mardi 11 novembre 2008

Association d'Initiés Grandiloquents

Cette petite note se souhaite aussi fidèle et précise que possible. Elle a pour but de détailler dans ses méandres nauséabonds la comédie humaine de l'immanentisme, version élitiste et oligarchique. Si quelques erreurs subsistaient, elles figurent en toute bonne foi. Bonne lecture!

Frank George Wisner II est, comme son patronyme l'indique, le fils de Frank Wisner Sr., directeur des opérations de l'Office of Strategic Services (OSS) en Europe du Sud. Sr. devint directeur de la planification lorsque l'OSS devint CIA, ce qui faisait de lui de facto le chef des réseaux stay-behind de l'OTAN.
On se souviendra que les réseaux stay-behind de l'OTAN sont responsables des opérations sous fausse bannière tendant à incriminer des groupuscules d'extrême-gauche ou d'extrême-droite pour des atrocités terroristes perpétrées au nom de la lutte contre le communisme. C'est ainsi que la plupart des attentats de l'après-guerre sont imputables à des groupes de lampistes manipulés par des faucons autrement plus puissants et structurés que les réseaux de benêts incriminés par les médias. Est-ce la raison de l'étrange décès de notre Frank Sr. international, qui se serait suicidé en pleine gloire suite à une sénilité ou une folie avancées?
Décidé à imiter la réussite remarquable du père, Wisner Jr. travailla au Département d'État sous Carter, puis mena une somptueuse carrière de sous-secrétaire à la Défense (il fut ainsi le successeur d'un certain Wolfowitz au poste en 1993-1994) et d'ambassadeur sous Clinton. Bien entendu, la carrière du fils ne dépend en aucun cas des anciennes prérogatives du père. Hein, Jr.?
Après 1997, Jr. quitte le monde de la diplomatie, qui est aussi le monde des secrets et des renseignements. Diplomate indique souvent avec diplomatie des prérogatives qui touchent au monde supérieur du secret et du renseignement. Précurseur en matière de privatisation du secret et de collaboration entre le privé et le public, Kissinger a fait paraître la somme de ses analyses géopolitiques de stratège et de diplomate de la haute dans un livre au titre éloquent : Diplomatie. En 1994 : tout un programme.
Bien décidé à imiter son mentor, Jr. se lance dans les affaires et le monde de l'entreprise. Cette reconversion n'est jamais que le prolongement et la complémentarité des activités paternelles. En effet, le monde du renseignement fut fondé au départ par des financiers et des banquiers. L'OSS de Sr. ancêtre de la CIA de Sr. montre ce qu'est le renseignement : il s'agit que le monde du secret travaille pour le monde des affaires. Hein, Sr.?
Jr. marche avec célérité et prouesse dans les traces de son père. Dès le départ, les renseignements sont créés parce que le système immanentiste implique que l'oligarchie soit dotée des pouvoirs tout-puissants, soit de pouvoirs démiurgiques permettant de tendre vers l'omniscience. Dans l'immanentisme, ce sont les factions financières qui dominent. Leur pouvoir dominant implique qu'elles soient parées de facultés les rapprochant du pouvoir des dieux et du pouvoir transcendant le pouvoir des simples mortels.
Diriger le système implique de posséder une vérité qui soit en mesure de contrôler l'intégralité du système, soit de maîtriser le système. Dans cette optique, le bien et le mal n'ont plus aucune valeur, puisque le propre du dominateur est de dépasser la morale et de verser dans l'amoral : en bref, de maîtriser la morale. Nietzsche n'a-t-il pas déclaré la guerre à la morale au nom de considérations plus hautes - et plus fumeuses, du genre de la volonté de puissance et du surhomme?
En ce sens, le parcours de Jr. n'est pas seulement celui du Pygmalion de notre actuel Président français, chargé de rapatrier la France dans le camp atlantiste au moment où le système immanentiste s'effondre et au moment où le besoin pressant de solidarité se fait plus que jamais sentir dans les rangs des occidentalistes et des mondialistes.
En 1997, notre Jr. emblématique rejoint Enron, la compagnie d'énergie qui réalisera la plus grande faillite de l'histoire du capitalisme moderne (décembre 2001, peu de temps après le 911). Enron était un des principaux bailleurs de fonds du système W. Alors que les principaux dirigeants d'Enron sont poursuis pour cette escroquerie qui met sur la paille des centaines de milliers de petits épargnants, qui avaient investi, par le truchement de fonds de pension et de fonds de retraite, dans la capitalisation de la firme, Jr. ne paraît pas avoir été inquiété par les poursuites judiciaires et les malversations.
