Libération emprisonne?
Petit intermède interrogatif. Commencez par lire cette dépêche on ne peut plus officielle, parue dans l'ancien journal libertaire Libération.
http://www.liberation.fr/medias/0101631340-et-nixon-percuta-un-ellsberg
Ce papier relate les méandres scénarisés de l'affaire Ellsberg, un analyste du Pentagone qui en 1971 a révélé documents (copieux) à l'appui que les présidents américains depuis vingt-cinq ans (depuis Eisenhower) mentaient à propos des guerres d'Asie du sud-est, en particulier de la sacrosainte et discréditée guerre du Vietnam (Kissinger réussira même à glaner de manière contestée et collatérale le Nobel de la Paix 1973!).
A mensonge, mensonge et demi : où l'on exagère dans la chute postérieure de Nixon la portée (surfaite) de l'acte de déstabilisation et de contestation du brillant agent de renseignements devenu militant pacifiste Ellsberg, on omet de mentionner le rôle des représentants de l'oligarchie financière centrée médiatiquement autour d'un Kissinger sous Nixon. On omet surtout d'évoquer plus précisément le rôle pourtant considérable des stratèges de l'Empire britannique, qui dans ses eaux troubles lance toute sa force de persuasion pour :
1) exciter les guerres perdues d'avance d'Asie du sud-est (une rengaine sinistre);
2) asseoir un ordre monétariste et oligarchique matérialisé par le découplage or/dollar de 1971 et l'abandon du système monétaire (et non monétariste) de Bretton Woods lancé par le président démocrate et républicain (paradoxe possible si républicain est pris dans son acception classique) F.D. Roosevelt.
Il est évident qu'un Ellsberg, loin d'être le maillon fort des contestataires qui auraient arrêté la guerre du Vietnam et contribué à la destitution pathétique de Nixon (affaire Watergate, dont un des réels protagonistes, le général ultra-conservateur Haig, encore un complice dégradé de Kissinger et de Shultz, est décédé récemment dans un anonymat relatif tout de même surprenant), n'est jamais qu'un pion largement manipulé et dont a posteriori on utilise l'action pour apporter une explication historique disproportionnée et réductrice, concentrée autour d'un seul individu ou d'une poignée d'inconnus glorieux mus par le hasard imprévisible.
Le documentaire au titre explicite (L’homme qui a fait tomber Nixon) n'est jamais qu'un cliché dans la veine de ces prétendues mines d'histoire contemporaine qui distillent un message interprétatif d'autant plus désengagé dans le hasardeux qu'ils sont en réalité partisans d'une réduction forcenée de l'histoire à la négation du complotisme. La négation bornée et totalisante (quasi totalitaire) du complotisme serait-elle une forme vicieuse de complotisme au sens où l'on finit par reconnaître des complots - en les imputant à des individus isolés, inconnus et sans envergure?
Ellsberg est moins l'iceberg historique de Nixon que le glaçon refroidi que le documentaire pseudo-historique et en réalité hagiographique (pour le compte effectif, quoique sans doute ignoré - ? - par les réalisateurs eux-mêmes, de l'Empire britannique) utilise pour cacher l'existence de cet Empire monétariste et le fait historique que les forces stratégiques au service des élites oligarchiques de la finance mondialiste sont celles véritablement agissantes (dans leur déploiement complexe et ignoré) qui ont pensé et conseillé les guerres d'Asie du sud-est, notamment le Vietnam comme bourbier annonciateur de la folie afghane - comme elles ont pensé et conseillé la destitution de Nixon après l'avoir promu (un politicien bien connu pour ses penchants fascistes).
