dimanche 30 mars 2008

Système de crise

Voici quatre propositions, qui permettent de mieux encadrer d'un contour conceptuel le système qui nous meut et la terrible crise que nous traversons.

1) Le système fonctionne et/car il est bon.

2) Le système fonctionne, mais il n'est pas bon.

3) Le système ne fonctionne pas, mais il est bon.

4) Le système ne fonctionne pas et/car il n'est pas bon.

1) La première proposition est ouvertement odieuse et ne correspond nullement à la réalité. Il se trouve quelques esprits détraqués pour la prétendre, mais ils se discréditent en prenant ce parti si outrancier et mensonger.
2) La deuxième proposition est ouvertement perverse et cynique. Elle explique la fascination des individus qui composent le système par rapport au système et à toutes ses manifestations, en particulier quand lesdites manifestations sont violentes et criminelles (a priori injustifiables). Cette proposition pourrait servir de slogan ou de résumé à tous ceux qui estiment que le système, aussi destructeur soit-il, demeure néanmoins le système et qu'à cet égard il vaut mieux les inconvénients et désagréments du système avec le système que pas de système du tout. La légitimation du système se fait à l'aune de la nécessité du système. Le cynisme porte sur l'association de cette nécessité et de la destruction inhérente à certaines manifestations du système.
3) La troisième proposition peut sembler une justification perverse du système, mais elle relève avant tout de la stupidité. Si perversité il y a, et je penche pour cette option, ce serait la perversité stupide ou la perversité béate et confite d'illusions. En effet, la défense du système se fonde sur la reconnaissance de son incohérence et de son impéritie. La proposition précédente avait au moins le mérite de justifier du pire au nom de la viabilité du système. La précédente proposition s'appuyait sur la viabilité du système pour justifier son invraisemblable cynisme. La présente proposition ne tient pas la route et prête plutôt à sourire.
4) La quatrième et dernière proposition a au moins le mérite de s'opposer aux manifestations perverses et destructrices du système. L'émetteur de cette proposition n'a aucun chance de se tromper sur toutes les productions négatives et sur la connotation négative, voire péjorative du système puisqu'il constitue un rejet systématique et systémique. Cependant, ce rejet peut paraître puéril. Surtout, il ne résout pas la difficulté majeure : sans système, pas de culture, pas de sociétés humaines et pas d'humanité tout court. Il est toujours plus facile de détruire que de construire, entend-on répéter souvent - à juste titre. Il est également plus facile de rejeter la destruction que de proposer la construction. La quatrième proposition est ainsi plutôt de ce bois vert et acariâtre, en ce qu'elle rejette l'ensemble (du réel) sans rien proposer en lieu et place. De ce point de vue, le tenant de ce type de proposition se révèle l'allié objectif du tenant de la proposition seconde, puisque son rejet absolu amène à préférer la solution du cynisme éhonté à l'impossibilité ou l'irréalité/irréalisme. Le tenant de la quatrième proposition n'est pas loin de tenir un discours aussi manifestement absurde que le tenant de la première proposition, qui, défendant un système mauvais et incohérent, se révèle lui-même mauvais et incohérent.
Il reste à échapper à la quadrature du système et à trouver une porte de sortie pour ce système qui bat de l'aile et nous précipite vers la ruine, la faillite et la destruction. L'argument selon lequel il n'existe qu'un seul système, celui-ci, est stupide. Car le système n'est pas le réel et aussi longtemps que le système ne sera pas le réel, il sera impossible à tout esprit sain d'avancer qu'il n'est qu'un seul système, le présent. Au contraire, l'impossibilité ontologique pour le système d'englober le réel nous montre que :
1) le réel présente la diversité inouïe et infinie en mesure de constituer des alternatives incessantes à la production d'un système précis, surtout quand le système en question décline dangereusement.
2) quand le système prétend coïncider avec le réel et être l'unique système, puisque l'unique réel, il ne fait pas seulement justifier ses productions et manifestations incohérentes, perverses et destructrices. Il montre aussi sa fort mauvaise santé à l'aune de son discours totalement avarié et désaxé.

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