Pourtant, il n'occupait pas des fonctions subalternes. Il faut croire que le décès commode (au moment où il allait se faire incarcérer) de l'ancien et charismatique président d'Enron, en 2005, ainsi que l'emprisonnement de ses subalternes directs, suffisait. Le cabinet d'Arthur Andersen, Citigroup, JP Morgan, Merrill Lynch, Deutsche Bank, la CIBC, et la Banque Barclays sont des partenaires et des investisseurs d'Enron. Le petit milieu des affaires est un monde de requins voraces et véreux.
Jr., qui ne fait jamais les choses à moitié, ne se contente pas d'avoir promu bec et ongles Enron, notamment quand il était ambassadeur des Indes, juste avant de rejoindre le monde des affaires et notamment la fameuse infirme d'Enron. Il a aussi rejoint en 1997, juste après sa carrière de diplomate, Hakuyt&Company. Pour les distraits qui verraient dans cette carrière des discontinuités, j'insisterai au contraire sur son extraordinaire homogénéité : les renseignements après la diplomatie, c'est blanc bonnet et bonnet blanc.
Hakluyt est une firme anglaise de renseignements privés qui conseillait Enron. Le monde est petit. Si petit. Shell et BP sont ses clients attitrés. HSBC aussi. Elle fut fondée par un agent du MI-6 (Christopher James). En 2000, Hakluyt fut l'objet d'un partenariat avec Kissinger Associates, le cabinet de renseignements privés fondé par Kissinger. Le rapprochement traduit la proximité idéologique de l'atlantisme anglo-saxon, ainsi que le traduit les discours de Kissinger disciple de Churchill, notamment le discours de Chattam House de 1982.
Mieux, Jr. devint, toujours en 1997, représentant pour les affaires étrangères de Kroll Associates, qui dans les années 80 était déjà bien connu pour représenter les renseignements privés de Wall Street. En 1993, la firme est reprise par Maurice Greenberg, le légendaire patron d'AIG. Kroll fut repris en 2004 par Marsh&McLennan, cabinet d'assurance longtemps dirigé par Jeffrey Greenberg, le fils de Maurice. A noter les liens troubles de Kroll avec un certain Polumbo, un détective (je crois) lié aux milieux de la drogue en Amérique latine. Un dénommé Shalom travailla aussi pour Kroll. Il était membre du Shin Beth.
On voit que Jr. a des contacts et du tact. J'avais oublié : Kroll est régulièrement pointé du doigt pour ses liens suspects dans le 911. il faut dire que Kroll fait de la sécurité et administrait le WTC le 911. C'est assez problématique et d'autres détails sur la question pourraient être fournis, qui ne manquent pas de sel, y compris le plus rance. Mais ce serait omettre de préciser que Jr. est un individu si remarquable dans les affaires qu'il ne se contente pas de faire du renseignement privé de haut vol. Il est aussi vice-président d'AIG, la compagnie que présidait Maurice Greenberg, que ce dernier dut quitter suite à un scandale retentissant en 2005. Avant d'en venir au pédigrée d'AIG, je constaterai que la famille Greenberg connaît des moments difficiles, puisque papa dut démissionner en 2005, quand Jeffrey dut démissionner, lui, en 2004.
Pour commencer, c'est AIG qui s'occupa de tisser des liens entre Enron et des marchés péruviens. Ben entendu, Greenberg est un grand complice de Kissinger, son représentant attitré pour l'Asie dès les années 80, en particulier pour les milieux chinois. Greenberg était également fort proche d'Eisenberg, le dirigeant du Mossad pour l'Asie. Le scandale de corruption qui touche Greenberg le lie avec le spéculateur néo-démocrate Warren Buffet, qui se trouvait le 911 en route pour la base d'Offutt en compagnie du général républicain Scowcroft, un proche de Kissinger.
Malgré ses ennuis multiples avec la justice et avec les marchés (AIG en est à plus de 250 milliards de dollars de renflouement grâce au plan Paulson, une paille), Greenberg demeure le principal actionnaire d'AIG. Il continue à administrer les associations et fondations de la famille Rockefeller, comme son ami Kissinger, qui administra lui le Rockefeller Brothers Fund et eut l'insigne honneur de travailler en étroite collaboration avec Nelson Rockefeller, le Vice-président du regretté mâcheur de chewing-gum G. Ford.
Les deux hommes sont proches du fond d'investissement Blackstone, dont le président se nomme P. Peterson et est président du CFR, un think tank qui conseille la politique étrangères des États-Unis et qui a pour spécialité la réécriture de l'histoire. Le vice-président du CFR n'est autre que Greenberg. Wisner et Kissinger appartiennent aussi au CFR.
A noter que la firme Kissinger Associates-Mac Larty, Blackstone et AIG ont signé un partenariat pour travailler ensemble dans le renseignement tous azimuts. Il est vrai que Kissinger Associates possède ses bureaux dans le même immeuble que Blackstone, à Washington si ma mémoire est bonne. Le rapprochement entre Kissinger Associates et Mac Larty intervient après que Mac Larty eut travaillé pour Clinton à la Maison Blanche (en 1999). En 2008, les deux firmes se sont séparées.