Au-delà de cette manipulation (négation des complots historiques) et de cette réduction (de l'histoire des complots à la somme de hasards tronqués et insignifiants) dans laquelle les comploteurs divinisés et patentés à la Kissinger (dont le surnom pourrait être : "L'homme du 11 Septembre"?) s'empressent d'accorder leur onction de reconnaissance médiatico-historique à des sous-fifres et refilent la patate chaude de leurs actions à des subalternes insignifiants, subitement crédités d'une aura et d'un pouvoir qu'ils n'ont jamais eus, et pour cause, cet article de Libération est intéressant parce qu'autant Jauffrin que la rédaction de ce quotidien de la gauche ultra-libérale (plus proche de Keynes l'impérialiste britannique que de ses modèles libertaires originels) se déclarent totalement anticomplotistes.
Libération emprisonne? Critiquer les rouages du complotisme effectif, je veux bien, mais utiliser l'arme rhétorique de l'arbre complotiste pour masquer la forêt comploteuse (l'existence de complots effectifs et primordiaux dans les allées du pouvoir) devient une habitude salement répandue dans les sphères journalistiques et expertes de l'intelligentsia française. Pourtant, cet article aussi réducteur et manipulateur soit-il, dans la veine du documentaire déjà hagiographique dont il dresse la recension hagiographique (!), admet l'existence d'un complot d'envergure et d'État.
On pourrait le baptiser le complot Ellsberg. Ellsberg a comploté! Positivement, mais il a comploté! Il a comploté contre l'État le plus puissant de la planète! Un agent pacifiste efficacement infiltré dans l'âme belliqueuse du Pentagone monte un complot selon les auteurs du documentaire avalisé par les journalistes-recenseurs-hagiographes de Libération. Que ce complot soit des plus réducteurs (un faux complot cachant le vrai complot, bien plus étendu et puissant que des groupuscules informels et limite improvisés de pacifistes enamourés) est bel et bien une autre affaire. L'important est dans cette reconnaissance tacite : les complots existent! Impossible de les ignorer sous des techniques de déni comme l'anticomplotisme massif et frauduleux!
On peut donc évoquer les complots sans être complotistes? C'est fin la rhétorique perverse qui instille le déni sous prétexte de lutter contre les hallucinations psychopathologiques? Les connaisseurs de complots d'État n'auront plus à souffrir de la réputation injustifiée de complotiste? De la bêtise patentée des thuriféraires de l'anticomplotisme qui répètent d'autant plus qu'ils comprennent mal, voire rien, perroquets et roquets d'une veulerie confondante? Des complots qui parcourent le pouvoir US, des complots capables de renverser la machine de guerre de la première puissance militaire du monde, des complots capables de lancer le processus de destitution du président Nixon (qui du coup deviendrait presque un bouc émissaire à plaindre...).
En restant aux limbes du complot Vietnam/Nixon, les journalistes se contentent certes d'un premier rôle qui laisse oublier la superstructure qui gravite autour et dont il est difficile de bonne foi d'ignorer l'existence vérifiable. Mais en commençant à admettre que certaines de ces causes historiques sont fomentées par des complots, nos journalistes avancent dans le traitement impartial de leur information.
Surtout, ils ont reconnu cette fois, peut-être sans s'en rendre compte, que les complots existaient du côté de l'État et du pouvoir. Certes, ils ont enrobé l'affaire sous l'explication pacifiste (presque fleur bleue, pour ne pas dire mièvre), mais ils ont validé en réduisant. Nul doute que le ruisseau va grossir et que les historiens de l'avenir scrupuleux n'auront aucun doute à soulever les nombreux complots qui émaillent la période dite de la désindustrialisation, la triste ère qui suit les Trente Glorieuses, dont un Kissinger aura été un acteur médiatique proéminent.
Nul doute aussi qu'en reconnaissant le complot Ellesberg, les journalistes de Libération ont contribué, en sus des réalisateurs peu au fait du réel d'Arte, d'enclencher le mécanisme de reconnaissance qui commencera par décortiquer l'histoire trouble du Watergate, puis qui ira se fixer sur les deux grandes affaires troubles de la démocratie américaine d'après Guerre : l'assassinat de JFK (la balle magique, l'assassin assassiné, les assssinats de Robert, de Luther ou de Malcolm...) et le 911 (le Pentagone terrorisé, les Tours effondrées...). C'est ce qui s'appelle mettre le doigt dans l'engrenage. Au début, on accorde un peu de leste. On finit vite par lâcher du zeste.
