Cette semaine paraît dans Le Monde des livres un article de recension de R.-P. Droit, qui n'a rien d'un Révérend Père, concernant un ouvrage de Taguieff. Je ne perdrai pas de temps à citer le travail d'un censeur loué sans pudeur par un recenseur, tous deux ayant trouvé avant de chercher, et le néoconservatisme et l'absence de pensée, et la répétition et la médiocrité. Taguieff est bien entendu un proche des milieux néo-conservateurs, puisque par ces temps de mauvaise loi et de mauvais aloi, plus personne bientôt ne sera néo-conservateur, surtout dans les rangs néo-conservateurs...
Posture typiquement immanentiste de la dérobade. Aucune identité ne sera tolérée, ma bonne dame. On trouve tellement d'amalgames et de poncifs dans le discours idéologique de Taguieff que je renonce à désamalgamer ce qui tombe déjà en ruines et en désuétude. Soyons beau joueur : après tout, le temps travaille contre les intérêts de l'immanentisme. Il faudrait suggérer à ce genre de penseurs libres à la Taguieff, c'est-à-dire prisonniers de leur idéologie, qu'à force de les ânonner, des âneries comme l'antisémitisme des Sages de Sion font bien rire le public et que bientôt, tout le monde sera antisémite, sauf les sionistes les plus forcenés (pas forcément juifs, d'ailleurs).
Au fil de l'article, les amalgames pullulent, peu intéressants. En particulier, une incapacité essentielle et essentialiste à distinguer entre les Juifs et certains Juifs, un petit nombre fort restreint qui sont tels non parce qu'ils sont Juifs, mais du fait de caractéristiques anthropologiques et historiques (grosso modo la catégorie des rejetés). Ainsi peut-on constater que la grande banque et la haute finance présentent une surreprésentation en nombre de Juifs sans pour autant insinuer que tous les Juifs travaillent dans la grande banque. Il est stupide de ne pas déceler la malhonnêteté dans ce genre d'arguties victimaires.
Le fait est pourtant évident qu'en s'attaquant à ce type de délires facilement réfutables, les Taguieff et autres chercheurs-idéologues s'inventent un adversaire taillé sur mesure et d'autant plus facile à discréditer qu'il n'existe presque pas. Il est urgent de répéter qu'incriminer certains groupes juifs ne signifie nullement qu'on s'en prenne à tous les Juifs en tant que Juifs ou qu'on amalgame de petites minorités avec la majorité (silencieuse).
L'embarras entre sionisme et judaïsme prête plus à l'intérêt. Taguieff brûle d'assimiler les deux et d'empêcher la critique contre le sionisme par cette opération de confusion elle-même fort confuse. En fonction des principes de démocratie et de tolérance dont il se réclame avec une certaine perfidie (puisqu'il prétend interdire la critique au nom de la critique), notre bon Taguieff ne peut certainement pas se dresser contre les critiques à l'endroit des idéologies; alors il se rabat sur l'argument-massue du racisme, qui est un commode moyen d'interdire et de censurer l'esprit critique.
L'assimilation entre l'Occident et le judaïsme évoque quelque peu ce tableau de Longhi où l'on voit un rhinocéros dans un amphithéâtre. On pourrait aussi parler de cheveu sur la soupe. Si l'on se rappelle que le christianisme et le judaïsme n'ont jamais fait bon ménage, on ne peut que s'étonner de cette alliance contre-nature et constater qu'elle résulte de la création la plus immanentiste et artificielle. Artificieuse? Il faut répondre par des faits historiques et des questions de bons sens à tous ceux qui mêlent le mythe et l'histoire, le fantasme et la réalité :
- D'où viennent les Israéliens historiquement? De la Bible ou de l'Occident (au sens large du terme)?
- L'antisémitisme désigne-t-il vraiment le racisme contre les seuls Juifs? Les Israéliens sont-ils des Sémites?
- S'il est vrai que les formes de haine varient en fonction des époques comme les variantes d'une même tache, est-il pertinent de faire de la haine contre les Juifs la haine raciste persistante de notre trouble époque? Ne serait-il pas plus pertinent de constater que ce sont les Arabes et les Noirs qui sont aujourd'hui les boucs émissaires et les vrais héritiers sur ce plan des Juifs?
- Comment se fait-il que tout ramène au religieux, du judaïsme à l'Islam, alors que l'on voudrait nous faire croire au peuple juif en tant qu'entité rationnelle et non religieuse? Parler de peuple juif n'est-il pas aussi aberrant que parler de peuple musulman?
- Comment se fait-il que l'on ne puisse pas dénoncer les exactions répétées d'Israël contre les Palestiniens et ses voisins alors qu'historiquement les faits sont massifs et irréfutables?
Ces quelques questions, bien entendu, ne sont jamais posées en Occident de manière officielle et l'on continue à nous bassiner les oreilles avec des thèmes totalement subalternes, ce qui s'appelle de la diversion. Concernant la question d'Israël, loin de nourrir la haine contre cet État ou contre ses habitants récents, il serait bon de rappeler que la sagesse pragmatique voudrait que l'on crée deux États viables et que l'on indemnise les Palestiniens qui ont été spoliés, voire martyrisés.
Pour le reste, il est certain que la création d'Israël ne peut se prévaloir d'aucune justification morale et qu'au contraire elle répond à la perversité - se réclamer de la Shoah pour justifier d'une colonisation. Je crains fort que la solution de la sagesse ne prévale pas au vu de l'évolution des évènements et qu'un bain de sang tragique clôture la politique folle et parfaitement cohérente des immanentistes dégénérés et extrémistes qui se partagent le pouvoir en Israël.
La disparition d'Israël est prévisible sans être souhaitable si tant est que des massacres et des souffrances ne soient pas souhaitables. Constater que la politique de cet État récent est suicidaire et mène à la destruction de soi ne revient certainement pas à souhaiter la destruction d'Israël parce que cet État typiquement immanentiste serait intrinsèquement mauvais. Il est certain que les compromis sont les meilleures solutions, à condition toutefois que la reconnaissance du réel intervienne et que l'on oublie les reconstructions idéologiques et désaxées.
Toutes ces remarques suffisent à écarter d'un revers de main les accusations d'extrémisme qui s'attacheraient à définir les critiques contre le sionisme et Israël. Il est certes plus facile pour les pro-Israéliens idéologiques de privilégier des positions extrémistes et caricaturales à leur botte, oppositions d'ailleurs parfaitement manipulées par les intérêts sionistes et pro-israéliens. Réduire la critique méta-israélienne à des positions extrémistes est révélateur du climat de terrorisme intellectuel qui sévit dans les milieux immanentistes quand on aborde la question de la créature israélienne : en réalité, la lucidité commande de se montrer fort sévère à l'endroit de la politique suivie par Israël et de la vraie structure ontologique d'Israël, sans pour autant militer pour sa disparition ou pour la disparition de ses partisans.
Dans le cas d'Israël, il faudrait souhaiter qu'un de Klerk israélien permette à son peuple de sortir de l'impasse dans laquelel il est embourbé par sa propre faute : en gros, détruire les voisins au nom du terreau du terrorisme. Malheureusement, rien ne permet d'envisager la solution de la paix, puisque le de Klek local a été abattu comme par enchantement au seuil de la paix : je pense bien entendu à Rabin. Les dirigeants israéliens s'enfoncent dans la politique de la destruction avec l'idée qu'elle assure leur pérennité. L'idée que la force pure soit l'expression de la pérennité est une grave erreur. C'est l'inverse qui est vrai. La force pure est chez l'homme le signe de la défaite et de la dégénérescence. Que l'on consulte le mythe biblique de David et Goliath et l'on se rappellera à profit qui du fort ou du fin triomphe à la fin.
Quant à l'antioccidentalisme, qui serait associé à l'antisémitisme/antisionisme/judéophobie, c'est le même raisonnement qui est à l'oeuvre : une chose est de souhaiter la disparition de l'Occident; une autre de constater que l'Occident est appelé à disparaître en tant que culture dominante parce qu'il poursuit une politique de destruction de plus en plus démente et que la disparition de l'immanentisme est chose prévisible. En ce sens, il serait sans doute préférable d'employer le terme d'occidentalisme pour désigner une mentalité qui dépasse de loin la géographie stricte de la terre occidentale.
A l'adresse des impenseurs comme Taguieff ou son héraut mondain Droit, qu'ils cessent leur militantisme intellectualiste et étriqué : quoi qu'ils fassent et quoi qu'ils disent, l'immanentisme exprime la crise. Quand l'homme aura fini de criser, il reprendra sa route et retrouvera son sens.
Posture typiquement immanentiste de la dérobade. Aucune identité ne sera tolérée, ma bonne dame. On trouve tellement d'amalgames et de poncifs dans le discours idéologique de Taguieff que je renonce à désamalgamer ce qui tombe déjà en ruines et en désuétude. Soyons beau joueur : après tout, le temps travaille contre les intérêts de l'immanentisme. Il faudrait suggérer à ce genre de penseurs libres à la Taguieff, c'est-à-dire prisonniers de leur idéologie, qu'à force de les ânonner, des âneries comme l'antisémitisme des Sages de Sion font bien rire le public et que bientôt, tout le monde sera antisémite, sauf les sionistes les plus forcenés (pas forcément juifs, d'ailleurs).
Au fil de l'article, les amalgames pullulent, peu intéressants. En particulier, une incapacité essentielle et essentialiste à distinguer entre les Juifs et certains Juifs, un petit nombre fort restreint qui sont tels non parce qu'ils sont Juifs, mais du fait de caractéristiques anthropologiques et historiques (grosso modo la catégorie des rejetés). Ainsi peut-on constater que la grande banque et la haute finance présentent une surreprésentation en nombre de Juifs sans pour autant insinuer que tous les Juifs travaillent dans la grande banque.
Le fait est pourtant évident qu'en s'attaquant à ce type de délires facilement réfutables, les Taguieff et autres chercheurs-idéologues s'inventent un adversaire taillé sur mesure et d'autant plus facile à discréditer qu'il n'existe presque pas. Il est urgent de répéter qu'incriminer certains groupes juifs ne signifie nullement qu'on s'en prenne à tous les Juifs en tant que Juifs ou qu'on amalgame de petites minorités avec la majorité (silencieuse).
L'embarras entre sionisme et judaïsme prête plus à l'intérêt. Taguieff brûle d'assimiler les deux et d'empêcher la critique contre le sionisme par cette opération de confusion elle-même fort confuse. En fonction des principes de démocratie et de tolérance dont il se réclame avec une certaine perfidie (puisqu'il prétend interdire la critique au nom de la critique), notre bon Taguieff ne peut certainement pas se dresser contre les critiques à l'endroit des idéologies; alors il se rabat sur l'argument-massue du racisme, qui est un commode moyen d'interdire et de censurer l'esprit critique.
L'assimilation entre l'Occident et le judaïsme évoque quelque peu ce tableau de Longhi où l'on voit un rhinocéros dans un amphithéâtre. On pourrait aussi parler de cheveu sur la soupe. Si l'on se rappelle que le christianisme et le judaïsme n'ont jamais fait bon ménage, on ne peut que s'étonner de cette alliance contre-nature et constater qu'elle résulte de la création la plus immanentiste et artificielle. Artificieuse? Il faut répondre par des faits historiques et des questions de bons sens à tous ceux qui mêlent le mythe et l'histoire, le fantasme et la réalité :
- D'où viennent les Israéliens historiquement?
- L'antisémitisme désigne-t-il vraiment le racisme contre les seuls Juifs?
- S'il est vrai que les formes de haine varient en fonction des époques comme les variantes d'une même tache, est-il pertinent de faire de la haine contre les Juifs la haine raciste persistante de notre trouble époque? Ne serait-il pas plus pertinent de constater que ce sont les Arabes et les Noirs qui sont aujourd'hui les boucs émissaires et les vrais héritiers sur ce plan des Juifs?
- Comment se fait-il que tout ramène au religieux, du judaïsme à l'Islam, alors que l'on voudrait nous faire croire au peuple juif en tant qu'entité rationnelle et non religieuse?
