Je reviens sur les sophismes invraisemblables dispensés par Yehezkel Dror. Dror n'est pas n'importe qui. C'est le Président-fondateur du Jewish People Policy Planning Institute et un professeur émérite de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. Lauréat du Prix Israël en 2005, il a fait partie de la commission Winograd d’enquête sur la guerre israélienne contre le Liban à l’été 2006.
On comprendra à la la lecture de son article, publié dans Forward, quotidien juif socialiste new-yorkais, que le terme de socialisme ne veut pas dire grand chose, puisqu'il peut servir à cautionner les pires dérives morales et sécuritaires; mais aussi que la commission Winograd est favorable à la politique de destruction et de guerre contre le terrorisme si elle suit les modes de raisonnement d'un Dror.
Pauvres Libanais, mais aussi pauvres Palestiniens, s'ils sont à la merci de pareils argumentateurs, qui font en fait songer aux arguties énoncées par les inquisiteurs catholiques, et dont on peut retrouver la trace savoureuse dans Les Frères Karamazov de l'immense Dostoïevski (à une époque de relativisme comme la nôtre, le qualificatif d'immense pour cet écrivain n'est pas une épithète galvaudée)! Aujourd'hui, les inquisiteurs les plus influents semblent appartenir aux cercles du fondamentalisme protestant et sioniste, ce qui implique bien entendu que l'on n'amalgame pas ces fondamentalistes et les protestants et/ou les Juifs.
Eh oui, la plume fameuse et fumeuse de Dror recèle le point de vue du fondamentalisme juif rejoint par le fondamentalisme protestant, notamment les fameux chrétiens sionistes. Il est certain que les points de vue modérés sont majoritaires au sein des Juifs et des protestants, comme il est certain que le sionisme ne saurait être amalgamé à ses courants extrémistes, mais il faut souligner aussi que la position proéminente de Dror indique malheureusement que les courants les plus radicaux sont aussi les plus influents, notamment au sein des communautés juives.
Laissons ce débat dramatique et venons-en à la prose de Dror et à sa manière de penser. En gros, cette manière de réfléchir n'est pas novatrice et illustre en fait la pensée de la guerre contre le terrorisme. Mais Dror se débat avec une préoccupation très particulière qui est connexe et intime avec l'histoire du judaïsme.
En tant que religion, le judaïsme est l'ancêtre du monothéisme et notamment du christianisme. C'est dire que la guerre actuelle contre le terrorisme intentée contre les islamistes terroristes est une guerre de cousins entre les trois branches du monothéisme. De ce fait, le judaïsme doit justifier d'une certaine pratique morale illustrée tout au long de la Torah, en particulier avec les commandements de Moïse (pas seulement). Cette morale juive est clairement incompatible avec les pratiques de la guerre contre le terrorisme et avec le traitement spécifique administré par les Israéliens aux Palestiniens.
Dror ne le sait que trop et c'est la raison pour laquelle il cherche à administrer un argument en faveur de la politique israélienne actuelle qui soit compatible avec la morale juive et notamment sa tradition religieuse fondatrice. Dans cette perspective, il est capital de comprendre que Dror légitime aussi le judaïsme en tant qu'histoire et notamment les persécutions ayant abouti à la Shoah.
Car c'est au nom de ces persécutions et surtout de la Shoah qu'a vu le jour l'État d'Israël. C'est donc au nom d'une certaine morale judéo-chrétienne qu'a vu le jour l'État d'Israël. On pourrait remarquer que cette morale est d'emblée contestable puisque le fait de créer un État pour un peuple sans terre persécuté (argument noble) est associé au fait d'exproprier le peuple autochtone présent (argument immoral, dont pâtissent les Palestiniens).
Ces perspectives sont essentielles pour comprendre la rhétorique de Dror qui est une rhétorique emblématique de la pensée de la guerre contre le terrorisme et qui est la rhétorique que soutiennent les partisans de l'actuelle politique israélienne, politique violente et meurtrière à l'encontre de ses voisins considérés comme ennemis et/ou terroristes. On notera que le trait remarquable de cette rhétorique consiste à mêler la morale et l'immorale, attitude qui est caractéristique de la perversité (mélanger le bien et le mal, embrouiller le sens et le renverser).
