indo-européen évoqué par Dumézil subit un net infléchissement dans l'organisation sociale occidentaliste qui est peut-être la dernière forme d'organisation descendant des Indo-européens. En gros, Dumézil sépare l'ordre social de type indo-européen en trois castes : les prêtres/rois; les guerriers; les marchands.
La société médiévale, par exemple, est divisée en oratores (ceux qui prient, le clergé), bellatores (ceux qui combattent, la noblesse) et laboratores (ceux qui travaillent, le tiers état). La société indienne est divisée en Brahmanes (prêtres, enseignants et professeurs), Kshatriyas (rois, princes, administrateurs et soldats), plus la caste productive, se subdivisant en Vaisyas (artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs et bergers) et Sudras (serviteurs). Que l'on se reporte à ce sujet au poème épique indien Mahabharata (notamment).
Dans l'ordre immanentiste, la mutation est nette. Ce sont les Révolutions de la fin du dix-huitième siècle, telle la Révolution française. Ces révolutions se caractérisent par la prise de pouvoir des marchands, qui culminent dans la mutation de l'ordre marchand et bourgeois du dix-neuvième en suprématie des banquiers et des financiers au vingtième siècle et à leur effondrement au siècle chrétien suivant. C'est dire que l'ordre marchand mute lui aussi et se transmute finalement en suprématie du monétaire et du financier.
Si l'on suit l'immanentisme, qui après tout est un nihilisme indo-européen, il faudrait diviser la société immanentiste en trois castes : les marchands, puis les guerriers et enfin les serviteurs. Mais il faudrait ajouter que le nihilisme n'est pas la reproduction mimétique de l'esprit indo-européen, mais l'évocation servile de l'esprit nihiliste.
Pour commencer, la disparition des prêtres s'explique dans ce triptyque accommodant par le fait que ce sont les marchands qui prétendent jouer ce rôle et qu'ils le font en déniant le religieux - par la religion de la négation de la religion. Après tout, il est logique que les marchands sombrent dans une religion diabolique et nihiliste, puisque leur conception de l'échange est intégralement finie.
Cependant, la structure du nihilisme n'est pas d'obédience seulement indo-européenne. Après tout, les Indo-européens descendent des Africains - d'une origine commune. En Afrique, les prêtres-rois sont les premières formes de pouvoir, ce qui indique que la souveraineté et la religion sont originellement associées et que dès le départ l'homme s'est trouvé confronté au nihilisme.
C'est pour répondre au péril nihiliste que l'homme a opposé le transcendantalisme, dont l'esprit devait accoucher des castes présentes par trois dans la mentalité indo-européenne. Le nihilisme suppose deux castes, ce qui indique une forme d'organisation préexistante à la forme indo-européenne : l'élite et les serviteurs. C'est un modèle oligarchique strict et caricatural qui est proposé. Ce modèle déboucherait sur la disparition de l'homme à court terme. C'est la raison pour laquelle l'homme y a opposé le transcendantalisme comme système pérenne opposable au nihilisme.
Évidemment, la propagande immanentiste ne présente pas l'immanentisme comme un système politique typique de l'oligarchie. L'immanentiste idéal résulte d'une formidable progression des mœurs où les castes disparaissent et où l'égalité côtoie la liberté et la fraternité. Ce slogan ne vous rappelle rien? La Révolution française? L'esprit primitif du communisme? Deux révolutions? La troisième proviendrait alors de la révolution libérale anglaise, la première historiquement.
Selon l'ordre qu'institue la propagande immanentiste, les marchands tiennent le haut du pavé, soutenus par les intellectuels, qui remplacent les prêtres (d'où l'opposition de Voltaire aux Infâmes) et par les politiques, qui administrent le champ immanentiste. Le propre du nihilisme consiste à abolir les frontières et les différences. Il est vrai que dans l'absolu du néant positif, tout se vaut et s'équivaut.
Bien entendu, cette égalité de façade, dont le communisme offrira un aperçu strict et naïf, signifie en fait que c'est l'oligarchie qui est le vrai contenu en tant qu'aboutissement/abrutissement inéluctable de l'immanentisme. Ce pour une raison précise : la croyance dans le néant ne fait qu'aviver les différences dans le fini, fidèle au principe selon lequel l'échange ne s'effectue plus.
L'absence ou la quasi absence des échanges véritables institue des différences finies de plus en plus fortes, puisque le modèle de l'immanentisme suppose que la raréfaction des échanges engendre de manière connexe la gradation de la domination. Ce modèle de l'oligarchie est le modèle terminal de l'immanentisme, au sens où l'on évoque le stade terminal d'une maladie.
Pour finir, précisons encore une fois que le nihilisme n'est pas la maladie du siècle, mais la maladie universelle qui gangrène les formes politiques et religieuses de l'homme. C'est contre ce modèle universel de l'immanentisme que l'homme a opposé le transcendantalisme. Le modèle indo-européen ne constitue pas une exception ou une hérésie transcendantaliste, mais une variante de ce transcendantalisme, comme l'immanentisme ne constitue pas une hérésie indo-européenne, mais une variante du nihilisme, sa variante moderne et malheureusement décisive.
La société médiévale, par exemple, est divisée en oratores (ceux qui prient, le clergé), bellatores (ceux qui combattent, la noblesse) et laboratores (ceux qui travaillent, le tiers état). La société indienne est divisée en Brahmanes (prêtres, enseignants et professeurs), Kshatriyas (rois, princes, administrateurs et soldats), plus la caste productive, se subdivisant en Vaisyas (artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs et bergers) et Sudras (serviteurs). Que l'on se reporte à ce sujet au poème épique indien Mahabharata (notamment).
Dans l'ordre immanentiste, la mutation est nette. Ce sont les Révolutions de la fin du dix-huitième siècle, telle la Révolution française. Ces révolutions se caractérisent par la prise de pouvoir des marchands, qui culminent dans la mutation de l'ordre marchand et bourgeois du dix-neuvième en suprématie des banquiers et des financiers au vingtième siècle et à leur effondrement au siècle chrétien suivant. C'est dire que l'ordre marchand mute lui aussi et se transmute finalement en suprématie du monétaire et du financier.
Si l'on suit l'immanentisme, qui après tout est un nihilisme indo-européen, il faudrait diviser la société immanentiste en trois castes : les marchands, puis les guerriers et enfin les serviteurs. Mais il faudrait ajouter que le nihilisme n'est pas la reproduction mimétique de l'esprit indo-européen, mais l'évocation servile de l'esprit nihiliste.
Pour commencer, la disparition des prêtres s'explique dans ce triptyque accommodant par le fait que ce sont les marchands qui prétendent jouer ce rôle et qu'ils le font en déniant le religieux - par la religion de la négation de la religion. Après tout, il est logique que les marchands sombrent dans une religion diabolique et nihiliste, puisque leur conception de l'échange est intégralement finie.
Cependant, la structure du nihilisme n'est pas d'obédience seulement indo-européenne. Après tout, les Indo-européens descendent des Africains - d'une origine commune. En Afrique, les prêtres-rois sont les premières formes de pouvoir, ce qui indique que la souveraineté et la religion sont originellement associées et que dès le départ l'homme s'est trouvé confronté au nihilisme.
C'est pour répondre au péril nihiliste que l'homme a opposé le transcendantalisme, dont l'esprit devait accoucher des castes présentes par trois dans la mentalité indo-européenne. Le nihilisme suppose deux castes, ce qui indique une forme d'organisation préexistante à la forme indo-européenne : l'élite et les serviteurs. C'est un modèle oligarchique strict et caricatural qui est proposé. Ce modèle déboucherait sur la disparition de l'homme à court terme. C'est la raison pour laquelle l'homme y a opposé le transcendantalisme comme système pérenne opposable au nihilisme.
Évidemment, la propagande immanentiste ne présente pas l'immanentisme comme un système politique typique de l'oligarchie. L'immanentiste idéal résulte d'une formidable progression des mœurs où les castes disparaissent et où l'égalité côtoie la liberté et la fraternité. Ce slogan ne vous rappelle rien? La Révolution française? L'esprit primitif du communisme? Deux révolutions? La troisième proviendrait alors de la révolution libérale anglaise, la première historiquement.
Selon l'ordre qu'institue la propagande immanentiste, les marchands tiennent le haut du pavé, soutenus par les intellectuels, qui remplacent les prêtres (d'où l'opposition de Voltaire aux Infâmes) et par les politiques, qui administrent le champ immanentiste. Le propre du nihilisme consiste à abolir les frontières et les différences. Il est vrai que dans l'absolu du néant positif, tout se vaut et s'équivaut.
Bien entendu, cette égalité de façade, dont le communisme offrira un aperçu strict et naïf, signifie en fait que c'est l'oligarchie qui est le vrai contenu en tant qu'aboutissement/abrutissement inéluctable de l'immanentisme. Ce pour une raison précise : la croyance dans le néant ne fait qu'aviver les différences dans le fini, fidèle au principe selon lequel l'échange ne s'effectue plus.
L'absence ou la quasi absence des échanges véritables institue des différences finies de plus en plus fortes, puisque le modèle de l'immanentisme suppose que la raréfaction des échanges engendre de manière connexe la gradation de la domination. Ce modèle de l'oligarchie est le modèle terminal de l'immanentisme, au sens où l'on évoque le stade terminal d'une maladie.
Pour finir, précisons encore une fois que le nihilisme n'est pas la maladie du siècle, mais la maladie universelle qui gangrène les formes politiques et religieuses de l'homme. C'est contre ce modèle universel de l'immanentisme que l'homme a opposé le transcendantalisme. Le modèle indo-européen ne constitue pas une exception ou une hérésie transcendantaliste, mais une variante de ce transcendantalisme, comme l'immanentisme ne constitue pas une hérésie indo-européenne, mais une variante du nihilisme, sa variante moderne et malheureusement décisive.
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