- Comment se fait-il que l'on ne puisse pas dénoncer les exactions répétées d'Israël contre les Palestiniens et ses voisins alors qu'historiquement les faits sont massifs et irréfutables?
Ces quelques questions, bien entendu, ne sont jamais posées en Occident de manière officielle et l'on continue à nous bassiner les oreilles avec des thèmes totalement subalternes, ce qui s'appelle de la diversion. Concernant la question d'Israël, loin de nourrir la haine contre cet État ou contre ses habitants récents, il serait bon de rappeler que la sagesse pragmatique voudrait que l'on crée deux États viables et que l'on indemnise les Palestiniens qui ont été spoliés, voire martyrisés.
Pour le reste, il est certain que la création d'Israël ne peut se prévaloir d'aucune justification morale et qu'au contraire elle répond à la perversité - se réclamer de la Shoah pour justifier d'une colonisation. Je crains fort que la solution de la sagesse ne prévale pas au vu de l'évolution des évènements et qu'un bain de sang tragique clôture la politique folle et parfaitement cohérente des immanentistes dégénérés et extrémistes qui se partagent le pouvoir en Israël.
La disparition d'Israël est prévisible sans être souhaitable si tant est que des massacres et des souffrances ne soient pas souhaitables. Constater que la politique de cet État récent est suicidaire et mène à la destruction de soi ne revient certainement pas à souhaiter la destruction d'Israël parce que cet État typiquement immanentiste serait intrinsèquement mauvais. Il est certain que les compromis sont les meilleures solutions, à condition toutefois que la reconnaissance du réel intervienne et que l'on oublie les reconstructions idéologiques et désaxées.
Toutes ces remarques suffisent à écarter d'un revers de main les accusations d'extrémisme qui s'attacheraient à définir les critiques contre le sionisme et Israël. Il est certes plus facile pour les pro-Israéliens idéologiques de privilégier des positions extrémistes et caricaturales à leur botte, oppositions d'ailleurs parfaitement manipulées par les intérêts sionistes et pro-israéliens. Réduire la critique méta-israélienne à des positions extrémistes est révélateur du climat de terrorisme intellectuel qui sévit dans les milieux immanentistes quand on aborde la question de la créature israélienne : en réalité, la lucidité commande de se montrer fort sévère à l'endroit de la politique suivie par Israël et de la vraie structure ontologique d'Israël, sans pour autant militer pour sa disparition ou pour la disparition de ses partisans.
Dans le cas d'Israël, il faudrait souhaiter qu'un de Klerk israélien permette à son peuple de sortir de l'impasse dans laquelel il est embourbé par sa propre faute : en gros, détruire les voisins au nom du terreau du terrorisme. Malheureusement, rien ne permet d'envisager la solution de la paix, puisque le de Klek local a été abattu comme par enchantement au seuil de la paix : je pense bien entendu à Rabin. Les dirigeants israéliens s'enfoncent dans la politique de la destruction avec l'idée qu'elle assure leur pérennité. L'idée que la force pure soit l'expression de la pérennité est une grave erreur. C'est l'inverse qui est vrai. La force pure est chez l'homme le signe de la défaite et de la dégénérescence. Que l'on consulte le mythe biblique de David et Goliath et l'on se rappellera à profit qui du fort ou du fin triomphe à la fin.
Quant à l'antioccidentalisme, qui serait associé à l'antisémitisme/antisionisme/judéophobie, c'est le même raisonnement qui est à l'oeuvre : une chose est de souhaiter la disparition de l'Occident; une autre de constater que l'Occident est appelé à disparaître en tant que culture dominante parce qu'il poursuit une politique de destruction de plus en plus démente et que la disparition de l'immanentisme est chose prévisible. En ce sens, il serait sans doute préférable d'employer le terme d'occidentalisme pour désigner une mentalité qui dépasse de loin la géographie stricte de la terre occidentale.
A l'adresse des impenseurs comme Taguieff ou son héraut mondain Droit, qu'ils cessent leur militantisme intellectualiste et étriqué : quoi qu'ils fassent et quoi qu'ils disent, l'immanentisme exprime la crise. Quand l'homme aura fini de criser, il reprendra sa route et retrouvera son sens.
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