lundi 22 décembre 2008

Dai dai

De plus en plus extraordinaire dans la série : Les pérégrinations de monsieur Kissinger. Du vieux monsieur Kissinger : Kissinger est de 1923, ce qui implique qu'il ait allègrement 88 ans. Après la Russie, la Chine. Ou plutôt avant. Kissinger a rencontré le mercredi 10 décembre le conseiller d'État chinois Dai Bingguo, en visite aux États-Unis.
http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-12/13/content_778683.htm
Dai ne s'est pas déplacé pour les beaux yeux de Henry Kissinger, qui sait faire des yeux doux, lui dont les regards sont si douteux. Il a également rencontré Robert Zoellick, président de la Banque mondiale - le jeudi 11. Que du beau linge (sale) : le monde de l'oligarchie financière atlantiste, qui domine le monde, et rencontre son prolongement chinois. On remarquera que ce ne sont jamais des élus, mais des fonctionnaires qui représentent l'oligarchie. Dai, conseiller d'État, rencontre le Président en exercice de la Banque mondiale et le secrétaire d'État américain en retraite.
Prenons le parcours de ce Zoellick, il permettra de comprendre le profil d'ensemble du gratin oligarchique qui prétend nous gouverner. Zoellick succède à la tête de la Banque mondiale à Paul Wolfowitz. La dernière fois que je suis tombé sur Wolfowitz, c'était en cherchant à comprendre le pédigrée du beau-papa de Sarkozy, le second mari de sa maman, un certain Wisner Jr., qui actuellement occupe de hautes fonctions au sein d'AIG, la compagnie d'assurances renflouée à hauteur de 150 milliards de dollars par Paulson et ses acolytes de Goldmann Sachs.
Zoellick a été nommé à la Banque mondiale, où les nominations ne sont pas électives, mais sélectives : elles émanent de décisions américaines. Zoellick n'est pas tellement différent de Wolfowitz. C'est ce qu'estime le Prix Nobel d'économie et ancien de la Banque mondiale Stiglitz. Rappelons que Wolfowitz a été contraint de démissionner de ce poste à cause d'accusations de corruption (il avait surpayé sa compagne Riza). Du coup, W. a nommé un autre Vulcain.
En effet, si Zoellick est plus discret que Wolfowitz, c'est un parcours quasi similaire à celui qui se prend pour un génie politique et intellectuel, alors qu'il est considéré que le prototype du crétin arrogant et surdiplômé. Diplômé de Harvard, Zoellick a travaillé avec Baker, a dirigé le CSIS, a occupé de hautes fonctions dans la multinationale Enron, a signé le PNAC, a participé à l'aventure des Vulcains avec Rice...
Zoellick fait partie des conservateurs proches du réalisme à la Kissinger et a occupé une multitude de postes à responsabilité dans les administrations américaines. Le fait saillant dans cette carrière remarquable qui permet de comprendre Zoellick est son appartenance à Goldmann Sachs, la banque d'affaires dont sont issus les principaux promoteurs du plan Paulson, dont ledit Paulson en premier lieu. Voilà qui montre que Zoellick travaille directement pour les intérêts des factions bancaires de Wall Street.
En outre, Zoellick n'est pas un inconnu pour les factions financières chinoises qui ont dérégulé l'économie chinoise au point d'en faire le terrain de prédilection, d'exploitation et de délocalisation de l'économie américaine et occidentale. Il a participé, entre autres tractations néolibérales, aux négociations qui ont conduit à l'entrée de la République populaire de Chine et de Taïwan dans l'Organisation mondiale du commerce.
Autant dire que Dai n'a pas rencontré par hasard Zoellick et Kissinger lors de la même visite : si Zoellick est fortement impliqué dans les accords entre les instances atlantistes et chinoises, pour le compte d'une organisation internationale proche de la Banque mondiale, l'OMC, le promoteur des relations sino-américaines n'est autre que le bon Docteur Kissinger - dans les années 70, notamment sa rencontre avec Mao, ayant débouché sur les déclarations tonitruantes du mentor de Kissinger, le banquier oligarque et ultralibéral David Rockefeller, dressant l'apologie surréaliste de la politique de Mao.
Ajoutons que Kissinger était le représentant attitré du magnat de l'assurance Greenberg lors de ses heures de gloire, dans les années 80, pour l'Asie. Kissinger est le diplomate qui a participé activement à la politique oligarchique de délocalisation menée en Chine, comme si le communisme dans sa chute ne pouvait déboucher que sur le modèle que les oligarques atlantistes désirent tant imposer au monde sous le label de Nouvel Ordre Mondial.
Dai l'émissaire des instances chinoises part en tournée aux États-Unis et rencontre deux promoteurs attitrés de la politique d'entente entre la Chine et l'Occident. Zoellick présente encore de hautes fonctions officielles, mais Kissinger? Dans le monde de l'oligarchie, les octogénaires seraient-ils éternellement jeunes, au point que David Rockefeller passe pour un papi nonagénaire allègre et frais? Est-ce à dire que nos deux conservateurs officiels et retraités sont les interlocuteurs privilégiés de la Chine en période de transition présidentielle américaine? Que Kissinger est le grand manitou de la diplomatie atlantiste?
Que la visite américaine de Dai est à mettre en relation avec la visite à Moscou de Kissinger, où notre retraité omnipotent a rencontré le président russe Medvedev? Que est le point commun entre les Chinois, les Russes et les Américains, en particulier Kissinger? Ce sont à chaque fois des représentants de l'oligarchie qui se rencontrent, comme si la présidence soft d'Obama allait servir à lancer le règne loft de l'oligarchie et que les représentants de l'oligarchie chinoise, russe et américaine se concertaient avant de lancer l'étape finale précédant le Nouvel Ordre Mondial : l'abolition des États au profit de fédérations plus souples, plus artificielles, c'est-à-dire ne contenant pas l'antidote rédhibitoire au ferment oligarchique - la volonté générale.

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