L'absence d'identité, telle est la marque de fabrique de l'immanentisme. Qu'est-ce que l'identité? C'est la localisation dans un endroit. On possède une identité quand on exhibe un intérieur et un extérieur. Peu importe le temps pourvu qu'on ait le lieu. Telle est l'espèce de l'identité : de posséder son espace.
Les États-Unis sont ainsi un État immanentiste en ce qu'ils ne possèdent pas d'identité. Ils se débattent dans les fantasmes d'une identité controuvée et souvent hors du réel. Ils pourraient avoir une terre, ils pourraient avoir un peuple. Ils n'ont rien de tout cela. Ils présentent une drôle d'identité frelatée en guise de carte de présentation. C'est au nom de l'anticolonialisme que les États-Unis auront été le grand pays colonisateur et impérialiste du vingtième siècle.
La malédiction américaine consiste à avoir pris la place des autochtones indiens sans réussir pour autant à forger une identité propre. Les Indiens étaient des Américains. Et les nouveaux occupants sont-ils des Américains? Rien de moins certain. Les États-Unis sont un pays hétéroclites de communautés, un agglomérat de peuples bigarrés, dont certains sont clairement antagonistes. Rien de plus hostile en effet que la rencontre des descendants noirs de l'esclavagisme et des Européens esclavagistes du Sud.
Ce n'est qu'un exemple. Ce qu'il importe de comprendre, c'est que l'immanentisme ne réussit jamais à trouver son identité parce qu'il ne réussit jamais à trouver de lieu propre. Les colons américains n'ont pas réussi à fonder de politique américaine propre, parce qu'ils n'ont jamais réussi à trouver une ligne claire entre le repli autiste et ultraprotecteur, ignorant l'extérieur; ou l'impérialisme tordu et l'ultradirigisme prétendant transformer le monde à leur main, ignorant l'intérieur. A chaque fois, l'identité est mise à mal.
De toute manière, la colonisation réussie d'un pays aboutit à une intégration pure et simple dans le réel. Si bien que la colonisation immanentiste signifierait le retour au réel de l'immanentisme. L'identité est ainsi réelle ou n'est pas. L'immanentisme implique que l'on ne se trouve jamais dans le réel.
L'immanentisme se définit ainsi par le fait de prendre ses désirs pour des réalités (des vessies pour des lanternes), autre formule pour signifier que la partie se prend pour le tout. Dans ces conditions, si la partie se prend pour le tout, il y a lieu de douter qu'elle puisse arborer une quelconque identité... Son identité de base est frelatée. C'est ainsi qu'agit l'identité américaine, qui refuse de s'ancrer dans le réel et qui poursuit en lieu et place des chimères hyperréelles.
L'extraordinaire tromperie américaine, qui est fondée en grande partie sur la dichotomie entre réalité et rêve, entre représentation et réel, s'illustre plus clairement dans le projet de colonisation immanentiste tardive qui s'illustre en terre d'Israël. Les Israéliens sont bien davantage une excroissance de l'Occident et de l'occidentalisme qu'un peuple autonome dont le retour serait dicté par la volonté de Dieu ou un projet biblique. Pas davantage peut-on invoquer la Shoah pour un projet qui existait bien avant la Shoah.
Finalement, le projet israélien est un projet de colonisation manipulé par l'Occident et intenté par l'Empire britannique, comme dans le cas des États-Unis. A une nuance près, de taille : c'est l'immanentisme tardif et en déclin qui régit le processus israélien, ce qui explique que la réussite de ce projet soit moins performante que le projet américain. Le projet américain s'était soldée par une duperie - l'impression que la colonisation avait réussie.
La colonisation israélienne ne cesse de se heurter à des difficultés incessantes, à tel point que la paix entre Israéliens et Palestiniens relève du voeu pieu - une paix impossible. L'immanentisme a tellement perdu en pouvoir qu'il n'est plus capable de renouveler des horreurs comme celles de la colonisation américaine. Le rêve américain jouait en faveur de la propagande immanentiste pour répéter que le système immanentiste était très largement supérieur au système transcendantal précédent.