Mais c'est aussi ce que va tenter d'intenter (et d'attenter) Dror et c'est en quoi il faut dénoncer au nom de la morale juive (et de la morale humaine tout court) l'argument consistant à légitimer la violence israélienne en la rendant compatible avec la morale juive. Il faut par conséquent affirmer haut et fort que la rhétorique de Dror est une rhétorique typiquement perverse et que son statut très officiel au sein d'institutions occidentales (puisqu'il est courant d'inclure Israël dans le giron occidental) conduit à comprendre que c'est tout l'Occident qui se montre pervers.
C'est à l'aune de cette perversité typiquement immanentiste que nous allons nous pencher sur l'argument principal de Dror. Il le résume lui-même en fin d'article et n'a cessé de le décliner tout au long de cet article : "Les impératifs de l’existence doivent se voir accorder la priorité sur d’autres considérations – aussi importantes soient-elles – dont les valeurs progressistes et humaines, ou encore le soutien des droits de l’homme et de la démocratisation."
Cette seul phrase est hallucinante parce qu'elle légitime clairement l'immoral au nom de la morale. De qui se moque-t-on? Cette proposition est dénuée de tout sens sauf à considérer que les puissants sont dans l'ordre du tout est permis. C'est en fait à cette conclusion extrême que parvient Dror : tout pouvant se légitimer, Dror en vient à légitimer la guerre contre le terrorisme au nom de la morale juive et au nom de la Shoah.
Moi, cette argutie évidente me flanque la nausée car rien n'est pire précisément que d'invoquer la morale pour justifier des pires crapuleries et autres monstruosités. Rien n'est pire - et en même temps : c'est toujours ainsi que l'on justifie la crapulerie. Il serait absurde et peu viable d'expliquer que tel acte de crapulerie est bien un acte de crapulerie mais que c'est ainsi- voire de s'en glorifier. Le fonctionnement de l'esprit humain est ainsi fait que c'est toujours au nom des plus nobles principes que se trouvent glorifiées les pires atrocités.
Dror ne s'écarte pas de cette constatation objective, attestée historiquement et philosophiquement. Il reste à voir en quoi l'argument de la primauté de l'existence sur toute autre considération est une billevesée ravageuse et désaxée. C'est que Dror se livre de ce fait, ainsi que le noterait le meilleur Rosset (soit l'analyste et non le nihiliste), à une duplication fantomatique et fantasmatique entre l'existence et la morale. Il faudrait savoir : soit la morale s'établit au nom de l'existence, soit elle est inutile.
Cette duplication accordant la primauté à l'existence sur la morale relève de l'argutie la plus périlleuse. Mais ce n'est pas tout : étymologiquement, la morale se rapporte aux moeurs. L'étymologie ne fait que confirmer l'identité entre morale et existence. Les séparer revient à discréditer les définitions de la morale ou de l'existence.
Existence signifie : se manifester, se montrer, sortir de. L'existence est ainsi le fait d'exister et désigne la réalité. Comment séparer dès lors le fait d'exister des moeurs? Comment distinguer deux synonymes? Quelle est cette existence qui mérite de primer sur toute autre considération? On remarquera que cette argutie est tellement énorme et folle que Dror en vient lui-même à rappeler, dans un bel élan de mauvaise foi, que le génocide ne pourrait cependant pas être justifié au nom de cette primauté absolue de l'existence sur toute autre valeur et toute autre considération.
Sans blague. Je ne polémiquerai pas avec Dror sur le fait de savoir si le traitement actuel administré par les Israéliens aux Palestiniens ne ressortit pas du crime contre l'humanité attitré. Mais j'en reviendrai à sa justification : elle ne tient aps la route, elle dérape et déraille, et elle n'est rien d'autre pour l'analyste qu'une illustration frappante de la justification monstrueuse au nom de la morale et des beaux sentiments.
Il est tout à fait possible d'inventer n'importe quelle grille de valeurs ou de justifier n'importe quelle valeur : il suffit d'une goutte de mauvaise foi. L'homme étant incapable de définir le réel, il est impossible de distinguer entre ce qui n'est pas et ce qui peut être. C'est sur cette distinction essentielle que joue la mauvaise foi pour instiller ses affirmations péremptoires et effrayantes (pour qui possède un peu de coeur et un peu d'esprit).
C'est bien la démarche dont use et abuse Dror et c'est au nom de la vérité, notamment étymologique, mais aussi philosophique et religieuse, que nous allons lui remettre un peu de plomb dans la cervelle.
