Pour suivre les mutations de plus en plus insidieuses du Péril jaune, d'origine raciste et impérialiste, nous avions depuis l'antiracisme le Péril chinois qui menacerait le valeureux modèle démocratique occidental (démocratie impérialiste, explicitement néoconservatrice depuis peu). Au moment où la Chine balance entre quelques élans républicains (projets de développements spatiaux ou ferroviaires, partenariats avec la Russie ou l'Inde, monétisation de la dette abyssale en dollars) et quelques velléités impérialistes (bulles spéculatives dont la fameuse bulle immobilière, relance postindustrielle sans développement connexe des infrastructures et du marché intérieur), il est bon de rappeler le véritable antagonisme - la fausse opposition.
D'un côté, l'Occident démocratique et libéral; de l'autre la Chine postcommuniste, dont le capitalisme d'État évoque en fait la dictature orwellienne. Orwell : référence critique au modèle impérialiste britannique, un modèle condamné, mais jugé inévitable. On envisage peu que la mutation de la Chine suive deux modèles antagonistes : l'oligarchisation ou le républicanisme.
1) Le modèle républicain suppose un développement conjoint, nullement antagoniste, complémentaire, entre la Chine et les démocraties occidentales. C'est le modèle de l'école d'économie américaine opposée à l'impérialisme britannique, baptisé mondialisme libéral par ses thuriféraires, qu'ils soient progressistes (multiples modèles keynésiens) ou conservateurs (modèles dérégulateurs décomplexés). La particularité du républicanisme : un développement où chaque république est tendue vers l'objectif extérieur de la conquête spatiale. Modèle incompatible avec l'antagonisme impérialiste savamment entretenu à l'heure actuel par les thuriféraires zélés et souvent bornés de l'avatar mondialiste.
2) Le modèle oligarchique doit être compris en termes de mondialisation, soit d'idéologie mondialiste (l'impérialisme britannique stoppé aux limites du monde terrestre). Dans ce processus antidynamique et fixe (stagnant), il convient d'oligarchiser les populations mondialisées, soit de poursuivre le développement inégalitaire des pays dits émergents, comme la Chine, le Brésil ou l'Inde, tout en poursuivant la décroissance forcément inégalitaire et prévaricatrice des populations au sein desquelles l'impérialisme britannique s'est développé tel un coucou pirateur, soit les peuples d'Occident soi-disant démocratiques et libéraux.
L'oligarchisation mondialiste suppose que l'on poursuivre le développement inégalitaire de la Chine au profit des élites oligarchiques mondialistes en orchestrant la peur de ce modèle dans l'Occident en déclin. La réalité n'est pas que la Chine est en train de dévorer l'Occident, sur le modèle de l'ogre, du Petit Poucet, du grand méchant loup et du petit chaperon rouge; c'est que le développement chinois s'opère sur une anti-dynamique oligarchique qui permet aux oligarchies occidentales d'investir dans les pays émergents pour mieux poursuivre, voire achever la paupérisation des pays d'Occident dont la vraie démocratisation avait consisté dans un partiel idéal républicain (de plus en plus enterré de nos jours par ceux-là mêmes qui pervers se réclament le plus de la démocratie).
L'utilisation de la rivalité entre l'Occident riche, démocratique, mais en déclin, et les pays émergents dont la Chine emblématique, pauvres, totalitaires et en ascension, permet d'occulter la vraie teneur de l'opposition : non entre la démocratie et le totalitarisme (selon la mentalité des impérialistes favorables au modèle libéral britannique); mais entre la république (tournée vers l'espace) et l'oligarchie (bloquée à l'étape mondialiste - tenue arbitrairement et irrationnellement pour ultime).
Le péril n'est ni jaune, ni chinois, ni extra-occidental. Le péril est oligarchique : soit l'oligarchisation de la mondialisation, avec l'opposition quasi duelle et manichéenne entre une classe de nantis mondialistes minoritaires et la classe du troupeau, pauvre et ramené à un statut d'esclaves aveugles, mimétiques et bêlants (l'esclave est souvent la première cause bête et méchante de l'esclavage).
Le modèle oligarchique mondialiste contre le modèle républicain mondialisé. Dans cette tension, l'instrumentalisation du péril chinois ou du développement antidémocratique chinois sert les desseins oligarchiques selon lesquels il convient de divertir les populations occidentales avec cette menace fantasmatique pendant qu'on l'appauvrit et qu'on lui cache la vrai alternative à son déclin (son développement républicain tourné vers l'espace). La vraie menace, l'oligarchisation mondialiste, menace encore plus les intérêts du peuple chinois que les intérêts des peuples d'Occident.
Cette stratégie de tension et de peur, qui est la stratégie du chaos utilisée par les empires, dont la guerre contre le terrorisme est la dernière mouture au profit de l'Empire britannique (avec son corollaire du choc des civilisations, largement répandu par le soi-disant spécialiste de l'Islam Bernard Lewis et ses affidés comme Huntington), sert les desseins des élites oligarchiques, dont la particularité récente est qu'elles sont mondialisées, soit qu'elles intègrent de manière transversale les élites oligarchiques du monde (plus seulement les seules élites racistes de l'Empire britannique ou des autres Empires occidentaux concurrents).
Les soutiens à cette mentalité impérialiste travestie en menace fantasmatique sont les esprits mimétiques des peuples du monde qui n'ont pas d'intérêt particulier dans l'oligarchie, qui seront probablement désavantagés (d'autant plus gravement qu'ils sont faibles) par la politique d'oligarchisation mondialiste (la crise définitive), mais qui suivent par confort et paresse. Mieux vaut voir à court terme que se mettre à réfléchir - n'est-ce pas le rat individualiste?
Il est affligeant quoique prévisible que la mentalité oligarchique conditionne non pas des révoltés rationnels contre ce modèle injuste et prévaricateur, mais des lâches et des veules qui se montrent déstructurés - d'autant plus mimétiques qu'ils adhèrent aux conditions de leur propre perte : le pessimisme ambiant qui légitime l'oligarchie (on n'y peut rien); l'individualisme qui pousse au consumérisme aveuglé à court terme. Face à cette imposture répugnante travestie en postures déroutantes (la rébellion favorable au système), le meilleur moyen de distinguer les alternatives positives des solutions de repli mimétique consiste à identifier l'ennemi vérifiable de l'oligarchisme. Non pas tant le rappel factuel ou historique de ses crimes et de ses mensonges (pourtant innombrables) que l'horizon de l'espace. Seul l'espace peut sauver l'homme de l'oligarchine?
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