Israël a failli dans sa tâche de conquête coloniale, mais c'était prévisible : l'immanentiste est en fin de course. Il n'a plus les moyens de ses ambitions. On remarquera que l'identité israélienne est encore plus sujette à questions que l'identité américaine des colons européens. Les Américains veulent faire croire qu'ils sont un peuple autonome et indépendant alors qu'ils sont l'émanation immanentiste et occidentaliste de l'Occident. Les Israéliens ont réussi le coup de faire croire qu'ils sont Sémites alors qu'ils sont en fait des Occidentaux pour une insigne part; et qu'ils sont des descendants des Hébreux bibliques, alors que leur rapport historique avec cette peuplade (des bergers? des cultivateurs?) aujourd'hui introuvable reste de l'ordre de la gageure.
L'identité israélienne est passablement embrouillée. Il est capital de comprendre qu'Israël est la devanture de l'Occident et reflète l'état de l'Occident. L'Occident va mal, donc Israël se porte mal. Il est symbolique qu'Israël ne parvienne pas à s'emparer de l'ancienne Palestine, comme les États-Unis se sont emparés de leurs territoires. Israël ne parvient plus à faire ce que faisait pourtant encore deux siècles auparavant les États-Unis.
Si l'on prend l'exemple de l'apartheid et l'incroyable hypocrisie occidentale sur ce dossier (comme pour Israël), de nombreux rapprochements ont été opérés entre Israël et l'Afrique du sud néocoloniale et raciste. Comparaison n'est pas raison. Il est certain que la politique de surenchère d'Israël risque d'instituer un jugement extrêmement sévère de la part des historiens du futur sur le cas d'Israël.
On peut se boucher le nez et les narines, mais l'Afrique du sud a trouvé la voie du compromis en revenant dans le réel : cesser le régime raciste était le seul moyen pour les Boers et autres colons européens de ne pas sombrer dans la folie de l'Hyperréel. Au départ, l'État d'Afrique du sud était aussi une émanation postcoloniale de l'immanentisme, mais illustrait un cas ultraréactionnaire de développement postcolonial.
Refuser la fin du colonialisme était un cas de ressentiment ontologique obvie. Israël n'est pas prisonnier du même piège. C'est bien pire. Israël ne peut plus faire marche arrière et est condamné à trouver un compromis rapide s'il ne veut pas disparaître. La plus enviable solution serait la création de deux États puisque les sionistes israéliens ont peur plus que tout au monde de leur disparition.
Il est certain que le seul moyen pour l'immanentisme de coloniser durablement le reél consiste à faire disparaître le réel précédent et à prendre sa place. Mais l'immanentisme ne se rend pas compte que ce faisant il se condamne à rentrer dans le rang à son tour, soit à simplement remplacer du reél par du réel. Processus désespérant, aux antipodes des visées et des attentes immanentistes, qui voudraient changer de mode et de monde - définitivement.
Si l'on se projette de quelques siècles en avant, le compromis sud-africain engendrera la disparition à terme des Blancs boers d'Afrique du sud. Ainsi en décide la loi d'airain du réel, qui veut que les autochtones n'ayant pas été exterminés prennent la place des minorités de colons anglo-hollandais. Selon ce raisonnement, les Israéliens n'ayant pas davantage réussi à éradiquer les autochtones palestiniens se condamnent à disparaître tôt ou tard. Les sionistes le savent très bien et c'est pourquoi ils sont si désespérés, prêts à tous les massacres pour retarder l'échéance, comme un condamné à mort se livre au plus mesquin des subterfuges pour quelques minutes de répit avant l'exécution.
Au final, la leçon philosophique de ce jeu de massacre, c'est que l'absence d'identité signifie tôt ou tard la disparition de la victime identitaire, qui se comporte le plus souvent en bourreau historique. Le manque d'identité signe la disparition de la partie, pas celle du tout. Raison pour laquelle s'il est certain que les immanentistes fermeront boutique tôt ou tard, au moins jusqu'à la prochaine crise d'importance, comparable à l'effondrement du transcendantalisme, il est tout aussi indubitable que le réel, lui, ne cessera pas d'être. C'est ce qu'on appelle la victoire avec usure du réel sur l'une de ses parties, qui voulut se faire plus grosse que le boeuf.