1) Le discours de Dror est le discours qui légitime le droit des plus forts à imposer leurs intérêts et à faire valoir leur existence. C'est seulement au nom des plus forts que l'on peut distinguer entre existence et morale. C'est ainsi que l'on notera que la meilleure définition du néoconservatisme revient à justifier le droit du plus fort, aussi bancales soient les raisons invoquées (et Dieu sait qu'elles sont bancales!).
2) Le discours de Dror est immanentiste en ce qu'il identifie le réel à l'existence la plus sensible et immédiate. Les valeurs qui sont ainsi déniées et renvoyées aux calendes morales sont des valeurs qui sont considérées comme essentielles, soit des illusions qui renvoient au néant lui-même nié.
3) Le discours de Dror est bien entendu un discours dangereux pour les intérêts qu'il prétend défendre en ce que le droit du plus fort est un droit destructeur qui détruit en premier lui les supposés forts eux-mêmes. A cet égard, je ne connais pas d'exemples plus savoureux et cruel que l'exemple de Nieztsche qui défendait les forts dans un sens assez différent quoique fort ambigu, mais qui finit cependant fou. Quel que soit le sens plus ou moins alambiqué que l'on accorde au terme fort, la folie serait-elle le terme de cette ligne de conduite inepte?
4) Pour finir le mieux est encore de citer Dror : "Une fois notre existence garantie, ce qui inclut la sécurité fondamentale d’Israël, beaucoup peut – et doit – être sacrifié sur l’autel du tikkun olam [héb. : « réparation du monde », ndt]. Mais étant donné les réalités présentes et le futur prévisible, la garantie de l’existence est la priorité des priorités." Comment faire entrer le loup dans la bergerie? En prétendant qu'il est l'agneau par excellence.
C'est ainsi qu'agit Dror avec le peuple israélien qui est censé accepter la rhétorique sécuritaire de la primauté de l'existence dans son intérêt alors qu'il s'agit du moyen de le manipuler pour satisfaire les intérêts des factions les plus fondamentalistes du judaïsme.
Maintenant que l'on examine ce que signifie vraiment l'argutie de Dror une fois que l'on a bien à l'esprit l'identité de l'existence et de la morale : si "la garantie de l'existence est la priorité des priorités", alors la "sécurité fondamentale d'Israël" passe nécessairement et prioritairement par la "réparation du monde", soit par la perspective morale. Dès lors, la "garantie de l'existence" réside dans la morale. Selon le propre raisonnement de Dror, tout l'inverse des conclusions aberrantes auxquelles il parvient.
On comprendra à la la lecture de son article, publié dans Forward, quotidien juif socialiste new-yorkais, que le terme de socialisme ne veut pas dire grand chose, puisqu'il peut servir à cautionner les pires dérives morales et sécuritaires; mais aussi que la commission Winograd est favorable à la politique de destruction et de guerre contre le terrorisme si elle suit les modes de raisonnement d'un Dror.
Pauvres Libanais, mais aussi pauvres Palestiniens, s'ils sont à la merci de pareils argumentateurs, qui font en fait songer aux arguties énoncées par les inquisiteurs catholiques, et dont on peut retrouver la trace savoureuse dans Les Frères Karamazov de l'immense Dostoïevski (à une époque de relativisme comme la nôtre, le qualificatif d'immense pour cet écrivain n'est pas une épithète galvaudée)! Aujourd'hui, les inquisiteurs les plus influents semblent appartenir aux cercles du fondamentalisme protestant et sioniste, ce qui implique bien entendu que l'on n'amalgame pas ces fondamentalistes et les protestants et/ou les Juifs.
Eh oui, la plume fameuse et fumeuse de Dror recèle le point de vue du fondamentalisme juif rejoint par le fondamentalisme protestant, notamment les fameux chrétiens sionistes. Il est certain que les points de vue modérés sont majoritaires au sein des Juifs et des protestants, comme il est certain que le sionisme ne saurait être amalgamé à ses courants extrémistes, mais il faut souligner aussi que la position proéminente de Dror indique malheureusement que les courants les plus radicaux sont aussi les plus influents, notamment au sein des communautés juives.
Laissons ce débat dramatique et venons-en à la prose de Dror et à sa manière de penser. En gros, cette manière de réfléchir n'est pas novatrice et illustre en fait la pensée de la guerre contre le terrorisme. Mais Dror se débat avec une préoccupation très particulière qui est connexe et intime avec l'histoire du judaïsme.
