Je vais oser un paradoxe cocasse, qui illustre l'inutilité ontologique de l'immanentisme. Dans le fond, le principal but de l'immanentisme consiste à se défaire de l'idéalisme pour fonder le monisme. C'est le projet de Spinoza, c'est le projet de Nieztsche, c'est surtout le projet de l'idéologie qui sous-tend la découverte de la méthode scientifique moderne et qui s'appuie sur la science.
On a tendance aujourd'hui à enterrer le positivisme et le scientisme comme des mouvements frères qui ne seraient que les caricatures extrémistes de la modernité ou du progrès extraordinaire que constitue la modernité. C'est oublier que la modernité est un courant qui peut être décrit comme la religion cachée comprise sous l'appellation de l'immanentisme, soit le fait de penser, au moins initialement, que l'homme, par sa Raison, émanation de son désir, a trouvé le moyen de comprendre une bonne fois pour toutes le réel.
Dès le départ, la supercherie est patente, aussi bien que latente : car le réel est d'autant plus découvert et compris qu'il est réduit aux bornes de l'immédiat ou de l'apparence. Pauvre réel que ce reél désossé. Pauvre théorie que cette théorie qui évacue le problème pour mieux le définir, le cerner et le résoudre!
Il reste à comprendre le processus de l'idéalisme, car le combat de Nieztsche est explicitement dirigé contre le père et le prince des philosophes : Platon. Platon est ouvertement rapproché par Nietzsche le marginal des philologues du Christ, que Nieztsche déteste d'autant plus qu'il l'admire sournoisement et sourdement. Si l'on se rappelle que Nieztsche écrivit l'Antéchrist en se désignant explicitement comme tel, soit comme une figure du diable, on se rend compte que l'idéalisme revient au transcendantalisme ou, en termes ontologiques/métaphysiques, au dualisme.
Nieztsche note que le platonisme est une version intellectualisée et élitiste du christianisme, façon de souligner que les formes religieuses sont de mouture populaire et tournées vers la plèbe. Dès lors l'idéalisme consiste à prêter au reél une autre dimension que la dimension matérielle et sensible, contrairement au matérialisme; quand on reconnaît que le dualisme idéaliste s'oppose au monisme immanentiste, on comprend que le fondement de l'immanentisme réside dans le positivisme ou le scientisme.
Il est dur d'admettre que l'immanentisme repose sur des courants non seulement proches, voire voisins, mais des courants aussi caricaturaux et décriés que le positivisme ou le scientisme. Mais d'où provient l'immanentisme? De la révolution scientifique moderne. Pas de n'importe quelle conception. Il s'est agi pour l'immanentisme de forger une philosophie à partir de la science expérimentale moderne.
L'immanentisme entend révolutionner le classicisme transcendantaliste en estimant que la science moderne donne de tels résultats physiques, biologiques et plus généralement scientifiques, qu'ils permettent de dresser une représentation du reél qui soit plus conforme que la représentation usuellement admise, de type dualiste. C'est l'idée que l'ontologie devra désormais se calquer sur la science qui marque la naissance de l'immanentisme.
Cette confiance triomphante et triomphaliste débouche sur l'idée que la définition de l'immanentisme repose sur l'apparence. Le reél, c'est l'apparence, l'immédiat. Les arrières-mondes ne sont que des illusions, pour s'exprimer à l'instar d'un Nieztsche. C'est le propre de la démarche scientifique que de se mouvoir dans le physique. La méthode expérimentale aboutit à ne considérer du reél que l'immédiateté, le phénomène au sens étymologique.
Il faut être proprement naïf ou crédule pour estimer qu'en calquant la physique sur la métaphysique, on obtiendra des résultats similaires et l'on abrogera du même coup la métaphysique. Au lie de résoudre le problème, on s'est simplement contenté de le faire disparaître, ou, comme dirait ce bon vieux farceur de Derrida, de le différer - à jamais. A jamais? Jusqu'à son retour avec usure, tant il est certain et vrai que la dérobade ne fonctionne que jusqu'à son estocade fatale.
Tout le courant de l'immanentisme vise à rendre caduque et périmée la métaphysique, si bien que plus la modernité progresse en temps, plus l'immanentisme gagne en pouvoir, plus il apparaît évident que la méthode immanentiste est un échec retentissant et que loin de constituer un progrès par rapport au dualisme, l'immanentisme annonce une régression patente.
Le pire au nom du mieux. Raison pour laquelle l'immanentisme pour conserver quelque crédibilité se voit contraint de se désolidariser de ses émanations les plus explicites. Le scientisme et le positivisme seront ainsi hâtivement montrés du doigt comme des caricatures totalement naïves et périmées, comme si les fondements de l'immanentisme différaient grandement des courants extrémistes et qu'ils présentaient des éléments autrement plus solides que ces simples déformations outrancières et grotesques.
En effet, la mauvais foi immanentiste a raison de souligner qu'elle diffère du positivisme en ce qu'elle a été contrainte quasi immédiatement de ne pas accorder foi au primat du monisme scientifique et à se réclamer d'autant plus du pragmatisme qu'elle appelait de ses voeux la mutation la plus violente et la moins pragmatique. La plus idéaliste - aussi.
En matière d'idéalisme, je crois qu'il faudrait distinguer entre l'idéalisme immanentiste et l'idéalisme dualiste. L'idéalisme dualiste affirme en gros que l'essentiel du réel, dans tous les sens du terme, ne correspond pas au sensible et le dépasse littéralement, au point de se situer ailleurs, quand l'immanentisme fait correspondre le sensible et le reél.
Il n'est pas question de revenir au dualisme classique ou à une quelconque forme de dualisme, simplement de constater que l'immanentisme a certainement bouleversé les fondations du dualisme, mais qu'elle s'est arrêtée en cours de révolution, sans proposer d'alternative viable. Du coup, elle détruit et elle ne propose rien en lieu et place de la destruction annoncée et amorcée - de plus en plus.
C'est fort dommage et c'est ainsi que l'on assiste en guise de faux semblant à des fausses solutions qui détruisent et anéantissent et qui plus elles détruisent et plus elles approchent de l'anéantissement final, plus elles prétendent la bouche en coeur et la main sur la couture que tout va très bien et que les crises et les destructions constituent en réalité des progrès et des avancées notables.
Quand l'ancien idéalisme étai une hypothèse de travail poru donner sens au reél, l'idéalisme immanentisme signifie l'impossible. Impossible : impossible de muter. Mais impossible : impossible d'échapper à l'idéalisme. Personne parmi les dualistes n'a jamais prétendu que l'unité du reél n'était pas une évidence. Il s'agissait simplement de retranscrire au plus près le reél et d'accepter l'évidence selon laquelle la représentation de l'unité part le monisme relève de la gageure insurmontable et utopique.
Pourquoi est-il impossible de dépeindre l'unité autrement que par le dualisme? Autrement dit : pourquoi le deux pour dire le un? Tout simplement parce que l'homme est contraint de distinguer entre sa représentation et son objet de représentation, entre la partie et le tout, soit de reconnaître que le reél en se limite pas à la représentation ou à la partie. Le dualisme reconnaît cette limite et propose d'expliquer la représentation par le reél.
Et l'immanentisme? L'immanentisme réfute l'idéalisme en proposant de réconcilier la représentation avec le reél. Son moyen est simple : le reél devient la représentation, ce qui est une aimable diversion ou le plus formidable moyen d'escamoter les problèmes. Du coup, la mutation revient à adapter les bornes du reél à celles de la représentation. C'est toujours aussi impossible (à l'adresse singulière de Spinoza : plus que jamais anthropomorphique), et alors que l'idéalisme dualiste revient à exiger l'impossible au nom de l'abrogation du classicisme, force est de constater que l'on est passé d'un idéalisme contestable mais viable à un idéalisme aussi incontestable que délirant : l'idéalisme contraint de la représentation qui malgré toutes ses velléités de démesure ne pourra jamais être qu'une partie et de ce fait ne pourra penser qu'en dédoublant.
On a tendance aujourd'hui à enterrer le positivisme et le scientisme comme des mouvements frères qui ne seraient que les caricatures extrémistes de la modernité ou du progrès extraordinaire que constitue la modernité. C'est oublier que la modernité est un courant qui peut être décrit comme la religion cachée comprise sous l'appellation de l'immanentisme, soit le fait de penser, au moins initialement, que l'homme, par sa Raison, émanation de son désir, a trouvé le moyen de comprendre une bonne fois pour toutes le réel.
Dès le départ, la supercherie est patente, aussi bien que latente : car le réel est d'autant plus découvert et compris qu'il est réduit aux bornes de l'immédiat ou de l'apparence. Pauvre réel que ce reél désossé. Pauvre théorie que cette théorie qui évacue le problème pour mieux le définir, le cerner et le résoudre!
Il reste à comprendre le processus de l'idéalisme, car le combat de Nieztsche est explicitement dirigé contre le père et le prince des philosophes : Platon. Platon est ouvertement rapproché par Nietzsche le marginal des philologues du Christ, que Nieztsche déteste d'autant plus qu'il l'admire sournoisement et sourdement. Si l'on se rappelle que Nieztsche écrivit l'Antéchrist en se désignant explicitement comme tel, soit comme une figure du diable, on se rend compte que l'idéalisme revient au transcendantalisme ou, en termes ontologiques/métaphysiques, au dualisme.
Nieztsche note que le platonisme est une version intellectualisée et élitiste du christianisme, façon de souligner que les formes religieuses sont de mouture populaire et tournées vers la plèbe. Dès lors l'idéalisme consiste à prêter au reél une autre dimension que la dimension matérielle et sensible, contrairement au matérialisme; quand on reconnaît que le dualisme idéaliste s'oppose au monisme immanentiste, on comprend que le fondement de l'immanentisme réside dans le positivisme ou le scientisme.
Il est dur d'admettre que l'immanentisme repose sur des courants non seulement proches, voire voisins, mais des courants aussi caricaturaux et décriés que le positivisme ou le scientisme. Mais d'où provient l'immanentisme? De la révolution scientifique moderne. Pas de n'importe quelle conception. Il s'est agi pour l'immanentisme de forger une philosophie à partir de la science expérimentale moderne.
L'immanentisme entend révolutionner le classicisme transcendantaliste en estimant que la science moderne donne de tels résultats physiques, biologiques et plus généralement scientifiques, qu'ils permettent de dresser une représentation du reél qui soit plus conforme que la représentation usuellement admise, de type dualiste. C'est l'idée que l'ontologie devra désormais se calquer sur la science qui marque la naissance de l'immanentisme.
Cette confiance triomphante et triomphaliste débouche sur l'idée que la définition de l'immanentisme repose sur l'apparence. Le reél, c'est l'apparence, l'immédiat. Les arrières-mondes ne sont que des illusions, pour s'exprimer à l'instar d'un Nieztsche. C'est le propre de la démarche scientifique que de se mouvoir dans le physique. La méthode expérimentale aboutit à ne considérer du reél que l'immédiateté, le phénomène au sens étymologique.
Il faut être proprement naïf ou crédule pour estimer qu'en calquant la physique sur la métaphysique, on obtiendra des résultats similaires et l'on abrogera du même coup la métaphysique. Au lie de résoudre le problème, on s'est simplement contenté de le faire disparaître, ou, comme dirait ce bon vieux farceur de Derrida, de le différer - à jamais. A jamais? Jusqu'à son retour avec usure, tant il est certain et vrai que la dérobade ne fonctionne que jusqu'à son estocade fatale.
Tout le courant de l'immanentisme vise à rendre caduque et périmée la métaphysique, si bien que plus la modernité progresse en temps, plus l'immanentisme gagne en pouvoir, plus il apparaît évident que la méthode immanentiste est un échec retentissant et que loin de constituer un progrès par rapport au dualisme, l'immanentisme annonce une régression patente.
Le pire au nom du mieux. Raison pour laquelle l'immanentisme pour conserver quelque crédibilité se voit contraint de se désolidariser de ses émanations les plus explicites. Le scientisme et le positivisme seront ainsi hâtivement montrés du doigt comme des caricatures totalement naïves et périmées, comme si les fondements de l'immanentisme différaient grandement des courants extrémistes et qu'ils présentaient des éléments autrement plus solides que ces simples déformations outrancières et grotesques.
En effet, la mauvais foi immanentiste a raison de souligner qu'elle diffère du positivisme en ce qu'elle a été contrainte quasi immédiatement de ne pas accorder foi au primat du monisme scientifique et à se réclamer d'autant plus du pragmatisme qu'elle appelait de ses voeux la mutation la plus violente et la moins pragmatique. La plus idéaliste - aussi.
En matière d'idéalisme, je crois qu'il faudrait distinguer entre l'idéalisme immanentiste et l'idéalisme dualiste. L'idéalisme dualiste affirme en gros que l'essentiel du réel, dans tous les sens du terme, ne correspond pas au sensible et le dépasse littéralement, au point de se situer ailleurs, quand l'immanentisme fait correspondre le sensible et le reél.
Il n'est pas question de revenir au dualisme classique ou à une quelconque forme de dualisme, simplement de constater que l'immanentisme a certainement bouleversé les fondations du dualisme, mais qu'elle s'est arrêtée en cours de révolution, sans proposer d'alternative viable. Du coup, elle détruit et elle ne propose rien en lieu et place de la destruction annoncée et amorcée - de plus en plus.
C'est fort dommage et c'est ainsi que l'on assiste en guise de faux semblant à des fausses solutions qui détruisent et anéantissent et qui plus elles détruisent et plus elles approchent de l'anéantissement final, plus elles prétendent la bouche en coeur et la main sur la couture que tout va très bien et que les crises et les destructions constituent en réalité des progrès et des avancées notables.
Quand l'ancien idéalisme étai une hypothèse de travail poru donner sens au reél, l'idéalisme immanentisme signifie l'impossible. Impossible : impossible de muter. Mais impossible : impossible d'échapper à l'idéalisme. Personne parmi les dualistes n'a jamais prétendu que l'unité du reél n'était pas une évidence. Il s'agissait simplement de retranscrire au plus près le reél et d'accepter l'évidence selon laquelle la représentation de l'unité part le monisme relève de la gageure insurmontable et utopique.
Pourquoi est-il impossible de dépeindre l'unité autrement que par le dualisme? Autrement dit : pourquoi le deux pour dire le un? Tout simplement parce que l'homme est contraint de distinguer entre sa représentation et son objet de représentation, entre la partie et le tout, soit de reconnaître que le reél en se limite pas à la représentation ou à la partie. Le dualisme reconnaît cette limite et propose d'expliquer la représentation par le reél.
Et l'immanentisme? L'immanentisme réfute l'idéalisme en proposant de réconcilier la représentation avec le reél. Son moyen est simple : le reél devient la représentation, ce qui est une aimable diversion ou le plus formidable moyen d'escamoter les problèmes. Du coup, la mutation revient à adapter les bornes du reél à celles de la représentation. C'est toujours aussi impossible (à l'adresse singulière de Spinoza : plus que jamais anthropomorphique), et alors que l'idéalisme dualiste revient à exiger l'impossible au nom de l'abrogation du classicisme, force est de constater que l'on est passé d'un idéalisme contestable mais viable à un idéalisme aussi incontestable que délirant : l'idéalisme contraint de la représentation qui malgré toutes ses velléités de démesure ne pourra jamais être qu'une partie et de ce fait ne pourra penser qu'en dédoublant.
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