Dans le débat entre Claude et von Bülow, il faut commencer par signaler le courage de Claude d'inviter un contestataire aussi prestigieux et reconnu de la version officielle du 911 à la télévision française. Mais il faut dans le même temps comprendre que les arguments qu'emploie Claude pour contester le contestataire sont accablants pour l'époque (et le journalisme) et ne tiennent pas la route.
Une fois que von Bülow a eu l'habileté de citer des faits précis et des sources précises (aucune preuve des pirates dans les avions détournés; Oussama à Dubaï en juillet 2001!), Claude objecte que ces faits proviennent de sources journalistiques et n'ont donc de ce fait aucune valeur. C'est un argument aussi faux que choquant et qui signale rien de moins que nous vivons dans une société oligarchique, pas du tout dans une société démocratique.
Dans une démocratie, le contre-pouvoir de l'information existe pour empêcher précisément que le pouvoir officiel ne puisse jouer le rôle d'unique propagateur de l'information. C'est reconnaître explicitement que les manipulations officielles existent et que surtout les apparences sont trompeuses. Dans le cas présent, reconnaître cette vérité, c'est tout simplement aller à l'encontre de la doxa propagée par les médias qui laissent entendre qu'une vérité est juste si et seulement si elle est entérinée par les pouvoir officiels et les institutions.
Dans tous les cas, ce type de présentation revient à se moquer du monde. Soit on sous-entend que toutes les informations justes sont apparentes et transparentes, ce qui revient à dire que les apparences sont les seules expressions de la vérité; soit on attend que les médias soient la chambre d'enregistrement (de compensation?) de la version officielle, ce qui correspond à une aberration profonde quant au rôle de contre-pouvoir des médias. Quoi qu'il en soit, cette attente de la prévue maximale n'est pas une conception qui défend la présomption d'innocence ou le doute, même poussé à son paroxysme; c'est au contraire une conception immanentiste qui montre à quel point l'immanentisme est de mauvaise foi.
En effet, c'est défendre en fait le postulat faux et indémontrable selon lequel seules les apparences sont juges, signes et augure de la vérité. Non seulement les apparences ne sont plus trompeuses, mais encore les apparences sont l'expression irréfutable de la vérité. L'argument de Claude montre simplement que les journalistes sont devenus des propagandistes du pouvoir et de la version officielle, s'offusquant de toute contestation quand cette contestation va à l'encontre de la doctrine immanentiste. Ils sont par conséquent les propagateurs de l'immanentisme et de ce fait ils sont les gardiens d'un temple qui montrent son vrai visage quand il se trouve attaqué dans ses fondements cardinaux.
On pourrait gloser sur le fait que le journaliste Claude est prêt à discréditer la déontologie de sa profession pour mieux réfuter les vérités inquiétantes de von Bülow. Un journaliste qui déclare en effet que les informations journalistiques ne sont pas sérieuses, c'est un journaliste qui soit reconnaît que le journalisme a dérivé vers le propagandisme, soit travaille contre le principe de contre-pouvoir du journalisme.
Mais le plus extraordinaire est de constater que la mentalité de Claude, tout méritant qu'il se montre par rapport à ses collègues de la télévision et des médias reconnus, est une mentalité immanentiste qui pourrait se résumer simplement de la manière suivante : les apparences sont vraies; seul le pouvoir maîtrise les apparences; donc seule la version officielle est vraie. Malheureusement, la vérité est que le pouvoir ne maîtrise pas le réel, pas même les apparences; et surtout, que la vérité ne tient pas (seulement) dans les apparences. Sinon les contre-pouvoirs seraient inutiles et superflus, à commencer par celui de l'information.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire