mercredi 6 août 2008

Antiimmanentisme

Le meilleur progrès que l'on puisse produire est de comprendre le vrai statut d'Israël. Je sais bien qu'Ariel Sharon a déclaré à Peres je crois qu'Israël contrôlait les États-Unis. Par ailleurs, on dit souvent qu'Israël serait un État supplémentaire des États-Unis, comme pour manifester la proximité de ces deux États.
C'est bien plus compliqué. Si l'on part de l'extrême proximité de ces deux États, on peut chercher qui manipule qui, qui domine qui. Mais si à cette question on s'arrête à ces deux États, on est condamné à commettre des contresens. Soit que ce soit les Américains, soit que ce soit les Israéliens. Dans les deux cas, on se condamne au contresens.
Il est remarquable de constater que lorsqu'on étudie la guerre conte le terrorisme dans toutes ses manifestations, qui découlent du 911, on remarque à chaque fois l'extrême imbrication d'Israël, des États-Unis, mais aussi du Royaume-Uni. Oublier le troisième membre de cette alliance sacro-maudite serait une grave erreur. Il est plus pertinent, au lieu de voir dans Israël la cause ultime ou le premier moteur, de considérer le symptôme d'un phénomène dont la cause transversale ne remonte pas à Israël en tant qu'Etat, mais est présente derrière Israël - et manipule Israël.
Quand on s'intéresse aux analyses pertinentes sur l'influence surprenante et soi-disant inexplicable d'Israël dans le monde et notamment aux États-Unis, on arrive à deux conclusions :
1) il est impossible qu'un si petit État, récent et sans ressource, puisse avoir moralement une si grande influence;
2) il est impossible qu'Israël se comporte avec cette surenchère inconsidérée dans la perspective de son intérêt.
La politique d'Israël est suicidaire et conduit cet État si particulier à la destruction. Il importe de conclure de ces deux remarques capitales qu'Israël est un pion manipulé dans une politique qui n'est pas pro-israélienne ou pro-sioniste et qu'il obéit à des intérêts qui ne sont certes pas anglo-saxons au sens institutionnel, mais qui ne sont certainement pas non plus israéliens dans le même sens.
Quels sont ces intérêts? Eh bien, ce sont des intérêts - bien entendu - factionnels, qui sont la seule explication et le vrai point commun entre Israël d'une part, les États-Unis et le Royaume-Uni d'autre part. Ces factions sont oligarchiques et financières et sans leur transversalité et leur caractère apatride, il est impossible d'expliquer l'étroite collaboration entre ces États, dont les intérêts divergent pourtant.
De ce fait, les manipulateurs actuels ne relèvent pas de l'identité juive. Leur identité est en fait l'immanentisme. Que de nombreux Juifs travaillent pour l'immanentisme prête bien évidemment à la confusion antisémite et quand on ne possède pas l'outil d'interprétation de l'immanentisme, on peut être amené à sombrer dans d'autres interprétations extrémistes comme l'antisémitisme.
Raison pour laquelle de nombreux observateurs honnêtes ont tant de difficulté à énoncer une critique sans verser dans l'antisémitisme : ils sont dépassés par d'innombrables coïncidences troublantes, comme la surreprésentation des pro-Israéliens dans les médias ou la haute finance, et ils ne parviennent qu'à expliquer ces faits (occultés par peur de l'antisémitisme) qu'en produisant des interprétations extrémistes et antisémites.
L'antisémitisme comme sentiment est le plus souvent une fureur découlant de l'observation de ces phénomènes et du sentiment d'impunité que confèrerait un acte atroce comme la Shoah à certains descendants (fantasmés ou réels) de victimes elles irréfutables. Loin de conforter insidieusement l'antisémitisme, il s'agit d'expliquer et de comprendre l'antisémitisme, comme phénomène historique et spécifique dans sa récurrence, non le rejet pathologique, mais celui qui nourrit nombre de révoltés de par le monde. Pourquoi tant de révoltes mènent-elles à l'antisémitisme (réel ou manipulé)? Tant de gens de bonne foi, tant de gens non haineux réagissent de la sorte parce que désemparés, ils ne possèdent pas le code de déchiffrage de l'immanentisme.
Il est certain qu'en tant que réaction positive l'antisémitisme est dépourvu de sens, dès l'analyse de sa signification. Pas forcément au sens démocratique et bien-pensant que l'occidentaliste confère en premier à la grille de lecture de ce terme abject. Les Sémites ne se réduisent pas aux Juifs. Pis, la clé de l'immanentisme permet de comprendre par le rejet la présence massive et la surreprésentation des Juifs dans les organismes de domination mondialistes et occidentalistes. A chaque fois que l'on désigne les Juifs, gare à une confusion d'importance. Il s'agit de Juifs au parcours très particulier : toujours de Juifs issus des mouvances du sionisme fondamentaliste.