En tant que religion, le judaïsme est l'ancêtre du monothéisme et notamment du christianisme. C'est dire que la guerre actuelle contre le terrorisme intentée contre les islamistes terroristes est une guerre de cousins entre les trois branches du monothéisme. De ce fait, le judaïsme doit justifier d'une certaine pratique morale illustrée tout au long de la Torah, en particulier avec les commandements de Moïse (pas seulement). Cette morale juive est clairement incompatible avec les pratiques de la guerre contre le terrorisme et avec le traitement spécifique administré par les Israéliens aux Palestiniens.
Dror ne le sait que trop et c'est la raison pour laquelle il cherche à administrer un argument en faveur de la politique israélienne actuelle qui soit compatible avec la morale juive et notamment sa tradition religieuse fondatrice. Dans cette perspective, il est capital de comprendre que Dror légitime aussi le judaïsme en tant qu'histoire et notamment les persécutions ayant abouti à la Shoah.
Car c'est au nom de ces persécutions et surtout de la Shoah qu'a vu le jour l'État d'Israël. C'est donc au nom d'une certaine morale judéo-chrétienne qu'a vu le jour l'État d'Israël. On pourrait remarquer que cette morale est d'emblée contestable puisque le fait de créer un État pour un peuple sans terre persécuté (argument noble) est associé au fait d'exproprier le peuple autochtone présent (argument immoral, dont pâtissent les Palestiniens).
Ces perspectives sont essentielles pour comprendre la rhétorique de Dror qui est une rhétorique emblématique de la pensée de la guerre contre le terrorisme et qui est la rhétorique que soutiennent les partisans de l'actuelle politique israélienne, politique violente et meurtrière à l'encontre de ses voisins considérés comme ennemis et/ou terroristes. On notera que le trait remarquable de cette rhétorique consiste à mêler la morale et l'immorale, attitude qui est caractéristique de la perversité (mélanger le bien et le mal, embrouiller le sens et le renverser).
Mais c'est aussi ce que va tenter d'intenter (et d'attenter) Dror et c'est en quoi il faut dénoncer au nom de la morale juive (et de la morale humaine tout court) l'argument consistant à légitimer la violence israélienne en la rendant compatible avec la morale juive. Il faut par conséquent affirmer haut et fort que la rhétorique de Dror est une rhétorique typiquement perverse et que son statut très officiel au sein d'institutions occidentales (puisqu'il est courant d'inclure Israël dans le giron occidental) conduit à comprendre que c'est tout l'Occident qui se montre pervers.
C'est à l'aune de cette perversité typiquement immanentiste que nous allons nous pencher sur l'argument principal de Dror. Il le résume lui-même en fin d'article et n'a cessé de le décliner tout au long de cet article : "Les impératifs de l’existence doivent se voir accorder la priorité sur d’autres considérations – aussi importantes soient-elles – dont les valeurs progressistes et humaines, ou encore le soutien des droits de l’homme et de la démocratisation."
Cette seul phrase est hallucinante parce qu'elle légitime clairement l'immoral au nom de la morale. De qui se moque-t-on? Cette proposition est dénuée de tout sens sauf à considérer que les puissants sont dans l'ordre du tout est permis. C'est en fait à cette conclusion extrême que parvient Dror : tout pouvant se légitimer, Dror en vient à légitimer la guerre contre le terrorisme au nom de la morale juive et au nom de la Shoah.
Moi, cette argutie évidente me flanque la nausée car rien n'est pire précisément que d'invoquer la morale pour justifier des pires crapuleries et autres monstruosités. Rien n'est pire - et en même temps : c'est toujours ainsi que l'on justifie la crapulerie. Il serait absurde et peu viable d'expliquer que tel acte de crapulerie est bien un acte de crapulerie mais que c'est ainsi- voire de s'en glorifier. Le fonctionnement de l'esprit humain est ainsi fait que c'est toujours au nom des plus nobles principes que se trouvent glorifiées les pires atrocités.
Dror ne s'écarte pas de cette constatation objective, attestée historiquement et philosophiquement. Il reste à voir en quoi l'argument de la primauté de l'existence sur toute autre considération est une billevesée ravageuse et désaxée. C'est que Dror se livre de ce fait, ainsi que le noterait le meilleur Rosset (soit l'analyste et non le nihiliste), à une duplication fantomatique et fantasmatique entre l'existence et la morale. Il faudrait savoir : soit la morale s'établit au nom de l'existence, soit elle est inutile.