Encore un détail troublant : comme Kroll, Blackstone est mentionné pour s'être occupé de la sécurité du WTC. Cette fois, il s'agit du 7, qui s'effondra à 17 heures 20 le 911, sans raison valable, en tout cas pas celles fournies par le NIST en 2008 (sept ans après les faits, pour une version fumeuse, c'est fameux!). Blackstone s'occupait de protéger depuis 2000 ce building tenu par le promoteur immobilier Silverstein. Toujours l'ombre du 911, toujours les poussières du WTC, hein O'Neill?
A noter que la banque d'affaires (tristement célèbre depuis le plan Paulson) Goldmann Sachs est impliquée dans les investissements d'AIG, de Blackstone et de Kissinger Associates. En parlant de Goldmann Sachs, banque dans laquelle travailla Paulson, l'actuel président d'AIG, un certain Liddy, est un ancien de Goldmann Sachs et un ancien collaborateur de Rumsfeld au groupe pharmaceutique Searle&Co.
Pour terminer sur une note touchant au sympathique et incontournable Kissinger, qu'il me soit permis de constater que Kissinger Associates, en plus de tous ses liens détonants avec le petit monde atlantiste des affaires, appartient au Council of America, un énième think tank fondé par David Rockefeller...
Outre ses liens avec Greenberg, Kissinger Associates accueille en son sein de nombreux complices de Kissinger du temps béni de l'ère Nixon, époque où Kissinger était si sexystorride en Secrétaire d'État et responsable du NSC : Scowcroft, Eagleburger, Peterson de Blackstone, Bremer, le conseiller de Haig et administrateur d'Irak en 2003-2004.
Tiens, en passant, quelques précisions sur Bremer : avant d'être pro-consul en Irak, Bremer était dirigeant de Marsh&McLennan, la compagnie de Jeffrey Greenberg. Le 911, il avait une réunion programmée dans le WTC et put ainsi donner sa réaction à chaud pour la télévision, alors que des centaines de ses employés avaient péri dans les attentats.
Parmi ce beau monde, on retrouve aussi depuis 1982 lord Carrington, ancien secrétaire du Foreign Office anglais et ancien secrétaire général de l'OTAN. Faut-il préciser que lord Carrington dirigea pendant les années 90 le Bilderberg Group et qu'il fut à l'initiative du rapprochement entre Kissinger Associates et Hakluyt&Company? Proche de Margaret Thatcher, Carrington fut également président dans les années 80 de la Pilgrims Society.
La présence de Carrington suffit à montre la proximité de Kissinger avec les cercles financiers de l'Empire britannique postcolonial. A noter que le successeur de Carrington au Bilderberg Group en 1993 fut Étienne Davignon, ancien dirigeant de la Société Générale de Belgique et ancien commissaire européen. Davignon appartient aussi à Kissinger Associates.
Je vois que j'ai oublié dans la liste des anciens de l'ère Nixon un certain William E. Simon, ancien secrétaire du Trésor sous Nixon, soit exactement le prédécesseur de notre cher Paulson à l'heure actuelle. Les liens entre Kissinger et le monde de la banque sont loin d'être taris : outre tous ceux déjà mentionnés et fort impressionnants, on peut relever la présence au sein de Kissinger Associates de Timothy F. Gethner, président de la Réserve fédérale de la banque de New York, ou de son collègue de la Réserve fédérale de la Banque de Dallas.
A rappeler que Maurice Greenberg fut lui aussi président de la Réserve fédérale de New York, de 1988 à 1995. Encore un hasard totalement fortuit. Ah, j'oubliais : c'est par le truchement de la Réserve fédérale de la banque de New York que la banque d'Angleterre et la Réserve fédérale américaine fixent ensemble la politique monétaire des États-Unis, et du monde - par conséquent.
Voilà. J'espère que ce petit tour d'horizon n'était pas trop fastidieux à force de détails (aussi précis que possibles). Il avait pour but de vous expliciter à quel point Jr. connaissait du beau monde et à quel point l'oligarchie est un système clos, un petit monde dans lequel rapidement chacun connaît chacun. La preuve en faits bruts et irréfutables. Pour ceux qui auraient peine à s'en convaincre, parcourez à présent l'article que consacre Meyssan à l'ascension fulgurante de Sarkozy, depuis la banlieue morose et malfamée de Neuilly jusqu'aux portes de l'Élysée. On y apprend que Jr. est le mari de la belle-mère de Sarkozy et qu'il a grandement contribué à façonner le parcours politique de notre cher Président français...