Ce papier relate les méandres scénarisés de l'affaire Ellsberg, un analyste du Pentagone qui en 1971 a révélé documents (copieux) à l'appui que les présidents américains depuis vingt-cinq ans (depuis Eisenhower) mentaient à propos des guerres d'Asie du sud-est, en particulier de la sacrosainte et discréditée guerre du Vietnam (Kissinger réussira même à glaner de manière contestée et collatérale le Nobel de la Paix 1973!).
A mensonge, mensonge et demi : où l'on exagère dans la chute postérieure de Nixon la portée (surfaite) de l'acte de déstabilisation et de contestation du brillant agent de renseignements devenu militant pacifiste Ellsberg, on omet de mentionner le rôle des représentants de l'oligarchie financière centrée médiatiquement autour d'un Kissinger sous Nixon. On omet surtout d'évoquer plus précisément le rôle pourtant considérable des stratèges de l'Empire britannique, qui dans ses eaux troubles lance toute sa force de persuasion pour :
1) exciter les guerres perdues d'avance d'Asie du sud-est (une rengaine sinistre);
2) asseoir un ordre monétariste et oligarchique matérialisé par le découplage or/dollar de 1971 et l'abandon du système monétaire (et non monétariste) de Bretton Woods lancé par le président démocrate et républicain (paradoxe possible si républicain est pris dans son acception classique) F.D. Roosevelt.
Il est évident qu'un Ellsberg, loin d'être le maillon fort des contestataires qui auraient arrêté la guerre du Vietnam et contribué à la destitution pathétique de Nixon (affaire Watergate, dont un des réels protagonistes, le général ultra-conservateur Haig, encore un complice dégradé de Kissinger et de Shultz, est décédé récemment dans un anonymat relatif tout de même surprenant), n'est jamais qu'un pion largement manipulé et dont a posteriori on utilise l'action pour apporter une explication historique disproportionnée et réductrice, concentrée autour d'un seul individu ou d'une poignée d'inconnus glorieux mus par le hasard imprévisible.
Le documentaire au titre explicite (L’homme qui a fait tomber Nixon) n'est jamais qu'un cliché dans la veine de ces prétendues mines d'histoire contemporaine qui distillent un message interprétatif d'autant plus désengagé dans le hasardeux qu'ils sont en réalité partisans d'une réduction forcenée de l'histoire à la négation du complotisme. La négation bornée et totalisante (quasi totalitaire) du complotisme serait-elle une forme vicieuse de complotisme au sens où l'on finit par reconnaître des complots - en les imputant à des individus isolés, inconnus et sans envergure?
Ellsberg est moins l'iceberg historique de Nixon que le glaçon refroidi que le documentaire pseudo-historique et en réalité hagiographique (pour le compte effectif, quoique sans doute ignoré - ? - par les réalisateurs eux-mêmes, de l'Empire britannique) utilise pour cacher l'existence de cet Empire monétariste et le fait historique que les forces stratégiques au service des élites oligarchiques de la finance mondialiste sont celles véritablement agissantes (dans leur déploiement complexe et ignoré) qui ont pensé et conseillé les guerres d'Asie du sud-est, notamment le Vietnam comme bourbier annonciateur de la folie afghane - comme elles ont pensé et conseillé la destitution de Nixon après l'avoir promu (un politicien bien connu pour ses penchants fascistes).
Au-delà de cette manipulation (négation des complots historiques) et de cette réduction (de l'histoire des complots à la somme de hasards tronqués et insignifiants) dans laquelle les comploteurs divinisés et patentés à la Kissinger (dont le surnom pourrait être : "L'homme du 11 Septembre"?) s'empressent d'accorder leur onction de reconnaissance médiatico-historique à des sous-fifres et refilent la patate chaude de leurs actions à des subalternes insignifiants, subitement crédités d'une aura et d'un pouvoir qu'ils n'ont jamais eus, et pour cause, cet article de Libération est intéressant parce qu'autant Jauffrin que la rédaction de ce quotidien de la gauche ultra-libérale (plus proche de Keynes l'impérialiste britannique que de ses modèles libertaires originels) se déclarent totalement anticomplotistes.