Les États-Unis sont ainsi un État immanentiste en ce qu'ils ne possèdent pas d'identité. Ils se débattent dans les fantasmes d'une identité controuvée et souvent hors du réel. Ils pourraient avoir une terre, ils pourraient avoir un peuple. Ils n'ont rien de tout cela. Ils présentent une drôle d'identité frelatée en guise de carte de présentation. C'est au nom de l'anticolonialisme que les États-Unis auront été le grand pays colonisateur et impérialiste du vingtième siècle.
La malédiction américaine consiste à avoir pris la place des autochtones indiens sans réussir pour autant à forger une identité propre. Les Indiens étaient des Américains. Et les nouveaux occupants sont-ils des Américains? Rien de moins certain. Les États-Unis sont un pays hétéroclites de communautés, un agglomérat de peuples bigarrés, dont certains sont clairement antagonistes. Rien de plus hostile en effet que la rencontre des descendants noirs de l'esclavagisme et des Européens esclavagistes du Sud.
Ce n'est qu'un exemple. Ce qu'il importe de comprendre, c'est que l'immanentisme ne réussit jamais à trouver son identité parce qu'il ne réussit jamais à trouver de lieu propre. Les colons américains n'ont pas réussi à fonder de politique américaine propre, parce qu'ils n'ont jamais réussi à trouver une ligne claire entre le repli autiste et ultraprotecteur, ignorant l'extérieur; ou l'impérialisme tordu et l'ultradirigisme prétendant transformer le monde à leur main, ignorant l'intérieur. A chaque fois, l'identité est mise à mal.
De toute manière, la colonisation réussie d'un pays aboutit à une intégration pure et simple dans le réel. Si bien que la colonisation immanentiste signifierait le retour au réel de l'immanentisme. L'identité est ainsi réelle ou n'est pas. L'immanentisme implique que l'on ne se trouve jamais dans le réel.
L'immanentisme se définit ainsi par le fait de prendre ses désirs pour des réalités (des vessies pour des lanternes), autre formule pour signifier que la partie se prend pour le tout. Dans ces conditions, si la partie se prend pour le tout, il y a lieu de douter qu'elle puisse arborer une quelconque identité... Son identité de base est frelatée. C'est ainsi qu'agit l'identité américaine, qui refuse de s'ancrer dans le réel et qui poursuit en lieu et place des chimères hyperréelles.
L'extraordinaire tromperie américaine, qui est fondée en grande partie sur la dichotomie entre réalité et rêve, entre représentation et réel, s'illustre plus clairement dans le projet de colonisation immanentiste tardive qui s'illustre en terre d'Israël. Les Israéliens sont bien davantage une excroissance de l'Occident et de l'occidentalisme qu'un peuple autonome dont le retour serait dicté par la volonté de Dieu ou un projet biblique. Pas davantage peut-on invoquer la Shoah pour un projet qui existait bien avant la Shoah.
Finalement, le projet israélien est un projet de colonisation manipulé par l'Occident et intenté par l'Empire britannique, comme dans le cas des États-Unis. A une nuance près, de taille : c'est l'immanentisme tardif et en déclin qui régit le processus israélien, ce qui explique que la réussite de ce projet soit moins performante que le projet américain. Le projet américain s'était soldée par une duperie - l'impression que la colonisation avait réussie.
La colonisation israélienne ne cesse de se heurter à des difficultés incessantes, à tel point que la paix entre Israéliens et Palestiniens relève du voeu pieu - une paix impossible. L'immanentisme a tellement perdu en pouvoir qu'il n'est plus capable de renouveler des horreurs comme celles de la colonisation américaine. Le rêve américain jouait en faveur de la propagande immanentiste pour répéter que le système immanentiste était très largement supérieur au système transcendantal précédent.