Est-ce le fondamentalisme qui domine le monde? Non : c'est l'immanentisme. Comme je l'ai déjà analysé, la mutation du fondamentalisme en immanentisme est observable historiquement. Que des Juifs soient si présents ne permet nullement de rendre tous les Juifs responsables. Pas davantage que l'on peut de ce fait pointer du doigt un vice caché dans la culture juive ou dans la religion juive. Soit dit en passant, cet antisémitisme que d'aucuns dénonceraient à raison, c'est ce que font les disciples et suppôts de Huntington avec l'Islam, dont on nous explique plus ou moins doctement qu'il serait incompatible avec la civilisation. Sans blague.
En réalité, l'immanentisme se sert du judaïsme avec outrance parce que l'immanentisme est la revanche des rejetés. De ce point de vue, quels rejetés parmi les rejetés que les Juifs, historiquement! On peut même sans crainte en faire les rejetés par excellence du monothéisme. C'est ce statut qui confère aux Juifs une telle précellence dans l'immanentisme. Encore faut-il répéter que ce ne sont nullement tous les Juifs qui sont visés. Seulement une infime minorité d'entre eux - en gros les factions de sionistes fondamentalistes qui gravitent dans le milieu du commerce et de la finance et qui de ce fait sont prédisposés à entrer dans la mentalité immanentiste.
On peut tenir le même raisonnement avec les protestants anglo-saxons, soit avec les rejetés par excellence du christianisme. On sait très bien que c'est dans les milieux fondamentalistes et extrémistes du protestantisme que se développa en premier lieu le restaurationnisme (et autres billevesées sionistes), qui devait donner lieu au sionisme militant et aux étranges chrétiens sionistes (du moins pour un oeil européen contemporain).
En passant, ce fait historique permet de noter que les premiers sionistes ne sont pas des Juifs et que les accusations stupides d'antisémitisme tombent à l'eau par cette seule mention chronologique. Là encore, il faut distinguer entre ces catégories de protestants extrémistes et parfaitement introduits dan le commerce et la finance - et les protestants. L'immanentisme cible parmi ces rejetés et intègre en premier lieu la catégorie religieuse des rejetés, qu'ils soient juifs ou protestants. L'immanentisme est une catégorie religieuse. Bien entendu, la surreprésentation juive facilement observable est encore plus importante que celle protestante, mais la différence de degré s'explique en fait par le degré de rejet, non par la race ou par d'autres absurdités.
Il est tout à fait possible de montrer qu'à un degré moindre, l'immanentisme cible aussi d'autres formes de fondamentalisme et de rejetés comme certains milieux d'affaires saoudiens. Simplement ces immanentistes ont moins d'influence que les milieux juifs ou protestants du fait de leur position et de leur statut : un rejeté musulman reste un monothéiste et possède plus de difficulté à intégrer la mentalité immanentiste - raison du rejet actuel de l'Islam. Cette précision sert à montrer que l'immanentisme est apatride et suit surtout ceux qui servent ses valeurs propres.
Au final, les valeurs juives sont gravement en péril avec la domination des valeurs immanentistes. Après tout, que l'on réfléchisse une minute si c'est possible : le judaïsme est peut-être un monothéisme ambigu, amis c'est un monothéisme. C'est même le premier des monothéismes. Raison pour laquelle il ne peut que se trouver défavorisé par l'immanentisme. Qu'il y ait au sein du judaïsme des benêts et des gogos extrémistes pour gober le contraire et croire que le judaïsme est favorisé actuellement par sa situation inexplicable (inextricable?), fort bien; pendant ce temps, ceux au courant ne voient que trop que c'est l'immanentisme qui est au pouvoir et qui discréditent autant les Juifs que les protestants.
L'image des chrétiens sionistes est catastrophique et oscille entre imbéciles et fanatiques dans le monde. Il est normal que les immanentistes manipulent les foules fondamentalismes à leur profit. C'est de bonne guerre. Il est inévitable que les critiques fondent vers l'extrémisme et el condamnent jusqu'à l'anathème extrémiste, si elles ne comprennent pas que le fondement essentiel de la marche du monde gravite autour de l'immanentisme.
Une fois que l'on a compris la position centrale de l'immanentisme, on cerne mieux la place d'Israël : celle d'objet de manipulation par les cercles immanentistes. Oubliez le Grand Manipulateur! Israël est soutenu outrageusement par les milieux immanentistes parce que ces milieux ont besoin de leur vitrine morale. La morale immanentiste... Jetez un oeil sur le contenu de cinq minutes de publicité et vous comprendrez l'expression de cette morale...
Il suffit de contempler le traitement que les Palestiniens reçoivent depuis cinquante ans pour mesurer que cette morale hyperréelle est gravement dévoyée et totalement crapuleuse... Israël en tant qu'Etat est totalement sous la coupe des immanentistes. Le jour où les immanentistes s'écrouleront, devinez ce qu'il adviendra de sa créature artificielle?

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