Libération emprisonne? Critiquer les rouages du complotisme effectif, je veux bien, mais utiliser l'arme rhétorique de l'arbre complotiste pour masquer la forêt comploteuse (l'existence de complots effectifs et primordiaux dans les allées du pouvoir) devient une habitude salement répandue dans les sphères journalistiques et expertes de l'intelligentsia française. Pourtant, cet article aussi réducteur et manipulateur soit-il, dans la veine du documentaire déjà hagiographique dont il dresse la recension hagiographique (!), admet l'existence d'un complot d'envergure et d'État.
On pourrait le baptiser le complot Ellsberg. Ellsberg a comploté! Positivement, mais il a comploté! Il a comploté contre l'État le plus puissant de la planète! Un agent pacifiste efficacement infiltré dans l'âme belliqueuse du Pentagone monte un complot selon les auteurs du documentaire avalisé par les journalistes-recenseurs-hagiographes de Libération. Que ce complot soit des plus réducteurs (un faux complot cachant le vrai complot, bien plus étendu et puissant que des groupuscules informels et limite improvisés de pacifistes enamourés) est bel et bien une autre affaire. L'important est dans cette reconnaissance tacite : les complots existent! Impossible de les ignorer sous des techniques de déni comme l'anticomplotisme massif et frauduleux!
On peut donc évoquer les complots sans être complotistes? C'est fin la rhétorique perverse qui instille le déni sous prétexte de lutter contre les hallucinations psychopathologiques? Les connaisseurs de complots d'État n'auront plus à souffrir de la réputation injustifiée de complotiste? De la bêtise patentée des thuriféraires de l'anticomplotisme qui répètent d'autant plus qu'ils comprennent mal, voire rien, perroquets et roquets d'une veulerie confondante? Des complots qui parcourent le pouvoir US, des complots capables de renverser la machine de guerre de la première puissance militaire du monde, des complots capables de lancer le processus de destitution du président Nixon (qui du coup deviendrait presque un bouc émissaire à plaindre...).
En restant aux limbes du complot Vietnam/Nixon, les journalistes se contentent certes d'un premier rôle qui laisse oublier la superstructure qui gravite autour et dont il est difficile de bonne foi d'ignorer l'existence vérifiable. Mais en commençant à admettre que certaines de ces causes historiques sont fomentées par des complots, nos journalistes avancent dans le traitement impartial de leur information.
Surtout, ils ont reconnu cette fois, peut-être sans s'en rendre compte, que les complots existaient du côté de l'État et du pouvoir. Certes, ils ont enrobé l'affaire sous l'explication pacifiste (presque fleur bleue, pour ne pas dire mièvre), mais ils ont validé en réduisant. Nul doute que le ruisseau va grossir et que les historiens de l'avenir scrupuleux n'auront aucun doute à soulever les nombreux complots qui émaillent la période dite de la désindustrialisation, la triste ère qui suit les Trente Glorieuses, dont un Kissinger aura été un acteur médiatique proéminent.
Nul doute aussi qu'en reconnaissant le complot Ellesberg, les journalistes de Libération ont contribué, en sus des réalisateurs peu au fait du réel d'Arte, d'enclencher le mécanisme de reconnaissance qui commencera par décortiquer l'histoire trouble du Watergate, puis qui ira se fixer sur les deux grandes affaires troubles de la démocratie américaine d'après Guerre : l'assassinat de JFK (la balle magique, l'assassin assassiné, les assssinats de Robert, de Luther ou de Malcolm...) et le 911 (le Pentagone terrorisé, les Tours effondrées...). C'est ce qui s'appelle mettre le doigt dans l'engrenage. Au début, on accorde un peu de leste. On finit vite par lâcher du zeste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire