mardi 17 juin 2008

Anthropoimmanentisme

L'immanentisme tend à rétablir subrepticement l'anthropomorphisme et l'anthropocentrisme qu'il prétend reléguer aux oubliettes et aux calendes grecques en même temps qu'il dépasserait le transcendantalisme. On se rappelle que l'homme est à l'image de Dieu. Les mauvaises langues osèrent même insinuer que c'était Dieu qui était fait à l'image de l'homme.
Mais l'immanentisme n'a pas arrangé le problème. Comme toujours, il n'a fait que le déplacer et l'empirer. En remplaçant Dieu insaisissable et ailleurs par la Raison, l'immanentisme croit sans doute que c'en est fini de ce fondement invraisemblable. Mais la Raison est l'expression la plus humaine qui soit.
Spinoza en personne, le plus grand des immanentistes, ne cesse de répéter que le réel correspond au raisonnement. C'est dire que la Nature spinoziste, soit ce grand tout qu'est le réel, quels que soient ses caractéristiques infinies, ses attributs et ses modes, n'est jamais que le réel au service de la Raison. On pourra toujours dire que la Raison n'est qu'une conséquence nécessaire, dans le grand schéma causal, il n'empêche que le statut de la Raison est central et que la place de l'homme est toujours envisagée comme décisive.
Si l'on songe à la définition immanentiste de la liberté ou à la place accordée à la volonté, quasi inexistante, on se rend compte que l'homme est au centre de l'immanentisme en tant qu'il est détenteur de la Raison et que la Raison ne peut être envisagée que pour l'homme et du point de vue de l'homme.
D'ailleurs, la répartition du réel est une répartition qui tient exclusivement compte de la Raison. De ce fait, le réel est séparé en parties hyperrationnelles et singulières. Quelle est cette conception du réel qui se fonde sur la Raison pour opérer ses distinctions? C'est au nom d'une faculté humaine par ailleurs hypertrophiée que l'immanentisme prétend rompre avec l'anthropocentrisme et l'anthropomorphisme.
Moralité : jamais l'homme ne s'est montré aussi anthropomorphique et anthropocentrisme et il en faut pas dès lors s'étonner des conséquences catastrophiques sur l'environnement. L'immanentisme est une conception du monde destructrice dont chaque analyse un peu approfondie conduit à pointer du doigt l'inanité. En l'occurrence, c'est l'inanité de la Raison comme fondement du monde qui ne peut déboucher que sur la mise en place d'une conception du monde réduite au mode de fonctionnement d'une simple faculté humaine.
De ce fait, je penche plutôt pour le choix et la pertinence d'anthropomorphisme, soit pour le fait de considérer que c'est autour d'une simple faculté humaine que tourne le monde. A lire posément cet énoncé ahurissant, on se rend compte que les travers humaines n'ont guère changé depuis l'avènement de l'homme et que ceux qui se moquent des dérives mythologiques et/ou religieuses au nom de la laïcité et de la sortie de la religion n'ont en fait guère évolué de position et de posture...
Apologue de la paille et de la poutre en somme?

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