Israël a failli dans sa tâche de conquête coloniale, mais c'était prévisible : l'immanentiste est en fin de course. Il n'a plus les moyens de ses ambitions. On remarquera que l'identité israélienne est encore plus sujette à questions que l'identité américaine des colons européens. Les Américains veulent faire croire qu'ils sont un peuple autonome et indépendant alors qu'ils sont l'émanation immanentiste et occidentaliste de l'Occident. Les Israéliens ont réussi le coup de faire croire qu'ils sont Sémites alors qu'ils sont en fait des Occidentaux pour une insigne part; et qu'ils sont des descendants des Hébreux bibliques, alors que leur rapport historique avec cette peuplade (des bergers? des cultivateurs?) aujourd'hui introuvable reste de l'ordre de la gageure.
L'identité israélienne est passablement embrouillée. Il est capital de comprendre qu'Israël est la devanture de l'Occident et reflète l'état de l'Occident. L'Occident va mal, donc Israël se porte mal. Il est symbolique qu'Israël ne parvienne pas à s'emparer de l'ancienne Palestine, comme les États-Unis se sont emparés de leurs territoires. Israël ne parvient plus à faire ce que faisait pourtant encore deux siècles auparavant les États-Unis.
Si l'on prend l'exemple de l'apartheid et l'incroyable hypocrisie occidentale sur ce dossier (comme pour Israël), de nombreux rapprochements ont été opérés entre Israël et l'Afrique du sud néocoloniale et raciste. Comparaison n'est pas raison. Il est certain que la politique de surenchère d'Israël risque d'instituer un jugement extrêmement sévère de la part des historiens du futur sur le cas d'Israël.
On peut se boucher le nez et les narines, mais l'Afrique du sud a trouvé la voie du compromis en revenant dans le réel : cesser le régime raciste était le seul moyen pour les Boers et autres colons européens de ne pas sombrer dans la folie de l'Hyperréel. Au départ, l'État d'Afrique du sud était aussi une émanation postcoloniale de l'immanentisme, mais illustrait un cas ultraréactionnaire de développement postcolonial.
Refuser la fin du colonialisme était un cas de ressentiment ontologique obvie. Israël n'est pas prisonnier du même piège. C'est bien pire. Israël ne peut plus faire marche arrière et est condamné à trouver un compromis rapide s'il ne veut pas disparaître. La plus enviable solution serait la création de deux États puisque les sionistes israéliens ont peur plus que tout au monde de leur disparition.
Il est certain que le seul moyen pour l'immanentisme de coloniser durablement le reél consiste à faire disparaître le réel précédent et à prendre sa place. Mais l'immanentisme ne se rend pas compte que ce faisant il se condamne à rentrer dans le rang à son tour, soit à simplement remplacer du reél par du réel. Processus désespérant, aux antipodes des visées et des attentes immanentistes, qui voudraient changer de mode et de monde - définitivement.
Si l'on se projette de quelques siècles en avant, le compromis sud-africain engendrera la disparition à terme des Blancs boers d'Afrique du sud. Ainsi en décide la loi d'airain du réel, qui veut que les autochtones n'ayant pas été exterminés prennent la place des minorités de colons anglo-hollandais. Selon ce raisonnement, les Israéliens n'ayant pas davantage réussi à éradiquer les autochtones palestiniens se condamnent à disparaître tôt ou tard. Les sionistes le savent très bien et c'est pourquoi ils sont si désespérés, prêts à tous les massacres pour retarder l'échéance, comme un condamné à mort se livre au plus mesquin des subterfuges pour quelques minutes de répit avant l'exécution.
Au final, la leçon philosophique de ce jeu de massacre, c'est que l'absence d'identité signifie tôt ou tard la disparition de la victime identitaire, qui se comporte le plus souvent en bourreau historique. Le manque d'identité signe la disparition de la partie, pas celle du tout. Raison pour laquelle s'il est certain que les immanentistes fermeront boutique tôt ou tard, au moins jusqu'à la prochaine crise d'importance, comparable à l'effondrement du transcendantalisme, il est tout aussi indubitable que le réel, lui, ne cessera pas d'être. C'est ce qu'on appelle la victoire avec usure du réel sur l'une de ses parties, qui voulut se faire plus grosse que le boeuf.
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