Puis opérez une prolepse et avancez jusqu'au 23 septembre 2008. En ce jour enchanté, la Fondation Appel de la Conscience a remis ses prix 2008 lors d’un dîner de gala rassemblant plus d’un millier de convives à l’hôtel Wasdorf Astoria de New York. La soirée était placée sous le haut patronage du président George W. Bush, du vice-président Dick Cheney, des anciens présidents George H. Bush et Bill Clinton, et des anciens secrétaires d’État Madeleine Albright, James Baker, Lawrence Eagleburger, Alexander Haig, Henry Kissinger, Colin Powell et George Shultz. La soirée était co-présidée par Stephen A. Schwarzman (PDG du fonds de placement Blackstone Group, membre des Skull & Bones), et le sénateur Serge Dassault (PDG honoraire de Dassault aviation et directeur du Figaro).
Le rabbin Arthur Schneier, représentant suppléant des États-Unis à l’Assemblée générale des Nations Unies et membre du Groupe de haut niveau pour le Dialogue des civilisations institué par le secrétaire général, eut la bonne idée de remettre le prix de l’homme d’État 2008 à Nicolas Sarkozy, sous les yeux émerveillés de Carla B., qui vit un conte de fée quotidien pour être elle-même une fée des quotidiens (plus ou moins sardonique(s).
On eut le plaisir de voir Kissinger prononcer le discours de congratulation et de dragouiller ensuite avec amusement Carla B. Histoire de susurrer avec délice : certes, maintenant, je suis octogénaire, les bluettes, c'est du passé, mais les mannequins croqueuses d'hommes et collectionneuses de Juifs sionistes superstar, je connais. J'en fis mon lot quotidien dans les années 70.
Pour ceux qui auraient encore l'envie de parcourir un panel non exhaustif des invités, voici une petite liste suggestive :
Josef Ackermann (directeur de la Deutsche Bank, membre du Groupe de Bilderberg) ; le banquier Robert Agostinelli (qui offrit aux Sarkozy leurs vacances à Wolfendoro) ; Mathilde Agostinelli (l’épouse de Robert qui fut témoin au mariage de Nicolas et Carla) ; Lance Armstrong (champion cycliste, président de la Fondation Livestrong) ; Bernard Arnault (Pdg du groupe de luxe LVMH, membre du groupe de Bilderberg) ; l’oligarque Len Blavatnik (Pdg d’Access Industries) ; Philippe Camus (president du Groupe Lagardère, membre du Groupe de Bilderberg) ; Henri de Castries (Pdg d’AXA et membre du Groupe de Bilderberg) ; Jean-Claude Decaux (Pdg de JCDeaux, membre du Groupe de Bilderberg) ; Muhtar Kent (Pdg de Coca-Cola, membre du Groupe de Bilderberg) ; Marie-Josée Droin (chercheuse au Hudson Institute et épouse d’Henry Kravis) ; Henry Kravis (co-Pdg du fonds de placement Kohlberg Kravis Roberts & Co, membre du Groupe de Bilderberg) ; Ralph Lauren (Pdg de Polo Ralph Lauren) ; Anne Lauvergeon (Pdg d’Areva, membre du Groupe de Bilderberg) ; François Maisonrouge (directeur du conseil aux sociétés pharmaceutique au Crédit suisse et administrateur de la Fondation Appel de la Conscience) ; Christophe de Margerie (Pdg de Total, membre du groupe de Bilderberg) ; Jean-Pierre Meyers (héritier de L’Oréal et Netslé) ; Jean-Marie Messier (ancien Pdg de Videndi, actuel associé de Rentalbiliweb, membre du Groupe de Bilderberg) ; Rupert Murdoch (Pdg de News Corporation, membre du groupe de Bilderberg) ; Peter Peterson (ancien secrétaire au Commerce des USA et actuel co-Pdg du fonds de placement Kohlberg Kravis Roberts & Co) ; Felix Rohatyn (ancien ambassadeur des États-Unis en France, président du conseil international de Lehman Brothers, membre du Groupe de Bilderberg) ; Frederick W. Smith (Pdg de FedEx et membre des Skull & Bones) ; Daniel Vasella (Pdg de Vasella, membre de la direction du Groupe de Bilderberg) ; Paul Volcker (ancien président de la Réserve fédérale, membre du groupe de Bilderberg) ; Guy Wildenstein (président de la section US de l’UMP et président de la galerie Wildenstein) ; James Wolfensohn (ancien président de la Banque mondiale et actuel Pdg du fonds de placement Wolfensohn & Co., membre du Groupe de Bilderberg) ; Mortimer Zuckerman (ancien président de la Conférence des présidents des principales organisations juives US et actuel Pdg de Boston Properties, membre du Groupe de Bilderberg).
C'est ça, l'oligarchie : du concentré, du représentatif.

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