Cette duplication accordant la primauté à l'existence sur la morale relève de l'argutie la plus périlleuse. Mais ce n'est pas tout : étymologiquement, la morale se rapporte aux moeurs. L'étymologie ne fait que confirmer l'identité entre morale et existence. Les séparer revient à discréditer les définitions de la morale ou de l'existence.
Existence signifie : se manifester, se montrer, sortir de. L'existence est ainsi le fait d'exister et désigne la réalité. Comment séparer dès lors le fait d'exister des moeurs? Comment distinguer deux synonymes? Quelle est cette existence qui mérite de primer sur toute autre considération? On remarquera que cette argutie est tellement énorme et folle que Dror en vient lui-même à rappeler, dans un bel élan de mauvaise foi, que le génocide ne pourrait cependant pas être justifié au nom de cette primauté absolue de l'existence sur toute autre valeur et toute autre considération.
Sans blague. Je ne polémiquerai pas avec Dror sur le fait de savoir si le traitement actuel administré par les Israéliens aux Palestiniens ne ressortit pas du crime contre l'humanité attitré. Mais j'en reviendrai à sa justification : elle ne tient aps la route, elle dérape et déraille, et elle n'est rien d'autre pour l'analyste qu'une illustration frappante de la justification monstrueuse au nom de la morale et des beaux sentiments.
Il est tout à fait possible d'inventer n'importe quelle grille de valeurs ou de justifier n'importe quelle valeur : il suffit d'une goutte de mauvaise foi. L'homme étant incapable de définir le réel, il est impossible de distinguer entre ce qui n'est pas et ce qui peut être. C'est sur cette distinction essentielle que joue la mauvaise foi pour instiller ses affirmations péremptoires et effrayantes (pour qui possède un peu de coeur et un peu d'esprit).
C'est bien la démarche dont use et abuse Dror et c'est au nom de la vérité, notamment étymologique, mais aussi philosophique et religieuse, que nous allons lui remettre un peu de plomb dans la cervelle.
1) Le discours de Dror est le discours qui légitime le droit des plus forts à imposer leurs intérêts et à faire valoir leur existence. C'est seulement au nom des plus forts que l'on peut distinguer entre existence et morale. C'est ainsi que l'on notera que la meilleure définition du néoconservatisme revient à justifier le droit du plus fort, aussi bancales soient les raisons invoquées (et Dieu sait qu'elles sont bancales!).
2) Le discours de Dror est immanentiste en ce qu'il identifie le réel à l'existence la plus sensible et immédiate. Les valeurs qui sont ainsi déniées et renvoyées aux calendes morales sont des valeurs qui sont considérées comme essentielles, soit des illusions qui renvoient au néant lui-même nié.
3) Le discours de Dror est bien entendu un discours dangereux pour les intérêts qu'il prétend défendre en ce que le droit du plus fort est un droit destructeur qui détruit en premier lui les supposés forts eux-mêmes. A cet égard, je ne connais pas d'exemples plus savoureux et cruel que l'exemple de Nieztsche qui défendait les forts dans un sens assez différent quoique fort ambigu, mais qui finit cependant fou. Quel que soit le sens plus ou moins alambiqué que l'on accorde au terme fort, la folie serait-elle le terme de cette ligne de conduite inepte?
4) Pour finir le mieux est encore de citer Dror : "Une fois notre existence garantie, ce qui inclut la sécurité fondamentale d’Israël, beaucoup peut – et doit – être sacrifié sur l’autel du tikkun olam [héb. : « réparation du monde », ndt]. Mais étant donné les réalités présentes et le futur prévisible, la garantie de l’existence est la priorité des priorités." Comment faire entrer le loup dans la bergerie? En prétendant qu'il est l'agneau par excellence.
C'est ainsi qu'agit Dror avec le peuple israélien qui est censé accepter la rhétorique sécuritaire de la primauté de l'existence dans son intérêt alors qu'il s'agit du moyen de le manipuler pour satisfaire les intérêts des factions les plus fondamentalistes du judaïsme.
Maintenant que l'on examine ce que signifie vraiment l'argutie de Dror une fois que l'on a bien à l'esprit l'identité de l'existence et de la morale : si "la garantie de l'existence est la priorité des priorités", alors la "sécurité fondamentale d'Israël" passe nécessairement et prioritairement par la "réparation du monde", soit par la perspective morale. Dès lors, la "garantie de l'existence" réside dans la morale. Selon le propre raisonnement de Dror, tout l'inverse des conclusions aberrantes auxquelles il parvient.
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